1911
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Saniedi 81 Decembre 1
10 centimes ie M°
45 Année
Et ren nes Pontificates
Révcïllon
Sermoo en trois points
Four accompagner
les gauffres
Pensées du jour
a
N 466'i
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En cetfe fête do Noël, 1 'Association des
Journalistes Catholiques de Belgique ouvro
sa souscription annuelle des Ètrennes Ponti-
ficales, sous le fiaut patronage de Son Emi
nence le Cardinal Arckevêque de Malines et
da l'Kpiscopat beige.
Neus convioss les catholiques a s'associer
plus nombreux que jamais a cette manifes
tation traditionnelle de la piété filiale des
Beiges envers le Souverain Pontile, afin de
lui donner le caractère d'tme éclatante pro
testation contre les offenses que !e Saint-
Père, récemment encore, a Home même, a
dü souffrir.
Le 20 septembre, ie juif Nathan, syndic
de Rome, ex Qrand Maitre et porte voix de
la Franc-Xiagonnerie italieime, celebrant !e
tiiste anniversaire du jour oh fut couronné
le dernier attentat contre la Souver* in eté
Pontificale, prononga, devant Ja Porta Pia
un discours rempli d'odieuses attaques con
tre Ja personne du Pape, contra l'Eglise
catholique et contre la reiigion elle-même.
Ce discours allait si loin dans l'injustice et
l'outrage que le Saint-Père crat devoir é.'e-
ver la voix et faire entendre devant les
nations du monde entier la protestation de
ses droits vioJés
En presence de ets nombreuses affirma-
tions impies aussi gratuites que blasphé-
matoires, écrivait le Saint-Père au Cardi-
na!-Vicaire, Nous ne pouvohs pa3 Nous
empêcher d elever la voix et de dire haute
mer.t Notre juste indignation et Notre
protestation et d'appeler et) même temps
par votre intermédiaire, Monsieur le
i) Cardinal, '.'attention de Nos tils de Rome
sur les offenses coniimielles et toajours
plus grandes faites a la religion catholi-
que, même par ies autorités publiques,
dans le siège même du Pontife Remain.
Cette nouvelle et bien douloureuse con-
statatiou n'échappera certainement pas a
tous les fidèles du monde catholique, offen-
sés eux aussi.
Dans presque tous ies pays,des voix nom
breuses et autorisées ont fait écho a la pro
testation de Pie X les catholiques beiges y
joindront la leur et proclameront une foi3
de plus leur inébranlable attachement au
Saint-Siège.
Nous protestons avec le Pape contre les
violences qui Lui sont faites et qui nous
atteignent tous dans notre foi et dans notre
amour.
II ne serait pas dan1@ caractère des bei
ges de se borner a des paroles c'est par des
actes que nous entendons affirmer notre
union au Saint-Siège. Le tribut volontaire
que s'imposent annuellemeDt les catholiques
beiges dira a Sa Saintetó Pie X notre volon-
tédel'aider, si faiblement que ce soit, dans
ton lonrd Magistère, notre désir d'aliéger et
de compenser par nos hommages et notre
filiale affection les amertumes dont d'autres
l'abreuvent. Toutes les families catholiques
auront A coeur de s'inscrire cette année au
Divre d'or des Ètrennes Pcniifieales.
On peut adresser les souscriptions au bu-
''eau du Journal d'Ypres.
bév. Chanoine De Brouwer,
Curé-Doyen, Ypres. 100.00
en Mad. Ernest Eraeijs, Ypres. 100.00
C9 69 89 ff f9 69
Ce soir, a 9 heures, Concert au Cercle
Catholique par le Muziekkring a i'occa-
s'on du réveillon traditionnel.
Dan nouveau aura bienlöt, gouaiileur,
repoussédu pied.son devancier,pour régner
611 maitre impitoyable sur les pauvres ku-
hiains
Dan nouveau Des illusions en moins,
es Craintes en plus
C'est le bilau sans cesse renouvelé et tou-
jours identique
Un seul souhait, a notre époque troubléo,
semble devoir être celui du chrétien être
bon dans une humanité bonne.
Ecoutocs, en effet, cette profonde parole
du livre étcrnel r Quand je posséderais
toute la science des hommes, si je n ai pas
la charité, je ne suis que comme un airain
sonnant ou une timbale retentissante.
La bonté est sceur de la charité. Elles se
complètent, elles vivent cète a cote ei'es
s'alim9nt8nt a la même source de la vie
éternelle, Dieu.
Ecoutons la cloche qui annonce que le
temps impitoyable roule toutes ehoses en son
linceul et que, bientöt, nous-mênses nous
serons roulés dans Eoubli et l'éternel rou
tisme. IIAtons-nous done de ramener parmi
nous la bonté donnons-Ja en spectacle a la
via générale.
Eile est généreuse, cette vertu la véna-
lité n'y pénètre point et les vils intéréts n'y
ont point part.
La bonté, chrétiens, mène a des biens
d'ui e autre nature elle enseigne les vertus
cachées et, par estiine du sacrifice, se place
au-dessus de i'opinion des homm6s, car ce
n'est pas b. cette fumée qu'on donne la gloire
terrestre qu'elle veut atteindre.
La bonté rend humain elle nou3 met
dans 1'ame des autres pour resseatir ce qu'ils
éprouvent et les jager avec commiseration,
du fond de la conscience elle tient cumpta
de la nature humaine si faible en elle-même
et si affaiblie par mille accidents elle nous
rend ardents a donner la recompense et
prudents a infliger le chatiment elle nous
empêcho de nous laisser emporter par l'or-
gueil qui, hélas, nous place hors la foule
pour la juger souverainement. La bonté nous
dit que nous sommes nous-mêmes un amas
indéchiffrable de vertus et de vices.
C'est dans la pitié que reside la vraie
bonté. Ne pas être tout entier ni cassant
nuancei' sen jugement a une Éme tempéran-
te faire dans tout crime, la part de la
fatalité ne pas s'emporter sous l'impression
de reproches ni d'injures savoir que dans
l ame humaine la nuit n'est jamais compléte
et faire preuve, partout, en tout et toujours,
de dévouement et d'humanité Tel est le
role de la bonté.
N'est-il pas grand et noble, digue de notre
plus grande activité
S'il y avait plus de bonté parmi les hom
mes, n'est-il pas vrai que ceux qui souö'rent
trouveiaieot la compassion au foud de tout
regard qu'ils analyseraient Ceux qui sont
découragés pour avoir trop longtemps
souffert de la dureté de certains, ne ver-
raient plus partout des pkysionomies
éga'istes. Le riche ne se tromperait plus sur
l'ouvrier qu'il trouve impoli en ses allures,
alors qu'elles n'expriment que l'indifférence
pour les usages et le peuple ne croirait
plus voir !e dédain sur la figure de l'homme
haut placé parc9 qu'il la voit impassible et
froide cette froideur, il saurait qu'elle 110
denote parfois qu'une faiblesse de tempéra
ment oa le travail intérieur d'un esprit pon-
dérateur qui lutte contre son imagination.
Pour le peuple comme pour le riche, il y
a, en ce monde, plus de désillusions que de
surprises heureuses, plus de larmes que de
rires, plus de soupirs que de chansons, plus
de lourments que de joies, plus de douleurs
que d8 jouissances, plus d inquiétudes que
de satisfactions, plus d'infortunes que de
succès. Antagonisme et hostiliié partout
au sein de l'homme, entre races diverses, et
entre individus de même race. La bonté si
clairvoyante pour ssisir les imperfections de
ce monde a trouvé le moyen de nous y faire
vivre dans la paix en nous conviant a. la
charité et a la resignation.
Ego sum Pastor bonus a dit le Christ
soyez boss, a mon exemple aimez-vous les
uns les autres.
C'est le voeu que la redaction du Journal
d' Ypres adresse a ses fidèles lecteurs, a tous
ses amis et a tousles Yprois.
s&
Les visites font toujours plaisir, a dit
Marbeau. Quand ce n'est pas en entrant, c'est
en sortant
II en est un p„u de même des articles de
journaux, les jours de visite surtout. Aussi
m'efforceraije, ami lecteur catholique, de
retarderle moins possible l'heureux moment
oü vous achèverez de parceurir eet article.
Et je m'attacherai d'autant plus de le faire
bref qu'il s'agit mille excuses d'un petit
sermon un petit sermon en trois points,
naturellement.
Premier point.
Vous n'êtes pas un imbécile, comme ces
millions de mécréants qui mettent Saint
Pierre au-dessus du bon Dieu et les miséra-
bles joies de cette terre au-dessus de l'éter-
neile félicité.
Vous n'êtes pas non plus un de ces gour
mands, par trop malins, qui voudraient se
gaver tour a tour de bonheur temporel et de
bonheur éternel.
Le ciel souffre violence, et la vie du chré
tien n'est, en sommes, qu'un combat dont la
palme est aux cieux.
Deuxième point.
Temps nouveaux, devoirs nouveaux. Le
champ de bataille du chrétien s'est élargi.
Nous en sommes a la bataille rangée. Qui
conque se borne a défendre sa demeure con
tre Satan-le cambrioleur, alórs que ses sup-
póts envahissent tout le territoire chrétien,
risque beaucoup de voir sa maison saccagée
et anéantie. Les devoirs sociaux et politiques
sont passés aujourd'hui au premier rang. S'en
désintéresser lorsque la Foi et les institutions
chrétiennes sont menacées, devient une
lacheté et la palme de la victoire ne saurait
revenir aux déserteurs.
T roisième point.
Du moment qu'il n'est plus question que
de batailles rangées et de péril grave, il ne
saurait plus être question non plus que de
rigoureuse discipline et de soumission aveu-
gle aux chefs légitimes.
Arrière done toute insubordination et toute
lacheté Arrière les aises Arrière les préfé-
rences et les sentiments personnels I
Le zèle s'impose, et la bataille suprème
doit être préparée de longue main.
De la sorte seulement, cher lecteur catho
lique, vous pouvez rcmplir tout votre devoir
chrétien et escompter la palme des bons
combattants.
C'est la grace que je vous souhaite, au nom
du Père et du Fils et du Saint Esprit,
Ainsi soit-il
Sans empiéter sur les attributions du chef
cuisinier je parle de la cuisine du Journal
lequel servira aujourd'hui des gauffres de
l'an.... jc ne vous dis que ca il faut bien
cependant que je serve, a mon tour, mon
plat du jour aux clients du Restaurant intel-
lectuel a i'enseigne du Journal d'Ypres.
Ou plutot, puisque le Rédac-chef servira a
manger, il ne reste plus qu'a servir a boire.
OufJustement la thche la plus ingrate.
Car on ne sert pas précisément, pour accom-
pagner des gauffres, du Malt Kneipp ou du
Maté tempérantmoins encore la liqueur,
pourtant idéale, dont le ciel nous gratifie si
abondamment eet hiver.
Mais alors, quoi verser
De l'« aqua pompoe ne daigne...
De l'alcool, ne puis...
Décidément, le cas est embarrassant.
A
Mais ne déraisonnons pas... avant d'avoir
j bu.
Posons d'abord nettementla question.
Bien poser une question, c'est souvent la
résoudre.
I
I
Or, avant de nous mettre martel en tête
pour découvrir la boisson a verser, deman-
dons-nous s'il est bien nécessaire de verser
quelque chose.
J'entends d'ici les exclamations.
Comment 1 Le Journal trés catholique
qu; s'avise maintenant de mener campagne
contre une oeuvre de miséricorde Donner
a boire a ceux qui ont soif »I
Entendons-nous
Nous approuvons fort qu'on verse a boire
a ceux qui ont soif, et même qu'on ait la pré-
venance d'offrir a boire et a manger. Mais
comme les liqueurs n'étacchent pas la soif,
nous trouvons parfaitement illogique qu'on
offre a boire, Supprimer eet abus, tel devrait
être, conformément au désir de notrs Cardi
nal, le souci de quiconque a la noble am
bition de marquer l'année nouvel'e par la
réalisation d'un progrès social.
Restent la bière démocratique et le vin
bourgeois. Ici, nous admettons volontiers
une certaine condescendance, non pas envers
l'abus mais envers l'usage. Toutefois, étant
donné qu'il y a tout lieu de supposer que la
soif ne tourmente personne en cette saison,
je me permets de poser de rechef la question:
faut-il offrir a boire aux gens que l'on re-
coit en visite, et surtout faut-il les pousser a
boire, la bouteille a la main? (J'ai négligé
de dire que nous ne sommes plus au restau
rant mais at home
Du moment qu'il ne s'agit, en somme, que
d'y aller d'une prevenance et d'une régalade,
le progrès ne consisterait-il pas a offrir un
cigare aux fumeurs, de quoi grignoter ou
sucer aux autres, et de ne recourir a l'offre
de boisson qu'en cas de double insuccès
Les fabricants de liquides plus ou moins
malfaisants ont eu leur tourpourquoi
d'autres fabricants, plus intéressants et moins
criminels, n'auraient-ils pas le leur?
Mais je ne m'illusionne pas. Proposer de
substituer le fumoir au salon pour les visites
de cérémonie, c'est, je l'avoue, entreprise
passablement téméraire.
Mais si nous posions ici une nouvelle
question, toute obvie Le plus ou moins de
cérémonie est-il indispensable dans les vi
sites
Et puis, et puis du salon-buffet oü l'on
médit élégamment entre une friandise et une
rasade d'alcoo!, ou du fumoir salon oü
l'on cause charitablement entre deux bouf-
fées, il semble bien que le plus comme il
faut des deux, ce soit encore le dernier.
U Si fti Ctf
Le chapitre pluvial
Un mien ami, auquel la Cité ardente
dispute vainement a notre arcka'ique cité
l honneurde le compter parmi ses bourgeois
(ceci pour les amateurs de calembours, mé-
nagers de leurs méninges), eet ami,dis-je,
se défend de vouloir braeonner sur le ter
rain d'autrui, ci le terrain des météorolo-
gistes.
La chose lui est facile, ses domaines a lui
étant immensément étendus, dans i'espace
et dans le temps.
Aussi bien, son almanach j'entends
celui qui porte son nom ne se pique pré
cisément d'être l'organe des météorologistes
les plus ardents.
Mais sans braeonner sur le terrain des
pronostiqueurs de pluie et de beau temps, il
ne cache pas son faible pour cette pluie
bénie et pour ce ciel pluvieux qui font voir
sous leur plus beau jour les reliefs architec-
turaux, en nos régions pour cette pluie,
enfin, qui remplit ses étangs et conserve a
nos cygnes communaux des minnewater
plus ou moins poétiques, Jusques entre les
berges inesthétiques du Wieltje gracht n.
Ce faisant, mon ami reste done parfaite
ment dan son domaine. C'est en esthète et
en archéologue surtout qu'il admire la pluie,
qui lui permet de remonter au déluge, et
même au-dela. Et lorsqu'il braconne un peu
tout de même sur le terrain des neurologis-
tes, il s'entend a ramener le gibier sur ses
chasses d'esthète.
Et puis, et puis; est il par hasard,quelque
domaine interdit au journaliste, observateur
de profession car mon ami, cumulat d
effronté, ne dédaigne pas non plus ce trés
noble métier.
C'est ce qui m'onhardit a m'aventurer, a
mon tour, sur ce terrain détrempé.
D'autant que j'observe que mon obser
vateur ainsi qu'il nous en prévient d'ail-
leurs, ne fait qu' efHeurer son sujet
d'études.
Son observation, fort juste, mais superfi-
cielle et vieille comme ses immeubles, ne
nous révèle l'inffiuence de la pluie et du
soleil quesurles névrosés etjsur les impul-
sifs, ou plutót sur le fonds impulsif, a peu
prés universal, il est vrai, de la nature
humaine.
Aussi,avant de compléter les observations
de mon esthète, rappellc rai-je, pour lui
faire plaisir, qu'on a attribué, pour une
large part, a l'influence des beaux cieux du
midi, le sens esthétique plus parfait que les
méridionaux ont accusé de tout temps et
dont témoignent les immortels chefs d'oeu-
vres qu'ils nous ont légués si nombreux,
dans tous les domaines de l'art.
Mais chez les natures bien douées, l'im-
pulsivité sait être dominéé par la raison, et,
grace a elle, la réaction contre l'effet naturel
de la pluie et du beau temps pirvient a pro-
duire des effets diamétralement opposés.
Pai contre, sans la raison et sans la foi
surtout, les meilleurea influences extérieures
sont incapables d'entrainer l'&me toute en-
tière dans les aphères sublimes et même de
la retenir sur la pentedes derniers bas-fonds.
L'histoire des peuples méridionaux est la
pour l'attester et aujourd'hui encore, les
beaux cieux de l'Italie et d'Algérie n'empê-
chent pas le néo-paganisme et le franc-
magonnisme de rivaliser avea les aspirations
et les meeurs les plus terre-a-terre, les plus
dégradées même du mahométisme et de la
barbarie.
Et daus nos contrées, d'autre part, les
cieux de brume, de neige et de pluie n'em-
pêchent pas des milliers d'&mes d'élite de
vivre dans les splières toujours sereines du
plus pur idéal.
La pluie, non moins que l'4pre froidure,
moralise, réchauffe et élève, au lieu d'en-
gourdir, de déprimer et d'indisposer contre
sa belle-mère, quiconque possède le secret
et trouve le courage de dominer ces conti-
gences et de s'en servir comme de bienfaits
provide - tiels, plus bénis encore et plus pré-
cieux que le ciair soleil et le perpétuel prin-
temps, depuis que nous avons perdu le pa
radis terrestre.
Les jours s'écoulent, les année3 finissent,
j'ai déja fait une grande partie de mon che-
min ma vie approche de son terme, le ju
gement de Dieu est ,a la porte ne m'y
présenterai-je pas les mains vides
S. Jean Chrysostome.
II y a toujours quelque chose a renouveler
en nous, au commencement de chaque an
née, et il serait fócheux de ne point croitre
en sagesse a mesure que nous croissons en
Fléchier.
r«n
Je vous souhaite d'être, dur&nt le cours
entier de cette nouvelle année, comme ces
petits oiseaux dont parle le bon S Frangois
de Salles, qui bütissent leurs nids au milieu
des ruisseaux, de telle sorte que le mouve
ment des vagues ne fait que les bercer sans
les faire jamais ohavirer une seul9 petite
ouverture leur donne de l'air et du soleil, et
elle se trouve toujours tournée du cóté du
ciel.
Mgr de Sêgur.
JOURNAL D'YPRES
©rgane Catholique
de l'Arrondissement