LA SEMAINE Téléphone 52 Téléphone 52 Samedi 6 Avril 1907 10 centimes le N° 42 Année N° 4421 Etrennes Pontificales Association de l'Aderation PerpéiueÜe et de l'ÖEuvre des Eglises Pauvres Fanfare Boyale L'apologétique par l'exemple L'Action Bienfaisante de l'Eglise dans Ia Société En France La conférence de La flaye On s'abonne rue an Beurre, 36, Ypres, et tous les bureaux de poste du royaume. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal 3o centimes la ligne. Les insertions judicaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplémentaires coüient 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1 'Agence Havas, Bruxelles, rue d'Argent, 34, et a Paris, 8, Place de la Bourse. Le Journal d'Ypres parait une fois par semaine. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 3 fr. 50 C. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Toutes les communications doivent être adressées franco de port a 1 adresse ci-dessus. Liste préce'dente fr. 1626.64 M. D'Huvettere, notaris, Yper 10.00 Burggraaf en Burggravin M. du Pare, Vlamertinghe 100.00 Tot. fr. 1736.64 Exposition des ornements destines aux Eglises Pauvres de la Belgique, a l'Institut Saint-Joseph, le Mardi 9 et le Mercredi 10 Avril, de 10 a 5 heures. Entree gratuite par la grille, rue Saint- Jacques. Dimanche prochain, 14 Avril, a y 1/2 h.. Concert offert aux membres honoraires et a leurs families. Des artistes de premier ordre prêteront leur concours a cette lête. Nous publierons le programme dans notre prochain numéro. Les fêtes de Paques ramènent dans la presse catholique une efflorescence d'articles ou s'atteste le zèle des jour nalistes d'aujourd'hui pour la léfense rellgieuse. (Juel chrétien ne se félicitcrait de constater, en face de l'effort libre- penseur toujours croissant, cette fer- veur apologélique de nos amis, divises parfois sur de nombreux su^els, mais unis par les liens d'une foi coramune La jeune génération ne se borne pas k confesser fièrement sa foi. De toutes parts, dans la classe ou -rière comme dans la classe instruite, s'affirme la volonté de mieux connai- tre le dogme, et de le mieux faire con- naitre ceux qui, l'ignorant, se déta- chent de lui. C'est chose délicate, assurément, d'entreprendre eet aposlolat sans être armé par de solides études, et sans avoir acquis, par une longue expe rience, le flair qui place a la poriéede chacun les arguments les plus propres a le'containcre. II est au moins tine forme d'apolo- gétique digue d'etre recommandée a quicouque ambitionue de coaquérir les ames.Elle n'est pas la plus savanle, mais el le n'est pss la moins fficace. El le consiste a prouver, par !e fait, e'est-a-dire par sa vie, Ia fécondüé et Ia diviuité de la doctrine quY-n pro- fesse. L'Eglise doit, certes, établir sa mission par d'autres moyens encore, et ceux qui possèdent la science ou sont capables de l'acquérir, n'ont pas le droit de négligcr cette arrae pour le service de la vérité. Mais la science sans les ceuvres n'est rien. Et les mé- créants et les indifférents se borne- raient a considérer les christianisme comme un syslème religieux p'us ou moins fondé, mais toujours discutahle, s'ils ne constalaient la vertu du christianisme par les miracles qu'il opère. Nous nous persuadons que Saint incent de Paul, par sa sublime chari- té, a plus profondément agi sur les êenen que Tertullien. Ge n'est point assez d'établir la supériorité de la morale chrétienne il faut aussi, et surtout, donner l'exemple de la resis tance aux passions. Ce n'est point assez de soutenir, au moyen d'argu- menfs empruntés a i'histoire ou h la phiiosophie, que la foi catholique est le levain de tous les grands progrès mornux et sociaux phrases vaines si l'on n'ajoute Taction a la demonstra tion. Ce n'est pas assez enfin de rap- peler que le christianisme a introduit la charité dans le monde, si les cbré- tiens, eatre eux, oublient le pre'cepte de charité. La justification théorique de la vérité religieuse exige des connaissan- ces approfondies, même lorsqu'on est en face d'iguorants, k plus forte raison lorsqu'it s'agit de réfuter des sophis ms empruntés a une science frelatée. Eu revanche,dans toutes les conditions sociales, la predication par les ceuvres est possible, nécessaire et souveraine. L'ouvrier ch étien, par exemple, s'il veut exercer une salutaire influen ce sur ses camarades, y parviendra non par des controverses multiples, mais en subordonnant a sa fin éter- nelle les fins temporedes qu'il piut légitimement poursuivre, en considé- rant les patrons et les riches d'un au tre oeil que ne font les socialistes, en praliquant dans la vie domestique et dans la vie sociale les préceptes renfer- més dans la loi chrétienne. Le patron, lui, De se tiendra pas pour satisf'ait de donner a ceux qui l'entourent le spectacle d'une foi vive; il traitera ses ouvriers comme des frères dans le Christ. les convictions lancez-vous dans tou tes les ceuvres sociales et charitahles. Ama et facVotre union avec Dien fécondera toutes vos oeuvres. X. Voilé des principes vraiment Chre tiens, vraiment pratiques, dont de- vraient s'inspirer et se péuétrer tous les hommes de foi el d'action, a quel- que rang social qu'ils appartiennent, a tous les ages et dans toutes les con ditions. Voila les prT cipes qui doivent spé cialer ent guider la jeunesse qui veut récllement être l'espoirde l'avenir. Certes elle doit se former d'ahord a l'école des sciences, mais celle-ci doit être, pour elle, une école de vertus. 11 nous faut actuellement des hommes instiuiis, mais plus encore, des ekré- tiens convaincus. La science s'eEor- gueillit et s'égare qnand elle n'est p°s guidée par la foi la foi est rrorte, quand elle n'agit pas, En présence des nombreuses et lamenlables défaillances et des efface- ments du caractère, que, en cette ville comme dans d'autres, nous voyons autonr de nous, il fau que la j unesse plus fortemenl Irempée se léve, se groupe, é'ale, avec une sainte audace, les pratiques de sa foi, et réveille dans les ainés les ardeurs qui semblaicnt presque éteintes. L'Eglise, par la voix de son chef, convie les fidèles a aller plus abon- dammerit et tous 'es jours, puiser uu aliment de vie aux sources Ips plus pures les générations nouvelles s'eu trouveront plus vigoureuses. Levez-vous done, ieunesse chrétien ne ies pratiques saintes consolident II y a prés de 19 siècles, tandis que Tibère, second empereur romain, vivait retiré dans son antre cruel de Caprée, tandis qu'Hérode régnait en Judée sous le protectorat du gouverneur romaiu Ponce-Pilate, a une légère distance de Jerusalem, sur une colline nommée Golgotha, un homme expirait, crucifié entre deux larrons. II avaitvécuen faisant le bien, prêchant une doctrine in- connue jusqu'alors, enseignantla pauvreté, l'humilité, la charité et comme sa vie, ainsi que ses paroles, condamnait les Princes des Prêtres et les Pharisiens ceux-ci, soudoyant le Conseil des Juifs de Jérusalem, l'avaient fait mourir sur la croix. Tout semUait bien fini l'ouvrier mort, l'ceuvre devait mourir. Et voici que dix-neuf siècles out passé et malgré ies attaques iDcessantes, l'ceuvre du divin Crucifié subsiste Née au Calvaire même, dans le sang de son Pondateur, l'Eglise, l'oeuvre du Christ, a déjoué les calculs du Conseil des Juifs, et dès l'aurore même de sa naissance, partout oü elle pénètre,elle fait sentir son action bienfai sante. C'est elle, elle se le qui peut se nommer la mère de la vraie civilisation c'est elle et elle seule qui créa les nations de l'Europe et leur donna la vraie liberté. Qui a fait dLparaitre l'esclavage, cette plaie hi- deuse des sociétés païennes L'Eglise Qui a détruit ce césarisme qui faisait des empe- reurs romains des divinités, a tel point que les individus disparaissaient dans l'Etat et que l'Etat se personnifiait dans César L'Eglise Qui a réclamé la première, au nom de la dignité humalne autant qu'au nom des droits divins, la liberté de con science, e'est a dire le droit que la vérité a d'être entendue, embrassée, suivie; le droit que la vraie religion a de n'être pas entravée dans son développement par les lois civiles L'Eglise, car c'est pour cette précieuse liberté que ses martyrs ont donné leur sang Qui civilisa les barbares, ces destructeurs de l'Empire Romain qui leur apprit a s'orga- niser qui transforms encore aujourd'hui en peuples doux, pacifiques, les peuplades barbares, iaroucbesetbelliqueusesde l'Océa- nie ou de i'Afrique L'Eglise I Qui conserva au miilieu des ruines dont les barbares avaient couvert le vieux monde, les monu ments de la liturature qui devaient plus tard reconstituer le savoir hurnain L'Eglise Qui a su iaspirer cet art chrétien, Tart ogival dont l'Europe est forcée d'admirer les chefs d'oeuvre? L'Eglise Et aujourd'hui, l'Eglise a t elle cessé dêtre la grande puissance civilisatrice Non c'est la société, ce sont les gouverneraents qui ne veulent plus se laisser civiliser par 1 Eglise et qui, pour cette unique raison, tombsnt d'erreur en erreur, éprouvent deception sur déceptiou, voieut leurs oeuvres s'écrouler aussitót qu'iis les ont édifiées er, rétrogradent vers la bar- I barie. Oui, en plein XX* siècle alors que la société semble être en possession d'une immense soinme de bien être materiel, alors que les institutions politiques se perfectionnent, se raffinent de plus en plus, alors quo l'esprit humain est en possession des plus belles découvertesdela science, alors que l'instruc- tion so répand dans toutes les classes de la société, alors que les idéés se communiquent avec la rapiditó de 1 éclair, l'Europe doit ei aindi e que l'internationale ou le Paganisme ne la replonge dans la barbarie. C'est que le bien être matériel, les formes politiques, les sciences, 1 instruction du peuple, les moyens de communication, ['industrie, le commerce, toutes ces choses que les peuples paieos possédaient aussi dans une certaine mesure, ne constituent qu'une civilisationincomplète. une civilisation qui ne saisit que l'homme matériel et intellectuel, qui n'envisage l'étre humain qu'au point de vue de la raison. Cette civilisation est imparfaite elle a conduit l'ancien monde k la corruption, a la barbarie. Or le libéralisme, le socialisme, le communisme d'aujourd'hui, toutes les sectes qui se disent progressives, ne font que reprendre sous d'autres noms les théories du paganisme et des hérésies de tous les ages qui produisent partout et dans tous les temps les mêmes résultats: la désorganisation sociale et la barbarie. En quoi consiste done la vraie civilisation Elle congiste dans le bien être matériel et dans le développement intellectuel sans doute, mais surtout dans la religion et la morale chrétienne. Une telle civilisation embrasse tout l'homme, 1 homme physique ou matériel, lhomme intelleliectuel et l'homme moraleile saisit le corps, l'esprit et l'dme elle dirige sans secousse, sans bouleversement les peuples vers la perfection et leurs destinées éternelles. Or l'Eglise catholique seule puisque le protestantisme avec toutes ses sectes n'abou- tit qu'au rationalisme peut procurer cette civilisation qui constitue le vrai progrès Le Play, illustre sociologue francais, fondateur de l'école expérimentale, a recherché dans le monde entier par lui-même et par ses disciples, sans esprit de parti pris ou de partialité, quelles étaient les nations pros- pères et les peuples véritablement heureux. En terminant son étude expérimentale il déclare que la prospérité des nations, le bonheur des peuples sont en raison directe de l'influence du catholicisme. Taine, l un des plus brillants défenseurs du positivisme en France, a laissé tomber de sa plume ces lignes éloquentes Aujourd'hui, après dix-neuf siècles, sur les deux continents, depuisl'Oural jusqu'aux Montagnes Rocheuses, chez les moujiks russes et les settlers américains, le christia nisme opère comme autrefois chez les artisans de la Galilee et de la même faqon, de fagon a substituer l'amour des autres a I'amour de soini sa substance, ni son emploi n'ont changé. II est encore pour quatre cent millions de créatures humaines l'organe spirituel, la grande paire d'ailes indispen sable nour soulever l'humme au-de ssus de sa vie rampante et de ses horizons bornés, pourle conduire a travers la resignation, la patience et l'espérance jusqu'a la sérénité, pour l'emporter par dela la tempérance, la pureté, la bonté jusquau dévouement et au sacrifice. Toujours et partout depuis dix-neuf cents ans, sitöt que ces ailes défaillent ou qu'on les casse, les moeurs publiques et privées se degradant; en Itaiie pendant la Renaissance, en Angleterre sous la Restauration, en France sous la Convention et le Directoire, L'arme qui, s'il faut en croire Clémen ceau, devait porter un coup inévitable, l'arme dont on menacait depuis si longtemps a enfin éclaté. II serait peut-être plus vrai de dire que la montagne a accouché d'une souris. Le Figaro a done publié les documents Montagnini. lis se composent de deux parties essen- tiellement différentes. La première consiste en documents reijus du Vatican par Mgr. Montagnini, la seconde en notes écrites au courant de la plume sur des renseignements acquis ou des renseignements a contröler. La première partie seule pouvait intéresser le peuple francais. II en ressort la démon- stration e'clatantede la loyauté du St Siége vis a vis de la France et de soa gouvernement. Lecoupa porté, mais contre Clémenceau. II est une chose que les blocards ne lui pardonneront jamais, c'est d'avoir mis en lumière aussi éclatante le fait considérable de deux papes Léon XIII et Pie X, donnant pendant un quart de siècle de persecution de l'Eglise, pour instruction invariable aux catholiques de France de ne pas s'en prendre aux institutions du pays mais de placer toutes leurs revendications de justice, d'égalité et de liberté sur le terrain constitutionnel. 4 Le Pape est Francais en F'rance a dit M. Briand, dans un de ses discours. Jamais le pape ne l'a mieux prouvé qu'en deman dant au cardinal Couillé de s'entendre avec le chef de l'Action libérale populaire, placée sur le terrain constitutionnel, pour le choix des candidats et la distribution de l'argent recueilli par des catholiques en vue des élections. Reste la seconde partie le carnet Mon tagnini Cette partie a peine parue a déja fait pleuvoir les démentis. En quoi d'ailleurs les opinions personnelles de MgrMontagnini sur MM. Piou, Denys-Cochin, Rouvier, Doumer et autres sont-elles susceptibles d'intéresser le gouvernement Toutes ces notes paraissent avoir besoin de controle et d'explication. Ce controle et cette explication l'auteur seul pourra les procurer et on a pris soin de mettre la fron- tière entre lui et le contröle. J usque la le gouvernement n'aura fait que du bluff. Et pour arriver a un aussi miserable résultat M. Clémenceau a froissé la diploma tie européenne, il a violé le droit des gens, mis tous policiers en branie et avili la ma- gistrature en la mêlant a cette aventure. La Russie avait déposé en 1906 un pro- on a vu l'homme se faire païen comme aux gramme p0Ur une seconde réunion de la premiers siècles; du même coup il se retrou- conférence vait tel qu'au temps d'Auguste et de Tibère, e'est-a dire voluptueux et dur; il abusaitdes autres et de lui-même, l'égoïsme brutal et calculateur avait repris l'ascendant, la cruauté et la sensuahté setaiaient, la société deveuait un coupe-gorge et un mauvais lieu. Quand ou s'est donné ce spectacle et de prés, qn peut évaluer l'apport du Chris tianisme dans nos sociétés modernes, ce qu'il y a introduit de pudeur, de douceur et d'humanité,ce qu'il y maintient d'honnêteté, de bonne foi et de justice. Ni la raison philcsophique, ni la culture artistique et littéraire, ni même l'bonneur féodal, mili taire et chevaleresque, aucun code, aucune administration, aucun gouvernement ne suffft a suppléer l'Eglise dans son service. II n'y a qu Elle pour nous retenir sur notre pente fatale, pour enrayer le glissement insensible, par iequel incessamuient et de tout son poids originel,notre race rétrograde vers ses bas-fonds. Et le vieil Evaugile est encore le meilleur auxiliaire de l'iastinct social. II fut accepté par toutes les puissances mais TAngleterre a cru pouvoiry ajouter un nu méro la limitation des armements ou des budgets de guerre. La proposition était un trait lancé a I'Alle- magne et pourrait bien devenir la pierre d'achoppement de la future réunion. Au demeurant voici oü en sont les négocia- tions préparatoires. D'une part, M. de Martens a terminé les missions diplomatiques dont le gouverne ment russel'avait chargé en vue d'amener les divers gouvernement accepter la future réunion et a désigner des délégués. La plu part des puissances ont déja désigné a cet effet des personnages éminents et ne voient pas d'inconvénient a aborder la discussion même sur la question posée par l'Angleterre. Pas un seul Etat, pas même la Russie, ne se fait illusion sur la portée pratique de ces discussions autour djun tapis vert. La question du désarmement léguée en héritage par la première conférence a la seconde pourrait sans le moindre inconve nient être examinée a nouveau et passer encore en héritage a d'autres réunions. JOUMuu ©rgane Gatholique de l'Arrondissement

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1907 | | pagina 1