1 M.CALLEWAERT-DE MEULENAERE Téléplione 52 Téléphone 53 MORT DE m m m ci m m si m mmmmmmmmmm Samedi 28 Oclobrc 1011 Ie N" 10 centimes 46 Année 4705 A ceux qui pleurent Catholiques partjut et toujours Au travail On s'abonne rue au Beurre, 36, A Ypres, et Le Journal d'Ypres paraft une fois par semaine. Le prix de Tabonnement, payable par anticipation, est de 3 fr. 50 C, par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Toutes les communications doivent être adressées franco de port a l'adresse ci-dessus. tons les bureaux de poste du royaume. Les annonces coütent 15 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du journal So centimes la ligne. Les insertions judicaires, i franc la ligne. Les numéros supplémentaires coöteïit 10 francs les cent exemplaires. Pour les annonces de France et de Belgique (exceptë les deux Flandres) s'adresser k YAgSStCt Havas, Bruxelles, rue d'Argent, 34, et a Paris, 8, Place de la Bourse. Cette semaine a été marquée par un événement douloureux quEa pé- niblement impressionné touteda po pulation Yproise. Les nombreuses personnes qui,'Lundi dernier,avaient vu M. Bruno Callewaert h la vente publique du Vélodrome, s'entrete- nant avec un chacun avec son amé- nité habituelle, ne furent pas peu surprises, Mardi matin, en apprenant que la mort venait de le frapper a peu prés subitement. Ce ne fut qu'un malaise d'abord, qui devint bientöt une crise violente, suivie d'une autre qui devaitl'emporter.En moins d'une heure, la mort avait ravi M. Calle waert a l'affection de sa femme et de ses neuf enfants... Etabli depuis a peu prés trente ans a Ypres, M. Callewaert y avait conquis le droit de cité. Dès son plus jeune age, il s'était distingué par son activité et son esprit entreprenant. Sa nomination comme instituteur a l'école St-Miehel avait été faite a la suite de la notoriété qu'il avait acquise, lors de la guerre scolaire, en 1879, en s'improvisant, par dé- vouement, instituteur a l'école libre nouvellement fondée Emelghem. II quitta l'enseignement pour re- prendre a Ypres rimprimerieDemets, dont M. Vander Ghinste-Fossé avait été le fondateur. C'est ainsi qu'il de vint l'éditeur de nosdeuxprincipaux journaux catholiques, le Journal d'Ypres» et \Q«.Nieuvjsbladvan Yper Par son activité et son intelligence, il étendit bien au-del& du rayon d'Ypres le cercle de ses affaires et les ouvrages édités par la maison Callewaert-De Meulenaere ne se comptent plus. Depuis plusieurs an- nées, il n'avait cessé d'agrandir ses ateliers et de perfectionner son ma- tériel, et, tout récemment encore, il avait fait dans son établissement l'installation de la lumière électrique. M. Callewaert fut le vice-président fondateur du Syndicat des impri- meurs et le Président de leur caisse de retraite, la gilde Hand in Hand». Les oeuvres catholiques perdent en lui un de leurs plus ardents zéla- teurs. Comme secrétaire de la Garde Catholique,ovt ne pourra jamais assez apprécier les services qu'il a rendus. Vice-président de la Fanfare Royale il était, peut-on dire, la cheville ouvrière de cette phalange artisti- que, et c'est grace k son énergie qu'elle doit d'avoir survécu a la crise qu'elle traversa jadis a la suite du décès de son regretté fondateur, Iweins d'Eeckhoutte. Avec une entière abnégation, M. Callewaert passait régulièrement le Himanche après-midi dans ce milieu modeste du patronage d'hommes de St-Jacques, dirigée par M. l'Abbé Herman. Comme secrétaire de cette °euvre si méritoire, il sut se montrer s dévoué continuateur des dignes fondateurs, MM. Struye et Meersse- man. Partout oü M. Callewaert a passé, il s'est signalé par son activité dé- bordante et son dévouement inlas- sable. Son zèle n'eut d'égal que sa modestie, et, après avoir préparé le terrain, il laissait volontiers les hon neurs a d'autres. Depuis quelques années, le surmenage avait ruiné sa santé, et on a pu dire avec raison que ce travailleur est mort èi la tache. Sa familie puisera dans la religion la fermeté nécessaire pour supporter un coup aussi rude. Nous prenons la part la plus entière a sa douleur et nous la prions d'agréer l'expression de nos chrétiennes condoléances. j Les Funérailles de M. Callewaert-De Meulenaere Une foule considérable se pres- sait, hier matin, devant la mortuaire de M. Callewaert, et ce fut un défilé interminable devant sa dépouille mortelle et sa familie éplorée. En tête du cortège marchait la Fanfare royale, dont les sons étouf- fés du tambour et les marches fu- nèbres accentuèrent encore la tris- tesse générale. Une émotion diffiicilement conte- nue se trahissait sur tous les visages au moment de la levée du corps et pendant tout le temps du service, on vit essuyerbien des larmes.Lamesse de Requiem fut chantée par les mu- siciens de la Fanfare Royale en mé- moire de leur regretté Vice-prési dent. Malgré l'inclémence du temps, un nombre d'amis bien plus considé rable que de coutume accompagna le cher défunt jusqu'a sa dernière demeure. Avant les adieux suprêmes, M. Iweins d'Eeckhoutte, président de la Fanfare Royale, prononga un dis cours que nous avons k coeur de reproduire plus loi'n et qui produisit l'émotion la plus communicative. Un second discours, non moins impressionnant, fvit prononcé par M. Cyrille Eeckhout, ouvrier-typo- graphe, Vice-présïdent de la caisse de retraite Hand in Hand. Discours de M. Iweins d'Eeckhoutte, Président de U1 Fanfare Royale. II est des douleurs qui sembleat imposer le silenceil est des regrets qu'il paratt impossible d'exprimer tel est le double sen timent qui m'étreint devant la dépouille mortelle de celui que nous pleurons. Dési- gné pour dire ces regrets, au nom de notre Société de Fanfare pour comp4tir a cette douleur immense des siens, force m'est faite de quitter un instant ce silence afin de payer un juste hommage a la mémoire de notre regretté Vice-Président, et de lui dire un dernier Adieu Sans, tenter l'analyse de cette vie si rem- plie,qu'il me soit permis de saluer laCharité qui la domine toute, unie a des convictions indófectibleaia. la pratique desquelles il met- tait toute l'a ieur de la jeunesse jointe a la ténacité de ge mür. Ce sont ces? convic'.ions qui le poussèrent dacs l'enseignement lors de la lutte scolaire de 1879 et ses capacités le mirent en ve dette, dans sa première residence d'Emel- ghem,au pointqusl'enseignement catholique d'Ypres fit appel ea 1884 a sa collaboration. Sa charité il la prodigua comme membre zélé de la Conférence St Vincent de Paul et plus récemment son dévouement aux pauvres lui tit accepter une part active et aatreiguante dans l'oeuvre du Patronage. Chrétien dans toute l'acceptation du terme, il fut par devoir un soldat militant de la caus9 Catholique, et jamais les éloges ou le succès ne furent la mesure de ses actes. II fit aiusi saus éclat de belles et bonnes choseB, ignorées de beaucoup donnant a admirer cette rencontre, toujours rare, de la modes- tio et de vrai mérite. Ce zèle qu il apportait a toute oeuvre, il les prodigua de longues années a la Fanfare Catholique membre de la Commission depuis 1887 secrétaire depuis 1889 vice- Président depuis 1904, il fut toujours k ces titres divers le meilleur et le plus dévoué collaborateur de ceux qui se succédèrent a la Présidence. A cöté de l'intérêt qu'il portait a la partie matérielle de la société, il [don- nait encore sans compter son dévouement a chacun des membres exécutants. Vrai père, pour eux, il savait le mot qui soulage, paree que ce mot lui venait du coeur, et son ambition pour leur prospérité, a chacun, les accompagnait utilement au chemin, parfois dure de la vie. Aussi est-ce le coeur gros de regrets que j'exprime ici, au nom de tous les membres de la Fanfare Royale, l'Adieu funèbr© a celui qui fut notre Vice-PrésidentPuisse son exemple susciter des dévouements sem- blables I Puisse Dieu le récompenser la haut de ses vertus toutes chrétiennes, et prodi- guer a sa familie si cruellement frappée les consolations que Lui seul sait mesurer a la grandeur de l'épreuve 1 Frères, je le sais bien, les larmes sont permises. Pleurons le cher absent, le départ sans retour, Les délices du clel aux larmes sont promises. Jésus pleura souvent, plus souvent qu'u son tour. Lorsquc la mort paralt, et s'avance, implacable, Et frappe entre nos bras les Stres les plus doux Lorsque, sans nul repos, le deuil noir nous accable, Chrétien, Dieu l'a voulu, pleurons, mais... k genoux. A genoux les regards et ritme en haut... quand même Disons avec amour au seul maitre adoré Sous les coups de l'épreuve... encore je Vous aime II fera bon plus tard avoir ainsi pleuré. D'autres... les malheureux pleurent sans espérance. lis appellent néant, ce long sommeil gouté, Dans la nuit du tombeau, sans rêve ni souffrance, Jusqu'i l'aubeou luira, blanche, l'étermté. Le sépulcre est fermé du cöté de la terre. Qu'imporle Point de coeur oil fermente le flel Pleurons avec espoir, flls du baptistère. Le sépulcre est ouvert sur le versant du ciel. II me semble qu'un chrétien devrait se piquer d'un certain amour propre, car ou tre les piincipes d'honnêteté et de courtoi sie mondaines, il a de plus les préceptcs de son éducation religieuse. Ch8Z certains, ca pèse tout au plus une demi-heure par semaine, ces préceptes-la, le dimanche quand les cloches appellent k la messe. Le reste du temps c'est remisé dans l'inaccessible. Ce sont des grognons a ne pas approcher. Ne leur demandez pas un service, il vous en cuirait. Un libre-penseur, un athée, un professionnel d'irréligion qui ne met jamais les pieds a l'église est bien plu3 abordable et plus serviable. Mais est ce un catholique, eet bomme la, est il même un homme? Car Fhomine est un animal sociable, et comme celui-ci n'est pas sociable, vous voyez ce qui reste. Malheur a vous, si vous avez une terre voisiuant sa propriété ne vous avisez pas d'y mettre votre pied ou le pied de votre bceuf ou de votre cbevalne touchez ni a un fétu, niè une brindille vous recsvriez immédiatement une bordée d'injures suivies le plus vite possible de la visite du gards- champêtre. C'est devant la justice de paix que ce batailleur assigne tous ceux qui ont l'air de l'avoir lésé. II est sans oreilles devant les explications les meilleures pourvu qu'il ait le code pour lui il ne vous lhche pas. Que vous soyez dans la nécessité et le malheur, que vous soyez veuve avec de nombreux enfants et sans ressources, je vous plains si vous lui devez quelque chose. Gare si le 15 est le jour deohéance 1 le 16 tous arrive l'huissier que lui tont a eet homme votre détresse et vos raisons 1 II esc sourd aux circonstances atte'nuantes, aux arguments de bonne foiles seuls argu ments valables pour lui sont les arguments sonnants. Et c'est ga un catholique du moins il le dit, mais en quoi a-t il agi en catholique II devrait d'abord commencer par agir en homme C'est triste. II y a des naaisons qui sont dures aux pauvres gens. Ces maisons ae devraient pas étre des maisons catholiques, car le christia nisme a depuis longtemps libéré les escla- ves, et ici on trime du matin jusqu'au soir sans une bonne parole, sans un répit. A cöté, la-bas, les maitres sont humains, c'est plaisir de se dévouer pour eux, de les servir le serviteur et la servante n'y sont pas des bêtes de somme ces maitres cependant ne vont pas a la messe, ils ont du coeur tout simplement. Ce sont des hommes. Mais vous, qu'êtes-vous Vous n'en êtes pas encore a l'A B C de la civilisation, car qui dit christianisme, dit le sommet de la culture humaine. Si vous payez les gens qui vous servent, c'est en recbignant, comme si l'on devait se tenir déja bien honoré et bien satisfait d'a voir travaillé pour vous donner de l'argent vous semble un superflu, un détournement, et l'argent ne vous manque pas. II y a des riches catholiques qui ont accu- mulé bien des haines contra eux par leur rapacité, leur dureté. Ils étaient riches d'argent mais pas de catholicisme il faut qu'on le remarque car la religion ne légitime pas de tels actes. Le christianisme est une religion de cour toisie, de respect, de bonté et de dévoue ment elle seuls a le mot plein de graca la charité. Pourquoi ne pas nous en souvenir dans nos relations quotidiennes Notre tort, et j'y reviens, c'est de croire que c'est fini pour la semaine quand nous avons assisté k la messe le dimanche. Nous sommes des chrétiens, juste une demi-heure pendant 7 jours. C'est trop peu. Nous reve- nons de l'église avec nos mêmes idéés, nous sommes polis comme tout le monde, nous reprenons notre train-train habituel. Si des complications surviennent, nous signons, nous écrivons, nous sausons sans que notre religion vienne influer un tantinet sur nos délibérations et sur nos actes, et la vie se passe avec tous ses accidents, comme si le Christ n'amais été qu'une chose lointaine et de légende qui n'a pas a interveüir dans les affaires quotidiennes et sérieuses. C'est déplorable. Si nous voulions vivre notre religion, quelle courtoisie ce serait dans nos rela tions Voyez comme ils s'aimentdisaient des premiers chrétiens les paiens étonnés. Jamais ils n'avaient vu tant d'amabilité, de condescendance, d'aide mutuel. Les moeurs patennes nous envahissent, nous neutralisons ou la'icisons trop notre vie. 11 faut que notre christianisme fasse voir uue heureuse difference et qu'il ajoute a cette courtoisie et a cette correc- I tion qui sont le lot detouthommebien élevé, I la nuance Infiniment belle et délicate qui est le privilege de l'éducation profoudéoaent chrétienne. Et maintenant, travaillons 1 e'crivions nous, il y a huit jours, les yeux sur les luttes futures. Prevenons sur cette invitation pour exa miner en quoi consists le travail qu'il importe de reprendre dès maintenant. Car d'aucuns s'imaginent que le travail préliminaire, a longue échéance, incombe uniquement aux bureaux de l'Etat Major du parti et porte a peu prés exclusivement sur la revision des listes électorales. Les simples soldats n'au- raient a prendre part a Taction qu'une fois en présence des candidats et des programmes, a soutenir ou a combattre question de quelques semaines seulement. Erreur profonde f La tache est de tous les jours et le travail électoral le plus fructueux se fait de longue main, sans souci des noms des candidats. C'est que, de par la volonté des Loges, et des Juifs et de tous les ennemis du nom chrétien, nos luttes, même comtiêunales, sont devenues avant tout des luttes de principes. Nous disons plus. Même dans les circons- criptions ou communes oü nos adversaires sont impuissants, fussent-ils amalgamés par un monstrueux cartel, il reste toujours a tenir compte de la representation proportionnelle et des dissidences. Or, en cas de competition catholique, la regie est désormais, pour le motif que nous venons de dire, de n'appuyer que les candi dats patronnés par l'Association catholique. C'est dire qu'il est inutile et dangereux d'attendrel'heure de la présentation des can didats du parti pour entamer en leur faveur la propagande nécessaire. Quelles doivent être les indications du poll, a l'orée d'une lutte électorale, on sait d'avance que les candidats offliciels du parti seront ceux qui auront été jugés le plus dignes, par Tautorité compétente, de porter notre drapeau. La personnalité plus ou moins sympathi- que des candidats n'a plus a nous préoccuper, et nos préférences personnelles doivent dis- paraïtre devant la volonté des dirigeants. Plus de panachages, plus de dissidences. Des votes de liste uniquement pour les candidats officiels du parti. Dès lors, le travail de propagande doit porter principalement aussi sur la conviction a former en faveur du programme du parti dans ses éléments essentiels et primordiaux. Est-ce a dire que les considérations d'ordre secondaire, les préoccupations de bonne administration en toute matière dussent ctrc négligées Nullemeut. Mais, Dieu merci, nos gouver- nants et administrateurs catholiques ont düment prouvé que leur souci des intéréts moraux, sociaux et religieux ne fait aucuné- ment tort, bien au contraire, a la sagesse et a l'habileté avec lesquelles ils soignent les inté réts publics d'un autre ordre. Aussi, au lieu d'attendre les courtes se maines de la période électorale, c'est Tannée durant que le propagandiste doit s'attacher a former Topinion des électeurs flottants, voire a gagner les adversaires de bonne foi. Le propagandiste, et tout bonne catho- f'-s'if-r.; -v -• - '.Xv* jr-r JOURNAL YPRES ©rgane Catholique de I'Arrondissement t M.ËSSI8UBS,

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1911 | | pagina 1