1 La lecon d'une execution EXTRAIT du registre des delibe rations du Conseil communal d'Ypres. Neuve-Eglise-Warneton au coefficient de 58 °/o- L'intercommunale Furnes-Dixmude est favorable a la combinaison, les lignes Yproi- ses étant fort rémunératrices. Des ouvertures dans ce but ont été faites aux communes intéressées par laPrésident de l'intercommunale Furnes-Dixmude. Avant de s'engagner danscette voie, l'administration communale, qui avait été laissée dans l'igno- rance, a voulu étudier la chose a fond et a chargé une délégation de se documenter au- pès du Gouvernement provincial, tuteur legal d s ronnmcnes et auprès du directeur généraldesC. F. V. a Bruxelles. Partout elle a regu le meilleur accueil. La conclusion est que l'administration communale d Ypres estime que le maintien du statu-quo est le plus avantageux pour les intéréts des com munes intéressées. Une longue correspon- dance presque journalière fut tenue a ce sujet entre l'administration communale d'Ypres, M. le député permanent Van Hee, président de rintercommunale Furnes-Dixmude, le gouvernement provincial, le ministre des Chemins de fer, Postes et Télégraphes, et le directeur de la S. N. C. F. V. a Bruxelles. Communication en fut donnée aux commu nes et les différentes parties intéressées. Dans une première réunion tenue a Ypres- sous la présidence de M. Van Hee, les délé, gués des communes approuvent la manière de voir d'Ypres, décident de rejeter l'inter- communale et de maintenir l'exploitation au coefficient actnel. Dans une seconde réu nion, après la menace faite de changer le coefficient sans 1 intervention des communes et nonobstant leurs reclamations,les délégués des communes décident d'inviter le gouver nement et la S. N. C. F. V. a maintenir le statu-quo et a ne pas changer le coefficient d'exploitation. M. Fraeijs donne encore lecture de cette longue et volumineuse correspondance II en résulte que l'administration com nunale d'Ypres a vaillament défendu ses intéréts et ceux des communes et pouvoirs intéressés. Monsieur l'Echevin Fraeijs donne ensuite lecture de la délibération prise a ce sujet par le collége échevinal. Séance du p Janvier igop. Le Conseil, Vu les arrêtés Royaux, en date des 3i mai 1889 Moniteur du 6 Juin 188g)et 12 octobre 1897 Moniteur du 17 octobre 1897), accor dant i° a la Compagnie générale des railways a, voie étroite et a la société anonyme des rail ways économiques de Liége-Seraing et ex tensions, après une double adjudication, la cession de l'entretien et de l'exploitation du chemin de fer vicinal Ypres-Furnes, pendant un terme de trente années, moycnnant pre- lèvement annuel de quarante quutre et nonante quatre centièrnes pour cent de la recette brute 20 aux susdites Compagnies, de gré a gré, pour un terme d'e'gale durée, et moyennant prélèvement annuel de cinquante huit pour cent de la recette brute, la cession de l'entre tien et de l'exploitation de ia hgne Ypres- Neuve Eglise-Warnêton Vu l'arrêté Royal, en date du 17 novembre 1905 {Moniteur du 24 novembre 1905), auto- risant le transfert des concessions dont s'agit a la Société anonyme du chemin de fer elec- trique Ostend.e-Blankenberghe ct extensions; Vu la lettre de .VI. le President du Conseil d'administration de la Société anonyme d'exploitation des clicmins de fer vicinaux du groupe de Dixmude, en date du 7 novembre 1908, dont la teneur suit Monsieur le Bourgmestre, Nous gvons l'honneur de porter a votre connaissance que la Société Nationa'e des chemins de fer vicinaux vient de nous faire connaltre les conditions auxquelles e!le nous confierait, a partir du t Janvier 1909, l'ex ploitation des ligrics vicinales de Furnes- Ypres et d'Ypres-N uve Eglise Warneton. Votre commune ayani con'tribué dans la formation du capital nécessaire a la construc tion de l'une de ces lignes, il entrera sans doute dans ses intentions de faire également partie de la Société intercommunale qui sera chargée de gérer son exploitation. A cet effet, nous vous prions, Monsieur le Bourgmestre, de faire nommer, par votre Conseil communal, un déiégué, qui aurait les pouvoirs nécessaires pour débattre et arrêter, avec notre Conseil d'administration, les bases de la nouvelle association qu'il s'agit de fonder. Pour gouverne, les deux nouvelles lignes qu'il s'agit de joindre au groupe de Dix mude conserveraient, comme toutes nos lignes d'ailleurs, leur ermptabilitd spéciale et distincte. Le barême de l'exploitation future serait de 58 sur la recette brute, et l'administration provinciale sera priée de prêter son intervention ordinaire Une pre mière réunion de délégués des communes est fixée au SAMEDI 14 NOVEMBRE, a 14 heures, a l'Hötei de Vilie d Ypres. Nous nous permettons, Monsieur le j Bourgmestre, d'appeler voire attention sur I l'importance de cette réunion et vous p'ions I d'agréer l'assurauce de notre considération la 1 plus distinguée. Pour le Conseil d'administration, i Le Président, (s.) E. Vanhee i Vu diverses lettres de même provenance et notamment celles des 17 et 19 Décembre 1908, et diverses lettres de la Société Natio nale des chemins de fer vicinaux Considérant que les offres visées duns la lettre ci-dessus, du 7 Novembre 1908, ont été formulécs par la Société Nationale des che mins de fer vicinaux, a la suite dinstances faites, depuis plusieurs années, par la Société anonyme du chemin de fer élec'xiqae Ostendc-Blankenberghe et extensions, en vue d'obtenir une majorationde 44 94 0 0 a 60 7o du coefficient d'exploitation de la ligne Ypres-Furnes, instances auxquelles la Société Nationale semble disposée a céder Considérant que cette majoration aurait pour consequence,d'aprèsles rensciguements fournis par la Société Nationale elle méme, d'abaisser de frs öo.ooo a frs. 24.000 l'excédant de recette nette au dela du premier dividende, iequel est a répartir en're les ac tionnaires, d'oü, pour ceux-ci, une diminu tion de recettes, évaluée, pour la p rt ia la ville d'Ypres, a «frs. 700 minimum; Considérant que, pour justifier la dite ma joration, la Société Nationale allègue: i°) Un mali, réel ou supposé, de l'exploi tation 2°) L'irtention manifestée par I'exploitant d'oiganiser deux trains supplémentfires sur la ligne d'Ypres-Furnes; 3°) L'intention detablirdes correspondan- ces directes entre Ypres et Dixmude; Sur le -premier point: Attendu que le déficit n'est pas éJabli et, que, le fü.t-il, il ne constituerait pas ie droit, pour la Société Nationale des chemins de fer vicinaux, de modifier un contrat en cours sans le consentementexprèsde ses mandants; Atteniu, en effet, que les conventions forraent la !oi des pariies, qu'il est d'nrdre public etdintérêt générai qu'elles sortent leurs pleins et entiers effets pendant toute la période pour jaqueile ellcs ont été conchies,- Attendu que e'est vainement que la Société Nationale, invoquant l'article 17 de ses sta- tuts, revendique le droit de modifier l-s contrats en cours, moyennant accord avec le cessior.naire, sans être tenue den reud-e conipte auxactionnaires,ailéguant au surplus qu'il lui est uniquement interdit d'opérer le transfert d'une exploitation d'une Société a une autre sans l'approbation du Gouverr.e- ment; Attendu que la disposition invoquée, énu- mérant les pouvoirs conférés au Conseil d'Administration dcla Société Nationale ne cite pas, parrni ceux-ci, le pouvoir de modi- fier les contrats en courset que l'ota doft infércr du silence du législateur qu'il n'a pas voulu, en l'espèce, déroger aux principes généraux; Attendu que la Société Nationale est éga lement mal fondée a invoquer la disposition finale de l'article 17, ainsi coacue; L'indi- cation qui precede n'est pas limitative des pouvoirs du Conseil d'administration, qu; est investi de to us les pouvoirs que la loi permet de lui conférer, puisque l'Etat outre qu'il a le devoir de veiiler a ses pi0 pres intéréts, est également invest!, a l'er.- droit des communes, d'un pouvoir tutélaire que soa délegué ne p:ut méconnaitre, tïjais doit exercerau même titreque lui; Attendu que la pretention de la Société Nationale est contraire a l'esprit de la loi sur les chemins de fer vicinaux, clairement tiéfini dans ce passage de l'exposé des motifs - Lis intéréts des communes, des Provinces et de l'Etat associés sont confiés a l'adtni- nistration de la Société qui émane de ces différents corps politiques qu'il suit de laqué la SociétéNationale est investie, p-!t- délégation, d'une partie de la puissance pubiique qu'elle "doit. exercer celle-ci dat» la forme et sous les réserves que la loi im pose a ses mandants eux-mêmes, quelle rte peut posséder de pouvoirs plus éten us que ceux-ci et qu'elle a les mêmes obligabons qu'tlle doit veillcr scrupuleusement a 'eurs intéréts ct que i'txsrcice de sa délégation J(;! commands impérieusement de maintenir en vig teur un contrat dont l'Etat, Ia Proving et los communes sont généralement satisfai» et dont la de'nonciation kin occasionnerait un préjudice sérieux Sur le second point Attendu que la ville d'Ypres n'a jamais demandé i'organisation de trains supplémer- taires, dont le be-.oin ne se lait nulleoient sen'ir, au moins pour le momentet que si tant est que I'exploitant ou ia Société Naties naie ont regu des requêtes en ce sens, diverses Administrations Communales, cel les--'i dériarent n'y pas persister, du mom .- oü d doit en résulter un relèvement consid^ rabie du coefficient d'exploitati on, partunt un préjudice sérieux pour leurs finances Attendu d'autre part qu'aucun engagement ferme n'est pris a cet égard, de la part 1 exploitantqu'il est simplement questl0 d u s essai et qu'il suit de la que les trains dor t s agit pourront être supprime's en cas d essai plus ou moins heureux et que, lor' la vilie se tiouveruit avoir consent! une diminution de s:s recettes sans obteni en retour aucun avantage, aucune compüri_ sat;on Sur le troisième point Attendu que la ligne Ypres-Furnes et ja ligne Poperinghe-Ypres-Dixmude consth tuent deux entreprises distinctes, absolument indépendantes l'une de l'autre Attendu que le mémoire descriptifdressé en vue de la construction de cette derniere ligne, prévoit, pour l'achat de la communauté du troncon Elverdinghe-Ypres, une somme de fr. 75,000, qui a été souscrite par les actionnaires, maïs n'a pas re$u la destination prévue Attendu que tous les trains venant de Dixmude s'arrêtent a Elverdinghe au lieu de venir jusqua Ypres, en. faisant usage du trongon susdit, ce qui prouve, a toute évi- dence, que l i ligne dont s'agit n'est pas ter- minée et ne rend pas tous les services que les actionnaires et le public sont en droit d'en attendre Attendu que cet état de choses est émi- nemmeut contraire l'intérêt générai Attendu que l'achèvement de la ligne dont s'agit ne peut coustituer une charge pour les actionnaires de la ligne Ypres-Furnes l'our ces motifs et toutes autres considé- rations déja citées dans la correspondance échangée, tant avec la Société Nationale qu'avec l'auttorité supérieure Décide, conformément l'avis unanime des délégués des communes, présents k l'asseixiblée générale, tenue a Ypres, le 26 Décembre dernier, de prierla Société Na tionale de maintenir puremeut et simple ment les contrats en cours, ceux-ci donnant toute satisfaction a la ville d'Ypres et aux communes intéressées Charge le Collége de notifier sans retard cette decision a qui de droit et de faire en haut lieu les démarches qu'il jugera néces saires pour en assurer i'exécutior. Fait en séaace.a Ypres,le 9 Janvier 1909. Le SecrétaireLe Président (s) M. GoerisseN. (s) E. Fraeijs. Pour extrait conforme Les Bourgmestre et Echevins, LeSecrétaire, (s) E. Fraeijs. s) M. Gorrissen. Monsieur l'Echeviu-Président en demande ^approbation par le conseil communal. M. Begerem demande la parole. 11 y a unanimité, je penso, a declarer que le maintien dn statu quo est ia solution 3a plus favorable que puisse rccevoir l'impor- tante affaire soumiso aux deliberations du conseii. En effet deux questions so posent 1. La Société Nationale des C. F. V. a-t-elle le droit d'autoriser la cession des lignes dont s'agit, sans i'assentiment des communes intéressées 2. Dans la negativo, peut-elle, sans cet assentiment, «utoriser des modifications au cahier des charges de i'exploitant actuel, et notamment une augmenta'ion considérable du coefficient d'exploitation La solution de ces questions revêt un caractère de gravité a raisou de ce que d'une pait la decision que prendra notre conseil produira une influence sur les délibérations des conseils cosamuaaux dj toutes les com munes intéressées, et a raison de ce que nous paraissons, dés ores, en divergence d opinion avec certains pouvoirs supérieurs. En ce qui concerne 1'infl.ience de nos délibérations sur celles des autres commu nes, nous pouvons avoir tous nos apaise- ments. Toutes ces communes, sans excep tion aucuue, se sont ralliéesa notre manière de voir et toutes out par l'organe da leurs délégués réuais en notre Hotei de ville le 26 Décembre écouié, admis ie maiutieu du statu quo. Mais la Province, tutrice des Communes, a cru devoir voter contre le vceu unanime des communes pour des motifs d'opportunitë. 11 ne nous paralt pas nécessaire, en ce moment, d'examiner les motifs mvoqués par la Députation peimanente pour étayer son argumentationii nous suffira de faire observer que ces motifs n'ont pas paru cou- vainsants puisqu'mcune commune ne s'est ralliée a sa fagon de voir. Ce qui paran plus étrauge et réellement incomprehensible c'est laffirmation que je relève dans la lettre adressée le 17 Décem bre 1908 a Monsieur le Bourgmestre d Ypres, par Monsieur Vaniios, dépu.té permaaeat et Président du Conseil Provin cial de notre Flandre li y est dit que, mal/ré toutes les protestations des com munes, au cas oü le principe de la création d une société intercommunale en remplace- W9. t de ia société coucessionuairè actuoile, était rejeié, la Société Nationale des chemins de fer vicinaux, aecordera a la socióié actuelle toutes les augmentations que ceile ci demandera. Parci; langago est de aat-i.e a froisser toutes les susceptibiütósd'autaut plus q*a il me parait incoutostable que les princi pes iégaux qui régisseat la matière justifieut le maintieu du statu quo. Eu effet, la loi du 21 Ja;u 1S85 sur les chemius ds fer vicinaux ea sou article 7 s'exprime comme suit Art. 7. Le Gouvernement a ie droit de contróier toutes les operations de la Société, et, a cettiin, exiger d'ella tous états et ren- seiguuments. II peut s opposer a l'exécution de to ito mesure qui, selua lui, serait con traire sou a la loi, scut aux statute, soit aux intéréts de l'Etat. i ^lie la mesure que la Société Nationale C. F. V. semole disposée a, autoriser, malgré toute3 nos protestations, snit contraire a Ia loi, rien ue me parait plus facile a démon- trer La concession des lignes vicinales a exigé, pour son existence, 1'intervention linancière des communes. Sans cette intervention, la concession n'eut pas existé. II s est done formé entre la Société Nationale, les com munes et le conce83ionnuire des lignes, un contrat, sui generis, d'une nature particu- lière. Les communes sont parties au contrat et sans leur assentiment la Société ni le concessionuaire ne peuvent modifier les clauses qui régissent les droits et obligations de parties. Loin de nous de contester des contractants ie droit de dénoncer de cnmmun accord, les contrats qui les lientmais les communes font parties des groupes contrac tants et a ce titre il faut I'assentiment de la gr-nde majonté des communes puur meitre fin a la, concession avant l'arrivée du terme contractuel. C'est ce que nous écrivait, d'ailleurs, Monsieur le Directeur de Ja So ciété Nationale et ce qui nous permet de ne pas fenir conipte de certaines menaces que renferme une partie de la correspondance échangée eutre la ville d'Ypres et le groupe de Dixmude. 11 résulte do ces considerations que ce se rait a l'encontre du droit et en violation de la loi qui exige la stabilité des conventions que 1 État 11'userait pas des pouvoirs que lui confère l'article 7 de la loi du 24 Juin 1835. Je suis persuade d'ailleurs que l'État usera de ce pouvoir quand je constate que, cou- trairement a ce qui a été affirené et écrit, les statuts de la Société Nationale n'autorisent nullement des modifications an cahier des charges d'une exploitation, contre !a volonté des communes intéressées. L'article 17 de cec statuts, qui délimite de fagon trés étendue les pouvoirs du conseil d'administration pour gérer et administrer la Société, ne prévoit dans aucuue de ses dispositions, le droit absoiu de modifier un cahier des charges, au cours de la conces sit d. Le dernier alinea de cet article restraint ce droit k taut ce que la loi permet. Or, peut-un raisonnablement souten rque la loi permet ou bien de céder uue exploita tion ou d'en modifier considérabJement les charges, sans l'assentirnent de ceux a qui ces charges nouvelles incomberout et sans lesquels la concession n'eut pas existé? L'exposé des motifs de la loi sur les che mins de fer vicinaux répond expn ssément a cette question et la tranche, a mon sens, souverainement quand il dit que les inté réts dos communes, de la Province et de l Etat ASSOCIÉS sont. contics a l'admini- stratiou de Ia Société qui émane de ces diffé rents corps politique3. C'est dire que la Société doit respecter le mandat qui lui est conféré. Mandat qui eom- porte le soin de sauvegarder l'intérêt notam- ment des communes et non l'intérêt d un concessionuaire. Je formule le voeu de voir adopter par le Conseil le projet de délibération qui nous est soumis par la Collége échevinal et qui a pour effet de decider que !es deux questions que je posais au début de mon discours doi- vent recevoir une réponsö négative et qu'on sonséqueuce il appartient a l'État d'user des pouvoirs que la loi lui confère et d'empêcher amsi que les intéréts de3 commuue3 soient lésés. La délibération prise par le Col'ège éche vinal est votée a 1 unanimité. Copie en sera donnée au président de l'in tercommunale de Furnes, au gouvernement, au directeur de la S. N. 0. F. V. et au mi nistre des chemius de fer. La séance est lsvée a 7 heures 15. NECROLOGIE Lflndi dernier ont eu lieu a 9 heures, en l'Eglise de notre Höpital Civil les impression- nantes funérailles de Crabbe, l'ouvrier ardoi- sier, si malheureusement tué en travaillant la restauration de nos Halles. Cette funèbre cérémonie a eu lieu au mi lieu d'un concours énorme de monde. Le Conseil Communal "ayant sa tête le collége Échevinal au complet a cru de son de voir d'assister en corps l'enterrement de ce brave homme, mort i\ la peine. Au cimetière, Monsieur Colaert, Bourg mestre, a prononcé un émouvant discours, que nous sommes heureux de pouvoir repro- duire CHERS CONCITOYENS Nous ne quitterons pas cette sépulture sans joindre, aux prières de l'Eglise, un adieu au défunt ct une parole do consolation t\ sa fa milie si douloureusement éprouvée. Hier, nous nous flmes un devoir d'assister cette même place, h l'inhumation du mal- heureux soldat Goethals, qu'une main cri- minelle avait si atrocement dérobé A la vie. Nous donnames ainsi une marque de pitié envers lui et ses parents éplorés, en même temps qu'un témoignage de sympathie a l'é- gai'd de l'armée, dont le défunt était un ser- viteur modèle. Aujourd'hui nous remplissons un nouveau et douloureux devoir, en venant nous ran ger autour des restes mutilés d'un Yprois, que Ia mort a frappé au moment oü il ga- gnait son pain, en travaillant pour son pa tron la restauration de nos Halles. Les desseins de Dieu sont insondables ct nous ne pouvons que nous y soumettre. Mais qii'il est cruel d'etre atteint si soudainement sans pouvoir adresser une parole ses pro- ches et ses amis! Nous avons assisté ii ses derniers moments S'il avait eu te bonheur de reeonnaitre ceux qui l'entouraient, sa dernière pensée eüt été pour sa femme gui espérait pour sa vie con tre lout espoir, et pour ses enfants que [a distance empêchait d'etre son chevet de douleur. Nous eussions trouvé sur ses lèvres un adieu son maïtre si dürement éprouvó qu'il servait depuis plusieurs années avec tant de dévouement et de fidélité, et k ses cama- rades blesses qui, plus heureux que lui, ont échappé la mort. Peut-ètre eüt il fait le sa crifice de sa vie pourque la leur fut sauvée! Crabbe était animé de sentiments chré- tiens.et charitables, comme sa femme et ses enfants qui, d'après cc qu'on nous assure (n'ont eu que des paroles de commisératiön pour lo patron éprouvé qui cherchait k les consoler. V. Exemplo touchant qui n'est pas rare dans la classe sociale laquelle le défunt appar- tenait! Que cet exemple soit pour nous tous une le- ;on! Peut-être Crabbe s'imaginait-il, comme nous, que le modeste travail qu'il exécutait aux Halles, pouvait contribuer, dans une cer- taine mesure, a ia glorification de sa ville natale. Et s'il n'en avait pas été arraché par la mort, n'eüt-il pas répété, avec un de ses compagnons de malheur, cette courageuse parole: «Dans quinze jours, M. le Bourg mestre, vous me re.verrez sur le toit des Hal les?» Oui, touchant exemple, Chers concitoyens, exemple qui méritera que le souvenir de Crab be se perpétue en même temps que la con- fiance quo nous avons dans la Providence et Ia grSce divines! Adieu, Crabbe, ou plütót Au revoir! o Les nouveaux Bukelandt de nos régions ont payó leur dutte a la société. Leur supplice ne fut pas seulement uu réel soulagemen^ pour les populations tm roriséespar leurs forfaits; ii aura fourni une précieuse contnbutiou a la question si yivement débattue, a l'heure actuelie, de ia peine capitale. Signalons brièvement queiques-unes des earactéristi- ques do 1 événementles conclusions obvies sen dégagerout nettement. Malgré le grand nombre d'amis que comptaient les comlamués, surtout dansles rangs de la Sociale,qu'acclamait e s mourant Ab°l Pollet, ii n'y eut pas de contre-manifes- tations la foule, dans son ensemble, ne les eüt pas tolérées, tant était grande sa soif de justice. Malheureusement et inévitablement aussi, cette foule n sut pas garder cette attitude silencieus8, giave et digue qui s'impose ea pareil cas. Ce furent des app audissements Gt des cris de mort, d'une suprème iac-onve- nance óvidemment, mais si naturels de la part de natures pou cultivées. Le drama fut même salué des accords d'une fanfare 1 Le besoin de satisfaction était tel que le maire de Violaines le village témoin du crime le plus barbare crut devoir mettre nombra de voitures a la disposition de ses admiuistrés pour leur permottre d'ailer assi-ter a l'exécution. Malgré la promptitude de3 operations, le quadruple supplice n'en constitua pas moins un spectacle de boucherie écöeurant et mal- sain. Pour Abel Pollet surtout, Sequel était fort surexcité au dernier moment, il y eut tant d'effusion de sang giclant en tous S'jns, que les moin3 sensibles eux-mêmes en furent pcniblement impressionncs. On a même signalé l'état d'énervement des aides bour- reau. Au surplus, l'exécution a duré neuf minu tes, au lieu des quatre ou cinq seulemsnt promises par le bourreau. Le gouvernement frangais, pour plaire aux socialistes d@nt il est l'émauation, se refusait aux exécutions. II s'est vu forcó dfl céder a 'a pression des jurys, de même que la Chambre a voulu le rétablissement do Ia peiue capitale, aboiie en fait. Notons que dans olusieurs (dans neuf cantons suisses notamment) oü la peine de mort avait été supprimée, il a fallu la rétablir. Concluous. En présence de la criminalité croissante, et en France surtout oü l'on s'acharne a détruire la Religion, seul pré ventif efficace de la criminalité, le maintien ds la peine capimle s impose mais elle no doit être appliquée qu'a .bon escisnt, lors» qu'il n'y a pa d'erreur possible, lorsque le crime revêt un caractère da préméditatioü certaine, de férocité ou de lubricité revol tante. L'exécution doit se faire l'intericur des prisons et 11e doivent y être admis que fis autorités judiciaires, la presse et une dele gation des localüés oü les crimes a expier ont été cornmis. La pendaison devrait être substituée a la mutilation sanglaute. L'afconda;.ce des matières De nous permet pas d'iusérer aujourd'hui tousles article? recus cette S 'maiue. Ils oaraitront dans notre prochain numéro

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1909 | | pagina 2