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Samedi 6 A vril 1912
Se N° 10 centimes
47 Année N° 4728
Paques Paques
Résurrection
La mort et les funérailles
de M. Leopold Merghelynck
i\ï. Colaert et la
Protection de l'Bnfanëe
On fs'abonne rue au Beurre, 36, u Ypres, et A tous les bureaux de poste du royautne.
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Toutes les communications doivent être adressées franco de port a l'adresse ci-dessus.
Et les graves bourdons de nos
cathédrales sonnent a toute volée,
et les multiples clochettes de nos
joyeux carillons titannabulent et lan-
cent dans 1 'air leur cliquetis perlé
PfiquesPaques
C'est la résurrection de la nature
avec celle de son Créateur. Ce n'est
plus le printemps, ce n'est pas en
core l'été; c'est la saison charmante
qui voit les boutons s'ouvrir, et les
fleurettes sourire au gai soleil
d'Avril
PaquesPaques
C'est un gazouillement d'amour
dans les lilas fleuris et les prés ver-
dissants. Et maintenant que tout est
au bonheur, permettez nous, ami
lecteur, de vous souhaiter la bonne J
fête et de vous redire ce chant dont
dix neuf siècles n'ont pu altérer la
fraicheur printannière
Paques P&ques
Le Journal d'Ypres.
Au cours de 1 'iiroubliable manifesla-
liou 'des Yprois en l'honneur des Mis-
sionnaires congolais oulragés. notrc 0,011-
citoyen, lc R. P. Biebuyck, avait défic
les persécutcurs de réussir dans leur
lenlative d'anéanlir l'oeuvre de regene
ration morale que les missionnaires c-a-
Iholiqucs ont entreprise 'dans notre co
lonic.
lis auront beau, disail-il, Uétruire nos
missions, nos fermes-chapelles, iios hö-
pitaux, sans cesse, il en surgira d'au-
Ires. Nous jurons tons de 11c jamais
abandonner les populations tléshéritées
a la redemption desquelles nous nous
som'mcs voués.
Ce fier tléfi, lancc aux perscculeurs,
rappelail bien celui que le grand car
dinal Lavigcrie sc plaisa'il a répéteren
face des clil'ficnltcs qui surgissaient de-
van l ces vastes conceptions ap'ostoliques.
C'était sa réponsc decisive a ioule Ob
jection.
On lui clisail: Vous 'reneontrcrez des
monlagnes' d'obstacles. un océan de dé-
boires
Marclie toujours, répondait-ih je
sers 1111 Maitre qu'on na pu enfermer
dans un lombeau
Vous aurcz conlre vous l'enferet
le gouvernement!
Marclie quand même, je sers 1111
Maitre qu'on n'a pu enfermer dans un
lombeau
Vous su'ccombërez a Ia tachë!
Qu'importe, je sers un Maitre
qu'on n'a pu 'enfermer dans un lom
beau
Et cede raison sublime préval ait dans
sa bouche conlre loutes les raisons.
C'est elle qui 'soutienl toüs les mis
sionnaires, tons les prêlrcs, tons les
chrétiens dans les 'épreuves de foute
nature, qui s'abattent 'sur leurs plus
sainlcs entreprises, dans la guerre a
mort, ouverte ou söurnoise, livrée a
leurs crovances.;
E11 ce saint jour de Paques surtout,
ce cri de l indéfeclible espéranee chré-
tienne résonne, par lc 'monde entier,
011 joyeux alleluia et en sönneries de
fële.
Resurrexit, sieut dixit. Non, 011 n'a
pas pu 1 enfermer dans un lombeau.
Et la vigilance et l'astuce de ses enne-
mis, non moins que leur force el leur
violence resieront éternellemenl Vaines
conlre l Eglise de Celui qui sortil glo-
rieux du tombeau.-
Mais, de même qu'il v a dix-neuf siè
cles, II se servit de ses anges pour té-
moigner de sa puissance, aux yeux des
gardiens du lombeau eonfotidus, de mê
me If daigne nous associer aujourd'bui
aux gloires: de la résurrection toujours
renouvelée de son Eglise, que ses en-
nemis se fiattent vainement. de siècle
en siècle, d'avoir frappée a 111 or 1.
II y a trente-lrois ans, le liberal ijui
présidai t, chez nous, a Fins traction pu-
blique se flaltait de 11'avoir plus qu'a
eulbuter dans la fosse le cadavre du
catholicisinc._
Le cadavre s'esl montré recalcitrant,
lc souffle du Vainqueiir .de la mort 1'a
ranimé. L'Eglise est 'toujours vivante.
en Belgique plus encore qu'ailleurs.
Aujourd'hui, les lib'éraux se promet-
lent jd.e reconquerir le pouvoir el de
reprendre la taclie du ministère des
Sept Magons;. Et l'on sait, s'ils se soul
assagis depuis pour y mettre moins
d'ar'deur, en collaboration avec la secte
qui 11e vent ui Dieu ui Maitre!
A nous, catholiques, de tléjouer 'leurs
eonfplols, et de rendre vaines leurs ten-
lativcs, lant dans la Mère-patrie que
Idans: la. colonic,
A 11011s de briguer l'honneur cl le
seins cle Dieu et U'assurer la verifica
tion des promesses du clivin Fondateur
de i'Eglise: que les portes' de l'cnfer
11e prévaudraient jamais conlre elle.
A nous de 'rendre lémöignage de la
résurrection du Christ 'en contribuant
a assurer la pérennilé de sou Eglise,
Dansles conjonclures actuelles, 'clant
doniié les graves questions ;i l'ordre du
jour et les 'desseins bien connus de nos
adversaires, le devoir Ue la lui ie et du
zèle pour le niaintieu de la foi s'étend
a lous les clirétiensj; L'aiiatlièmc eva 11-
gélique pèsc sur lous les déserteurs:
Va mi hi si non evcintjelizavero
Aussi bien, quelle présomption cc
serail de Vouloir ressusciler dans 'la
gioire avec le 'Christ, sans avoir cle,
comme Lui. a la peine
Ton té la population d'Ypres, a les
yeux fixes, depuis quelques mois, et
ces der uiers jours surtout, sur les har
dis travaux qui s'exëculent al'é'glise
St. Jacques, pour la construction d'une
nouvelle flèche.
Jamais encore el probablement jus-
qu'a la belle eclipse du 17 courant, il
n'y eul autant de regards, souvent munis
de jumelles ou 'de longues-vucs, bra-
qués sur le ciel, sauf, peut-être,
aux féles sportives aériennesj
Et pourtant inirabilc dicta il
ne s'agit pas. celte fois, de sport ui
de réjouissance publique. Point de «tour
de Belgique aviateur» ni d'acrobate aé-
rien en spectacle, taais de braves ou-
vriers, macons, charpentiers, 'forge-
rons accomplissant leur taclie pro-
fessionnelles, remplissant leur devoir
sans souci de la galerie, simplement el
courageusement, au posle périlleux que
la nature du Iravail assigne ;i chacun.
Et combien plus admirable, ipso
factale courage de ces derniérs! Ou
sail a quels exploils tcméraires, le plus
souvent inutiles. voire blamablcs a lous
égards, peuvent pousser la so'tle vanité
et l'appat d'une grosse Sonïme. Mais
y aller de la même audace sans ces
puissants stimulants; mais Venouveler
quotidiennement. pendant des semaines
et des mois, des actes d'un courage in
signe que n'applaudira aucun specla-
leur; mais accomplir 'ses exploits sans
pouvoir choisir les conditions l'avora-
blcs, parmi les complications et les dan
gers supplémentaires qu'y apporteront
les inlcmpéries; mais risquer a lout mo
ment sa, vie Sans pouvoir caresser se.u-
lement la perspective de mourir en
beauté... rccoiiuaissons que lout cela
ajo.ute singulièrcment au mérite du cou-
i'fge.
Courage méritoire surtout, paree qu'il
est le courage du devoir.
Courage méritoire enfin, paree que,
au lieu de se gaspiller pour le vain ou
eoupable amusement d'une l'oule avide
d'émotions. plus ou moins vaines, il se
tlépense uniquem'ent, lc pain quo-
tidien assure, au .profil des plus
nobles conceptions de l'art, pour la con
struction des monuments les plus uti
les al'humanité, pour 'édifier en l'bon-
neur de Celui qui régne dans les cieux
la 'fl emeu re terreslre la moins indigne
qui puisse s'élever 'de la main d'une
créature lnimaine.
Honneur done au braves Flamands
qui conslruisirent la l'lèche de S, Jac
ques, achevant et 'embellissant ce ve
nerable ténioin de pierre qui nous redit,
a travers huil siècles, la foi de nos an-
cclrcs
Honneur aux vaillants du devoir!
Honneur aux artistes qui réalisèrent, 1
111 mépris du danger, 110s hardies con-
Honneur a ces ouvriers intrépides,
qu'aucune difficullé. aucun peril nefu-
rent capables d'arrêter dans l'oeuvre en
lreprise, paree qu'il s'agissait de plan-
Ier la eroix du Christ dans les cieux
cl de couronner lin 'monument érigé a
la plus grande gloire de Dieu
if- if. if
Pensées Diverges
Si j'osais faire une comparaisoa entre
deux conditions tout ii fait inégales, je dirais
qu'un homilie de coeur pense a remplir ses
devoiis a p3u prés comme ie couvreur songe
a couvrir ni l'un ni i'autrene cherchent a
exposer leur vie, ni ne sont détournës par
le périlla mort pour eux est un inconve
nient dans le métier, et jamais un obstacle.
La Bruyère.
Arriöre la prudence quand elle fait obsta
cle au devoir Hannut Moore.
Le devoir ne fronce le sourcil que taut que
vous lefuyez suivezde, il vous sourit.
Carmen Sylva.
La conscience est comme une glace qui
se ternit un peu chaque jour et la faut
essuyer souvent sous peiue de ne plus s'y
voir. Du four.
Vous avez peur de vous coni'esser a un
pauvre prêtre qui tremble de vous trouver
trop eoupable dont l'ame compatissante
s'émeut au long récit des fautes qui compro-
meltent votie salut éternelqui n'a pas
d'autre désir que de pardonner le
plustót possible, et de prévenir de nouveaux
écarts par le bienfait de ia grace et ses sages
conseils, et vous ne soagez pas, qu'un jour,
il faudra la faire, cette confession si re-
doutée, est devant un juge dont vous ne pou-
rez plus espérer le pardon. Quelle folie
Monsabré.
Ministro Resident
de S.
le Roi des Beiges
stratives, Ministre Resident rle S. M. le Roi
des Beiges, Officisr de l'Ordre de Leopold,
Chevalier de la Légion d'honneur, décoré
de la Croix de 3e classe avec g'aives de
l'Ordre de Ste-Anne de Riissie, etc., fils de
M. Ferdinand Merghelynck, Commissaire
de l'arrondissement d'Ypres et de Mme Mer
ghelynck, née Hynderick de Theulegoet.
Néix Ixelles.leö Février 1874, M.I.éopold
Merghelynck entra dans la carrière comme
attaché de legation a Vienne. Nommé
secrétüiie, il passa successisement a Bel
grade, a Paris et a Pékin.
C'est au cours de ton séjour en Chine,
en 1900, qu'éclata la sacglante révolte des
Boxers. La legation Beige, qui avait du être
abandonnée dès le début de l'insurreclion,
fut piliéa et incendiée par ces fanatiques
xénophobes. Le personnel fut réparti entre
les légations francaise et anglaise. M. Mer- j
gbelynck, qui n'avait rien pu sauver de ses
objets personnels, fut désigné pour se join- j
dre au personnel de la legation francaise.
II fit le coup de feu a coté des soldats, mon-
Lundi, vers 5 heures du matin, est mort
au chateau de Sainl-Jeao, sous Ypres, des
suites d'une longue et pénible maladie, M
Léopold Merghelynck, écuyer, docteur en
droit et en sciences politiques et admini-
tant la garde, et enduraut parfois les plus
grandes privations. Un dc ses camarades
tomba a ses cötés, frappé par les balles des
Boxers, et c'est miracle que M. Merghelynck
ait pu cchapper aux dangers de tout genre
qu'il courut pendant les 52 jours que dura la
Sa vaillante conduite fut recompenses par
les gouvernements beige et frangais, qui le
nommèrent respectivement chevalier de
l'Ordre de Léopold et chevalier da la Légion
d'honneur.
On se souvient encore du retour de M.
Merghelynck a Ypres après le siège des
légations, et de l'intéressante conférence
qu'il fit a ce sujet dans la salie des IlaRes.
Apiè3 avoir pris la plus grande part aux
iaoubliables journée3 de Pékin, M. Merghe
lynck devait être, peu après, Ie témoin des
événements sanglants qui marquèrent le
changement de dynastie en Serbie en 1903
le massacre du roi Alexandre et de la reine
Draga, suivi de leur defene3tra-ion par
des officiers de l'état-major qui, avec l'aide
de deux regiments, s'étaient emparés du
Konak.
Si le jeune diplomate avait pu continuer
la brillante carrière qui s'ouvrait devant
lui, ses mémoires auraient, pour ces seuls
évóuement8 de Pékin et de Belgrade, pré
senté déja un bien vif intérêb
Après avoir exercé encore les fonctions de
secrétaire St-Pétersbourg et a Paris, il fut
nornmé coaseiller de la légation de Belgique
prés S. M. lEmpereur de Russie. II allait
être nommé ministre intérimaire a Téhéran,
quand, sur sa demands, il fut de'chargé de
ses fonctions de conseiller par arrêtó royal
du 31 Juillet dernier. M. Merghelynck com-
mengait a souffrir des premières atteiutes
du long dópérissement auquel il went de
succomber, et le ciimat froid et humide de
St-Pétersbourg ne pouvait lui être que
nuisible.
Le Journal d' Ypres, dans son dernier nu
méro, annongait les suprêmes distinctions
que le gouvernement venait de lui décerner
celle de Ministre Resident et celle d'Offieier
de l'Ordre de Léopold.
Esprit cahne, précis, réfiéchi caractère
aussi loyal que réservé et circonepectde
commerce sür et intéressant plume a la fois
correcte et alerte naturellement élégant et
distingué de sa personna posséfact difl'é-
rentes iangues ainsi que des connaissances
tres étendues, M. Merghelynck avait tout
pour lui pour réussir dans la carrière diplo
matique et y rendre des services de l'ordre
le plus é'evé.
Cette c-spérance fut brisée. Cruellement,
la mort vient le ravir a l'affection des siens
et de ses nombreux amis.
Les funérailles deM.Léopold Merghelynck
ont été célébrées Vendredi, et la population
Yproise entière a tenu a rendre un suprème
hommage au regr. tté défunt. II s'y était joint
de nombreuses personnalités de la region
environoante, ainsi que de la gapitale ét de
différentes villes de province.
Le défilé devant la familie au portail de
l'église Saiut-Jacques fut trés long. Remar
que parmi les notabilitósM. le baron
Ruzette, ancien gouverneur de la province
M.lecomte Léon d'Ursel, chef du cabinet
de M. le Ministre des Affaires étrangères,
délégué par celui gi, avec M. A. de Bassom-
pierre, chef de division a la direction géné
rale de la politique la plupart des membres
du couseil communal de nombreuses auto
rités civiles, militaires et ecclésiastiques
le colonel adjoint detat-major retraite che
valier Hynderick de Theulegoet et les
principaux membres des families Hynderick
et Iweins le comte et la comtessede Ran-
chicourt, de Paris, ainsi que toute l'aristo-
cratie de la ville et des environs.
Les cérémonies du JeudiSsint rendaat
impossible tout service funcbre,des absoutes
furent chantées a I'Eglise St-Jacques a midi
et demi. M. le Chanoine de Brouwer, curé-
doyen de Saint-Martin officiait, remplagant
M. le curé Dassonville,nouvellement nommé
et dont l'installation n'est pas encore faite.
Afin de se conformer a un désir exprimé
par le défunt, les honneurs militaires n'ont
pas été rendus et il n'y a pas eu de discours.
Une assistance trés nombreuse aaccom-
Jtt ucpuulll, Uiurteue HiNnnan
tière ou rinhumraion a eu lieu dans le ca-
vcau de la familie.
-*
Un service funcbre sera célébré le Luudi
8 A vril, a 11 heures du matin, en l'église
St Jacques, sa paroisse un second service
sera célébré le Mardi 9 A vrila 11 heures,
en l'église St-Martin, son ancienne paroisse.
Un heros parlementaire
De notre correspondant de Bruxelles
11 est sans doute anivé rarement a un
parlementaire Beige de s'entendre qualifier
d'hóroïsme.
Cet honneur était réservé a votre Dóputé
et Bourgmestre, M..Colaert, qui au début
de la discussion du projet de loi sur la pro
tection de Tenfance, a été couvert de fleurs
par M. le Ministre de la Justice, et par M.
Denis, le sociologue socialists connu. Les
autres membres présents, adversaires et
amis politiques, ont applaudi a Thomrnage
rendu a M. Colaert par M. Carton de Wiart,
comme ils 1 ont félicitó cordialement après
la séance finale de Mercredi après-midi.
Voici, d'après les annalö3 parlementaire®,
les paroles de M. le Ministre do la Justice
Les principes du projet se retrouvert
dans les nombreux rapports que M. Co-
laert a successivement rédigés avec la
noble patience d'un Sisyphe...
M. Denis. avec un reel héro'isme.
M. Carton de Wiart, Ministre de la Jus-
lice.S'obstinant a rouler jusqu'au
sommet un bloc de pierre qui chaque fois
jusqu'ici est retombé au pied de la Mon-
tagne, Jc souhaite que cette fois le courage
qu'il a déployé depuis vingt années regoive
sa 1 écompense. (Trés bien sur de nom
breux bancs).
L'éloge est mérité, et la plupart, des jour-
naux Tont reproduit dans leurs comptes
renfus de la séance de la Chambre du Mardi
2 Avril.
Et ce n'est pas la pre.3se libérale qui est
la plus sobre dans l'expression de ses louaii-
gcs.
Voici, entre autres, l'opinionde/a Meuse,
de Liége, qui a déja donné précédemment
son opinion sur le rapport de MColaert
A G heures, mercredi, la Chambre
lerminait le vote, en première lecture,
JOURNAL
©rgane Gatholique
YPRES
l(A
de r?\rrondisseiment
ïnónilc cl'Cli v. I v.3 Vïivv ulvuio Ut") lll'ft"
Honneur aux Vaillants