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Samedi 26 Septembre 1908
10 centimes le iV
48 Awwee N° 4501
Impressions de Londres
V1LLE D' YPHES
iX)i\SklL COMMUNAL
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ïl$
JOURNAL
©rgane Gatholique
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J. M. J. A. Couvent de l'Enfant Jésus
Muingamudu, löAoütl'JOS
Ma Chère et vénérée Mère,
C'est avec un coeur bien triste "t l'esprit
préoccupé de sombres inquiétudes que je
vous écris aujourd'hui. Nous nous t.rouvons
eu face dune famine plus sévère que rout ce
que nous avonsexpérimenté depuisonze ans.
Je ne pouvais ui ne voulais y croire et me
figurais que aos pauvres Iodiens exagéraient
apbiiiir la situation, comme ils save t le
faire d'aiileurs, Mais hier profitant d'un
moment fibre, j'allai avec quelques-uns de
nos hommes faire le tour de nos deux petites
riziéres. Vous savez qu'elles sont bien situées
et que, dans les conditions ordinaires, Lies
rendeut beaucoup mieux et plus süiement
que les riziéres des environs,paree que après
des pluies même peu abondautes, fieau qui
les alimente est toujours suffisante. iais
quelle fut ma consternation eu voyant la
moisson presque totalement manquée: sur
sept divisions, deux seu lement rendront peut
être la moitié d'une récolte ordinair.-une
autre peut donner le quart, et le reste ne
sera qu'un peu de maigre paille brülée et
desséebée avant le temps. 11 y a eu de la
pluie deraièremeut, et c'est ce qui m'avait
aveuglée jusqu'ici, mais ces pluies étaient
aussi tardives qu'insuffisantes. Les étangs
ds réserve auprès des riziéres sont absolu-
ment a sec. J'allai voir aussi les riziéres les
plus voisines dus nótras et celles-la ofFrirent
a mes yeux un triste spectacle de misérables
tiges rabougries, sans même un seul épi.
Vous pouvez concevoir ma désolati.m Cette
constatation, en e'ftet était pour moi toute
une révélation. D'abord, notre récolte man
quée totalementia récolte des champs de
rorpbelinatde plus les autres récoltes
étant manquées comme la notre, augmenta
tion énorme dans le prix du rix. Et pourtant,
il faut nourrir la petite familie de plus de
30ü boucbes que vous m'avez coutié! Et pi us
que cela malgré ma conscience et mes
scrupules d'économe, je me sens forcée de
coaserver la tradition de notre cher Institut
qui est d'ouvrir la porte aux malbeureux, de
les recevoir et de ies nourrir.
Si vous trouvez le moyeu de faire des
miracles, de toucher les coeurs, je vous en
laisse la chargequaut a moi je ne puis que
pousser uu cri de détiessse Vous savez, je
vous l'ai déja dit, qu'avant le commencement
de la récolte, j'ai eu a acbeter beaucoup de
riz brut étranger, apporté du port de Cola-
cbel. E 1 bien, a présent, j'ai essayéde faire
un eontrat en dimiouaut un peu le prix déjb
exhorbiiaut, impossible! Le nz se vend
partouta prix dor, je ne l'aurai pas moins
de zOOO frsj de plus qu'a l'ordiuaire, et
encore...
De plus, pour engager ce eontrat, je dois
avouer que je a'ai pas l'argeut en mains.
Notre petit Jésus, qui est ie votre suitout,
doit nous venir en aide, c'est son affaire.
Même, il u'est pas certaiu que j'obtienne
assez de la récoite présente, puisque ies
agents babituels, toujours siconfiants, n'ossnt
nen promettre, et refuse t de signer ie
eontrat. Que faire? Faudra-t-il diminuer les
rations de nos enfants Vous savez d un
autre cóté, ce dont nos orpheliues, dans leur
croissance, ont besoin, quel appétit edes out
et que je ne leur donne que le nécessaire.
Pour la première fois depuis onze aus, j'ai
dü supprimer le riz a midi. Depuis plus d'un
mois pour ce repas de midi nos pauvres
orpbelines n'ont que des racines de mauioc
sêchées au soleil et puis bouillies avec uu j
peu de noix de coco. Et voila que le prix de j
ces racines devient aussi ïnaoordable tout j
se suit en temp de famine, même le Carpon-
Catti ou sucre de palme est a deux cba-
crams la pièce, juste le double du prix babi-
tuel.
Hier soir,un Indien dans la force de 1 Age,
medisait avec un (.éuible sourire Amma
(ma mère) nous ne pouvons plus jamais
manger a notre appétit, on se coucbe u peu
plus tót pour tromper ia faim, et puis, on
boit... del'eaul Pauvres gens I... Et il nous
arrive a i'orphelinat presque tous les jours
des misères nou«elles. Ce maiiu, ce fut une
pauvre puyenne avec son bébé de sept jours,
son mari est mort il y a cinq mois, et sou fils
agé de neuf ans s'est égaré en allant member
ou est mort de. faim en route, el 1 e ne l'a plus
revu depuis lonatemps. Et la malheureuse
a Inspect, d'une affaméo les bras ei les
jambes d un squelette avec la figure et l'esto-
macdémesurément enfiés,c'estaffreux avoir.
Ranimerons nous cette vie qui parait déja
éteir.te? Pourra-t eiie vivre assez longtemps
pour apprécisr le don de la ioi et recevoir le
sami bkptême? Je l'espèren'est ce pas le
plus gra .d bienfait que nous pnissions lui
procurer? L autre jour.il y a un mois de cela,
arrivait une pauvre femme avec ses 4 enlanri,
deux petites filles et deux petits gargons,
touw extcnués et enllés comme le sont beau
coup d'affamés. L'alné des gargoDs ne me
parraissait pas trop malade, et a cause de
la consigne imposée par Mgr l'Evêque, je
n'osaipas l'admettre quoique jen eus grande
envie. J admis l'autre vu son état, et je pnai
lebon Dieu de le rappeler a lui; huit jours
après, ii s'envolait au ciel avec sa robe bap
tismal. La plus jeune des fillettes. Sylvie,
une petite.de quatre ans, mais pas plus
grandequ'on béöé d'un an a figure de vieille,
reste tout le jour couohé sur sa natte, et
semble iutter conti e la mort. Monique aussi
eri toujours maiade et ne s'en tirera peut-
être pas, bieu que j'espère eocore la sauver
Et le petit gamin reavoyé Je l'ai revu
depuis sur le bras de sa mère, il a regu lui
aussi, le saint baptême, par une Providence
spéciale, et m-dgré tout, biea que la pauv e
femme 11'entende rien a notresaiute religion,
et il est bien [trés du Ciel déja, urre aumóne
de nos bienfaiteurs l'aur 1 sauvé aussi.
Pauv ra petit sa tête appesantie per la
maladie, se relevait a peine et -es yeux ne
pouvaient presque plus s'ouvrir. Comme eeia
fait de la peine au cccurO enfants heureux
de notre cbére Belgique, si vous pouviez
voir ia misère de nos petits frères et sceurs
des Indes! Comme votre coeur compatissant
saignerait et vous ferait faire des sacrifices
héroïques pour soulager leur triste sort, et
sauver au moins leurs am's. II se présente
des cas laumntables dernièremeut ce fut un
un pauvre petit gamin ie sept a huit ans il
était seul. Après l'ordre regu de Sa Grandeur,
impossible de 1 admettre, puisque cétait un
petit gargon etqu'il u'était pas malade. Mon
coeur saignait A lavuede ce misérabfe enfant.
Peut-être le R. Père l'admettru-t il a l or
pbelinat des gargons? Je lui indiquai le
le chemiu et regardat le pauvre petit s en
aller tri stem ent, Je n'eutendis plus rien de
lui, etje l'avffs oublié, lorsqu'uu mois après
une pauvre femme m'arriva un jour e me
demanda des nouvelles de sou petit gargon.
quelle oous avait euvoyé, disait elie Elie
était veuve, et ue sacbant plus qua faire,
pour sauver son enfant elie l'avait envoyé au
couvent. Cétait bieu le pauvre p-tit que
j'avais dirigé sur 1 orpeliaat des gargons. II
y était allé le petit malbeureux, mais Ie R.
Père avait regu des ordres stricts de Mgr
l'Evêque et il se vit obligé de renvoyer ie
pauvre orphelin. Je le sus a ors par la pau
vre mère au désespoir, qui me revint pour
le dire et en se lamentantelie ne l'avait
plus revu, il u'était pas rentró a la maiso 1.
Oü est-ii O Dieu perdu 1 mort de faim sans
doute gémit elie, et elie saffaissa en pleu
ral! t, a mes pieds. Je ne puis vous dire les
sentiments que jeprouvai en ce moment.
Quelle consolation donner a cette pauvre
mère et je me sentais comme coupable et
honteuse... Et pourtant, mon Dieu, vous
savez s'il y a de ma faute
Mais, voici une autre aventure plus sé-
rieuse eucoreNos portières payennes
convert,ies, sont toul imbues encore d'idéis
payennes et d'égoïsmi païen. Voyant jour-
nellement des misères nouvelles trapper a
ia porte, etcioyant, je n en doute pas, me
faire plaisiren me faciitaut la besogue, ies
deux vieille8 veuves avaient pris sur elles de
renvoyer ies gens qui veuaient cbercher du
secours ou ies orpbelinesqui soilicitaient un
refuge. Heureusement, j en fus infi rméo
bientöt: uni semaine. deux semaines. per-
soune tie vient plus? Ehquoil ce n'est pas
pourtant la tin de la famine me disais-j Ce
ne peut, être non plus le désespoir ou
L découragement, des pauvres gens qui
leur fait fuir ffotré porte. Je voulus une
enquête. Eb hien dis-je aux portières. il
ne vient plus de monde? Voilé quinzejours
que je ne vois personnel Et les pauvreB
femmes trembiantes se mettent a balb itier
et a me demandei pardon. Eb bien I leur
dis-je qu'y a-t-il done Voyons I dites moi la
vérité 1... C'est que, Mère, il est bien venu
- du monde et des enfants,plus même que tous
j les jours, mais j'ai cru... le riz est si cher, et
il y a déja taut d enfants, et comment ferez
vous Mère J'en avals assez entendu,
l peioe pouvais-je contenir mon indignation a
j la pensée que l'égoïsme et l'iguorance de. ces
I malheureuses avaient peut être ameré la
perte de plus d'une bme M as el es ne reeom-
menceront plus j'en suis süre. Je leur ai fait
i voir l'énormité de leur faute et les ai mena-
cées des yeines les plus sévères, si elles
osaient encore jamais renvoyer qui que ce
soit sans ma permission. Pauvres pa'ienw,
abandonees a leurs préjugés et a leur l'atai
égoïsme! Quand done comprendron'-iL nos
idéés chrétiennes Et voila pourtant i'élé
ment avec lequel nom sommes aux pr ses,
su, tout paree temps do famine- Les p.iiens
ne sonKeront jamais a se priver eux-n.êmes
pour soulager la misère d'autrui; bien au
ooi traire, ies marebands déja riches cher-
cberont a profiler de la dise te pour
augmenter encore Is prix du 1 iz et s'eiiricinr
encore Ils pour-aient neus aider sans trop
se gêner peut-être en nous veu.iant ie riz au
prix ordinaire, mais ils n y songent jamais
l'aigent est leur seule préoccupation ils 11e
rêvent que cela et po ir réaliser leur rr-ve.
ils ne reculent devant aucune cruauté. Si
parlois ils fout l'aumone ou -'ils rlistribuent
des vivres, c'est a la mauière du pbarisien de
1'EvaDgile et oour en tirer gloire Pauvres
gensl... Dans le Nord de l'Inde, le gouver
nement Anglais fait entreprendre ce qu'on
appelle des travaux de famine, et paie
d'ordinaire les ouvriers en denrées. Eu outre
dans tous les endroits princip&ux, 011 ouvre
des iistes de souscription p >ur les affamés*
et nous en li«ons les doDnées dans les jour-
naux. Mais ici, au Sud, daus un état natif,
nous sommes abandouués a nos propres res
sources et a la boDne Providence, et ies
pauvres gens ne connaissent «'autre refuge
que 1'a.sile de l'Eufant Jésus. Je viens done
répéter leur cri de détresse et fot mui-r en
ieur 110111 un appel pres ant aux ao es com-
patissantes de Belgique pour qu'elles nous
viennent en aide. Vous êtes si loin de nous,
en ces moments difficiLs, chère Révérende
crement, ils en sont revenus plus encore édi-
fiés du spectacle de la tolérance de l'Angleterre
protestante.
tQue l'on ne s'y méprenne pas, en effet.
L'interdiction arrachée, en dernière heure, au
premier ministre anglais fut le fait d'une in-
fime minorité de protestants fanatiques et trés
remuants. L'immense majorité de protestants
ne s'était nullement souciée de faire interdire
la procession; et lorsqu'ils appririrent la déci-
sion intervenue, la plupart Ia désapprouvèrent.
Nombre des principaux journaux protes
tants de Londres les uns plus formellement
que les autres se montrèrent peinés du geste
d'intolérance de M. Asquith. Et, de fait, tou
tes les autres manifestations publiques de foi
catholique, se ratachant ou non au Congrès
eucharistique, furent non seulement tolérées
mais entourées de protection et d'égards dongt
nous avons lieu, nous catholiques beiges,d'être
franchement jaloux. Qu ede rossades en
t'ègle, parfois mêmes douloureusement tragi-
ques, l'occasion de manifestations publi
ques de ffos principesII en est qui datent d'un
quart de siècle et dont le souvenir est encore
cuisant.
A Londres, les protestants étaient IA quel-
que cinq millions qui pouvaient nous pulvéri-
ser; et c'est A peine si au passage de centai-
ïies de prélats catholiques et du représentant-
officiel du Pontife romain tant honni, c'est
peine si l'on entendit quelques sifflets lancés
par des mal élevés ou des apaches, qui n'étaient
eertainement pas plus protestants qu'ils n'é
taient catholiques.
De même pour la procession des enfants. Se
figure-t-on un cortège de 17.000 enfants (tout
le chiffre de population d'Ypres) défilant
travers les rues de Londres, la plupart por-
teurs d'insignes, d'écharpes, de rubans aux
eouleurs pontificalesd'autres portant des ban-
nières religieuses ou des inscriptions consti
tuent une prière pour la conversion de l'An
gleterre? Et eet interminable défilé ne fut
l'objet d'aucune contre-manifestation. Que dis-
je? Pendant huit jO|Urs l'on vit les rues de
Londres, voire les temples protestants par-
courus par des milliers de prêtres en soutane
et des laïcs porteurs d'insignes, de cocardes,
de brassards aux eouleurs pontificales; mê
me, plus on en avait, plus on était eonsidéré.
J'en ai fait l'expérience, en même temps que
deux autres congressistes. On a moins d'é
gards, dans notre pays, pour la rosette ou
le ruban fixé A la boutonnière qu'on n en
avait lA-bas pour la croix et pour les insignes
romains étalés sur la poitrine.
Non moins édifiante l'attitude de la presse
i anglaise. La plupart des grands journaux pro-
testants n'ont cessé de faire au Congrès eu-
jj charistique ia plus large part dans leurs inter-
minables colonnes; et leur langage était non
seulement correct, mais absolument bienveil-
Mère, et parfois la situation me fait peur. s lant et élogieux.
Vous, qui savez si u en obtenir tout ce que 1 Mais ce qui m'a particulièrement édifié,
vous V 'iiL'z du petit Jésus, priez pour nous, c'est la liberté, mieux que cela, l'appui officiel
aecordé aux militaires catholiques pour l'ac-
1 complissement de leurs devoirs religieux. C'é-
demandez pour nousafiu qua no issmvions
les malheur ux aff unés et que surtout uous
puissions sauver leurs Ames de ia damnation
éternelle.
tait le dimancfifrj A 9 heures. Devant l'église
St-Pierre—St-Edouard, oü se faisait l'adora-
tion perpétuelle, vient se ranger un escadron
d Jésuite beige, missionnaire aux Indes 1 d'une centaine ou deux de «horse guards»,
écrivait daus uu journal anglais un article j commandés par leurs chefs. Et militairement
tous ces gaillards de six pieds de haut, en su
perbe tenue écarlate, vont s'agenouiller sul
les bancs de l'église et assistent respectueuse-
ment A la messe et au pröne. La messe teimi-
née, tout ce bataillon se léve et écoute debout
l'exécution, sur l'orgue, de l'hyne nabonal
anglais. Et quand ils ont quitté l'église pour
retourner en corps A la caserne, un autre ba- s
taillon des artilleurs, cette fois,vient oc-
cuper leur place et assister A la messe suivan- f
te. 1»
Cela se voit en Allemagne aussi. Mais en
Belgique?
Autre sujet d'édification, au cours d une bal
lade domiuicale sur la Tamise, de Londres A
Greenwich. Londres, on le sait, est un des
ports les plus mouvementés du monde entier.
De Londres A Greenwich, les deux rives du
fleuve ne sont qu'une suite ininterrompue
d entrepots et de chantiers. On s'imagine l'ac-
intitulé Je me demande qui osera refuser
de m'aiderA mou tour je me permets de
demander: Qui oserait ne pas écouter la
voix d'uae tefie iufortuue et retuset- une
légère aumóne aux pauvres aff-tmés qui vous
la demandent. et qui vous la rendront au
centuple en prières et héuédictio is.
es aumönes seront regues avec reeonnais-
sa ce dar.s la M iison du Sacré Coeur. Chaussé)
de Menin, Roulers, ou par i'iuterrpédiaire de-
families des Soeurs Missionnaires de Mulaga-
mudu
Pour paradoxale que puisse paraïtre mon
affirmation, je nhpsite pas A dire que si
les Beiges sont revenus trés humiliés du
Congrès eucharistique de Londres, A la suite
de l'interdiction de la procession du St-Sa-
tivité qui règne IA les jours ouvrables. Le di-
manche, tout cela est désert et morne. Rien
n'y bouge, pas un être humain n'y apparait;
sur les rives comme sur le fleuve règne un si
lence impressionnant, religieux que trouble
seule la sirène du petit bateau excursionniste.
'—Peut -on eommuniquer ses impressions de
voyage A des Beiges en passant sous silence
les impressions de table? Aussi bien, ici enco
re il y a matière A édification.
II est bien entendu, n'est-ee pas, qu'en Belgi
que on n'oublie pas, en se mettant A table,
ce benedicite que Montaigne lui- même, ce
diletante du doute dont les «Essais» sont A l'in-
dex, recommande instamment. Mais cela est
bon en familie. Au restaurant, il faut s'en
dispenser, sous peine de provoquer les souri-
res des Homais de table d'höte. Dans les res
taurants londoniens, j'ai vu les congressistes
faire comme Chez eux et je vous garantis
qu'aucun voisin de table ne s'en montrait
offusqué.
Quant au menu, n'en parions pas: de gus-
tibus non disputandum. Mais la cuisine an
glaise jouit d'une trop bonne réputation chez
nous, notamment au Cycle Club yprois, pour
que je m'avise d'en 'dire du mal. Mais si
vous tenez A arroser dignement des plats aussi
estimés, n'allez done pas dans des Temperance-
houses. Encore, en semaine, est-il avec le
ciel des aecomodements.
Après avoir franchi l'onde amère pour as-
sister A une belle fête comme le Congrès
eucharistique, je n'éprouvais nulle envie, pour
ma part, de me désaltérer d'eau claire, de
«gingerbeer» non plus. Et puis, sur le sol
anglais, la 'douce romance me revenait na-
turellement A l'oreille:
De I'Espagne A l'Angleterre
J'ai goüté, tour A tour,
^Le bon vin, la bonne bière...
Et ccetera.
Adonc, moyennant quelques «pences», miss,
la serveuse du temperancehouse, se décidait
sans trog de peine A quérir un chasseur qui, lui,
me rapportait du bar voisin le pot d'«ale«
désiré. j
;Mais le dimanche c'était une autre affaire.
Même en dehors des heures d'office, miss
perdait toute sa complaisance et me refusait
obstinément la boisson fermentée.
Je me suis vengé en allant m'assurer si cette
rigidité puritaine s'étendait aux bars eux-mê-
mes. Ah! bien oui. Ce que j'en ai vu de
gentlemen et de gentlewomen s'ingurgiter du
stout et du whisky A bouch qeue veux-tu!
Les bars regorgeaient. Quelques dames seule
ment se faisaient servir en même temps un
biscuit, question de transformer l'apéritif illicite
en un casse-croüte permis 1 On n'est pas plus
tempérant.
C'est égal, il faut savoir regarder entre les
doigts et ne pas s'arrêter A ces peccadilles.
Tout compte fait, nous aurions souvent
grand avantage A nous modeier sur les en
fants d' Albion.
..I''. X
Réunion du Conseil Communal du samedi
19 septembre.— La séance s'ouvre a 5 h.1/2.
Rrésents; MM. Colaert.bourgmestre; Fraeijs,
écheviu Fiers, Vandergbote, D'huvetter,
Iweins d'Eechoutte, Lemahieu, Biebuyck,
Begerem,Boone,conseillers. M. Boudry,chef
de bureau, fait lonctiouc, de secrétaire com
munal.
Excusés MM. Vandenboogaerde, éche-
vin Struye, Yandeupeereboom, Bouquet,
Sobry, conseillers.
M. le Bourgemestre communique une
lettre de M. ie Ministre des chemins de fer
disant que, sur le demande du Conseil com
munal, une horloge sera placée piochaine-
ment a 1 extérieur de la gare.
Yoirie. Le Collége piopo^e diiiérentes
modifications aux aliguemeuis fixes par ar-
rêté royal du 1» mai 1905. pour le quartier
de la Station. Les pans coupés de 14 m,25