Journal d Ypres
Le Prix de
l'Unité d Azote.
i
LA iOISSON.
La Mètèorisation.
au
- Samedi, 29 Juillet
Nous tous qui lisons les journaux
nous connaissons, au moins de vue,
les articles qui portent la signature de
Jean Bloux, ingénieur agricole.
Coulés dans le même moule et se
composant invariablement d'un titre,
de quelques généralités et de la quan-
tité de sulfate indispensable, ces arti
cles sont assez inoffensifs et plutót
ennuyeux.
Une exception vient de se produire.
Sous le titre Le Prix de l'Unité
d'Azote Jean Bloux vient de publier
un article oü réellement il veut faire
trop de zèle et en arrive ainsi a écrire
des énormités.
II veut prouver, avec des chiffres a
l'appui que le sulfate d'ammoniaque
est encore actuellement meilleur marché
que le nitrate
Du moment que Jean Bloux se per
met de répandre des erreurs, nous
croyons rendre service aux cultivateurs
en le leur disant et en le prouvant.
Les renseignements publiés dans
l'article Le Prix de l'Unité d'Azote
sont tellement peu sérieux, qu'ils
n'ont pas l'air de sortir de la plume
d'un ingénieur. Cela ne nous surprend
pas, mais nous étonnerons peut-être
quelques lecteurs en leur disant qu'il
n'y a ni en Belgique, ni dans un autre
pays, un ingénieur agricole qui porte le
nom de Jean Bloux
Passons aux raisonnements.
II est prouvé par les prix de la place
d'Anvers que le kilogr. d'azote coüte
moins cher, depuis plus d'une année,
dans le nitrate que dans le sulfate, sans
même tenir compte de la différence
qui existe entre la valeur fertilisante de
l'azote dans les deux engrais.
Cela est théoriquement vrai, dit Jean
Bloux, mais pour calculer le prix de
revient du nitrate, il faut y ajouter plu-
sieurs suppléments
1° pour le port d'Anvers fr. 0.35.
Cette première erreur prouve déja que
notre ingénieur n'est pas au courant.
Voici le tableau comparatif des prix de
l'unité d'azote dans le nitrate et dans
le sulfate, pour une année entière
1910
1.36
1.40
1.41
1.41
1.40
1.40
1.45
1.48
1.49
1.50
1.51
1.50
1.44
1.46
1.47
1.49
1.50
1.50
1.57
1.62
1.65
1.63
1.59
1.59
Juillet
A out
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Jean Bloux fait remarquer avec
beaucoup de raison que le sulfate est
rendu franco toutes gares beiges, tan
dis que le prix du nitrate est sur wagon
Anvers, mais il attache a ce détail une
importance exagérée. En effet, ajoutez
aux prix du nitrate qui figurent dans le
tableau ci-dessus 1 centime et sept
dixième de centime et vous mettrez les
2 engrais dans les mêmes conditions de
vente et de transport. Ce supplément,
quoique tout a fait insignifiant, est plus
que suffisant; il dépasse la moyenne des
frais de transport du nitrate en Belgi
que, car la marchandise étant expédiée
d'un des quatre ports qui importent du
nitrate, n'atteint pas une distance de
75 kilomètres, que nous prenons
comme moyenne. Qu'on n'oublie pas
que le nitrate bénéficie du tarif spécial
n" 36.
Ce n'est pas avec ce supplément
énorme d'un centime que le nitrate
dépassera en prix le sulfate
Aussi Jean Bloux a encore une autre
collection de suppléments. Voyons s'ils
sont plus sérieux
2° Au prix du nitrate, dit-il, il faut
ajouter un deuxième et un troisième
supplément defr. 0.25 pour mouture
et pesage et de fr. 0.15 pour réexpédi-
tion occasionnée par la mouture qui
doit êti e faite par l'intermédiaire d'un
négociant.
Ces suppléments entreraient réelle
ment en ligne de compte, si les mêmes
frais n'existaient pas pour le sulfate.
Que notre ingénieur vienne voir
manier des engrais et qu'il s'adresse
aux fabricants d'engrais composés, ils
lui apprendront qu'après quelque
séjour au magasin le sulfate s'agglo-
mère en bloes et tandis qu'ils peuvent
se contenter de moudre le nitrate ils
sont obligés, pour éviter des surprises,
d'introduire le sulfate dans les compo
sitions en le tamisant. Or le tamisage
demandant une main d'oeuvre plus
considérable que la mouture, le dit
Jean Bloux doit ajouter au moins un
supplément de 0.45 au prix du sulfate,
s'il en ajoute un de 0.35 au prix du ni
trate.
3" Le sulfate étant plusriche en azote
que le nitrate de 5 unités, il y a une
économie de port s'élevant a 0.11, par
100 kg. de sulfate. II faut done ajouter
au prix de revient du nitrate un supplé
ment de fr. 0.11
Ce raisonnement prouve d'une facon
péremptoire la force de notre ingé
nieur.
Pour établir le prix de revient de
l'unité d'azote dans le nitrate, on a
divisé, non pas par 20.17, mais par
15.5, de sorte qu'on a déja tenu compte
de la majoration de prix due a une
teneur moindre. Mais nous voulons
présenter ici quelques considérations
qui ont certes plus de valeur
II est vrai que le sulfate est vendu
franco toutes gares beiges, mais cela
ne signifie pas que le sulfate est trans-
porté gratuitementdans le prix cóté
il y a une part destinée a couvrir les
frais de transport. Or, par suite de l'ap-
plication du tarif n° 36 au transport du
nitrate, il y a, en faveur de cette mar
chandise, une différence de 15 fr. pour
chaque expédition de 10000 kg. (le sul
fate paie 40 fr. oü le nitrate est trans-
porté a 25fr.)
D'après le raisonnement erroné de
Jean Bloux ilfaut défalquer ces 15 fr.
du prix de revient du nitrate, ou les
ajouter au prix du sulfate.
Le 4e supplément échappe en laissant
un boni au nitrate
4° Un cinquième supplément est celui
qui provient de la tare des sacs. C'est
le plus important, puisqu'il est évalué
a fr. 0.59.
Pour atteindre ce chiffre, ilfaut qu'on
évalue a zéro la tare du sulfate et qu'on
y ajoute d'autres inexactitudes.
Un petit séjour dans un endroit oü
l'on s'occupe du transport des engrais
apprendrait a notre ingénieur
a) que celui qui parle de sacs de ni
trate pesant 190 kg. prouve qu'il n'a
jamais vu un déchargement de nitrate.
II y a quelques années on trouvait des
sacs de 110 a 140 kg., actuellement il
n'y a plus que des sacs de 90 a 105 kg.
b) que si les sacs devaient peser 190 kg.
ce serait a l'avantage du consomma-
teur, puisque le nitrate est vendu brut
pour net, et que de cette facon il n'y
aurait que la tare d'un sac sur presque
200 kg. de marchandise
c) qu'un sac a sulfate qui a séjourné,
étant rempli, pendant quelques semai-
nes dans un magasin, pèse 2 kg. tout
aussi bien que le sac a nitrate.Mais il y
a mieux un sac a nitrate ne pèse plus,
après lavage, que 800 a 900 grammes et
la solution provenant du lavage forme
un excellent engrais.
dj qu'un sac a nitrate lavé sert a tous
les usages, tandis qu'un sac a sulfate
qui n'a subi que quelques semaines
d'enmagasinement n'est plus propre a
rien.
Ceci est tellement vrai que sur la
place d'Anvers il y a régulièrement
demande et offre de sacs a nitrate et
jamais de sacs a sulfate.
II résulte de tout ce qui précède que
la tare du sulfate est au moins aussi
élevée que celle de nitrate de sorte
que ce cinquième supplément disparait
comme les précédents.
5° Pour l'emploi de bon sacs il faut
ajouter un supplément de fr. 0.50, pré-
tend l'ingénieur.
Allez done voir chez les négociants
d'engrais qui se chargent de la mouture
de nitrate vous n'y trouverez pas de
nouveaux sacs, mais vous y verrez des
femmes chargées de réparer les sacs
primitifs. Le coüt de cette réparation
est compris dans les frais de mouture
et de réglage dont nous avons parlé ci-
dessus.
6° Enfin le dernier supplément de
fr. 0.16, pour perte au déchargement.
Si notre ingénieur croit qu'avec les
sacsscellés aumoyen d'un plomb, il a
toujours exactement le poids, il se
trompe. Nous avons constaté, par le
pesage de sacs qui avaient séjourné
quelque temps en magasin, qu'il y
avalt une üiminution ue puiua ci ï-etcu
des sacs, sous Taction corrosive du
sulfate d'ammoniaque, était devenu tel
que des pertes au moins égales a celles
du nitrate étaient devenues inévitables.
II ne resle plus au ditJeanBloux qu'a
s'évanouir également a la suite de tous
les suppléments qu'il avait cru pouvoir
ajouter au prix de revient du nitrate.
C'est pour lui peut-être le seul moyen
d'éviter le ridicule.
Disons pour finir Le nitrate doit
contenir au moins 15.5 °/o d'azote ni-
trique et le marchand qui vend sous le
nom de nitrate de soude une marchan
dise qui n'a pas cette teneur doit être
poursuivi judiciairement.
On peut théoriquement comparer les-
prix de l'unité d'azote dans les deux
engrais en divisant le prix cóté a la
bourse par 15.5 pour le nitrate et par
20.17 pour le sulfate, mais il y a lieu de
ienir compte de cette considération trés
importante que l'unité d'azote ammo-
niacal ne v„ut en moyenne, comme
matière fertilisante, que les trois quarts
de l'unité d'azote nitrique.
Une machine que nous signalons
simplement comme nouveauté est
celle que construit sous le nom de
Astra Schaumzerstörer la firme
Bergedorfer Eisenwerk Cet
appareil supprime eomplètement
la mousse produite par le travail
du lait dans les grandes laiteries.
II est installé entre le pasteurisa-
teur et le réservoir du lait écrémé
et permet de supprimer compléte-
ment les pertes et les désagréments
occasionnés par la production de
la mousse.
Un appareil s'adapfant a un débit
de 4000 litres a l'heure, coüte
environ 900 francs. En moins d'un
an ce prix pourraêtre récupéré par
la suppression des pertes de lait
écrémé.
En f'auchant les bleds un peu ver-
delets et non exlrêmemenl meurs, ils
s'achèveni cle meurir en gerbe et l'on
est pas en dangier s'en perdre beau
coup en moissonnant et charrian!
comme l'on feroijt les prenant par
trop meurs et clessèchiés dont grande
quantitè cle grains sortent de l'espi
allani a Ierre sans pouvoir es/re
recueillis. Par cette raison, moult
mieux vaut s'aclvancir deux ou trois
jours que de se retarder aulcune-
ment.
Ainsi écrivait, Olivier de Serres, it y a
de cela environ 400 ans. La chose n'est
done pas neuve et le conseil est cepen-
dant toujours de saison car on est en droit
des'étonner de ce que beaucoup de cul
tivateurs agissent d'une fagon toute oppo-
sée. lis craignent, disent-ils, que la coupe
hative ne retarde la maturité inache-
vée du grain que le rendement en poids
et celui en qualité ne s'en trouvent
diminués.
O'est la une erreur. II faut noter, en
eifet, que bien des jours avant la matu
rité compléte, la plante de céréale ne
prend plus rien au sol. Toute la vie est
concentrée dans l'épi oü la graine se
forme aux. dépens des matières de la lige,
des feuilles et des épis qui émigrent vers
elle.
On peut done sans nulle crainte suivre
récolte du blé un peu sur le vert. C'est
tout au plus pour un grain de semence
que l'on pourrait admettre la récolte au
moment oü la plante est tout a fait müre.
D'aucuns affirment que le cas s'applique
aussi au seigle, qui ne se coupe pas volon-
tiers avant bonne maturité paree qu'il
n'achevé pas bien celle-ci aprés avoir été
detaché du pied.
II y a la aussi parfois exagération et
par la récolte tardive on perd beaucoup
de grains. En tous cas, pour le froment,
Torge et Tavoine la coupe doit se faire
quelques jours avant la maturité com
pléte.
Nowacki a démontré par des expérien-
cessur le froment que la composition
chimique des grains fauchés a demi-mürs
diffère peu de celle des grains compléte
ment mürs. II a obtenu pour 100 de
Eau
Amidon
Mat. azotées
Cellulose
Mat. grasses
Cendres
Récolte avancée Récolte a maturité
11.97 11.82
71.90 72.97
11.76 10 91
1.35 1.33
1.51 1.44
1.50 1,51
Le moment le plus favorable pourcom-
mencerla moisson est celle oü la paille
jaunit, oii les noeuds blanchissent et le
grain déjü eonsistant offre une coupe
farineuse. Ce temps coincide avec celui
indiqué par Mathieu de Dombasle qui
disait que l'époque la plus favora
ble est celle oü la paille a presque eom
plètement perdu sa teinte vercldtre et.
oü les grains cle la majeure part ie des
èpis ne se laissent plus êcraser en les
pressant entre les doigts mais oü
l'ongle s'imprime encore clans la sub
stance du grain comme clans un mor-
ceau cle cire La mise en pratique de la
coupe hative entraine avec elle de nom-
breux avantages
1°) On obtient un grain plus beau, plus
fin, plus lourd, k écorce plus mince et de
belle couleurla mouture en est plus
facile et on obtjent moins de son avec
une farine plus blanche.
2°) On est moins pressé, on peut mieux
choisir son temps et on sait mieux trou-
ver le personnel nécessaire
3°) Les pertes par égrenage sont rédui-
tes k leur minimum. Celü est d'autant
plus a rechercher, que c'est toujours le
grain qui mürit le premier, qui est le
meilleur et le plus beau qui tombe le plus
vite,
1°) Plus la récolte est rentrée tót, plus
on diminue les risques de dégats, par la
grêle, la pluie et les orages.
5°) Si l'on a semé un fourrage dans la
céréale, l'enlèvement rapide de cette
dernière facilitera d'autant le développe-
ment de la plante semée k son pied,
6°^ Le déchaumage et le travail du sol
pourront s'effectuer plus tót et l'on aura
plus de temps pour bien préparer le sol
pour les emblavures suivantes.
7P) La paille provenant d'une céréale
coupée hativementest moins dure, moins
cassante et les éléments nutritifs sont
plus digestibles,
La coupe hative des céréales doit
êtresuivie par la mise rapide en moyet-
tes, car c'est sous cette disposition que
les pertes sont les moins k craindre,
notamment celles résultant de la germi
nation du grain. Celte dernière se pro
duit facilement sous Taction de la pluie
lorsque les céréales restent trop longtemps
en javelles. Dans ce cas la paille brunit
et se couvre de poussières tandis que les
grains germés perdent en poids et don-
nent une farine plus altérable, moins
blanche, k püte plus difficile pétrir.
Sous notre climat variable et souvent
capricieux il est toujours bon de lier
immédiatement les céréales et de les
disposer en moyettes qu'on couvrirad'un
chapeau soit d'une gerbe ou d'un pail-
Pour l'avoine coupée hativement cer
tains cultivateurs prétendent qu'elle doit
javeler longtemps et ils vont même jus-
qu'ü dire qu'elle n'est bonne k rentrer
qu'après avoir regu quelques ondées.
Nous croyons cette pratique peu avan-
tageuse et Taugmentation de poids qu'on
j étend obtenir par un javelage pro-
lor gé- provient souvent de la grande
quantitéde ierre fine retenue par les
aspérit s du grain. On en a trouvé jusque
2kg. par hectolitre.
Nous terminerons en disant, que la
moisson doit être conduite d'une fagon
rapide. C'est un des travaux qui exi
gent le plus d'activité surtout dans les
années oü le temps est pluvieux et incer-
tain. II faut en tous cas suivre le conseil
de Mathieu de Dombasle en prévoyant
toujours le mauvais temps pour le soir
ou le lendemain.
F. P. oella. Campagne.
(Reproduction réservée).
PÉTROLE SANS ODEUR. Metlre
dans le récipienta pètrole, suivant
sa capacité 2 ou 3 boules de
naphtaline. Toutes les semaines
ajouter une boule. L'odeur dispa
rait et Ia flamme est plus belle la
naphtaline, trés riehe en earbone
donne a la flamme un pouvoir
éclairant beaucoup plus considé
rable.
Un professeur dèpartemental cl'agri
culture, M. E. Cassez, recommande
l'emploi du pètrole comme remède
conlre la mètèorisation.
La quantitè de pètrole (huile cle
pètrole et non d'essence,) a employer
pour chaque traitement est cle un
verre d un verre et demi, 1/3 d 1/5 de
litre, suivant l'ètat plus ou moins
avancé cle la mètèorisation ce pètrole
est. ètenclu de cleux verres d'eau envi
ron et, après avoir agitè fortementle
mélange, on le fait absorber a I'ani
mal au moyen d'une bouleille, comme
pour lout breuvage ordinaire.
Prix d'un kg. d'Azote
dans le
dans le
Nitrate
Sulfate
P. Pipers
prof, d'agronomie
a Anvers
Im l'OILCül 1 <1 'flllTrlor' rl/A nt fai"-r»rv In