A SEMAINE Téléphone 52 Téléphone 52 Samedi 15 Mars 1907 10 centimes le N° 42 Amée N° 4418 L'indifférence en Politique Le Progrès et les élections allemandes En France En Allemagne On s'abonne rue au Beurre, 36, Ypres, et A tons les bureaux de poste da royaume. Les annonces coütent i5 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal 3o centimes la ligne. Les insertions judicaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplémentaires coütent 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a YAgence Havas, Bruxelles, rue d'Argent, 34, et a Paris, 8, Place de la Bourse. Le Journal d'Ypres parait une fois par semaine. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 3 fr. 50 c. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Toutes les communications doivent être adressées franco de port a l'adresse ci-dessus. Fort heureusement, le vote est obli gatoire en Belgique, et nous n'avons pas a craindre les consequences funes tes dune abstention en masse de toute une fraction importante du corps électoral, comme c'est le cas en France. Gependant, que de citoyens beiges, dont le seul acte politique qu'ils con sented a poser, durant une période et vos liberies 11 n'est done pas ad missible que vous ne fassiez rien pour enrayer dans leur accroisement les elements subversifs qui naissent et se fortifient, et que vous vous teuiez ce langage Tout cela durera toujours bien autant que moi D'abord vous ne pouvez rien pré- juger du degré de survivance d'inslitutions bonnes laissées a elles- mêmes. Les institutions 11e se main- tiennent que pour autant que les bons de plusieurs années parfois, soit de citoyeDs leur fassent un rempart de aider, remplir des bulletins de vote leur at- jeilrg forces morales, intellectuelles et en différentes circonscriptions entre les gens du Centre et les socialistes et dans un second article, qui parait a la même date, il dit que les hauts personnages ecclésiastiques se sont ouvertement prononcés pour cette alliance. Etonnant n'est ce pas que d'être en même temps pour et contre une alliance Mais Progrès cela fait douter de votre perspicacité. Avant de vous occuper des élections allemandes dans le but, il est vrai, d'excuser les alliances et les cartels conclus par libéraux et socialistes beiges, étudiez au moins la question sans parti pris. Pour aujourd'hui nous voulons vous tribués.au matin d'une journée d'élec- tion. Gelui, qui conserve cette attitude, peut-il se dire citoyen beige dans toute la plenitude du terme N'est-il pas plutót comparable, au point de j mun^u{^ d'idées et la coalition des vue de l'exercice de ses droits politi- eg0f|s ^es bonnêtes gens. D'aitleurs, vous avez des enfants, ques, a une machine qui ne tourne que fort rarement muis qui. dans l'entre temps, se couvre de rouille et de cambouis et risque fort de fonction ner mal quand elle est mise en mou vement. Pareil ne doit pas être le róle joué par le citoveu couscient de ses droits et de ses devoirs. Particulièrement quand 1'horizonse fait sombre, il faut bien qu'il ponr- suive de peser de tout son poids dans les destinées de son pays. II ne prut pas, si le bien triompbe, jouir des fruits de la victoire en égoïste parasitaire; il ne pent pas t&vantage, si la patrie manche a des désastres, se désintéresser des autres et de lui- même et suivre le flot, sans opposer plus de resistance, que n'en oppose au courant la barque désemparée, oü plus une manoeuvre n'est tentée a l'approche des écueils. Eh quoi, les tbéories les plus sub versives s'accréditeraient dans ie pays et menaceraient de ruiner la familie, la religion, la propriété, tout ce qui en un mot est cher au citoyen paisi- bte, et il y en auraient qui se repose- raient complètement sur les plus clairvoyants de toutes tes initiatives que réclame la garantie de leur pro- pre sécurité D'honnêtes citoyens assisteraient, les bras croisés, au travail intensif d'agents électoraux, qui s'abritent derrière les institutions, a première vue les moins suspectes, pour fajon- ner a leur convenance l'ame du peu- ple D'honnêtes citoyens se sentiraient déja, eux-mê.nes,comme emprisonnés dans les mailles d'un tissu serré d'oeu- vres, destinées a ruiner dans les mas ses les principes primordiaux de la société et de la morale et ils ne feraient rien contre toutes ces menéas, dont la conséquence immédiate serait de nous donner une mauvaise repré- sentation nationale qui ferait rapide- ment sortir tous leurs effets aux ger- mes de dissolution a la faveur des- quels elle aurait vu le jour Mais cela est impossible C'est op- posé a tous les devoirs et rhomme envers lui-même et envers ses sem- blables Qui que vous soyez, vous devez travailler a maintenir intacts vos droits La presse catholique d'Outre Rhin a con- seillé k ses lecteurs de ne pas prendre parti dans les ballottages oü un libéral-national se trouvait aux prises avec un candidat socialiste. En certains arrondissements les socialistes ont accordé leur vote au candidat du Centre plutöt qu'au national libéral et le Centre n'a pas répudié ce concours inatten- du. A Munich les catholiques ont assuré la victoire au socialiste Vollmar, le chef du socialisme révisionniste, (qui, comme on sait, répudie la théorie marxiste de la lutte des classes et a l'encontre de dos socialistes ou l'autre jour réduitsè vivre sous le I ne s'occupe pas de la question religieuse), au besoin,physiques. Si les défenseurs se fout rares, c'est qu'elles sont bien prés de disparai're. Car les institu tions, même primordiales, n'ont d'au- tre appui dans le monde que la com- des parents, des amis et il ne peut vous être iüdiffé'eul qu'ils soient l'un régime de l'anarcbie,de 1 arbitraire ou de la tyraDnie. Et si vous n'avez aucurie affection qui vous tienne au coeur, vous avez j au moins votre part du devoir, que contracle envers les périodes qui doi vent suivre chaque pbasede l'histoire. La sociélé présente, en effet, ne peut, de ctEur joie, laisser se préparer, pour les sociélés de demain, des situations inextricables et de ia nait l'obliga- tiun qui incombe a tout citoyen de prévenir les malheurs même loiutains et d'étouffer la révolution dans son germe. Eulrez done franchement dans la vie politique voyez les dangers qui nous meuacent sur le terrain de rinstruclion, de la religion, de la propriété et sur tant d'autres terrains. Devenez des citoyens agissants, qui apportent cbacun leur pierre a l'édi- fice social. Et pour cela lisez intéres- sez- ous aux débats parlementaires étudiez a part vous les questions socia les, économiques et autres; appliquez- vous aux ceuvres soit en les suscitant soit en y entrant... etc., etc. Mais ne pensez plus que vous avez fait preuve d'une grande indépendan- ce d'esprit, lor^que vous avez dit Moi, je ne m'occupe pas de politi que. Aux yeux des gens intelligents, semblabie déclaration ne peut que vous faire classer parmi les êtres icuti les, ou vous faire taxer de pusillani- mitéet le moindre préjudice qui puisse en résulter pour vous, c'est que les gens sérieux jugent votre impré- voyance extréme. Thé phile Le Progrès est indigné devant l'attitude que le Centre allemand a adopté lors des ballotages et consacre pas moins de trois articles pour dénoncer une prétendue alliance entre les catholiques et les socialis tes. j Comme d'habitudele Progrès a été atteint de daltouisme sectaire. En voulez-vous la j preuve? Dans le premier article il dit notamment que le haut clergé a protesté contre les traités de mutuel soutien conclus contre le national libéial Kohl, partisan du Los vou Rome et qui comme avocat dans uu procés intenté a uu profanateur du T. S. Sacrement.approuva pleinement le orofana- teur, le félicita comme ayant par son sacrilège accompli un acte d'émancipation et poussa même la chose si loin que d'insul- ter personnellement Jésus-Euchariste. Oü est dans tout cela l'alliance Que les nationaux-libéraux soient mécontents, rien d'étonnant. Que le Centre ait gagné quelques sièges, grhee a t'appui des socialis tes, bien possible. Que les socialistes, grüce a l'abstention des catlioliques ou a Munich avec leurs concours ont conservé quelques sièges, probable aussi. Un instant Progrès Jugeons les partis beiges d'après leurs actes, et les partis allemands d'après la situation allemande. Nulle part, en Belgique, le parti de la Révolution sociale n'offre son nppui aux catholiques. En revanche, partout oü les coDjonctures paraissent opportunes, libé raux et socialistes s'unissent contre les catholiques dans les scrutins. Et si, en certains endroits, cette coalition ne se réalise pas, ce n'est point que des objections de principe s'y opposeut, mais paree que les conditions locales paraissent la déconseiller. Savoureuse est l'outrecuidance du Progrès qui, après cela,accuse les catholiques beiges d'avoir, par-dela le Rbin des amis trop indulgents envers le socialisme II oublie, le Progrès que leur grief est démenti par toute sa propre attitude. L'histoire politique de l'AUemagne con temporaine atteste que le Centre, malgré son programme franchement démocratique ou plutöt a cause 'de ce programme, est l'unique boulevard solide contre l'invasion du socialisme révolutionnaire et collecti- viste. Pour ce motif,tout juste, le gouverne ment a depuis vingt ans, essayé de se le rallier, après avoir voulu le détruire. N empêche qu'au fond beaucoup de ceux qui ont besoin de lui, le détestent, et ne perdent aucune occasion de l'afïaiblir en détail. Nous avons vu qua Essen, la Gazette des patrons allemands exhortait les indu stries libéraux a voter pour le candidat socialiste, plutöt que pour le catholique. A Mayence, h Hombourg, a Dusseldorf, a Cologne, oü le Centre était en ballottage avec les socialistes, on voyait ici les nationaux-libéraux, la les protestants fana- tiques, préconiser la concentration en faveur des socialistes. Les jours derniers, il est vrai, la réflexion ou l'habileté ont fait place chez quelques uns a la haine instinc tive du premier moment. Certains journaux allemands ont même fini par recommander, le vote pour le Centre, a la condition que,de son cöté, le Centre fasse campagne pour les candidats du parti national libéral. Bien entendu, le Centre sait, par l'expé- rience du passé, que les marches de ce genre sont pqur lui, généralement, des marchés de dupes. 11 lui est arrivé, jadis, sur la (oi d'un traité semblabie, de conseiller le vote au profit des candidats du parti national-libéral. Néanmoins, dans les circonscriptions oü lui-même était intéressé, les candidats socialistes passaient, malgré l'arrangement conclu, grkce aux voix des nationaux-libé raux. Dans ces conditions, la voie la plus droite et la plus loyale est, en somme, la plus avan- tageuse et au point de vue politique,comme au point de vue moral, il convient d'applau- dir au mot d'ordre donné par la Germania, la Kcelnische Volks\eitung et les journaux catholiques les plus influents Nulle part, aucune voix catholique, ni pour le candidat socialiste, ni pour le candidat national. Aussi iongtemps que le parti national- libéral n'aura pas abandonné son pragramme d oppression anti-catholique, cette neutralité s'impose, comme elle s'impose en tous pays oü sévit un parti correspondant. Les catholiques forment un parti conserva- teur par essence, et a ce titre toute alliance avec le socialisme serait un démenti a leurs principes mais leur conservatisme n'a rien de commun avec le pseudo conservatisme des libéraux. Le conservatisme libéral n'est que la forme politique de l'égoisme; il s'op- pose, non aux propagandas subversives, mais seulement aux réformes qui lui paraissent menacer sa pre'pondérance et ses jouissances. Par son prosélytisme libre-penseur, il fraie au socialisme un chemin dans les masses; par ses entreprises contre la liberté, il amorce la politique jacobine par sa résistance aux réformes démocratiques les plus justifiées, il exaspère le peuple et l'ameute contre tous ceux qui possèdentenfin, parses cartels anticléricaux, il habitue ses propres troupes a voter pour les socialistes révolutionnaires. II est, partout oü il offre ces multiples carac- tères, aussi dangereux que le socialisme et peut-être plus perfide. II est, en tout cas, le contre-pied du con servatisme catholique, lequel envisage l'esprit religieux comme la base de l'ordre social et du progrès, sauvegarde la liberté contre le jacobinisme, démèle parmi les revendications populaires celles qui méritent d'etre écoutées, enfin, lutte contre le socialisme, non seule ment dans les scrutins, mais par les principes et par les oeuvres. Entre ces deux catégories de ccnserva- teurs il n'y a, répétons le bien haut et toujours, rien de commun. blique entre Sadi Carnot et Féiix Faure, ne peut passer inapercu. Plus de 20 années de luttes pour la même cause, plus de 20 années d'attachement a la République, de dévouement a la démocratie, n'ont suffi, ni a convaincre tous hsrépubli- cains de la sincérité et de i'ardeur de ma fo politique, ni a désabuser des adversaires, qui croient ou affectent de croire que je me ferai l'instrument de leurs espérances. Depuis six mois se poursuit une cam pagne de diffamation et d'injures contre l'armée, la magistrature, le parlement, le chef irresponsable de l'Etat et cette liberté de souffler les haines sodales, continue a être appelée la liberté de penser. Voila les fières paroles que Casimir-Périer adressait au parlement en se démettant de ses fonctions de président. Elles caractérisent toutPhomme. Casimir-Périer, jaloux de sa liberté pendant toute sa carrière, voulut être un président effectif.OrJe régime républicain francais ne s'accommode pas d'un président a poigne et la démission de Casimir-Périer, au millieu de diffïcultés, restées en grande partie mystérieuses a du moins eu l'avantage de faire ressortir un état de choses sinon un régime, des plus déplorable. Dans la lutte politico religieuse, nous gar dons le statu quo. Le statu quo comprend du cöté du gou vernement la continuation cynique de l'in- justice. Les églises et leurs annexes ont été con- struites par les catholiques avec l'argent catholique. Les subventions de l'Etat ne représentaient qu'une part infimede la valeur de cette masse d'immeubles. M. Briand lui- même l'avait reconnu a la tribune. Environ 5oo millions avaient été recueillis par les catholiques pour entretenir le culte, pour payer aux morts un tribut régulier de prières, pour secourir les pauvres, pour élever des prêtres,pour enseigner des enfanls. Sur ce demi milliard, l'Etat a étendu sa main géante et l'a confisqué. Au nom de la force il a dit Tout cec est a moi. II reste dans l'injustice. Du cöté des catholiques c'est toutefois i'espérance qui est fondée sur la base bien solide de la confiance en la Divine Provi dence; espérance qui est fondée aussi sur les divörses retraites humiliantes infligées au gouvernement perséculeur. Le premier essai de révolution sociale vient de se pratiqueron sait qu'il a réussi a plon- ger Paris pendant plusieurs heures dans l'obscurité le gouvernement a eté impuis- sant a le prévenir et a l'arrêter. Pour arme, la Confédération générale du travail avait la résolution et la discipline. Pendant que M. Clémenceau se brouillait avee son collègue Briand a propos des rap ports de l'Eglise avec l'Etat, qu'il se querel- lait avec son collègue Pichon au sujet de la publication des papiers Montagnini, les chefs de la révolution sociale marchaient comme un seul homme a la conquête du désordre social et de la ruine publique. La grève des ouvriers électriciens a duré ce que la confédération générale du travail voulait qu'elle durüt. Ce ne sont pas les pourparlers avec le préfetde la Seine qui ont mis fin au chömage. Au fond ce n'est pas la grève qui est finie, mais l'essai de révolution; l'engin de la grève des électriciens est remise, mais le comité n est pas dissous, il veille sur la machine de guerre et prépare son application sur une plus vaste échelle. Le décès de M. Casimir-Périer, qui remplit le róle éphémère de président de la répu- - Le Reichstag a voté les crédits pour le sud- ouest africain représentés par le chancelier. Comme au mois de Décembre, le Centre, les Polonais et les socialistes ont voté contre. Le Centre avait reproduit également son ancienne motion réduisant les crédits de 9 millions. On se rappelle que lors du vote, désormais historique, de Décembre, un assez grand nombre de membres du Centre étaien absents; certains journaux avaient cru pou- voir en déduire que le groupe n'était pas si unanime qu'il paraissait a première vue dans son hostilitè a la proposition gouvernemen- tale; or cette fois les absents étaient peu nombreux, et un seul membre, député peu connu d'ailleurs, a voté le chiffre demandé par le chancelier. (On se rappelle qu'en Décembre un membre, le comte Ballestrem, s'était aussi séparé du reste de la fraction.) Remarquons encore que. dans la discussion qui précéda, le Centre a gardé d'un bout a l'autre du débat une attitude fort modérée. II n'a pas envoyé a la tribune ceux de ses membres qui se sont signalés par leur vive opposition au cours des derniers mois. C'est un nouveau député, un Badois, M. Fehren- bach, qui a parlé au nom du parti, et qui a parlé pour dire que, si le Centre ne pouvait pas accorder les 29 millions demandés, il était disposé a en donner 20 et a voter aussi ceux qu'exige la construction du chemin de fer de Kubub. M. Fehrenbach n'a pas man- qué d'envoyer un salut ému aux braves combattants v de l'ouest africain. Et il a tenu JOURNAL D'YPRES ©rgane Satholique de l'Arrondissement

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1907 | | pagina 1