DE L'AR
AVIS
Soirée-1 abagte
TLEPHONE 52
Samedi 11 l écembre 1906
10 centimes ie
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A JÜoulins
l a F rsécution en France
et la Preste I ibérale Bel e
La Question Congolaise
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n s'abonne rue au Beurre, 36,
pres, et tous les bureaux de poste du rojraume.
M. le Bourgmestre recevra, le
jour de l'an, de 11 heures a midi.
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JOURNAL
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FANFARE ROYALE
aniedi procham 29 Dérembtc
a 8 i/2 heures
a la SALLE IWEINS.
La crise de colère, dont M. Clémenceau a
donné hier soir le spectacle a la Chambre,
doit elle faire présager une crise de majorité
a breve échéance C'est ce que tout le monde
se demandait hier soir, dans les cercles
politiques de Paris.
On trouvait géne'ralement que la nervosité
extréme du président du conseil constituait
une menace permanente pour les destinées
ministérielles et l'on pensait qu avec un
impulsif de cette sorte,les radicaux dissidents
finiraient par provoquer un coup de tete,
susceptible de servir leurs convoitises.
Les libéraux ne cachaient pas que eet apre
duel entre MM. Pelletan et Clémenceau était
pour le Bloc une trés mauvaise préface a la
guerre religieuse qu'il veut entreprendre.
Leur satisfaction contrastait avec l'attitude
navrée des blocards a Tissue de la séance.
On s'amusait fort de voir les radicaux-
socialistes reprocher surtout au gouverne
ment de légiférer a blanc, puisqu il sait lort
bien que le Vatican repoussera le nouveau
projet comme le précédent On ne s'amusait
pas moins de les voir proposer de laisser,
presque sans conditions, les églises au clergé,
sauf a édicter un règlement draconien sur les
réunions du culte.
Beaucoup d'hommes politiques faisaient
ressortir ce qu'il y a de comique dans la
situation d'un chef de gouvernement qui
appelle sa majorité au combat contre 1 ennemi
commun, c'est-a-dire contre 1 Eglise et qui
commence par charger a fond contre une
partie des siens, tout en menacant de jeter
son tablier au premier obstacle.
Ce que Ton retenait surtout de l'escar-
mouche interblocarde de la Chambre, c'est
l'aveu éclatant qui en découle, a savoir que
le Vatican compte décidément pour quelque
chose, même dans la vie parlementaire du
pays. Le ton pessimiste avec lequel M.
Clémenceau a proclamé que jamais gouver
nement, depuis 1870, ne s'était trouvé aux
prises avec des difficultés aussi graves, a
frappé tout le monde.
Les libéraux et la droite voyaient, dans
cette confession, comme le commencement
du bon sens et trouvaient de trés mouvais
augure pour le Bloc, que dés les premières
phases de la lutte il füt obligé de se réfugier
dansles pratiques équivoques delempiris
me.
D'après la stat.istique du ministère de
l'ititérieur de France, a la date du 19 décem-
bre, 123 établissement» religieux, dont 42
archevêches et évêchés,44 grands séminaii es
et 37 petits, avaient été évacués. Les execu
tions out continué hier avec le même
caractère impressionnant, a Viv.ers,
Bayonne et a Greitobie. Dans cette dernière
ville, l'évêque, escorté par plus de mille
tidèles, a dü rnéttre vingt minutes pour
franchir les cents mètres qui séparaient la
cathédrale de son nouveau domicile. Une
longue ovation a été faite prélat au cri de
«Vive la liberté
En attendant, la Tribuna de Rome declare
être a même d'assurer que de Saint Siège
oudamnera aussi la nouvelle loi déposée
par M. Briand a la Chambre paree qu'on
déclare au Vatican que cette loi, ainsi que
la loi de séparation et la circulaire de M.
Briand ne représentent que trois formes de
la même idéé, a savoir assujettir et com-
promettre l'Eglise et pouvoir dire en même
temps que le gouvernement avait mis toute
la bonne volouté pour trouver une sortie et
qu'il n'y parvint pas a la suite de la resis
tance systématique du St Siège.
On affirme au Vatican que le Pape est
décidé a ne pas cesser son attitude intran-
sigeante jusqu'a ce que la Chambre ait
formulé des dispositions reconnaissant au
moins les droits essentiels de l'Eglise.
Jeudi matin, a onze heures, Mgr Lobbe-
dey, le nouvel évêque de Moulins, a quitté
le paiais épiscopal, aprés l'avoir occupé
pendant quelques mois seulement.
Une foule imposante 1 a.ttendait a la sortie
et les têtes se sont courbées sous sa béné-
diction.
Monseigneur se rendit directement la
cathédrale oü fut célébrée dëvaut une
assistance considerable qui remplissait les
nefs de l'éditiceune cérémonie de reparation.
Puis il est moi.té en chaire et au milieu
d'un silence solennel, ii a prononcé dans un
grand élan d'éloquence une protestation
éüergique et tière, qui malgré les allusions
aux tristesses préseutes, laissait cependant
entrevoir la co fiance dans la foi des iidèles
et l'espérauce en 1 avenir.
C'est ainsi que le digne prélat a promis
a ses ouailles qu'il présiderait, si les temps
devenaient meilieurs. a la sérémonie du
couronnement de la Vierge noire, dont la
procession se déroulera sous les voütes de !a
cathédrale au millieu des lumières et des
chants des fidèles.
Aprés cette cérémonie magnifique. Mgr
Lobbedey gagne sa nouvelle habitation es
corté par la toule dont les acclamations
alternent avec le chant du Credo Puis
dans une nouvelle allocution il adresse a tous
ceux qui ont protesté avec lui par leur pré-
sence a cette manifestation de chaleureux
remerciements il leur fait encore une fois
la promesse formelle que son dévouement
leur est acquis jusqu'a la mort. Mais il leur
demande en retour de persévérer courageuse-
ment dans la pratique et dans la défense de
leur foi.
Prosternons nous, dit il.mettons nous a
genoux devant Dieu pour prier, mais redres-
sons-nous et tenons-nous debout devant les
hommes pour combattre afin de recouvrer
la liberté perdue
Une immense acclamation a accueilli ces
paroles. Puis peu a peu la foule se disperse.
Une grosse émotion u'a cessé de régner dans
la ville oü un service d'ordre exceptionnel de
police et de gendarmerie avait été organisé.
Mais ni les agents ni les soldats n'ont eu a
intervenir et tout s'est passé dans le calme.
La, chose est phéaoménale. Dans cent ans,
ou refusera dy croire. Mais aujourd'hui,
point de doute possible Lisez plutot les
euilles que nos gros capitalizes, gens de
bourse et de banque, utilisent adroitement
pour amuser le peuple naïf, le distraire,
l'hypnotiser et par la. le détourner au moins
pour quelques années de ses aspirations
déntocratiques..
Oh 1 ils sont convaincants ces journaux.
Si voussaviez Tenez, voici pour le quart
d'heure toute leur polémique, et osez encore
me dire que ces gazettes libérales ne sont pas
des puits insondables de science et de logi-
que
Done le gouvernement frangais, composé
de tres braves gens, gens tres honnêtes,
bien que quelques peu mêlés aux affaires de
Cempuis et de Panama, résolut d'accorder
au clergé catholique, la sainte liberté: chose,
notez le bien, que jamais les Bourbons et les
Napoléon ne lui avaient donnée. Dans cegé-
néreux dessein, les deputes votèrent done
un loi spéciale... D'autres lois pourtant sol-
licitaient 1'attentioD des Chambres, la loi des
pensions ouvrières, sur la limitation des
heures du travail, etc. Mais, dans leur vfve
sympathie pour la sainte religion de leurs
pères, les députés préfèrent rem/oyer a plus
tard ces lois ouvrières et voter sans délai la
soi qui allait libérec le clergé catholique
de la tuelle gouvernementale...
Mais ne voila-t il pas que les curés, la loi
votée, refuseut de l'accepter 1 On leur offre
la liberté. et ils dédaignent O les imbéci-
les
Patient et bon jusqu'a la fin, le pieux Cle-
menceau,(un homme qui n'en veut pas a
la religion, chacun sait cela depuis trés
longtemps pardonne cependant cette in
gratitude cléricaie, et dans sa solicitude,
imagine un nouveau système en faveur de
ses protégés.
Mais, c'est ici que la chose devient incroy-
able, ce second système est rejeté comme le
premier. N'est-ce pas plus qu'il n'en faut
pour décourager des bonnes vo ontés 1
Vraiment, ces curés perdent la carte,
clame le pacifique Clemenceau 1 Ils de-
viennent fous.répètent en chocur les journaux
fe la Haute Finance et de la Juiverie.
lis ne savent plus ce qu'ils font, fait écho
la presse libérale de Belgique.
Et voici Clemenceau,et voici tous nos pieux
journaux libéraux, devenus... tout-a- coup.,
ies défenseur s de la religion clamant aux
quatres coins du Ciel, avec des larmes com.
bien sincères 1) dans la voix Mais 11e
v oyez-vous par que vous allez perdre
l'Eglise I De grace, épargnez nous ce mal
heur.
Et les cinquante mille curés de France,
cette touchante supplication, font la sourde
oreille 1
Cette tois, Clemenceau n'y tient plus, et
comme un pédagogue démonté a l'égard
d'un espiègle récalcitraut.il rugit, il menace
«Je vous enlèverai vos pensions.."
Allons, messieurs les curés. qn'allez vous-
faire.que deviendrez vous saus vos pensions 1
Vous inourrez de faim.
Nous nous passerons de vos pen
sions, répondent les cinquante mille curés.»
Mais je vais vous enlever les bieus de
f
abrique toutes les fondations, vos maisons,
vos presbylères, tout vous sera supprimé.
Vous serez sur le pavé 1
Soit, disent les curés, vous serez un
voleur et nous serons des volés mais, nous
préférons cela plutot que de nous soumettre
a votre loi.
Et si je vous chasse de vos églises
Nous dirons la messe dans les gran
ges.
Pardon Nous ne sommes pas en Bel
gique oü la loi permet sottement toutes les
réuuious. Si vous continuez le culte, nous
vous enlèveroos votre qualité de frangais,
nous vous chasserons,vils fonctioauaires de
l'étranger...
L'exil et la prison ne nous font pas
peur.
Et vos ouailles Vous n'en avez done
nul souci
Dieu y pourvoira.
Mais c'est insensé, ce langage Pour-
quoi ne pas accepter la liberté que nous
vous offrons f
Infame hypocrite Cesse done de
mentir et montre que tu es un hommc et
que tu as le courage de tes coQvictions. Nous
sommes cinquante mille prêtres et plus
décidés a subir toutes les privations, la faim,
l'exil, la mort plutot que d'accepter ta pré-
tendue liberté. Toi qui n'es qu'un vulgaire
jouisseur, tu dois le comprendre, et nous le
comprenous tous, le sort qui nous attend
n'est pas gai et, tout prêtre sque nous som
mes, nous avons une nature qui regimbe
a toute souffraoce.. Aussi, tes grands mots,
que répèteront après toi les journaux
magonniques, ne tromperont personne,
personne, excepté les esprits détraqués,
les simples, les idiots...
La Chambre a terminé la discussion de
^interpellation sur le Congo. Elle a adopté
par 128 voix, contre 1 «t 29 abstentions
(gauche socialiste et M. Daens,) l'ordre du
jour suivant présenté par MM. Neujean,
Hulleputte, Huysmans, A. Delbeke, P.Hy-
mans, De Lantsheere
Rappelant l'ordre du jour voté dans la
séance du 2 mars 1906
Rendant hommage a la grandeur de l'oeu-
vre du Congo et aux dessseins patnotiques
de son fondateur
Convaincu que les idéés civilisatrices qu
ont présidé a la fondation de l'Etat Inde'pen.
dant du Congo doivent continuer a occuper
la première place dans les préoccupations du
pays
Considérant que la Belgique est appelée
par le testament royal du 2 aoüt 1889 a
recueillir la pleine souveraineté sur l'Etat
Indépendant du Congo qu'elle possède
aussi le droit de reprendre le Congo en
vertu de la lettre royale du 5 aoüt 1889 et de
j la loi du 10 aoüt 1901, maintenant le prin
cipe contenu dans la convention du 3 juillet
1890, et qu'il est de l'intérêt du pays de se
prononcer du vivant du Roi sur la question
de la reprise.
Prenant acte des réponses du gouverne
ment, d'après lesquelles les declarations con-
tenues dans la lettre du 3 juin ne constituent
pas des conditions, mais des recommanda-
tions solennelles la convention de cession
n'aura pour objet que de réaliser le transfert
et de prescrire les mesures d'exécution le