Pensées diverses
BRUGES
Inauguration d'orgues
LE DM PEA li
Neutralité scolaire
Le canal de Ia Lys a 1'Yperlée
Horaires des trains
Chronique
EXA HENS
M. Moreau est d'avis que le macadam doit
Itre abandonné et qu'il faut en revenir aux
routes pavées. II ne s'agit pas de recomman-
der l'emploi des gros pavés d'antan, mais les
chaussées futures dcvraient être constituées
de matétiaux de petites dimensions; l'emploi
de pavés de taille réduite est indispensable.
D'autre part, il est absolument nécessaire
d'abandonner le système actuellement en vi-
gueur, qui consiste a établir le pavage sim-
plement dans un coffre de terre pourvu d'une
couche de sable ou de cendre. l'our obtenir
des chemins vraiment solides, le fond du cof
fre devrait être bétonné et c'est sur eet enro-
chement que l'on épandrait la couche de
'lable d'épaisseur réduite qui doit assurer
sécoulement des eaux et l'insonorité du
pavage.
Cette méthode est évidemment plus coü-
teuse, mais elle offre la vantage de réduite
considérablement les frais d'entretien; les
chaussées construites dans des conditions
semblables seraient trés résistantes; les dé
pressions de pavage seraient trés rares, si
pas nulles, et les ornières se creuseraient avec
beaucoup moins de facilité.
M. Moreau proposera prochainement a la
députation permanente de faire un essai sur
une des routes du Brabant. L'emplacement
choisi sera vraisemblablement situé sur la
route de Tervueren a Louvain, dans une par-
tie macadamisée oü la circulation est assez
importante.
Jeudi dernier a eu lieu en l'Eglise S*
Pierre l'inauguration des orgues complétées
etrestaurées par la naaison réputée Fran
cois Joris de Renaix. La cérémonie de la
bénédiction présidée par Mr le chanoine
De Brouwer, doyen d'Ypres, a été suivie
d'une andition trés artistique.
Tour-a-tour M. G.Destamault, organiste
de l'église S' Pierre et M. Louis Vanhoutte
l'organiste lauréat de notre cathédrale ont
fait apprécier les qualités diverses de l'in-
strument reconstruit, par la savante inter-
prétation des oeuvres de choix de grands
maitres.
Nos sincères félicitations a nos deux orga-
nistes yprois. Nos félicitations aussi au ré-
vérend curé M. l'abbé Delaere et nos vceux
pour que les beaux accents des nouvellés
orgues puissent accompagner un grand
nombre de belles voix a la plus grande
gloire de Dieu.
M. le Bourgmestre vient d'invïter la popu
lation a arborer, le 21 de ce mois, jour de la
fete nationale.
II nous serait certainement pénible de lire
un tel avis sur nos murs,et M .le Bourgmestre
se füt abstenu de l'y faire apposer, si eet
appel impliquait, si peu que ce soit, un
reproche de manque de patriotisme.
Dieu merci, il ne saurait être question de
cela.
La vérité, c'est que nous avons les défauts
de nos qualités.
Notre tempérament national est calme
jusqu'a l'excès nous sommes revêches a
l'emballement, voire a Tentbousiasme le
plus naturel etJe plus légitime. Voyez plutöt
l'affaire du Congo. Voic qu'on nous offre,
ni plus ni moins, Ophir, le Pérou de 1 anti
quité et le veritable Eldorado du monde.
Et cela nous est offert dans un écrin riselé
de nos propres mains et signé de notre
sang... Et, sans précise'ment hésiter, nous
faisonc des manières et nous prtnons du
temps avant d'accepter le présent I Ailez
done faire ce cadeau la, nous ne d.rons pas
aux Francais, mais aux flegmatiques Anglais,
mais aux' businesmen Améticair.s, et vous
verrez s'ils garderont ce calme qu'ils ont, eux
aussi, dans leur tempérament
Eh bien, précisément cette circonstance de
notre extension nationale devrait réchauffer
un peu, non pas notre patriotisme qui n'en a
pas besoin, mais notre culte du drapeau et la
fierté de nos couleurs. Aimons a faire claquer
au vent l'emblême de la patrie, aujourd'hui
surtout qu'il s'enrichit du blason d'une colo-
nie.
Que s'il nous en coüte tellement d'arborer,
au point de ne nous y decider que pour le
passage du Saint Sacrement et rarement pour
une autre circonstance, il conviendrait pour-
tant que le pavoisement soit de règle le 21
juillet. C'est même d'autant plus nécessaire
que l'usage commence a s'introduire trés
péniblement, ilest vrai, d'arborer en sou
venir d'une de'faite fran^aise remontant a six
siècles.
Aujourd'hui que, grêce aux embellisse-
ments de notre ville, sous l'impulsion de
l'administration communale, et grace a la
construction de la route royale, nos visiteurs
francais deviennent tres nombreux, il serait
vraiment impardonnable de persister dans
une apathie susceptible d'etre mal interprétée
par un peup'e habitué a célébrer tant et plus
sa fête nationale.
Nous n'hésitons pas a ajouter qu'il serait
malavisé de notre part et qu'il y aurait même
quelque chose d'offensant pour nos visiteurs
francais que de ne pas faire suivre le pavoi
sement partiel, chau/in et flamingant du 11
juillet, du pavoiiement unanime et vraiment
national du 21 juillet.
Si l'on n'apprend plus aux jeunes généra-
tions les gloires de la France, on leur
apprend cependant d'autres choses.
Un inspecteur parisien avait établi dans les
écoles de son ressort l'habitude de faire com-
mencer, chaque jour, la classe par l'inscrip
tion, sur le cahier de devoirs, d'une maxime
qui, commentée par le maitre neutre
soit une indication morale, un précepte de
de conduite.
Quelle n'a pas été la surprise de eet uni
versitaire lorsqu'il a lu, la semaine dernière,
sur le cahier d'un enfant de douze ans,
appartenant a i'une de ses meilieures écoles,
la pensee suivantel
II faut que le catholicisme tombe 1 Non
seulement il s'agit de réfuter le papisme,
mais de l'extirpernon seulement de l'ex-
tirper, mais de le déshonorer; non seulement
de le déshonorer mais de l'étouffer dans la
boue 1
Cette pensée est d'Edgar Quinet. Que de-
viendront les enfants victimes d'une pareilla
éducation
La patrie c'est a dire les premières im
pressions del'enfance; les souvenirs del'aïeul
et ses récits vénérés; le premier sourire échan-
gé entre une vie qui s'éveille et la terre qui
la recjoit le doux murmure du langage ma-
fernel, les longues et chères contemplations
des mêmes collines, des mêmes vallées, du
même ciel; la patrie c'est a dire les premiers
tressaillements d'un coeur de douze ans sur
une page d'bistoire; les premiers serments du
jeune homme a eet être mystérieux qu'il jure
d'aimer; l'orgueil de le servir enfin, l'heure
venue; le repos du vieillard tranquille sur
l'avenir de ses fils, la confiance que le pied
de l'étranger ne dérangera pas sa tombe la
patrie, c'est a dire l'église 011 vous avez re£U
le baptême et dont le cimetière garde les os
de vos pères; la patrie, c'est a dire le drapeau
national que, dans les dernières détresses
des batailles, cent mains défaillantes se
transmettent a travers le feu et la mort la
patrie! c'est a dire tout un peuple faisant
retentir d'un pas libre le sol libre d'un grand
pays tout cela, et plus encore, et dans un
seul mot magique, la reunion de tout ce que
Dieu a mis de plus cher et de plus sacr-é au
coeur des hommes,
Abbé PERRF.YVE
Regarde* done le drapeau qui flotte la-bas
sur les rives des grands lacs et des fleuves. 11
est bleu... c'est le ciel 1... le ciel oü, comme
nos coeurs, les coeurs des noirs tourneront
leur espérance.
Et dans ses plis brille une étoile... qui,
devant le berceau du Christ enfant, appela
les premiers noirs! V. VAN TRICHT
II y a quelque chose de plus iugubre encore
que le rugissement d'un peuple, c'est son
baillement. LOUIS VEUILLOT
La neutialité doctrinale est un mot vide
de sens. On ne peut pas être neutre quand
on nést pas un imbécile; et, lorsqu'on a une
opinion, on ne peut pas ne pasl'exprimer. On
le peut encore moins lorsqu'on est chargé
d'enseigner, car elle pénètre partout, s'insinue
dans tout, et l'on ne saurait raconter un fait
historique sans le juger, ni émettre une pen
sée quelconque, sans que cette opinion se
ressorte clairement. C'est pourquoi la neu
tralité est une rêverie.
Henri MORET
rédacteur en chef du Radical,
M. Nolf a posé en séance de la Chambre
du 8 Juillet la question suivante a M. le
ministre des travaux publics
Des journaux gcnéralement bien infor-
més annoncei t que l'honorable ministre
aura:t décidé desoumettre a une adjudication
concours la question de l'achèvement du
canal de la Lys a l'Yj erlée. lis ajout* nt que
diverses bypothèses devront être envisagées
et qu'une prime importante sera accordée a
1 auteur du meilleur projet.
L'honorable ministre ne voudrait-il pas
uous dire ce qu'il y a d'exact dans ceite
nouvelle nous dire notamment, au cas oü
il la confirmerait, quand,dans quelles condi
tions et sur quelles bases se ferait l'adjudica
tion dontil s'agit?
li sera répondu mardi prochain a cette
question.
Mle ministre des chemins de fer a fait la
réponse suivante a une question posée par
M. Nolf au sujet des lacunes du nouveau
guide des chemins de Ier sur les correspon
dances entre le sud de la West-Flandre et le
reste du pays.
Les horaires actuels des trains de voya-
geurs desservantla ligne de Courtrai-Ypres-
Hazebrouck comportent de multipli s corres
pondences, non seu ement aCourtrai, mais
aussi a Ypres, Comine.s et Menin. Lescorres
pondances a Courtrai s'échaugent générale-
ment avec des trains de banlieue, pour cette
raison que le service établi sur ia ligue de
l'ancienne société de la Flandre Occidentale
existait avant l'organisation des trains directs
qui circulent aujourd'hui entre Bruxelles et
Courtrai.
On ne pourrait apporter un remaniement
important au service actuel sans supprimer
de nombreuses relations et sans provoquer,
par suite, de multiples protestations.
Pour remédier a la situation, c'est a-dire
pour diminuer notamment l'attente imposée
a Courtrai aux voyageurs provenant de la
direction d'Ypres, Comines, Menin, etc.,
qui se rendent dans l'intérieur du pays ou
en reviennent, il faudrait done recourir a
la création de trains nouveaux.
Cette question est a l'étude en même temps
que celles faisant l'objet des nombreux chan
gements sollicités 4 l'organisatiou du service
des trains de i'ancien réseau de ia Flandre
occidentale etdeslignes avoisinantes, ainsi
que je lai fait conoaitre antérieurement
déja. Cette étude fort longue demande
nécessairement un certain temps.
Voici revenue la saison des exodes vers
l'autre rive méditerranéenne, la saison des
villégiatures en des sites plus frais du pays
de France et de l'étranger. Ceux-ci pensent
aux villes d'eaux, ceux-la aux plages a la
mode, d'autres songent aux stations des
hautes altitudes. A ceux qu'attire le charme
du passé, le pittoresque des cités anciennes
demeurées en leur aspect d'autrefois, oü
s'évoque sous chaque pierre un souvenir de
l'Histoire, je recommanderai plus.particuliè-
rement, s'ils ne la connaissent déja. cel e qui
fut appelée a si juste titre la Venise du
Nord j'ai nommé Bruges la-Belle.
Quand j'y vins, ce fut pour moi une véri
table joie de parcourir cette ville a qui ses
habitants surent si bien conserver sa
physionomie de jadis et dont ils continuent
a assurer si religieusement la survivance
en son caractère primitif, par le maintien
du style cher a leurs aïeux.
Oh 1 les délicieuses promenades en cette
paisible cité oü l'horloge du temps semble
s'être arrêtée depuis des siècles oü chaque
chose apparait inchangée, figée en cette
expression que lui connurent les ancêtres et
que les fils d'aujourd'hui se garderaient bien
d'altérer sous quelque prétexte utilitaire que
ce soit.
A chaque pas, elle vous chuchote son
histoire, ses légendes, cette Bruges
séduisante. Les monuments publics, les
édifices privés, tout vous redit la vie de cette
ville célèbre a qui son commerce, jadis,donna
tant d éclat, tant d'opulence, qui, dès la
premiere croisade, envoya tant de marins
vers 1 Orient d'oü furent rapportées de si
nombreuses richesses, parmi lesquelles ces
merveilleux tapis dont s'inspirèrent les
peintres et les verriers, décorateurs de ses
palais et de ses églises. Ses patriciennes
rivalisaient de luxe avec les souveraines. Les
plus nobles blasons salliaient a ses grandes
families bourgeoises. Dix sept nations
avaient chez elle des comptoirs, de riches
maisons consulaires. Dans ses eaux, se
reflétaient les Hammes d'innombrables cara-
velles, et le Dante chanta ses digues, en son
poème immortei. Mais le XV« siècle vit la fin
de cette prospérité. L'estuaire s'ensabla,
Tonde s'éloigna, les rives disparurent et, la
oü jadis le flot caressait la carène des
navires, la charrue tra9a,un jour, son sillon
Ses phares éteints, Bruges s'endormit..-
On lui donna plus tard le surnom de La-
Morte t>. Le malheur qui ia frappa laissa sur
ses traits une empreinte ineflfa^able, et c'est
dans l'expression d'une infinie mélanrolie,
qui ajoute a son charme, que Bruges nous
apparait aujourd'hui.
Quelle singulière emotion vous produit
la vue de ces somnolents quartiers oü se
dressent, silencieusts, comme absorbées en
une rêverie profonde, ces antiques maisons
aux faites gothiquts, aux pigi.ons dentelés,
qui érigent leurs séculaires silhouettes dans
la splendeur doréc du ciel
II semble qua leurs petiTs fenêtres a
croisillons, qua lcuis batcons fleuronnés,
vont apparaitre des fetnmts th Iraise des
bourgeois en pourpoint de velours, et l'ou
évoque le temps oü, avec leurs bannières,
passaient par ces voies, les corteges des
corporations de la cité, dans le brouhaha
d'une foule joyeuse.
Ceslogis d'autrefois vous retiennent long-
temps pensif. La plupart portent leur acte de
naissance sur leur facade. Des nombres en
chiffres d or révèlent des origines dont on
demeure tout étonné, tant l'ancienneté de la
date contraste avec la fraicheur d'aspect de
la maison. Et des inscriptions de marbre di
sent aussi leur passé, car la-bas, ces antiques
documents historiques ont été soigneusement
étiquetés.
Une porte s'ouvre t-elle? c'est un musée
qui apparait: de vieilles boiseries sculptées,
des cuivres ciselés, des carreaux de Delft,
avec navires a voiles et moulins a vent, tout
pareils a ceux de nos maisons mauresques,
lesquels, on le sait, provenaient du tribut
payé chaque année par les Pays-Bas au
dey d'Alger.
Et quel joli coup d'oeil, offrent le long
des trottoirs les fenêtres emmousselinées des
rez de chaussée parrées toutes, ainsi que
des autels, de vases artistiques, de verdure et
de fleurs qui semblent avoir été disposés la
pour l'unique charme des passants.
Mais voici le vieux géant de pierre de la
cité: Monseigneur le Beffroi Du sein des
vastes halles oü comme^ait la Hanse, la
majestueuse tour se dresse a quatre-vingt-
huit metres dans les airs, dominant de sa
prestigteuse stature, les édifices environnants
Son vieux cadran donne toujours l'heure aux
citadins et de ses quarante-neuf cloches, son
carrillon chante encore, a chaque sonnerie
de l'horloge, les airs populaires que chantai-
ent au XIII® siècle les citoyens de Bruges.
En face, s'étend la Grand'Place avec sa
pittoresque série de facades pointues, denti-
culées, historiées, égayées de rouge. Lè, est
l'hoiel du gouvernement provincial, oü j'eus
le plaisir d'admirer une exposition sans
pareille: celle de la Toison d'Or la Toison
d Or, l'Ordre de Bruges.
La bas, ce haut clocher environné de clo-
Chetons, c'est la cathédrale, eet autre qui
pointe dans les nues, ainsi qu'un coup de
lance, c'est Notre-Dame, sous les voütes de
laquelle reposent Charles le Téméraire et
Maigueritede Bourgogne.
Et voila le palais de la Gruthuse petit
Cluny flamand qui recèle entre autres
choses les plus délicats chefs-d oeuvre de
dentellerie que l'on puisse rêver. La,
que d échantillons variés de eet art de fées,
sur lequel de si jolies légendes furent créées,
que se redisent les filandières. Que de
merveilleux tableaux historiques et
religieux en ces subtils iacis de lin,
exécutés jadis dans les couvents et les
manoirs, alors que K-s reines et les abbes
ses iilaient et dentelaient
Et ce sont encore les sites rêveurs du lac
d'Amour et du Béguiuage cette adorable
retraite des dentellières qu'immortalisa le
poète Roden bach.
Ce sont aussi ces canaux légendaires,
bordés de vieilles facades a tourelies eucor-
bellées, pignons lambrequinés, canaux
inoubliables, dans les eaux moirées desquels
passaient autrefois des nefs étrmgères et
oü, seuls, aujourd'hui, glissent des cygnes,
dans Je reflet dormant des maisons den-
tellées. Quai du Rosaire, quai Yert, quai du
Miroir, comment exprimer la beauté de vos
ligues, la mélancolie de vos ondes oü se
mire un grand et silencieux passé
Pendant deux jours que je demeurai en
cjtte ville, j en visitai avec ravismment les
palais, les églises. les musées oü triompbe
ie génie des Memling des Van Eyck, des
L nceloo, de tous les maitres euüu de i'école
flamande. Mais oü je <-avourai surtout le.
charme de Bruges, ce füt le dernier soir.
au cours d'une promenade que je lis ou
compagnie de l'aimable M. Dan d, attaché
au musée de l'académie, par qui nombre de
nos compatriotes ont appris a connait e
cette cité dans toute son originale e-iuté.
Avec lui,quel attrait nouveau eurent pour
moi ces maisons, ces rues, ces quartiers
dont il me narrait l'histoire. Un sp eindide
clair de June rayonnait dans 1 a?ur, illumi-
nant aux facades les moiuures détails de ,ces
pierres feuillagées, ajourées. de ces pignons
a pioacles, de ces mile fsnlaisies architec-
turales d un autrefois lointain.
C'était ici un portail dont on admiiait
l'enciidrement de lianes, de uer\ures. de
fleurons, la un baie a verrières, é.ince aut
entre les maiiles de sa dentelle métallique,
ailleursla broderie dorée d un balcon, d'une
enseigne, d'une lanterne aDcienne.
Et avt c quelle chaleur mon cicerone me
parlait il du passé 1 A son enthousiasme,
je compris ce qu'était le culte des brug ois
pour leur cité
Arrivés sur la place du Beffr >iCroi i> z
vous, me dit- ilen uw mon trant un groupe
de pittoresques maisons, que desgeus eurent
un jour la sottise de proposer, p.,ur raison
d'alignement, la destruction de ces jolies
choses Mais un homme était la qui sut
leur répondre. Cet homme était le conseiller
Mayaval a qui nous gardons un souvenir
reconnaissant
Hélas 1 pensais je,que n'y a-til eu a
certaines beures uu conseiller Mayaval
parmi les édiles de nos vielles cités d'Al
gérie
A ce moment, l'airaiu reten tit pour la
douzième beure au sommet du Beffroi, et le
carrillon, par voix de ses gongs, de ses clo
ches et de ses clochettes, modula un air
joyeux Entendez vous? me dit mon guide
on chantait cela dans nos rues au Moyeu-
Age et sur ma prière a la fin de la
mélodie aérienne il me dit trois ou quatre
de ces airs populaires, connus laltas sous le
nom de chants de Pierre Beuoit J'eu
retins un oü l'attrait des pays du Levant
était ainsi rappelé Oui, c'e^tvers l'Orient
que nous voulons aller
Notre promenade se poursuivait dans les
rues désertes. Chemin faisant, mon compag
non me signaiait une mulitude de choses
intéressantes l ancienne loge des cordoua
niersde 1527, avec ses trois cercles,
symbole de la Trinité celle des Magons
présentant les divers attributs dc la niacon-
nerieet la date de 1620;lalogedes Bou-geois,
duXIVe siècle, et son ours iégendaijv,
plaisamment dénommé le plus ancien
bourgeois de Bi uges la lege des Poi tt-faix
avec ses différents patrons, parmi lesquels
Saint Georges, Saint Jean- Baptiste celle
des maréchaux-Ferrants, de 1453, avec ses
fers a cbeval puis 1 hotel consulaire de
Gastilte la loge jadis si somptueuse des
Orientaux de 1478 l'hêtel des négociants
de Smyrne du XVC siècle celui des gênois
de 1399, puis encore.., Mais comment tout
citer
Et l'ou cheminait par les rues pittores
ques, aux tournants desquelles s'offïait la
vision d'une vierge en sa niche fleurie, éclai-
réed'uue veilleuse. Puis c'était l'apparitiou
scintillante d'un canal, dont la nappe
argentée par la lune baignait des jardins
endormis le long de trés vieilles maisons...
Mais tout n'était pas que du passé dans
les quartiers que nous traversion-u De nom
breuses facades avaient été l'objet des
restaurations récentes, quelques-unes, a
l'occasion d'une cérémonie puplique ayant
eu lieu en leur voisinage, car c'est une
coutume de brugeois de recoustituer la
physionomie primitive des édifices auprès
desquels doit se produire une grande solen-
nité officielle. En d'autres eodroits, c'étaient
des maisons nouvelles, mais édiliées comme
leurs aïnées dans le style du pays, purfois
avec un trés grand luxe, telle I'école normale
des instituteurs une réminisci nee du X v'e
siècle qui, avec son front de chapelle, sa
gracieuse verrière,satribune ciselée,sa svelte
tourelle, est d'un effet des plus charmants.
J'avais vu déjü a Bruges d'autres monuments
reproduisaut l'architecture du vieux temps
la gare, par exemple dont les hauts pignons
aigus, les larges vitraux et la tour a cloche
tons étonnent si agi éablement le voyageur
l'arrivée. Et je me rappelai a ce propos le
caractère original donné en maintes villes
de Belgique, d'Allemagne, de Suisse et du
nord de ia France, a des hotels de postes,
des caserne des gares, des lycées, édifiés
suivaDt les traditions locales.
«Vousv>yez, me dit mon cicérone, nous
nous appliquoos a conserver a notre ville
son cachet pittoresque en maintenant le plus
possible dans ses rues l'art d'autrefois.
Et comme jelui demandais si, de même
qu a Nuremberg,la municipalité exercait a c
sujet une influence sur les particulars:
Assurément, me dit-il; sous ses auspices,
un concours est organisé chaque année entre
nos architectes. Des primes de trois cents
francs sont attribuées aux meilleurs raodèles
de facades que la ville propose ensuite aux
propriétaires. II y a aussi, entre ces derniers,
des concours triennaux consacrant les plus
élégantes mrisons édifiées dans le goüt
ancien. Les prix varient de deux mille a vir.gt
mille francs. La ne se borne pas Taction de
la commune! Celle ci, en effet, contribue
pour un tiers dans les dépenses occasionnées
par les restaurations ou les reconstructions
de vieilles maisons de style. Enfin nos aichi-
vistes, par leurs découvertes historiques,
inspirent aux propriétaires qui ignoraient
le passé de leurs maisons, un respect plus
grand de Toriginalité de celles-ci et une
attention plus soutenue dans leur entretien.
Voila ce que fait Tadministrationcommunale.
J ajouterai que notre préfet, le comte de
Béthune, est i'un des plus ardents défenseurs
du vieux Bruges
ci Mais, objectai je, la fortune de votre
ville est en train de renaitre, sou port nou-
vellement créé et déja prospère va lui rendre
son animation de. jadis. Ne craignez-vous
pas, dès lors, que le modernisme ne l'enva
hisse comme tant d'autres, avec ses laideurs?»
(i Non, la renaissance du commerce
maritime créera assurément un autre Bruges
mais le nouveau n'absorbera pas I'ancien.
Ici le rêv;. ailleurs Tactivité. Les docks, les
entrepots les noires cheminées se trouveront
loio de nos pignons, de nos clochetons et de
nos vitraux que les nombreux touristes
pouiront comm maintenant visiter tout k
leur aise. Non, croyez moi ceci ne tuera pas
cela 1
Jecoutai, attentif, ces paroles, admirant
la haute sagesse de ces bruge.ts qui savaient
si bien défendre leur passé contre le présent,
contre l'avenir, et cela, sans nuireen quoi
que ce soit a leurs intéréts.
Longtemps. bien longtemps, nous causa
mes parmi ies rues solitaires oü s'épandait
la resplendissante lumière de l'astre des
nuits. Je vis encore l ien des curiosués. j'eus
le plaisir de ncueillir bien d'autres renseigne-
ments, mais le moment vint de nous séparer.
Alors je pris congé dc mon aimable guide a
qui je dis toute ma reconnaissance et je me
retirai emportant un souvenir ravi de cette
promenad
Au retour, dans le grand silence nocturne-
je réfléchissais a ce que je venais d'entendre.,
En considérant tout ce qui avail été entrepris
pour la conservation de cette cité, pour le
maintien de son style ancien, j en vins a
penser a une autre ville du passé, a notre
El-Djézair si intéressant, lui aussi, mais
que nous avions traité de si différente fagon.
Voyant autonr de moi ce vieil héritage
flamand si pieusement gardé: Quelle sotte
conduite fut la nötre, me disais je Que de
choses paraient jadis notre ville, dont notre
vandalisme fit du néant 1 Que de ravissants
échantillons d'art mauresque y devinrent
poussière sous le pic du démolisseur Ceux
qui permirent cela étaient-ils done insensi-
bles a toute beauté, a toute originalite' Leur
ême n'avait done pas penju le charme qui se
dégageait de ces pittoresques ruelles enche-
vêtrées, d'aspects si imprévus, de ces mysté-
rieuses maisons toutes de blanc vêtues 1 La
gtace leur avait done échappé, de ces inté
rieurs aux élégantes arcatures, aux sveltes
colonnes torses, aux bois finement sculptés,
aux bandeaux d'émail fleuris de tulipes et
d'oeillets Ah si Ton avait gardé intact tout
cela I Certes l'attrait de notre ville était bien
différent de celui d'une ancienne cité euro-
péenne. II ne s'y trouvait pas comme en ce
pays, des tours a carillon a conserver. Mais
combien de minarets érigés sur sa blancheur
neigeuse y chantaient de la voix de leurs
muezzins Combien de mosquées, com
bien de koubbas, d'oratoires et de tombeaux
ajoutaiet.t a sa séduction, que nous avons si
jnconsidéremment détruits 1
Heureusement, pensai-je, une réaction
s'opère en ce moment en faveur de ces choses
jadis si dédaignées, Une ligue s'est formée
pour leur délense, et sous la haute influence
d'un fils du Nord devenu algérien, I'ancien
style du pays est remis en houneur. Suivant
'exemple donné ailleurs, Alger éiève au
lourd'bui des monuments concus suivant les
jraditions locales. Un majestueux hotel des
tostes étalera demain sa magnificence orien-
pale en Tun de ses plus beaux quartiers. Mais
tce n'est la qu'un commencement. D'autres
édifices du même genre Pembelliront plus
tard, le rendant ainsi plus séduisant aux yeux
de Thiverneur
Et tandis que je songeais a ces choses,
j'étais arrivé a la porte de mon hotel. Avant
d'entrer, je jetai un dernier regard sur le
ravissant aspect qu'offraient les pignons sous
la caresse lumineuse de la lune. A ce moment
il me sembla que mon rêve d'orientalisme
avait réveilléen la vieille ame de Bruges un
lointain souvenir des pays d'Islam: le caril
lon de Tantique tour de pierre, en effet,
égrenaita nouveau ses notes sur le sommeil
de la cité, et i'air, que mes oreiiles surprises
entendirent était celui dont les paroles
disaient:
Oui, c'est vers l'Orient que nous voulons
aller H. KLEIN.
Dépêche algériennë).
Khftl'kinu Si'par hasard,'vous avez bu ou
c llUblVlIlg mangé trop copieusement,
prenez fout de suite uue couple de Pilules Wal-
théry et aiusi, vous éviterez toute conséquence
facbeuse seulement tachez de ne plus recom-
men er, car ce bon rernède n'est pas fait pour
les intern; érants.
subis par les anciens élèves du Collége St -
Vincent a Ypres.
M. Emiic Dekemele de Boesinghe a passé
l'examen de candidat préparatoire au droit
(2e épreuve)
M. Joseph Deneweth, de Ruddervoorde a
passé l'examen de candidat en droit.
M. Joseph Denecker, de Wevelghem a
passé l'examen de candidat préparatoire au
droit (2e épreuve).
M. Norhert Huv, ttere, d'Ypres a passé
l'examen final de candidat notaire.
M Walter van de Putte, d'Ardoye a passé
l'examen de candidal préparatoire au droit.
M. Abel Dclie, d'Y res a passé l'examen
de docieur en médecine(i«"e épreuve).
M. Louis Van der Meersch deLangemarck
a passé le second exa nen de docteur en droit
(ire sous épreuve).
M. Jules Decaestecker, d'Ypres a passé
arec distinction l'examen de candidat en
sciences (ire épreuve).
M. Adile Debeuckelaere, d'Handzaeme a
a passé avec distinction l examen de candidat
en philologie classique (ire épreuve).
M. Henri Desagher, d Ypres a passé avec
grande distinction l'examen de candidat en
philosophic et letues (section histoire).
ppc ppj nc ecteu-s, si vous êtes cour-
Lcö 1 LiliS balurés, si vous souffrez du
dos, si vous vous redressez difficilement, c'est
que vos reins sont gorgés de glaires dans ce
cas, prenez pendant quelques jours, 2 Pilules
autiglaireuses Walthéry et vous serez tout de
suite soulagés. 1 Franc.