LEPHOKE 52
Samedi 29 ^eptembre 1906
Le flamamd
dans l'enseignement
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libri
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Instructions de l'éj iscopal
aux chefs tublissem ttts fibres
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O
Notre correspondant de Ma ines nous
écrit qu'hier a eu lieu a l'archevêché une
reunion des chefs d'établissements d'instruc
tion, réguliers et séculiers,sous la présidence
de S. G. Mgr Mercier.
Lecture y a été donnée des instructions
épiscopales concernant l'enseignement de la
langue flamande dans les colléges hbres
d'humanités.
Nous croyons opportun de reproduire ce
document dans son intégralité
I. Introduction. Vues générales
Un projet de loi a été déposé par M. le
Représentant Coremans, a l'effet de réformer
l'enseignement de la langue flamande dans
les Colléges d'humanités. Trois modifica
tions a ce projet furent successivement propo-
séesparM. Schollaert, par M. Helleputte,
par M. le ministre de Hntérieur et d Instruc
tion publique. Aucune proposition n'a rallié,
ni a la section centrale ni dans la presse, la
généralité ou même une majorité bien accusée
des amis de la cause flamande la section
centrale a finalement abandormé aux chefs
des établissements d'instruction le soin de
faire un choix parmi les formules qu elle
avait successivement discutées. II est done a
présumer que chacune de ces propositions
législatives avait ses avantages, mais qu'au-
cunenerépondait adéquatement aux légitimes
desiderata des populations flamandes.
A quoi tendaient ces efforts divers Quel
est le but poursuivi par tous ceux qui
estiment qu'une réforme de l'enseignement
s'impose.pour le développement de la culture
de la langue flamande
II importe de se mettre d'accord sur ce but,
afin d'apprécier la valeur relative des moyens
a mettre en oeuvre pour le réaliser.
II s'agit avant tout, selon nous, de faire
davantage estimer la langue flamande.
Le flamand est trop peu connu. trop peu
étudié il est trop peu connu et étudié paree
qu'il est insuffisamment estimé.
II semble, aux yeux d'un grand nombre,
que l'on puisse impunément, en Belgique,
ignorer le flamand. Plusieurs trouvent meme
de bon ton de dédaigner eet idiome
populaire, et ne sont pas éloignés de penser,
que la distinction va de pair avec l'igno-
rance réelle ou affectée de la langue de plus
de la moitié du peuple Beige.
Pre'jugé antichrétien, antisocial, anti-
national.
Préjugé antichrétien ne sommes nous pas
tous frères en Jésus-Christ, et la fraternité
chrétienne ne doit-elle pas nous decider tous
a vouloir a autrui le bien que nous voulons
pour nous mêmes Or la langue d'un peuple
n'est-elle pas, après sa Foi, son plus précieux
trésor
Préjugé antisocial qu'est une société
sinon une réunion d hommes dont les aspi
rations montent avec ensemble vers un même
ideal Comment entretenir, comment dével-
loper ces aspirations convergentes, sans une
langue commune a tous pour les traduire?
Et puisque le peuple flamand, l'ouvrier, le
petit bourgeois n'ont ni la faculté ni le loistr
d'apprendre la langue francaise que parient
les classes instruites, n est ce pas a ceile ci
qu'incombe le devoir de s initier a la langue
des classes populaires, pour se rapprocher
d'elles
Faire l'éducation de l'enfant, dit quelque
part Dupanloup, c'est vous pencher vers lui,
pour l élever jusqu a vous.
Pourquoi ne pas.faire partager au peuple
les bienfaits d une instruction p us
avance'e pourquoi refuser de i associer,darts
la mesure compatible avec son labeur quoti-
dien, au progrès des sciences, a la culture
esthétique, a une éducation religieuse plus
relevée 1
La mésestime que beaucoup professent a
l'égard du flamand tient chez eux a un préjugé
antinational. Le nationalité Beige est issue
de deux races qui, a travers douze siècles,
ont mêlé leurs influences. Elle doit, pour
prospérer, rester fidéle a la loi de ses origines
historxques.
Les Beiges qui parient le francais font bien
de s'inspirer, dans la culture littéraire de la
iangue francaise, du tempérament national.
Les Flamands ont raison de s'attacher aux
Lettres flamandes qu ils aient leurs écri-
vains nationaux, et que chacun travaille a
leur assurer un public, auquel ils puissent
s'adresser et dont ils puissent se faire com-
prendre. Ne serait il pas souhaitable que
tout Beige instruit comprit les deux langues
de la nation
D'autant plus, qu'initié a la fois a une
langue romane et a une langue germanique,
le Beige posséderait la chef des langues
européennes aujourd'hui indispensables a
ceux qui, sur le terrain économique ou
scientifique, veulent soutemr avec avantage
la concurrence universelle.
•b
4* 4*
Les vrais amis du peuple flamand doivent
s'efforcerde triompher du préjugé antichré
tien, antisocial, antinational que nous
veuous de dénoncer.
Ge doit étre la, sembie t-il, leur principal
objectif.
II importe. sans doute, que le flatnaud soit
mieux counu mais il ne ie sera que s'il est
mieux estimé.
II importe que ceux qui l'ont appris ne
rougissent plus de le parler que ceux qui
l'étudientne se contentent pas d'en eonnaitre
les quelques bribes indispensable^ a une
conver ation fragmentaire sur un sujet
baual mais sacbent exprimer en cette
langue, d'une fagon correcte, même élégante,
les idéés élevées dont la compréhen.-sion va
de pair avec la marche de la civilisation.
A la réalisation de eet objectit tous
devraient collaborer.
La femme y a un róle égal sinon supérieur
a celui de Fhomme. Elle dirige ia conver
sation du salon oü se rencontre l'élite de la
société
Le clergé peut, en cbaire ou dans l'en
seignement du catécbisme, habituer ses
ouailles, iuitier les jeunes enfants a une
langue noble, sobre, exempte de trivialité
comme de recherche artificielle.
Les pi'otagonistes de la causi flamande
doivent avoir a coeur de prêcher d'exemple.
A eux tout d'abord de se reudre maitres de
leur langue, de la parler avec correction, de
bannir de leur cercle d'iufiuences les patois
grossiers, le parler négligé. Pourquoi sub-
stituer Ie francais au flamand, dés que la
conversation s'élève au dessus de la vulga-
rité, comme si le frangais seul pouvait
pi'êter une forme adéquate a une pensee
supérieure
Comment preparer la class® élevée au
róle qui lui est naturellement dévolu au
sein des populations flamandes Par quels
moyens apprendra-t-elle mieux A le con-
naitre, a estimer la langue qu'el.le aura
ensuite a faire connaitre et a faire estimer
autour d'elle
Une réforme efficace de l'enseignement du
flamand dans l'enseignement moyen doit,
croyons-nous, répondre a ce desideratum.
II peut être utile, a eet effet, d'enseigner
en flamand i'histoire et la géograpbie, mais
nous doutons fort qu'une nareille mesure
füt suffisante. Le professeur est quasi seul
actif dans l'enseignement de ces deux
branches l'élève qui aurait docilement
emmagasiné, dans sa mémoire. un stock plus
ou moins considérable de noms historiques
ou géograpbiques de l'idiome néerlandais
pourrait automatiquement les répéter peut-
être, mais il n'aurait guère appris, je le
crams, A penser en sa langue materiielle,
A 1 aimer, a la répandre autour de lui.
Par contre, tout homme instruit doit, sous
peine d'infériorité, être a même d'échanger
aiséme t ses idéés avec ceux dont 1 idiome.
usuel est Ie fraugais.
Le flamand seul ne peut aujourd'hui
sufilre. II nest pas un père de familie
soucieux de l'avenir de ses enfants, qui ne
veuilie pour eux une connaissance sérieuse
du francais. A plus forte raison, ceux qui
amiiitionnent d'étendre leur action au del a
de nos étroites frontières doivent, bo gré
mal gré,posséder une langue internationale,
le frangais, l'aliemand,l'anglais,ou plusieurs
de ces langues A la 1'ois. Promouvoir l'étude
du néerlandais au détriment de ces langues
mondiales, c'est imprimer a nos populations
flamandes si active-;, si entreprenantes, un
mouvement en arrière, leur couper les
moyens de s'associer au progrès général
des sciences, des lettres, des arts, du com
merce, de l'industrie.
Etant donnée la composition bilingue de
la nation beige, il y a lieu d'employer, pour
une part, le flamand comme langue véhicu-
laire dans 1 enseignement moyen. Touteiois,
l'emploi du flamand ne doit, en aucune
branche, être exclusif du frangais et, si
l'on fait bien de 1 étendre, dans une certain®
mesure, a la plupart des branches, il est
sage de 1 appliquer de preference A celles
qui metteut plus vivement en jeu les facultés
actives de ielève, lui apprennent penser,
a vouloir, a agir par lui-même
Dans l'état actuel de l'enseignement pri
maire et de l'éducation familiale, une
première mesure s'impose elle concerne
l'enseignement du flamand dans les classes
préparatoires de nos colléges d'humanités.
2. Mesures d'application
I
L'enseignement des classes préparatoires
aux humanités, dans les parties flamandes
du pays, sera bilingue pour toutes les matiè-
res, autres que le flamand et le francais.
Généralement, les jeunes enfants ont été
habitués a parler un patois, dont le vocabu
laire est fort restreint, la prononciation
incorrecte ou indistincte les maitres qui
voudraient baser sur une connaissance aussi
défectueuse du flamand, i'acquisition de la
langue littéraire se tromperaient fort.
II faut apprendre aux enfants flamands, a
partir des premiers éle'ments, leur langue
maternelle exiger d'eux l'abandon de leur
jargon, redresser leur elocution, les obliger a
un parler distinct, qui soit accentué convena-
blement.
Cette observation paraitra a quelques uns
secondaire, elle est a nos yeux primordiale.
Dans la pratique, on se heurtera parfois, je
le sais, a une difikulté. Même dans nos villes
flamandes, il y a des enfants, élevés en
francais, qui auront peine a suivre un en
seignement élémentaire donné en flamand.
Certains families, peut-être, repugneront a
l'adoption du régime que nous préconisons.
Les maitres auront a coeur d'éclairer les
parents sur l'importance sociale et nationale
de la connaissance du flamand.
La diflicuité que nous signalons ne sera du
reste, espérons le, que transitoire. Nous
veillerons, en effet, a ce que, dans les écoles
gardiennes ou primaires, les enfants soient
exercés dès de bas age a parler, a lire et a
écrire le flamand.
D'ailleurs, Ia réforme que propose eet
article i est, en somme, limitée. Déja le
flamand et d'ordinaire la religion s'enseignent
en flamand. Le francais continuera A être
enseigné en frangais. II s'agira done d'etendre
l'emploi du flamand a 1 enseignement de
l'arithmétique, de la géographie et de
1 histoire.
IL
Les humanités studia humaniora
sont essentiellement les rnêines chez tous les
peuples européens. Elles manqueraient leur
but, si elles confinaieut le Beige dans les
limites étroites de son pays elles sont
destinées a donner au jeune homme, quelle
que soit sa nationalité,la formation générale
quile rende susceptible d'uu enseignement
supérieur, lui ouvre i'accès des études
universitaires, des sciences, des lettres, de
la philosophic. Il importe done que la lan
gue véhiculaire de l'enseignement des
humanités ainsi comprises soit une langue
internationale dans notre pays, ce ne peut
être, évidemment, que le frangais.
Néanmoins, afin de combiner i'intérêt
général du jeune humaniste avec I'intérêt
national du citoyen Beige, nous croyons
nécessaire que le professeur des classes
d'humanités emploie aussi, dans une pro
portion a determiner tout a l'heure, la
langue néerlandaise. II le fera d'autant plus
volontiers, que le néerlandais, nous
l'avons remarqué déja facilitera a l'élève
le contact avec les productions scientifiqnes
et littéraires de l'Allemagne et des pays de
langue anglaise.
1° Dans toutes les classes, deux heures
seront affectées a 1'enseignement ex professo
de la langue flamande, cest a-dire de la
grammairede la littératurede I'histoire et
de la littérature flamande.
Les cours spéciaux de flamand seront
supprimés.
Dans la partie flamande du pays, des
legons supplémentaires par example deux
heures chaque semaine seront données
aux élèves insuffisamment préparés a suivre
le cours gpnéral (1).
(i) Les élèves auxquels sera imposé ce travail
supplénn-ntaire y trouveront, d' illeurs, une
com eusation dans la supérioritéqu'il est permis
de leur supposer en frangais sur It-urs camara-
des évjs en flamand Au surplus, afiu d'assu-
ler, dans les concours, des ehauces égales do
succes A tous les concurrents, le protesseur
pourra donner, a l'intention des élèves wal ons,
quelques questions de concours moins difficiles.