La mort de Son A11 esse Royale la Comtesse de Flandre Téléptane 53 1 T éléplione 52 L >amedi 30 Novembre 912 le N° 10 centimes 47ö Atnnée IN0 1# ÏÊSÉËÊm I1 X Mort de M. Verspeyen Croissant décroissant Pensées Diverges On s'abonne rue au Beurre, 36, k Ypres, et k tons les bureaux cle poste du royaum©» Le Journal d'Ypres parait une fois par semaine. Le prix de l'abonnement, payable par anticipation, est de 3 fr. 50 C. par an pour tout le pays pour l'étranger le port en sus. Les abonnements sont d'un an et se régularisent fin Décembre. Toutes les communications doivent être adressées franco de port a l'adresse ci-dessus. Les annonces coütent i5 centimes la ligne. Les réclames dans le corps du Journal So centimes la ligne. Les insertions judicaires, 1 franc la ligne. Les numéros supplémentftires co&tgMi 10 francs jes cent exemplaires. 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Si une cffroyable douleur as-saillit ses jours la mort de Baudouin lui fit au coeur une blessure inguérissable le bonheur p> rson- nel de son second tils, son zèle pour le bien public, sa popularité comme Souvera'n, adoucirent la peine de cette mère, comme aussi l'assurance que les princesses élevéts avec tant de soia avaient trouvé des époux chrétiens, en deux princes héritiers de noms illustres entre tous. Elle est morte inopinémept, quand de lon- gues anDées lui paraissaient promises, a l'aube d'un jour de fête famfialeetDationale. Les fleurs qu'elle se düposait a porter a son tils seront enveloppéf s de deuil. Le Te Deum est remplacé par le De Profundis Tout cela est vrai pour les non-croyants. Pour la mère disparue, pour le tils qui de- meure, tout oela n'est qu'apparent. Marie de Hohenzollern-Sigmaringen croyait comme son tils, Albert de Beigique,en Jésus, la Resurrection et la Vie IroDie des cbosps humaines Tandisque Mardi dernier le drapeau na tional flottait gaicment aux édifices et a cer- taines maisons particulières héla®, trop peu nombreus s de notre ville, tandis que le carillon saluait d'une joyeuse Braban- <jonne le depart du cortege traditionnel des autorités, tandis qu'un Te Deum so- lennel était chanté en l'église St Martin a l'occasion de la fête patronale de notre bien- aimé Roi, celui-ci accompagné de Sa Majpsté la Reine, était agenouillé a Bruxelles, au Palais de la rue de la Régenco, devant la coucbe funèbre oti reposait sa mère, Son Altesse Royale la Comtesee de Flandre, dé- cédée quelques heures auparavant. Pas un Yprois qui assistait a la céi émonie religieuse et patriotique en notre Collégiale ne 8e serait douté qua cette heure notre auguste Souverain pleurait celle qui avait toujours été peur lui une mère a'mante et dévouée, et qui venait d être si brusque- ment.enlevée a son affection. 1 On savait, il est vrai, par la lecture des journaux du matin, que laComlesse de FlaD- dre était souffrante, mais nul n'attendait, nul ne prévoyait le dénouement fatal. Aussi, grand fut letonnement de notre population, lorsque vers 2 heures de l'apres- midi, elle vit mettre en berne et recouvrir d'un long crêpe de deuil, les drapeaux qui avaient été arborés le matin. Elle apprit bientöt que le télégraphe av. it transmis a M. le Bourgmestre Colaert la tatalenouvePe de la mort de la mère de celui que Ion fêtait si joyeusement quelques instants au paravant. Ce n'est que Samedi que la comtcsse s'est sentie indisposée. La veiile, elle avait réuni chez elle quelques familiers et la soirée s'était passée trés agréablement. La nuit fut trés bonne. Cependant dans la mati- née, la mère du Roi se sentit assez accablée et s'en plaignit a son médecin traitant. Ceiui-ci diagnostiqua une grippe bénigne dont il espérait que quelques jours de repos auraient raison. Et, de fait, la journée de Dimanche et une] partie de la matinée de Lundi ne suscitèrent aucunejinquiétude. Vers midi, la comtesse de Flandre fut soudain frappée de congestion cérébrale L'attaque était bënij.n\ sans paialysi<',saDs perte de connaissance. M. l'abbé Hoebanckx cuié del'Aunoncia- tion, confesseur ordinaire de Son Altesse tut cependant mandé et il entendit la confession de l'auguste malade. L'état de celle-ci inspi rait si peu d'ioquiétudes qu'il différa l'admi- nistration des Sacraments jusque dans ia soirée. Le Roi, qui était arrivé au Palais de la rue de lp Régence dés la première nouvelle, se retira le soir vers 10 heures, complèiement ra68uré. Vers minuir, pour ant, la respiration de la malade deviut plus hal-tante. Elle fit un geste, puis s'assoupit. E'le venait de perdre connaissance. Ce fut dans le Palais 1 émoi que l'on devi- ne. Le Roi fut mandé télépboniquement, ce pendant que le docteur Mélis prodiguait a la malads des soins empresses. La situation était désespérée et a 5 heures 55 la Comtesse de Flandre expirait, après avoir regu, en pleine lucidité d'esprit, des mains de son cor fesseur, les derniers Sacre- ments. Le Roi, le. Due et la Duchesse de Vendome se trouvaient au chevet de la ma- lale, au moment de sa mort. La comtesse de Flandre. de son nom Marie- Louise-Alexandrine-Caroline, était une princesse de Fillustre familie des Ho- henzollern,branche des Sigmaringen,branche catho'ique apparentée aux Hohenzollerii- Hohenstauffen.qui compte parmi ses descen dants, Guillaume II, Euapereur d Allemagne. Elle était cée a Sigmaringen, le 17 No vembre 1845. Faite pour le trone, elle eut porté natu- rellement avec une convenance parfaite, le diadème de la majesté royale. Fille d'un prince qui gouverna comme premier ministre le royaume de Prusse, pa rente d'une familie impériale et royale, son esprit male, ses dons extérieurs, ses vertus privées, ses counaissances variées, tout la déaignait pour occuper avec maltrise le premier rang. Dès 1870, mariée bien jeune au frère du Roi des Beiges, elle s'opposa, pour préser ver l'Europe d'un cataclysme, a ce que son Irére acceplat la couronne d'E®pagne. Rédacteur en chef du Bien Public M Guillaume Verspeyen, rédacteur en chef du Bien Public ient de mourir. Une maladie implacable et doüloureuse, l'avait terrassé il y a quinze mois. Après une crise de plusieurs semaines, il sembla qu'un regain de santé et de vigueur fut promis encore a sa vieillesse. Bientot cependant, la dépression physique s'accentua et fit évanouir les dernières illusions que son énergie et sa bonne humeur entretenaient autour de lui. Sa carrière était achevée il s'en rendit compte et accepla le décret divin avec une résignation digne de sa foi et digne de sa vie. Le mardi 20 novembre, il communia et recut l'Onction des mourants. Jusqu'au der nier jour, il conserva la pleine lucidité de son esprit, malgré l'affaissement total de son être. Hier, tandis que ses enfants priaient et pleuraient a son chevet, il rendait son Urne a Dieu, dans le calme d'une agonie sans souf- france. Durant un demi-siècle, Verspeyen fut a la fois le porte-drapeau et le claircn des catho- liques beiges. Nul ne fit flotter nos couleurs avec plus de vaillance fiere nul De savait comme lui, en lancant un appel, faire passer sur les ames le frisson de l'héro'isme. Des milliers de jeunes hommes ont senti, grace a lui, s'éveilier en eux une vocation d'apostolat. IIs lui sont demeurés reconnaissants pour l'orientation que son verbe avait imprimée a leur vie, et pour la noble expression dont il savait revêtir notre idéal commun, II semble qu'avec lui toute uue époque, dont il était le dernier survivant, decend dans le passé. La génération actuelle se reliait, par lui, a ces vieux lutteurs dont nous gardons la mémoire avec fidélilé, a toute cette grande pléïade qui a surtout connu les revers de notre cause, et qui n'a goüté que par fugitifs intervalles, la jouissance du succès. Verspeyen avait vécu e'galement les jours apres, mais aussi, durant des années trés longues, les jours de victoire et de liberté. II est demeuré jusqu'au moment suprème le le soldat qu'il avait été au début. 11 y a deux ans a peine, tandis que le pays catholique fêtait sou cinquantenaire profes sioneel, chacun admirait encore sa vigueur et sa verve, et son ferme bon sens, qui paraissaient de'fier les années. Ceux qui vivaientdans son intimité constataient déja avec inquietude le progressif déclin de cette robuste organisation Le cerveau gardait sa lucidité et sa promptitude d'autrefois le i coeur et la pensee restaient au service de lame mais il fallait un prodige de volonté pour cissimuler l'usure du fnurreau. M. le C-.m/e Guillaume VERSPEYEN S'il l'avait désiré, il cüt brille dans les lettres avec plus d'éclat que nul autre mais la gloriole de lécrLain n'avaient point de prise sur lui. ^on certes qu'il négligeat l'élé- gance du style, ou même l'éloquence quand elle s'offrait. II était d'avi?, au contraire, que le publiciste, catholique doit avoir sou- ci non seulement de penser juste, mais d'écrire bien. La valeur littéraire décuple et centuple la puissance de circulation des idees fécondes voila pourquoi les cathoüqaes mêlés a la propaganda ne peuvent la dé- daigner. Ils ne doivent pourtant pas la rechercher pour elle-même, ni pour eux- mêmes, et nul, moins que Verspeyen, ne fut hanté d'une pareille preoccupation. Toute sa vie publique tient dans les pro ductions innombrables de sa plume. On en chercherait vainement des traces ailleurs. Il eüt occupé sans doute avec honneur des charges élevées il n'en exerca jamais aucune. II serait banal de dire que les catholiques beiges viennent de faire aujourd'hui, en perdant le comte Verspeyen, une perte cruelle. De tels hommes, pourtant, ne meu- rent pas. Leurs écrits nous restent leur parole continue de retentir comme une pré- dication l'exemple de leur vie ne cesse de nous soutenir et de nous exalter. L'attention portée actuellemeut sur le Croissant, par le fait de la guerre fcalkani- que, a rendu l'actualité a la constatation d'une curieuse anomalie. Le croissant que les Musulmans ont pris pour emblême et qui figure sur tous leurs drapeaux, le croissant n est pas le croissant puisqu'il a les pointes tournées vers la droite, représentaLt ainsi la lune vers la fin de sa période de décrois sance. Cette erreur est assez étonnante de la part de ce peuple arabe qui s'occupa toujours beaucoup d'astronomie et chez lequel tout se règle sur le cours de la lune.Faut-il rappeler avec quel soin les 6ectateurs de Mahomet guettent la première apparition du nouveau croissant lunaire, une trentaine d'heures a peine après la néoménie, surtout lorsque cette apparition doit être le signal de la tin du Ramadan Le premier son de la cloche de Paques, retour de Rome émeut moins les chré tiens que ne fait, parmi les Musulmans, la réapparition du croissant lunaire marquant ouverture des fétes du Béïram. Aussi ne s'exp'ique-t-0.1 pas Terreur commise par eux en faisant figurer partout le croissant a leavers. On pardonne plus volontiers a l'un de ces quarante qui ontde l'espritc.ommp quatre» s'appelat-il Maurice Donnay d'avoir éc it. textuellenoent dans un de ses ouvrages Nous contempl&mes le coucher du Soleil. II sembla qu'a l'occident des métaux en traient en fusion, puis, se refroidissaient rapidement jusqu'a prendre une uniforme teiute oraogée, tandisque, du cölé oppose, dans un ciel d'uu bleu pale et comme ex- ténué, un mioce croissant de Lune appa- raissait Ce littérateur brouillé avec la science d Uranie, est, du reste, en bonne compa' gtiie. Le génial Lamartine lui-même n'y est il pas allé d'une hérésie de même calibre en chaatant Je Soir Vénus se léve a Thorizon Ce qui est moins pardonnable e'est que le öictionnaire fraEQais consacre cette hérésie astronomique d'un croissant qui rappelle, par sa position, ia culotte du bon roi Dagobert.Ouvezle «Petit Larousseillustré», édition de 1910, vous lirez, au mot crois sant cette définition Figure échancréa de la lune jusqu'a son premier quartier. Et la figure accolée a, la definition repré- sente la lune échancrée d droite t Quoi d'étonnant, dans ces conditions, que les Jeunes Turcs, formés a Paris, aient épousé, avec pas mal d'autres tares occidentales, cette hérésie astronomique. Et puis, et puis, ce croissant décrois sant des drapeaux turcs est, aprè3 tont, justement symbolique tout de même.L'étoile des Turcs est en train de haisser joliment et leur croissant de'eroit si bien qu'i; est tout prés de disparaitre du ciel de l'Europe. Ils ne Tont d'ailleurs pas volé, c'est une justice k leur rendre. I*? iff ïJ* r,!* f t?® II faut travailler sans cesse a rendre f a piété raisonnable et sa raison pieuse. M"" Swet chine. II est plus d'une manière de se sacritier ppur son pays. Le prêtre obscur qui ne ménage point sa peine et corsumeses forces au service de son troupeau le magistrat qui, pendant un demi-siècle, ne faibiit pas sur le siège de la vigilance et de la justice le savant qui palit sur ses livres et sacrifie son sommeil a uoe découverte glerieuse pour tous le pauvre ouvrier qui apporte sa pierre a Tédifice, et élève, sans se soucier de lui-même, un mo- nnmennt qu'admireront dix siècles, tous ceux-la aussi, quand ils meurent, sont morts au service de leur pays et il faut dire de leur banEière «qu'ayant été a la peine,il est juste qu'elle soit a Thonneur. H.Perreyve. x La messe I La messet Tout est dans la messe. Aprè3 avoir fait dix, vingt, trente messes en musique, il reste encore la messe tout entière, sujet toujours nouveau, tou jours admirable. Gounod. C'est Dieu lui-même qui re<joit ce que Ton donne par charité, et n'est-ce pas un bon heur sans égal de pouvoir Lui donner ce qui est a Lui, et ce que nous n'avons recu que de sa bonté St- Vincent de Paul. Qu'il est beau de voir les pauvres, quand on les considère en Dieu et dans Testime que Jesus-Christ en a faite I ld. La pratique de la charité, quand 'elle est nécessaire, comme celle d'assister les mem bres affligés de Notre Seigneur, est préfé rable a tout autre pieux exercice. Td. Knvsrvrv- tmêmp q JOURNAL ©rgane Gatholique TPRES de l'Arrondissement I ■■•U- -1; Y 1 1 "Vi ■;C .v. - *1

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1912 | | pagina 1