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ORGANE
DE L'ARRONDISSEMEM
V
TELEPHONE 52
Mercredi 10 Octobre 1906
10 centimes le !V(
Loi Sociale
La Lutte contre l'Alcoolisme
l es Huiualités Beiges
Choses de Bussie
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JOURNAL D'Y
V
VAJ
Le Jr ORNAL D'YPRES parait le Mercredi et le Samedi.
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pour tout le pays pour l'étranger le port en sus.
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Toutes les communications doivent étre adressés franco de ort a l'adresse ci-dessus.
La limitation de la journée de travail fera
certainement l'objet des discussions de la
Chambre dans une de ses prochaines sessions.
On commence a s'occuper de cette impor
tante question, le congres de la Ligue démo-
cratique l'a examinee et de'ja le conseil
supérieur du Travail a été appelé a l'étudier.
On peut done prévoir que la presse libé
rale va de nouveau s'ériger, a bref délai, en
adversaire irréductible de cette réforme que
le parti catholique se propose d'examiner
loyalement, sans parti pris, dans le but de
satisfaire a la fois les legitimes intéréts des
patrons et des ouvriers.
Loin de nous l'idée de vouloir, dès a
présent, sans aucun document, sans que la
question ait été discutée a fond, décider
quelles limites la journée de travail d'un
ouvrier ne pourra plus jamais excéder. Nous
ne sommes pas, nous, catholiques, pour les
solutions intransigeantes chères aux socialis-
tes. Ce n'est pas nous qui tromperons jamais
l'ouvrier en lui promettant, comme Jules
Guesde, en France, que bientót on trouvera
le moyen de le nourrir et de le revêtir en ne
le faisant travailler qu'une heure et demi sur
vingt-quatre.
Mais, nous pensons et nous disons que
certains patrons abusent de la force de l'ou
vrier, au détriment de sa santé et des intéréts
de sa familie. Et pour mettre fin a eet état de
choses, l'initiative priTée, l'argument
suprème des indifférents a la misère du peu-
ple, est k notre avis complètement impuis-
sante.
Les partisans de l'initiative privée consi-
dèrent comme extrêmement dangereux
d'imposer une mesure susceptible a leurs
yeux, de jeter le trouble dans l'industrie.
D'autres sont résolument pour le maintien
du statu quo, paree qu'ils sont hostiles a
tout ce qui ressemble au socialisme d'Etat.
lis estiment que la loi n'a pas a se pronon-
cer en pareille matière et que la liberté
individuelle est déja trop enserrée dans les
mailles de la législation.
D'autres enfin, jugeant la classe ouvrière
tout entière, sur une partie seulement de ses
membres, proclament que la limitation des
heures de travail, mènera le travailleur a
passer au cabaret plus de temps qu'il ny
passait autrefois et contribuera ainsi au
développement de l'alcoolisme.
Certainement, toutes ces raisons méritent
d'être examinees, mais peut on raisonnable-
ment prétendre qu'en réduisant la journée
de travail, en décrétant législativement
quelques principes, sauf k laisser au pouvoir
exécutif le soin d'édicter les mesures d'appli-
cation, on ne rendra pas service a l'ouvrier.
Le fatigue du corps e'tant moindre, il lui
sera permis de se perfectionner plus aisément
par l'enseignement professionnel qui prend
une si grande extension aujourd'hui. II
pourra jouir des joies de la familie dont il
est trop souvent privé de nos jours par un
labeur excessif. La santé du corps et de
1'esprit de notre classe laborieuse ne pourra
que s'améiiorer par l'adoption de cette
réforme. C'est la une vérité évidente, qui ne
doit pas se démontrer, puisque chacun de
nous, ouvrier ou non, en a pu constater
l'exactitude a de nombreuses reprises. On
est certainement moins fatigué et on a l'esprit
plus dispos quand on a travaillé moins
longtemps.
Nous sommes cependant certains d'une
chose, c'est que la limitation des heures de
travail va rencontrer de nouveau l'opposition
inébranlable de nos libéraux. Ils se sont
toujours montrés hostiles a toutes nos réfor-
mes sociales et, comme pour la loi sur le
repos dominical, nous pouvons nous atten-
dre a voir leur presse s'ériger en défenseur
inexorable de la liberté individuelle.
A ces gens la, nous ne parviendrons
jamais a faire comprendre que nous voulons
faire une loi de liberté puisqu'elle aura pour
but de réprimer les abus de la liberté
Laissons les dire etcontinuons a travailler
au développement de notre législation pro
tectrice des travailleurs.
II est démontré surabondamment par
notre prospérité économique toujours
croissante que les intéréts le l'industrie ne
sont pas compromis paree que les catholi
ques sont intervenus par la loi dans la
réglementation des conditions du travail.
N'est-ce pas une raison pour ne pas nous
arrêter en chemin f Cyr.
Les gouverneurs de province viennent de
recevoir de M. le ministre de l'Intérieur et de
l'Instruction publique la dépêche suivante
II résulte de la statistique officielle que, a
la fin de l'année igo5, il y avait 5193 cercles
de tempérance dans les écoles primaires et
d'adultes soumises au controle de l'Etat avec
un contigent de iao.ioi élèves sociétaires.
C est la une situation des plus favorables
Depuis la fondation de l'oeuvre, plus de
400.000 élèves ont pris l'engagement d'absti
nence. Ce qui porte a croire que bon nombre
d'entre eux respectent leur engagement, c'est
le fait que voici
En 18g5la consommation de I'alcool
était de 10 lit. 62 par habitant en igoS, elle
était tombée a 5 lit. 78.
Nul doute que l'enseignement antialcooli-
que donnée a l'école, l'existence des cercles
scolaires de tempérance n'aient contribué
puissamment au succes qu'accuse la statis
tique.
En vue de voir progresser encore cette
oeuvre éminemment moralisatrice et préser-
vatrice.je vous prie,Monsieur le Gouverneur,
d'intervenir auprès des communes pour
qu'elles inscrivent a leur budget annuel une
petite subvention qui servirait a l'achat de
diplómes, brochures, journaux, revues,
albums de propagande elle servirait aussi
a organiser de petites fêtes antialcooliques.
Cet appel au bon vouloir des communes
sera, sans doute, entendu car, en égard au
but poursuivi, il y a lieu pour tous les corps
constitués d'agir énergiquement et méthodi-
quement.
Sauvons des fatales influences de I'alcool
les générations futures
Les annonces cofitent 13 centimes la _.gre Les réclames dans le corps du journa
coütent30 centimes la ligne. Les insertions judiciairés, 1 franc 'a ligne. Les
numéros supplémentaires coütent 10 franss les cent exemplaires.
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Un rédacteur de la Croix de Paris a
eu avec M. de Pierpont, député suppléant de
Dinant, qui a présenté récemment au Saint-
Père les délégués de 1' Alliance nationale
des Fédérations des mutualités chrétiennes
de Belgique un entretien dont nous
détachons ce qui suit
La Fédération régionale que je présidais,
dit M. de Pierpont, la Fédération des
mutualités chrétiennes de l'arrondissement
de Dinant a la première, demandé et
obtenu la personnalité civile. Nous tenions
beaucoup a ce que nos institutions revêtent
ce caractère. Outre les prérogatives que la
personnalité civile assure partout aux asso
ciations,et qui sont trés précieuses faculté
d'ester en justice, de posséder, de recevoir
des dons et legs, notre Fédération, et non
plus seulement nos mutualités isolées, par-
ticiperait du même coup aux subsides offi-
ciels.
Notre exemple a été suivi.Successivement,
les autres Fédérations des mutualités chré
tiennes sont entrées dans la même voie. Nous
avions montré le chemin il arriva tout
naturellement que l'on s'enquit auprès de
nous de la marche a suivre. Une fois nouées,
les relations persistèrent, et le secrétariat de
Dinant devint, par le fait, une sorte de secré
tariat central qui correspondait avec toutes les
Fédérations.
Pourquoi ne passerait-on point de cette
alliance virtuelle a une alliance effective
Pourquoi le grand organisme ainsi formé ne
complèterait il point le fait social par le fait
juridique et ne se munirait-il pas,a son tour,
de la personnalité civile, comme nos mutua
lités particulières et leursFédérations? L'idée
était si naturelle 1 Elle fut réalisée. Vous
parliez tout a l'heure de contagion du bien
c'est vraiment par la vertu de cette contagion
que l'alliance nationale a été créée.
Nous ne le cachons nullement d'ailleurs
nous goütons une jouissance particulière a
constater que, sur ce terrain, les catholiques
ont devancé toutes les autres organisations
mutualistes de Belgique. Notre Alliance
nationale est la seule,aujourd'hui, qui se soit
munie de la personnalité civile.
Je ne pretends pas, notez-le bien, continua
M. de Pierpont, que notre législation sociale
soit parfaite, ni que la mutualité, si néces
saire, résolve a elle seule tous les problèmes
économiques. L'oeuvre accomplie est excel
lente, digne du pays qui, le premier, s'est
donné un ministère du travail mais elle
demande a étre développée. Des fondations
imposantes ont été construites, sur lesquelles
il taut continuer a bfitir. Les catholiques
beiges en ont le sentiment. La plus grande
victoire qu'ils puissent remporter au service
de leur cause, c'est de ne se laisser devancer
par personne en fait de progrès sociaux ils
le savent, et ils n'ignorent pas que la pre
mière condition de cette victoire, c'est de ne
se reposer jamais, c'est d'accélérer, dans cette
voie, la rapidité de leur marche.
Tel est l'esprit qui les anime, en effet.Mais
s'il est bon que tous préconisent le program-
me commun, il est nécessaire que, dans
Paction immédiate, on se propose une tache
préciee, définie et même spécialisée. Nous
nous sommes,nous,consacrés a la mutualité
c'est dans les oeuvres de mutualité que nous
nous appliquons a tirer de la légistation
existante le maximum de fruits utiles. Aussi,
nos Sociétés, outre l'organisation de Passu-
rance contre les maladies, se préoccupent-
elles presque toutes de faciliter l'assurance
sur la vieillesse, en recueillant par fractions
infimes les cotisations qu'elles envoient
ensuite a la Caisse nationale des retraites.
Notre but, c'est d'offrir a tous ceux qui vien
nent a nous des formes d'assurances qui ne
laissent au hasard aucune nécessité de la vie
humaine.
II ne faut pas que I'honnête travailleur
soit exposé aux angoisses, au désarroi moral
d'une situation sans issue.
Vous me paraissez, Monsieur, quitter
Rome avec Pintention arrétée de redoubler
d'activité dans votre propagande mutualiste.
Telle est bien, en effet, la disposition
oü se trouvent tous les délégués de l'Alliance
nationale qui m'ont accompagné chez le.
Saint-Père.
Nous aimions bien notre oeuvre avant
d'entendre le Pape, nous l'aimerons désor-
mais doublement, car sa parole n'est pas
seulement un encouragement pour nous par
la, le Pape s'est fait notre collaborateur
S. S. Pie X a exprimé le voeu que chacun de
nos adhérents amène a sa mutualité, au
moins un membre de plus. Le souhait du
Pape sera entendu et execute comme une
consigne.
Quand je vins a Rome.il y a une quinzaine
d'années, je présentai a Léon XIII les hom
mages de la Fédération de Dinant et le Pon»
tife en daigna bénir le drapeau.
C'est le drapeau de l'Alliance nationale
des Fédérations que Pie X vient de bénir k
son tour. Les bénédictions des Papes sont
fécondes. Aussi, lorsque j'aurai la consolation
de revoir le Saint-Père, j'ai Ia confiance que
nos 3oo.ooo adhérents atteindront le demi-
million... et que des formes nouvelles
d'assistance mutuelle et de solidarité chré-
tienne auront enrichi la vie profonde de
nos fédérations.
Le tableau que la presse beige nous fait
de la Russie, en nous la représentant comme
mise a tout moment a, feu et sang, est,
parait-il, en train de nous compromettre
dans i'estime des Russes qui avaient la
meilleure opinien de notre esprit pondéré.
Des agents commerciaux beiges, rentrés
récemment de Russie et qui ont traversé et
parcouru en voiture les rues de Karkof,
Kiew et Varsovie, nous apprenueut que la
vie poursuit son cours normal dans ces
villes et que celles ci ne sont surreilloes que
par la police ainsi qu'elles l'étaieut av-ant la
guerre russo-japonaise. Sans doute, il se
produit de temps en temps, dan-- L s quar-
tiers extérieurs de ces villes, queiques
mouvements séditieux comparables a nos
épisodes de grève mais rien de plus.
On a signalé a diverses reprises, la grève
générale dans le Donetz. Or si on en excep-
te la période de la grève des chemins de fer,
les usines du Donetz n'ont cessé de travail
ler. A cette époque, les grévistes révolu-
tionnaires se sontemparés des voies ferrées,
ont afflué par plusieurs trains k la gare de
Gorlowka et s'y sont établis en maitres.
'dais, peu après, les troupes qui campaient
dans la région ayant re<?u du renfort, les
révolutionnaires sontremontés sur les trains
et se sont retirés en graude vitesse, laissant
un certain nombre de morts sur place.
Est-il événement qui ait fait plus de
bruit que la révolte des troupes de la cita-
delle de Cronstad située sur le port militaire
du même nom prés de Pétersbourg or u»