A SEMAINE
Téléphone 52
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Samedi 15 Mars 1907
10 centimes le N°
42 Amée N° 4418
L'indifférence en Politique
Le Progrès et les
élections allemandes
En France
En Allemagne
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Toutes les communications doivent être adressées franco de port a l'adresse ci-dessus.
Fort heureusement, le vote est obli
gatoire en Belgique, et nous n'avons
pas a craindre les consequences funes
tes dune abstention en masse de toute
une fraction importante du corps
électoral, comme c'est le cas en
France.
Gependant, que de citoyens beiges,
dont le seul acte politique qu'ils con
sented a poser, durant une période
et vos liberies 11 n'est done pas ad
missible que vous ne fassiez rien pour
enrayer dans leur accroisement les
elements subversifs qui naissent et se
fortifient, et que vous vous teuiez ce
langage Tout cela durera toujours
bien autant que moi
D'abord vous ne pouvez rien pré-
juger du degré de survivance
d'inslitutions bonnes laissées a elles-
mêmes. Les institutions 11e se main-
tiennent que pour autant que les bons
de plusieurs années parfois, soit de citoyeDs leur fassent un rempart de aider,
remplir des bulletins de vote leur at- jeilrg forces morales, intellectuelles et
en différentes circonscriptions entre les gens
du Centre et les socialistes et dans un second
article, qui parait a la même date, il dit que
les hauts personnages ecclésiastiques se sont
ouvertement prononcés pour cette alliance.
Etonnant n'est ce pas que d'être en même
temps pour et contre une alliance
Mais Progrès cela fait douter de votre
perspicacité. Avant de vous occuper des
élections allemandes dans le but, il est
vrai, d'excuser les alliances et les cartels
conclus par libéraux et socialistes beiges,
étudiez au moins la question sans parti
pris. Pour aujourd'hui nous voulons vous
tribués.au matin d'une journée d'élec-
tion.
Gelui, qui conserve cette attitude,
peut-il se dire citoyen beige dans
toute la plenitude du terme N'est-il
pas plutót comparable, au point de j mun^u{^ d'idées et la coalition des
vue de l'exercice de ses droits politi- eg0f|s ^es bonnêtes gens.
D'aitleurs, vous avez des enfants,
ques, a une machine qui ne tourne
que fort rarement muis qui. dans
l'entre temps, se couvre de rouille et
de cambouis et risque fort de fonction
ner mal quand elle est mise en mou
vement.
Pareil ne doit pas être le róle joué
par le citoveu couscient de ses droits
et de ses devoirs.
Particulièrement quand 1'horizonse
fait sombre, il faut bien qu'il ponr-
suive de peser de tout son poids dans
les destinées de son pays.
II ne prut pas, si le bien triompbe,
jouir des fruits de la victoire en égoïste
parasitaire; il ne pent pas t&vantage,
si la patrie manche a des désastres, se
désintéresser des autres et de lui-
même et suivre le flot, sans opposer
plus de resistance, que n'en oppose au
courant la barque désemparée, oü
plus une manoeuvre n'est tentée a
l'approche des écueils.
Eh quoi, les tbéories les plus sub
versives s'accréditeraient dans ie pays
et menaceraient de ruiner la familie,
la religion, la propriété, tout ce qui
en un mot est cher au citoyen paisi-
bte, et il y en auraient qui se repose-
raient complètement sur les plus
clairvoyants de toutes tes initiatives
que réclame la garantie de leur pro-
pre sécurité
D'honnêtes citoyens assisteraient,
les bras croisés, au travail intensif
d'agents électoraux, qui s'abritent
derrière les institutions, a première
vue les moins suspectes, pour fajon-
ner a leur convenance l'ame du peu-
ple
D'honnêtes citoyens se sentiraient
déja, eux-mê.nes,comme emprisonnés
dans les mailles d'un tissu serré d'oeu-
vres, destinées a ruiner dans les mas
ses les principes primordiaux de la
société et de la morale et ils ne
feraient rien contre toutes ces menéas,
dont la conséquence immédiate serait
de nous donner une mauvaise repré-
sentation nationale qui ferait rapide-
ment sortir tous leurs effets aux ger-
mes de dissolution a la faveur des-
quels elle aurait vu le jour
Mais cela est impossible C'est op-
posé a tous les devoirs et rhomme
envers lui-même et envers ses sem-
blables
Qui que vous soyez, vous devez
travailler a maintenir intacts vos droits
La presse catholique d'Outre Rhin a con-
seillé k ses lecteurs de ne pas prendre parti
dans les ballottages oü un libéral-national
se trouvait aux prises avec un candidat
socialiste. En certains arrondissements les
socialistes ont accordé leur vote au candidat
du Centre plutöt qu'au national libéral et le
Centre n'a pas répudié ce concours inatten-
du. A Munich les catholiques ont assuré la
victoire au socialiste Vollmar, le chef du
socialisme révisionniste, (qui, comme on
sait, répudie la théorie marxiste de la lutte
des classes et a l'encontre de dos socialistes
ou l'autre jour réduitsè vivre sous le I ne s'occupe pas de la question religieuse),
au besoin,physiques. Si les défenseurs
se fout rares, c'est qu'elles sont bien
prés de disparai're. Car les institu
tions, même primordiales, n'ont d'au-
tre appui dans le monde que la com-
des parents, des amis et il ne peut
vous être iüdiffé'eul qu'ils soient l'un
régime de l'anarcbie,de 1 arbitraire ou
de la tyraDnie.
Et si vous n'avez aucurie affection
qui vous tienne au coeur, vous avez j
au moins votre part du devoir, que
contracle envers les périodes qui doi
vent suivre chaque pbasede l'histoire.
La sociélé présente, en effet, ne peut,
de ctEur joie, laisser se préparer, pour
les sociélés de demain, des situations
inextricables et de ia nait l'obliga-
tiun qui incombe a tout citoyen de
prévenir les malheurs même loiutains
et d'étouffer la révolution dans son
germe.
Eulrez done franchement dans la
vie politique voyez les dangers qui
nous meuacent sur le terrain de
rinstruclion, de la religion, de la
propriété et sur tant d'autres terrains.
Devenez des citoyens agissants, qui
apportent cbacun leur pierre a l'édi-
fice social. Et pour cela lisez intéres-
sez- ous aux débats parlementaires
étudiez a part vous les questions socia
les, économiques et autres; appliquez-
vous aux ceuvres soit en les suscitant
soit en y entrant... etc., etc.
Mais ne pensez plus que vous avez
fait preuve d'une grande indépendan-
ce d'esprit, lor^que vous avez dit
Moi, je ne m'occupe pas de politi
que.
Aux yeux des gens intelligents,
semblabie déclaration ne peut que
vous faire classer parmi les êtres icuti
les, ou vous faire taxer de pusillani-
mitéet le moindre préjudice qui
puisse en résulter pour vous, c'est que
les gens sérieux jugent votre impré-
voyance extréme. Thé phile
Le Progrès est indigné devant l'attitude
que le Centre allemand a adopté lors des
ballotages et consacre pas moins de trois
articles pour dénoncer une prétendue
alliance entre les catholiques et les socialis
tes.
j Comme d'habitudele Progrès a été atteint
de daltouisme sectaire. En voulez-vous la
j preuve? Dans le premier article il dit
notamment que le haut clergé a protesté
contre les traités de mutuel soutien conclus
contre le national libéial Kohl, partisan du
Los vou Rome et qui comme avocat dans uu
procés intenté a uu profanateur du T. S.
Sacrement.approuva pleinement le orofana-
teur, le félicita comme ayant par son
sacrilège accompli un acte d'émancipation
et poussa même la chose si loin que d'insul-
ter personnellement Jésus-Euchariste.
Oü est dans tout cela l'alliance Que les
nationaux-libéraux soient mécontents, rien
d'étonnant. Que le Centre ait gagné
quelques sièges, grhee a t'appui des socialis
tes, bien possible. Que les socialistes, grüce
a l'abstention des catlioliques ou a Munich
avec leurs concours ont conservé quelques
sièges, probable aussi.
Un instant Progrès Jugeons les partis
beiges d'après leurs actes, et les partis
allemands d'après la situation allemande.
Nulle part, en Belgique, le parti de la
Révolution sociale n'offre son nppui aux
catholiques. En revanche, partout oü les
coDjonctures paraissent opportunes, libé
raux et socialistes s'unissent contre les
catholiques dans les scrutins. Et si, en
certains endroits, cette coalition ne se
réalise pas, ce n'est point que des objections
de principe s'y opposeut, mais paree que les
conditions locales paraissent la déconseiller.
Savoureuse est l'outrecuidance du Progrès
qui, après cela,accuse les catholiques beiges
d'avoir, par-dela le Rbin des amis trop
indulgents envers le socialisme II oublie,
le Progrès que leur grief est démenti par
toute sa propre attitude.
L'histoire politique de l'AUemagne con
temporaine atteste que le Centre, malgré
son programme franchement démocratique
ou plutöt a cause 'de ce programme, est
l'unique boulevard solide contre l'invasion
du socialisme révolutionnaire et collecti-
viste. Pour ce motif,tout juste, le gouverne
ment a depuis vingt ans, essayé de se le
rallier, après avoir voulu le détruire.
N empêche qu'au fond beaucoup de ceux
qui ont besoin de lui, le détestent, et ne
perdent aucune occasion de l'afïaiblir en
détail. Nous avons vu qua Essen, la Gazette
des patrons allemands exhortait les indu
stries libéraux a voter pour le candidat
socialiste, plutöt que pour le catholique.
A Mayence, h Hombourg, a Dusseldorf, a
Cologne, oü le Centre était en ballottage
avec les socialistes, on voyait ici les
nationaux-libéraux, la les protestants fana-
tiques, préconiser la concentration en
faveur des socialistes. Les jours derniers, il
est vrai, la réflexion ou l'habileté ont fait
place chez quelques uns a la haine instinc
tive du premier moment. Certains journaux
allemands ont même fini par recommander,
le vote pour le Centre, a la condition que,de
son cöté, le Centre fasse campagne pour les
candidats du parti national libéral.
Bien entendu, le Centre sait, par l'expé-
rience du passé, que les marches de ce genre
sont pqur lui, généralement, des marchés de
dupes. 11 lui est arrivé, jadis, sur la (oi d'un
traité semblabie, de conseiller le vote au
profit des candidats du parti national-libéral.
Néanmoins, dans les circonscriptions oü
lui-même était intéressé, les candidats
socialistes passaient, malgré l'arrangement
conclu, grkce aux voix des nationaux-libé
raux.
Dans ces conditions, la voie la plus droite
et la plus loyale est, en somme, la plus avan-
tageuse et au point de vue politique,comme
au point de vue moral, il convient d'applau-
dir au mot d'ordre donné par la Germania,
la Kcelnische Volks\eitung et les journaux
catholiques les plus influents Nulle part,
aucune voix catholique, ni pour le candidat
socialiste, ni pour le candidat national.
Aussi iongtemps que le parti national-
libéral n'aura pas abandonné son pragramme
d oppression anti-catholique, cette neutralité
s'impose, comme elle s'impose en tous pays
oü sévit un parti correspondant.
Les catholiques forment un parti conserva-
teur par essence, et a ce titre toute alliance
avec le socialisme serait un démenti a leurs
principes mais leur conservatisme n'a rien
de commun avec le pseudo conservatisme
des libéraux. Le conservatisme libéral n'est
que la forme politique de l'égoisme; il s'op-
pose, non aux propagandas subversives, mais
seulement aux réformes qui lui paraissent
menacer sa pre'pondérance et ses jouissances.
Par son prosélytisme libre-penseur, il fraie
au socialisme un chemin dans les masses;
par ses entreprises contre la liberté, il amorce
la politique jacobine par sa résistance aux
réformes démocratiques les plus justifiées, il
exaspère le peuple et l'ameute contre tous
ceux qui possèdentenfin, parses cartels
anticléricaux, il habitue ses propres troupes
a voter pour les socialistes révolutionnaires.
II est, partout oü il offre ces multiples carac-
tères, aussi dangereux que le socialisme et
peut-être plus perfide.
II est, en tout cas, le contre-pied du con
servatisme catholique, lequel envisage l'esprit
religieux comme la base de l'ordre social et
du progrès, sauvegarde la liberté contre le
jacobinisme, démèle parmi les revendications
populaires celles qui méritent d'etre écoutées,
enfin, lutte contre le socialisme, non seule
ment dans les scrutins, mais par les principes
et par les oeuvres.
Entre ces deux catégories de ccnserva-
teurs il n'y a, répétons le bien haut et
toujours, rien de commun.
blique entre Sadi Carnot et Féiix Faure, ne
peut passer inapercu.
Plus de 20 années de luttes pour la même
cause, plus de 20 années d'attachement a la
République, de dévouement a la démocratie,
n'ont suffi, ni a convaincre tous hsrépubli-
cains de la sincérité et de i'ardeur de ma fo
politique, ni a désabuser des adversaires, qui
croient ou affectent de croire que je me ferai
l'instrument de leurs espérances.
Depuis six mois se poursuit une cam
pagne de diffamation et d'injures contre
l'armée, la magistrature, le parlement, le
chef irresponsable de l'Etat et cette liberté de
souffler les haines sodales, continue a être
appelée la liberté de penser.
Voila les fières paroles que Casimir-Périer
adressait au parlement en se démettant de
ses fonctions de président. Elles caractérisent
toutPhomme. Casimir-Périer, jaloux de sa
liberté pendant toute sa carrière, voulut être
un président effectif.OrJe régime républicain
francais ne s'accommode pas d'un président
a poigne et la démission de Casimir-Périer,
au millieu de diffïcultés, restées en grande
partie mystérieuses a du moins eu l'avantage
de faire ressortir un état de choses sinon un
régime, des plus déplorable.
Dans la lutte politico religieuse, nous gar
dons le statu quo.
Le statu quo comprend du cöté du gou
vernement la continuation cynique de l'in-
justice.
Les églises et leurs annexes ont été con-
struites par les catholiques avec l'argent
catholique. Les subventions de l'Etat ne
représentaient qu'une part infimede la valeur
de cette masse d'immeubles. M. Briand lui-
même l'avait reconnu a la tribune.
Environ 5oo millions avaient été recueillis
par les catholiques pour entretenir le culte,
pour payer aux morts un tribut régulier de
prières, pour secourir les pauvres, pour
élever des prêtres,pour enseigner des enfanls.
Sur ce demi milliard, l'Etat a étendu sa
main géante et l'a confisqué.
Au nom de la force il a dit Tout cec
est a moi. II reste dans l'injustice.
Du cöté des catholiques c'est toutefois
i'espérance qui est fondée sur la base bien
solide de la confiance en la Divine Provi
dence; espérance qui est fondée aussi sur les
divörses retraites humiliantes infligées au
gouvernement perséculeur.
Le premier essai de révolution sociale vient
de se pratiqueron sait qu'il a réussi a plon-
ger Paris pendant plusieurs heures dans
l'obscurité le gouvernement a eté impuis-
sant a le prévenir et a l'arrêter. Pour arme,
la Confédération générale du travail avait la
résolution et la discipline.
Pendant que M. Clémenceau se brouillait
avee son collègue Briand a propos des rap
ports de l'Eglise avec l'Etat, qu'il se querel-
lait avec son collègue Pichon au sujet de la
publication des papiers Montagnini, les chefs
de la révolution sociale marchaient comme
un seul homme a la conquête du désordre
social et de la ruine publique.
La grève des ouvriers électriciens a duré
ce que la confédération générale du travail
voulait qu'elle durüt.
Ce ne sont pas les pourparlers avec le
préfetde la Seine qui ont mis fin au chömage.
Au fond ce n'est pas la grève qui est finie,
mais l'essai de révolution; l'engin de la grève
des électriciens est remise, mais le comité
n est pas dissous, il veille sur la machine de
guerre et prépare son application sur une
plus vaste échelle.
Le décès de M. Casimir-Périer, qui remplit
le róle éphémère de président de la répu- -
Le Reichstag a voté les crédits pour le sud-
ouest africain représentés par le chancelier.
Comme au mois de Décembre, le Centre,
les Polonais et les socialistes ont voté contre.
Le Centre avait reproduit également son
ancienne motion réduisant les crédits de 9
millions. On se rappelle que lors du vote,
désormais historique, de Décembre, un assez
grand nombre de membres du Centre étaien
absents; certains journaux avaient cru pou-
voir en déduire que le groupe n'était pas si
unanime qu'il paraissait a première vue dans
son hostilitè a la proposition gouvernemen-
tale; or cette fois les absents étaient peu
nombreux, et un seul membre, député peu
connu d'ailleurs, a voté le chiffre demandé
par le chancelier. (On se rappelle qu'en
Décembre un membre, le comte Ballestrem,
s'était aussi séparé du reste de la fraction.)
Remarquons encore que. dans la discussion
qui précéda, le Centre a gardé d'un bout a
l'autre du débat une attitude fort modérée. II
n'a pas envoyé a la tribune ceux de ses
membres qui se sont signalés par leur vive
opposition au cours des derniers mois. C'est
un nouveau député, un Badois, M. Fehren-
bach, qui a parlé au nom du parti, et qui a
parlé pour dire que, si le Centre ne pouvait
pas accorder les 29 millions demandés, il
était disposé a en donner 20 et a voter aussi
ceux qu'exige la construction du chemin de
fer de Kubub. M. Fehrenbach n'a pas man-
qué d'envoyer un salut ému aux braves
combattants v de l'ouest africain. Et il a tenu
JOURNAL D'YPRES
©rgane Satholique
de l'Arrondissement