Journal d'Ypres
L'ANNËE 1912.
Alimentation du cheval de ferme
au
Samedi, 28 Décembre 1912
et Culture maraichère.
Jetons un coup d'ceil sur la
situation de l'agriculture durant
l'année 1912. Les meilleures
lemons sont celles de l'expérience
tachons done de bien nous rendre
compte des lemons que renferme
ie passé.
L'année agricole qui touche a
sa fin ne présente rien de bien
extraordinaire les bénéfices
réalisés dans la culture de terres
sont a peine ceux d'un année
moyenne malgré cela nous croy-
onsquele temps, tout désagré-
able qu'il fut, profitera plus
l'agriculture que beaucoup de
cultivateurs ne se l'imaginent.
On se rappelle la sécheresse et
la chaleur de 1911. Lorsqu'au
printempsde cette année-ci, les
premières chaleurs se firent ce
nouveau sentir avec une intensité
tout fait extraordinaire, il y
avait lieu d'en craindre les co"-
séquences les plus désastreuses.
Malgré les pluies de l'hiver, il
n'y avait pas jdans le sol arable
une assez forte provision d'eau.
Heureusement, cette première
chaleur ne fut que passagère et
les pluies persistantes, presque
continuelles, pendant tout l'été
ont heureusement rétabli l'équili-
bre, rompu par la sécheresse de
1911.
C'est seulement dans l'année
courante que l'on a pu constater
quelques conséquences néfastes
de la sécheresse de l'année passée.
Beaucoup d'arbres et d'arbustes
ont péri et, ce qui peut paraitre
étrange, le plus grand nombre de
victimes se trouve parmi les chê-
nes, ces géants des forêts, et par
mi les conifères, qui cependant
ne réclament que peu d'eau dans
le sol léger et sablonneux qu'ils
préfèrent. Le fait s'explique les
chênes abandonnent difficilement
ieurs feuilles, souvent ils gardent
même les feuilles desséchées jus-
qu au moment oü les boutons
gonflent au printemps et les coni
fères ne perdent jamais leur ver-
dure pendant done que les
autres arbres s'étaient dépouiilés
j une grande partie de leur feuil-
age ces deux essences continu-
aient 1 évaporation dans toute sa
°rce etepuisaient complètement
toute la réserve d'eau du sol.
Chaque année, aux premières
chaleurs de l'été, nous voyonsles
arbres des boulevards, qui ne
disposent pas de beaucoup d'eau,
se dépouiller d'une quantité con-
sidérable de feuillesla nature
est prévoyante, elle diminue nota-
bleraent l'évaporation et si par la
la croissance se trouve plus ou
rnoins entravée, ['existence du
moins est assurée.
Dans nombre de teires on a
22
constaté la présence de beau
coup de vermine, quis'est muiti-
pliée d'étrange fagon pendant les
chaleurs de 1911. II y a des con-
trées oü les betteraves en ont
beaucoup souffert. On avait beau
employer le purin, faire c es appli
cations de nitrate du Chiii, qui ce
pendant toujours cause une déve-
loppement vigoureux,rien n'y fit,
les racines étaient attaquées ou
rongées par la vermine. II sera
prudent d'attenure quelques an-
nées avant de faire revenir sur ces
champs une nouvelle culture de
betteraves.
La richesse saccharine des bet
teraves sucrières,signalée d'abord
comine insuffisante, a cause du
manque de soleil, esi devenue
assez bonne.
Les pommes de terres ont fourri
un bon rendement et cela se com-
prend dans une terre bien meu-
ble, pas trop humide, mais arro-
sée de temps en temps, comme
cela s'est présenté au printemps,
les tubercules se développent
bien. Malheureusement la pluie
persistante a fait se gSter une
assez grande quantité de pommes
de terre dans les erres fortes.
Les céréales ont le plus souffert
du temps peu clément et les cul
tivateurs qui n'ont pasrécolté trés
tot ont subi des pertes considé-
rables.
Combien de fois n'avons nous
pas regretté, eet été, que l'emploi
des Chevalets a trèfle dont
l'usage se généralise trés rapide-
ment en Hollande, en Allema ne
et dans les pays du Nord, ne soit
pas connu ici. Beaucoup de
petits cultivateurs surtcut aurai-
ent pu sauver la récolte au moyen
de ces engins.
L'arrière-saison n'a pas été
favorable non plus il a fait con-
tinuellement trop humide et trop
froid. La sperguie et les navets
n'ont pas donné une demi récolte
et les céréales d'hiver se sont trop
peu développées.
Encore une arrière saison com
me celle de cette année et les cul
tivateurs comprendront tous l'uti-
lité de l'emploi du nitrate en au-
tomne sur céréales d'hiver. Ni
l'azote ammoniacal, ni l'azote or-
ganique ne peuvent rendre des
services dans ces circonstances
c'est le nitrate, avec son azote
nitrique directement assimilable
qui faitavancer la végétation.
Mais comme cette application
automnale du nitrate n'est pas
encore assez connue, nous voyons
partout les emblavures mal
armées contre les rigueurs de
l'hiver.
Espérons que celui-ci ne sera
pas trop rigoureux, que les gelées
ne succèderont pas trop rapide-
mentaux dégels et qu'unecouche
de neige protègera les plan tes trop
faibles contre une geléetrop forte.
Envisageons ainsi avec espoir
lesrécoltes futures et réjouissons
nous de ce que dans notre Patrie
les champs pourront bientöt de
nouveau répandre le joie et la vie,
pendant que dans des pays plus
malheureux, les terres abreuvées
du sang des cultivateurs resteront
abandonnées et tristes.
Que de tels malheurs restent
écartés de notre pays et que nos
lecteurs, cultivateurs intelligent
etlaborieux, jouissenten paix du
fruit de leur travail, voilü notre
voeu pour 1913.
Ara.
L'autorité militaire décrêtait au
début- de l'année la destruction de
toute une quantité de poudre a canon
devenue tropvieille.Le commandant
du fort eut une idéé génialeau lieu de
transformer la poudre en fumée, il
allait la convertir en légumesSe
rappelant la composition de la poudre
a canon, ainsi que les effets de l'azote
nitrique et de la potasse sur la végé
tation, il résolut d'employer la poudre
comme engrais dans le légumier du
fort. Le résultat fut splendide, chacun
s'en émerveillait et les soldats surtout
se réjouissaient de cette abondance
extraordinaire de légumes savoureux.
C'est étonnant comme un produit
destiné a répandre la mort parmi les
hommes sert ici a entretenir leur vie!
Quand toute l'humanité compren-
dra-t-elle qu'il est plus utile d'enfouir
l'azote en terre que d'en bourrer les
canons
Engrais chimiques
les vescesle colza, la mout ar de, la
chicorée, le pavot, le tabac, les hari
cots, les féverolies de 14 jours pour
le raygrass, la carotte, le timothy;
de 21 jours pour les graminées autres
que les précêdentes de ig jours pour
les betteraves et de 4.2 jours pour les
noyaux de fruits et les conifères.
Kilos
25.070
26.550
31.529
35.096
37.110
Commmt reconnaitre si unesemence
est bonne avant de la mettre en terre.
Nous ne voyons guère qu'une facon
certaine d'obtemr ce renseignement,
c'est d'essay er le pouvoir germinatif
de La grame en la faisant germer.Le
moyen le plus simple consiste a dispo
ser les semences dans un germoir ap-
proprié a une iempérature uniforme
et de compter les germes qui se sont
développés, au bout d'une période de
temps variable avec les diverses grai
nes, mais toujours la même- pour une
même semence. Elle est de 10 jours
pour les céréales, les trèfes, les pois,
"T—
ÜPPLEMENT
done 100, 200, 300 grs était mélangée
intimement au sol avec la fourche.
Le reste du nitrate est donné plus tard.
Voici les résultats des expériences rap-
portés a l'hectare.
Navet de Milan. On effectua les semis
le 11 Avril, le 7 Mai et le 22 Juillet.La
seconde dose de nitrate fut épandue le
10 Aoüt. La récolte se fit le 2 Novembre.
Rendement des parcelles en kilogram.
le Rien 30.000
2C' 30.000 kg. terreau 30.500
3° 100 kg. nitrate 37.500
4° 200 kg. 41,000
5e 300 kg. 49.500
Nous ne cotnmentons par les résultats
11 suffit die jeter un coup d'oeil sur les
tableaux pour se rendre compte de la
valeur du nitrate au point de vue marai-
cher.
Radis rond- rose. 100 grs de graines par
parcelles. Le nitrate fut appliqué au
moment du semis le 11 Avril.
Un coup d'oeil sur le tableau suivant
montre l'effet remarquable du nitrate.
Voici les rendements.
Parcelles
Bottes
13.500
"15.000
26.500
30.500
32.000
le Rien
2e 30.000 kg. terreau
3e 100 kg. nitrate
4e 200 kg.
5e 300 kg
Choux Milan desVcrtns. Ces choux furent
cultivés après le radis. Plantation 27
Juin. 11 résultedes tableaux.que le nitrate
de soude même a la dose de 100 kilos par
hectare et malgré les forts rendements
n'est pas totalememt utilisê par la pre
mière culture, vu qu'd agit encore d'une
fa£on avantageuse sur le rendement de la
seconde culture comme le montre le
tableau ci-après pour 76 chöux par par-
celle Rendement a l'hectare
Parcelles
Nous avons parlé dernièrement en cet
te même place des magnifiques résultats
obtenus avec le nitrate du Chili dans les
cultures de tomates, d'aubergine, d'épi-
nard et d'asperges. Ainsi que nous l'avons
annoncé nous rendons comptes mainte
nant d'autres expérieDces aj^ant pour but
de rechercher quelle quantité de nitrate
de soude correspond a une certaine dose
de terreau dans la culture de différents
.légumes afin de pouvoir faire la substitu
tion.. Les expériences furent fartes comme
suit
Chaque espèce de légumes miseen expé
rience occupait un are divisé en cinq
parcelles, d'une contenance de 20 rnètres
carrés. Chaque parcelle était séparée de
sa voisine par un sentier de 30 centimè-
tres de largeur.
A l'exception des parcelles consacrées
a la culture des radis, les engrais furent
appliqués de^la fafon suivante: après un
labour exécuté a la bèche dans d'excel-
lente conditions
le parcelle servant de témoin, i
recevait rien.
26 parcelle-v-60 kilos de terreau soit
30.000 kil. a l'hectare. Application le
joui du semis ou de la plantation. Cette
quantité était répartie uniformément sur
la parcelle et mélangée intimement au sol
par de vigoureux coups de fourche.
3e parcelle 200 grammes de nitrate
soit 100 kil. a l'hectare.
4e parcelle400 grammes de nitrate
soit 300 kil, a l'hectaire.
5e parcelle 600 grammes de nitrate
soit 300 kil. a l'hectare.
Au moment du semis ou de la planta
tion la moitié des doses de nitrate, soit
le
2e
3°
4e
5e
Kilos
52.500
60.000
72.000
85.250
80.250
Rien
30.000 kg. terreau
100 kg. nitrate
200 kg.
300 kg. -
II est a noter que pour ces plantes il ne
fut pas fait de nouvelles applications de
nitrate, ni de terreau.
Laitue Romaine Verte Maraich'ere. Plan
tation le 29 Avril en épandant la premiè
re dose de nitrate a la preparation du sol
et la seconde le 29 Mai. Rendements
ramenées a l'hectare.
Parcelles
le Rien
2e 30.000 kg. terreau
3e 100 kg. nitrate
4" 200 kg.
5° 300 kg.
L'application du nitrate permet aux
plantes de mieux supporter la sécheresse.
De plus, eet engrais retarde ici le déve-
loppement des tiges florales de même
que'dans les cultures depinard dont nous
reparlerons.
G. des Marais.
(Reproduction réservée).
Dans notre pays, on donne générale-
ment au cheval de trait de l'avoine et des
fourrages secs additionn és ou non d'un
aliment concentré. Avoine, foin, paille,
telle semble être Tin variable formule pour
la nourriture des chevaux. II n'en est pas
de même en tout pays et en Angleterre
notamment on introduit dans la iation
des chevaux de ferme des aliments cuits
tels des pommes de terre, navets, etc.
Voici a ce sujet quelques extraits d'un
article paru il y a plusieurs années sous
la signature du médecin vétérinaire
Eugene Barbe.
En Angleterre, on considère les ali
ments cuits comme présentant le réel
avantage de donner au cheval dans les
temps froids et humides- une excellente
condition et de le forcer a se repose]
M. Brown dit que la plus grande partie
des résultats attribués a la nourriture
bouilliê provient de ce qu'elle est donnée
chaude La chaleur contenue dans la
nourriture circule a travers le système
animal ce qui évite la dépense qui serait
a faire pour obtenir le même calorique
si le cheval ne recevait que des aliments
froids.
Les produits que les Anglais font le
plus ordinairement cuire sont les pom
mes de terre, les navets, les fève;;, les
pois, les maïs, seigles, orges. Dans certai-
nes fermes, les chevaux sont nourris, de
Novembre en Mars exclusivement de
pommes de teire cuites a la vapeur. Cha
que cheval en' revolt 35 kilos par jour
et accomplit son travail ordinaire.
Le Professeur Low recommande com
me régime alimentaire, pendant l'hiver,
un mélange de foin et de paille coupée
avec du grain concassé et des pommes de
terre cuitcs, le tout a poids égal, D'après
lui 15 a 18 kilogrammes de mélange suf-
fisent a un cheval pendant 24 heurc-s.
Curven préconise la cuisson de pom
mes de terre a la vapeur il en donne
a chaque cheval 9 kilos et demi par jour
avec 1 kil. de paille hachée. II 11e faut
employer que des pommes de terre de
bonne qualité a l'exclusion de celles qui
sont gelées.
Les chevaux les aiment bien c.rues,
ntais dans eet état, elles sont extréme-
ment laxatives, et eet inconvénient dispa-
rait a la cuisson en ajoutant un peu de
sel.
Le procédé de cuisson est celui-ci on
les fait bouillir avec trés peu d'eau et aus-
si vite que possible. Lorqu'eiles sont sur
le point d'être cuites, öter l'eau, les faire
sécher sans les couvrir en les mettant
quelques minutes sur le feu. L'eau
doit être bouillante quand on y met les
pommes de terre. II faut éviter de laisser
trop cuire, comme c'est l'ordinaire les
chevaux les préfèrent quand elles sont
un peu dures a l'intérieur.
Lts carottes, excellent aliment pour les
chevaux,sont mieux appétées a l'état cru.
Depuis trés longtemps les navets sont
en usage en Angleterre pour la nourri
ture des chevaux de ferme. Les navets
de Suède (rutabagas) sont ceux que l'on
préfère, les blancs communs ou j.iunes
ne sont pas prisés.
D'après un célèbre agronome 50 kilos