S. M. Léopold II
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Samedi 18 Décembre 1909
10 centimes le iVp
44 Année N 4608
Le Gouvernement fait part
au Parlement
de la mort du Boi
La séance de la Chambre
Le nouveau Hoi des Beiges
ALBERT ler
On s'abonne rue au Beurre, 36, A Ypres, et A tous les bureaux de poste du royaume.
Au Sénat
LA SUCCESSION
Le Roi est mort! Vive le Roil
La succession
La cérémonie d'intronisation i
La prestation de serment
JOURNAL
TPRES
©rgane Gatholique
de l'Hrrondissement
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Mort de S. M. LEOPOLD II
Et le vicomte Simonis lui a répondu en
ces termes
Le cruel événement qui frappe le pays
provoque en nos coeurs une profonde et
douloureuse émotion,
i L'illustre souverain qui vient dc nous être
enlevé avait consacré tout son dévouement,
toute son itelligente énergie, toute sa vie au
bien de notre chère Belgique son souci
i constant avait été de la rendre plus prospère,
plus belle ct plus grande, ses vccux se sont
j réalisés.
La Patrie est en deuil et il entrera, sans
doute, dans les intentions du Sénat de s'a-
i journer jusqu au moment ou, en seance
plénière, les deux Chambres réunies recc-
I vront !e serment constitutionnel du nouveau
j roi, qui, nous en avons l'entière confiance,
I continuera l'oeuvre de ses deux glorieux et
véne'rés prédécesseurs.
Le Sénat s'est toujours distingué par son
I dévouement a nos institutions nationales
I il sera com me par le passé, le plus ferme
soutien de la dynastie et il tiendra a hoaneur
de prêter son concours a notre nouveau sou
verain pour la prospérité de la Belgique et le
maintien de son indépendance,
J'ai l'nonneur de proposer au Sénat d'as-
sisteren corps aux funérailles,
La séance a été levée, en signe de deuil,
a 2 h. 40.
La Chambre s'est réunie, vendredi, a
l'heure habituslle de ses séances.
Dès avant l'ouverture de la séance, les
tribunes publiques sont combles. Dans les
tribunes officielles, personne. Dans la tri
bune diplomatique, le secrétaire général des
affaires étrangères. Dans la tribune séna
toriale, trois sénateurs.
A 2 h. 05, M. Cooreman est monté au
fauteuil d8 la présidenca. Les bancs se soat
garnis rapidement.
Les ministres étaient tous la... en grand
deuil.
Tout aussitöt, M. Scbollaert, cbef du Cabi
net, a demandé la parole. Les députés se
sont levés et un grand silence s'est fait.
Messieurs, a dit le chef du Cabinet, le
gouvernement visut remplir le douloureux
devoir d'annoncer a la Chambre la mort du
Roi, 8urvenue ce matin, a 2 h. 37. II y a,
jour pour jour, quarante-quatre ans que
Léopold II, après avoir prêté serment con
stitutionnel et pris possession du tróne,
prouonQait, le 17 décembre 18G5, devant lea
Chambres assemblées, ces paroles mémora-
bles Si je na promets a la Belgique ni un
grand règne comme celui qui a fondé son
iudépendarce, ni un grand Roi comme
celui que nous pleurons, je lui promets du
moins un Roi beige de coeur et d'üme, dont
la vie entière lui appartient.
Cette promesse, vous le savez, Messieurs,
a été tenue et dépassée. Le souverain do A
nous déplorons la perte, s'est consacré tout
entier a la grandeur et a la prospérité de la
patrie. 11 l'a, par sa clairvoyance, son éner
gie, sa volonté, dotéed'une vaste et admira
ble colonic. II l'a grandie et élevée parmi les
nations. La Belgique reconnaissante ne
l'oubliera point.
Bésormais, nos espérances reposent sur
1 héritier de la Couronne. Nous reporterons
8ur lui notre dévouement et notre fidélité
P°ur poursuivrc, sous sa direction, l'oeuvre
SWieuBe du règne qui vient de finir.
Ces paroles,éloquentes dans leur sobriété,
ont été prononcées avec une émotion pro
fonde.
La Chambre les a écoutées dans un silence
impressionnant
M. le président Cooreman a répondu, au
nom de la Chambre, au discours de M.
Scbollaert.
C'est avec une profonde et douloureuse
émotion, a dit M.Cooreman, que la Chambre
regoit la communication du deuil qui frappe
la familie royale dans la personne de son
cbef, et la nation beige dans la personne de
son souverain.
La Chambre voudra rendre un suprème
hommage celui dont le règne tiendra une
place insigne dans les annales du pays.
Ce règne de quarante-quatre ans s'eBt
écoulé dans une paix ininterrompue. II a vu
s'élever encore Fédifice dont le Congres
avait jeté les fondements. II a donné une
prodigieuse impulsion a Feasor du pays dans
tous les domaines. Avec 1q concours de na-
tionaux héroïques, Léopold II a doté la
Belgique d'un empire colonial oü elle saura
remplir tous les devoirs d'une grand® oeuvre
de civilisation.
Nous reporterons, Messieurs, sur le nou
veau Roi, avec nos legitimes espérances, nos
sentiments de patriotique et loyal attache-
ment.
J'ai l'honneur de proposer a la Chambre
de susprendre ses travaux en signe de deuil, j
d'assister en corps aux funérailes royales et j
de confier au bureau le soin de convoquer
ultérieurement l'assemble'e et de prendre les j
mesures urgentes que les circonstances pour- j
raient exiger.
Et la séance, qui a duré exactement cinq
minutes, a été immédiatement levée en signe
de deuil.
lei, également, la séance a été trés courte.
Le Sénat, qui avait été convoqué spéciale-
ment, vendredi, a la première heure, s'est
runi, a 2 h. 35, sous la présidence du vicomte
Simonis.
Comme a la Chambre, M. Schollaert a
annoncé au Sénat la mort du Roi et a fait
l'éloge du Souverain décédé.
Bruxelles, 17 Déc. Cet aprês-midi a été
afiichée dans toute la Belgique, la proclama
tion des bourgmestr^sLe Roi est mort.
Vive le Roi 1
Ce serait une erreur de croire que la mort
du roi fait immédiatement passer le pouvoir
aux mains de son successeur. Aux termes de
la Constitution, jusqu'a la prestation de ser
ment de celui-ci, l'intérim est fait par les mi
nistres et sous leur responsabilité. Le prince
Albert prêtera serment Jeudi, le lendemain
des obsèques, devant les Chambres réunies.
Les questeurs sont, parait-il, fort ennuyés,
paree qu'ils ne savent oü les réunir, les salles
de chacune des deux assemblées étant trop
petiles pour recevoir les deux.
La formule de la prestation de serment est
celle-ci Je jure d'observer la Constitution
et les lois du peuple beige, de maintenir Fin»'
dépendance nationale et Fintégrité du terri-j
toire.
Pour la prestation du serment, les dispo
sitions suivantes out été prises Le tróne du
Roi occupera dans la salie des Béances, la
placs du bureau. La Reine aura son tróne
du cöté du Sénat.
Le tróne du Roi sera eatouré des princss
étrangers qui viendront assister aux obsè
ques. A cóté du tróne de la Reine prendront
place les envoyés extraordinaires des gou-
V3rn®!cents, le cardinal, les évêques, les
presidents de la Cour de cassation, de la
Cour d'appal, de la Cour des comptes, les
membres du corps diplomatique.
Dans la salie des séances, les membres de
!a Chambres des députés et du Sénat occu-
peront les bancs de ces assemblées.
Pour ce qui concerne la formation du bu
reau il a été entendu qu'on se conformerait
au précédents de 1865. Le bureau sera for-
mé du président des deux assemblées, de
deux secrétaires de chacune de ces assem
blées et de deux greffiers.
Le bureau se placera face au tróna. Der
rièrele bureau se tiendront les ministres.
C'est le vicomte Simonis, président du Sé
nat, qui prendra la parole. II communiquera
a l'assemblée les noms des membres des
deux députations cbargées de recevoir le
Roi et la Reine.
La députation qui recevra la Reine sera
composée de huit membres, dont quatre de
la Chambre et quatre du Sénatcelle char-
gée de recevoir le Roi sera composée de 24
membres,dont 12 de chacune des assemblées.
Plus de 5oo personnes devant assister a la
cérémonie, le bureau est aux prises avec de
pé dit progrès social et économique, s'atta-
chant spécialenxent et surlout a i'amélioration
du sort de la classe ouvrière.
Au cours de son long voyage en Améri-
que, ce furent les grand es organisations indus-
trielles, et leurs ojrganismes cörporatifs qui le
captivèrent surtout.
Dès sa lendre jeu nes se, 11 a été porté- vers
les études de la mécaniquè, aussi est-il do-
cumenté comme un ingénieur, sur toutes les
usines qu'il a visité par le monde, et il possè-
de sur la classe ouvrière, ses besoins et ses re-
'vendications, des apercus personnels, qui fe
rment s'étonner nos sociologues les plus aver-
tls.
Rappelons, que récemment le prince a fait
au Congo un long voyage d'études, qui per-
mettra au roi de parler en connaissance de
caues de notre colonic et de ses besoins.
-Sous des apparences modestes et simples,
le jeune roi possède dans tous les domaines
de l'activité intellectuelle, une culture tout a
fait supérieure, et avec. réserve il peut dire que
rien de ce qui est humain ne lui est étran-
ger>.
Dans chaque science, d'aiileurs, il sait se
découvrir des maftres de choix; mais, dans
chacune, l'élève trés vite étonne le professeur.
Elevé dans ie milieu familial qu'était le
Palais de fa rae de la Régenoe, vivant en père
et en mari mjodèles, aux cötés d'une femme
qu'il adore, d'enfants dont il dirige lui-même
l'lêducation, notre jeune roi, par sa vie seule,
conquis la sympathie enthousiaste des Bei
ges, pour lesquels eette vie de familie est un
principe cher.
■Le jeune roi, au cours de ces dernières
grandes diflicultés matérielles. 'annlées, a fréquenté tous les milieux; it a ap-
Les dames occuperont la tribune reser-;prochï les hommes
de toutes les classes, et
vee les corps constitués la tribune publi-
^U?' !socialistes les moins épris de royalisme
Le bureau a charge une commission de:
nu déclarer
rediger 1 adresse qui sera remise au nou
veau Itoi a l'occasiou de son avènem©Dt au
tróne. Cette commission tiendra une pre
mière reunion mardi.
La Chambre sera convoquée a quatre
heures, le jour des funérailles,daus la salie
de lecture, pour prendre connaissance du
texto de l'adresse élaborée et pour i'approu-
ver.
L'adresse sera présentée le soir du jour
de la prestation du serment, au Palais de
Bruxelles, oü le Parlement se rendra en
corps.
tous ceux qui l'ont vu de prés jusqu'aux
ont
qu'il était affable et intelligent,
sans morgue Hautaine et ennemi de tout faste.
Sous ses apparences réservées, timides pres-
que, Ie jeune roi est un audacieux que rien ne
déconcerte, et qui veut tout juger par lui-même.
II a été, nu jusqu'èt la ceinture, au milieu
des hauts fourneaux; revêtu de Ia veste de toile
et du chapeau de cuir bouilli du mineur, il est
descendu au fond de la mine; il a servi en
qualitë de chauffeur et de machiniste sur
grands express; il a escaladé les pies les plus
inaccessibles, et les ascensions en montgolfière
ou en dirigeables sont jeux d'enfants pour lui,
Par fAfriquc, il fut marebeur infatigable, ca
valier audacieux, chasseur intrépide. Et eet
hornme rompu a tous les exereiees, et que
compatriotes. Car sa vie d'études et de voyages
son caractère altruiste et simple, lui ont acquis
e oniteurcomme la plupart des jour- assuré depuis iongtemps les sympathies gé-
naux d'aiileurs, a publié un numéro spécial1 néi-ales
encadré de noir. Ce numéro contient la noti- Par
fication de la mort et publie un arrets insti-
rien ne déconcerte, n'a qu'une seule terreur:
Albert Icr, troisième Roi des Beiges, monteic'est qu'on veut faire de lui un être a part;
sur le tróne, entouré de l'affection de ses SI n'admet pas qu'on essaye de faire passer
I tuant jusqu'a la prestation de serment du
successeur au tróne, le conseil de régence,
e formé par le conseil des ministres.
jj Jeudi, le nouveau Roi Albert doit faire son
I entrée solennelle a Bruxelles, il aurait désiré,
f parait-il, voir supprimer cette cérémonie,
mais les ministres lui ont fait valoir que
I c'était l'usage et qu'il ne fallait pas priver les
j habitants de Bruxelles d'un spectacle qui per-
ij mettrait d'aiileurs au nouveau Roi de prendre
i; directement contact avec son peuple.
j C'est par la chaussée d'Anvers, ancienne
chaussée de Laeken, que le roi Albert, a che-
val, entouré d'un brillant état-major, ferason
entrée dans Bruxelles. II suivra le boulevard
Botanique, la rue Royale, la rue de la Loi,
et entrera au Palais de la Nation, oü devant
les deux Chambres assemblées, il prêtera so-
lennellement serment a la Constitution et
prononcera son discours inaugural.
pour extraordinaire un geste qu'il considère
comme simplement naturel; ce vaillant a une
chose qu'il abhorre: la pose. v
Qu'après cela on ne s'étonne pas de la sym-
sa grand mère, Albert IC1 est 1 arrière patrie, de l'affection que lui portent tous ceux
petit-fils du Roi Louis-Philippe et par suite|qUj [0 Connaissent; de l'attraction naturelle
cousin-germain du due d Orleans; par sa mère, qUqj exeroe sur tous ceux qui sont appelés a
il descend d'une Murat et d'une Beauharnais. !|-approc^er
II a deux sceurs, la princesse Henriette, qui* ,Cest en 1880> que le prince Albert entra
ëpousa en 1896, le due de Vendóme et la prin-F ['Eeole militaire
cesse Joséphine, mariée en 1894 au prince j>'un caractère simple et enjoué, it y con-
HohenzoIIern, 11111 des fils du-gyq vqe] avee l estime de ses professeurs,
fla' sympathie amicale tde tous ses compagnons
jd'études. Le Roi avail exprimé Ie désir que le'
prince fut traité simplement, comme le plus ro-
offritj.
.C.harles de Hohenzoüern, I'un des
prince Léopold, auquel le général Prim
le tróne d'Espagne en 1870.
Le prince Albert, depuis l'age de 16 ans
.au moment oü mourut le prince Baudouin, son
frère ainé se prépara au röle de futur sou
verain.
Par ses voyages a travers le monde it a
visité successivement la Suède, l'Italie, la Fran-
pe, l'Angleterre, FAllemagne, la Turquie, les
Pays Scandinaves, les Etats-Unis, l'Amérique,
li'Algérie, le Congo ie jeune Roi s'est ac
quis des connaissances personnelles et multi
ples. Mais, rencontre de Léopold li, Albert
Ier s'est toujours et essentiellemenf préoecu-
turier des élèves de Pécole. Albert s'accomoda
fort bien de ce régime. II fut de toutes les ex
cursions des élèves de sa promotion, Leur
manifestant l'intérêt qu'il a toujours porté
tous ceux qui l'entourent.
Le 17 décembre 1892, le prince entrait en
rqualité de sous-Iieutenant au régiment des gre
nadiers.
pt ce fut, dans la cour de la vieille caserne
Sainte-Elisabeth, une solennité mémorable ,a
laquelle présida le Roi... Le prince, ayant