Journal d'Ypres Samedi, 26 Avril 1913
La Betterave.
Créalion des Prairies
au
Les Engrais azotés
coutent cher.
L'azote est un élément qui coüte
cher. C'est l'azote qui régie le prix
des matières alimentaires et des
matières fertilisantes; le prix de
ces denréesvaried'après laquan-
tité d'azote qu'eiles contiennert.
Naturellement les spécülations de
la bourse, l'otfre et la demande
interviennent également dans la
fixation des prix et peuvent les
faire monter k certaines époques.
C'est ce qui s'est présenté dans
ces derniers temps pour le nitrate
du Chili et son prix a été tellement
élevé, qu'il ne sera pas inutile
d'examinertst nous devo.s abandon-
ner l'emploi du nitrate a cause de sön
prix élevé.
ïl est plus agréable et plus
avantageux aussi de payer 25 fr.
au lieu de30 pour 100 k de nitrate,
mais nous devons examiner s'ii
ne seralt pas plus avantageux de
remplacer le nitrate par un autre
engrais azoté ou d'abandonner
provisoirementl'emploidei'azote.
Quels sont les engrais azotés
qui se présentent a notre choix?
Le sulfate d'ammoniaque, le
sang desséché moulu, la cyana-
mide, le guano du Pérou dissous,
sans parler de la poudre de cuir,
de comes torréfiées, de déchets de
laine et autres engrais azotés a
action lente qui n'offrént que peu
d'importance k coté du nitrate de
Solide.
Le kilogramme d'azote n'a pas
la même valeur fertilisante dans
toüs ces ehgrais: le kilogramme
d'azote ammoniacal ou amidique
dans le sulfate d'ammoniaque ou
dans la cyanamide ne vaut pas ie
kilogramme d'azote nitrique dans
le nitrate du chili et de cette diffe
rence dans la valeur fertilisante il
faut tenir compte pour comparer
les prix de l'azote dans les "diffé
rents engrais:
Le sulfate d'ammoniaque con-
tient un quart d'azote de plus que
le nitrate du chili, mais d'après
tous les agronomes, Ia valeur fer
tilisanfe de Son azoteestd'un quart
en dessous dela valeur fertilisante
du nitrate, de sorte que, comme
valeur réelle, 100 kg. de sulfate
d'ammoniaque ne valent pas plus
que 100 kg. de nitrate du Chili et
si l'unité fertilisante danslenitrate
k 30 fr. coüte 1 fr. 93, l'équivalent
de cette unité dans le sulfate a
35 fr. revient k 2 fr. 29. Qu'on
veuille bien remarquer que géné-
ralement le nitrate ne coüte pas
30 fr. et que le prix du sulfate
dépasse les 35 fr.
Ne pourrait-on pas remplacer le
nitrate par le sang desséché
moulu
Le kilogramme d'azote dans eet
engrais n'a pas même autant de
force fertilisante que 750grammes
d'azote nitrique, seulement par la
demande insensée qu'il y a pour
26
eet engrais de la part des viticul-
t, ur's franqais, le kilogramme coüte
au moins 2 francs. Inutile par
conséquent de s'y arrêter plus
longtt mps.
Et Ie nou vel engrais azoté, la
cyanamide?
Les agronomes ont examiné la
valeur fertilisante de ce produit et
ils représentent ceüe-ci par 69,
quand celle du itrate ést repré-
sentée par 100. Comme les deux
engrais renferment sensiblement
la même quantité d'azote, mais
sous une forme différente, le prix
du kilogramme d'azote revient
1 fr. 93 dans le nitrate et a 2 fr. 21
dans la cyanamide.
Eufin nous avons le guano du
Pérou dis-ous qui nous fournit
l'azote au prix le plus élevédon-
nons unc valeur de 3 fr. 50 aux
10 kg. d'acide phosphorique et
une valeur de 0.80 fr. aux 2 kg.
de potasse, il nous reste pour les
7 kilogrammes d'azote un prix de
2 fr. 52 Ie kilogramme, et encore
ce n'est pas même de l'azote
nitrique.
II résulte de toüs ces calculs
que c'est en réalité Ie itrate de
soude qui fournit le kilogramme
d'azote au meilleur marché, même
si le prix de 100 kg. dépasse les
30 francs.
Dansce Cas, conclura peut-être
le cultivateur irréfléchi, je préfère
me passer d'engrais azoté.
Ce serait parfait, mais la culture
intensive ne peut se passer d'en
grais azotés, et la culture inten
sive est indispensable, car il faut
des rendements élevés pour pou-
voir payer les frais de loyer, de
labour, desemences,d'engraisetc.
On pourrait k la rigueur se
passer une année d'engrais potas-
siques, par exemple, mais faire de
la culture intensive sans applica
tion d'azote, c'est tout-a-fait im
possible.
II est plus intéressant encore de
savoir que ce serait üne niauvaise
spéculation que d'omettre dans la
fumure l'engrais azoté, car tout
emploi judicieux de nitrate donne
lieu k une augmentation derécolte
dont la valeur marchande surpas-
se même plusieurs fois celle de
l'engrais employé. Tout cultiva
teur qui a employé du nitrate sait
cela, mais nous pouvons aussi le
prouver par des séries ertières
d'essais culturaux.
Prenons un seul des rapports
publiés par Mle prof. Pipers, sur
les nombreux essais exécutés
pendant des années par des con
férenciers agricoles beiges et nous
y trouvons, par exemple, pour
l'année 1904, que 100kg. de nitrate
ont produit les augmentations de
récoltes suivantes
Ce sera inutile de faire ressortir
par des calculs que l'emploi du
nitrate a été rémunérateur, mais
nous pouvons faire remarquer
que généralement les augmenta
tions de récolte dépasseront, par
100 kg. de nitrate employé, ceux
indiquésci-dessus. Eneffetleprof.
Df Wagner considère comme la
mesure de l'action normale du
nitrate un excédent de récolte
produit par 100 kg. de nitrate de
400 kg. grain avee Ia quantité
correspondante de paille, de 5000
kg. de betteraves fourragères, de
2500 kg. de betteraves sucrières,
de 2500 kg. de tubercules de pom-
mes de ter re.
Nous aussi, dans nos essais,
nous avons obtenu souvent des
augmentations dépassant même
celles indiquées par le Dr Wagner
de sorte que nous n'hésitons pas
a finir eet article par la conclusion
suivanteLe nitrate est cher, mais
il nous coüterait plus cher de ne
pas en employer.
Ara.
Les bascüles d bestiaux pont encore
acluellement dêfaut dans beaucoup
d'exploitations agricoles. C'est une
chose regrettable a constater, car eet
instrument est absolument indispen
sable non seulement pour les transac
tions, mais aussi pour pouvoir établir
rationnellement la quantité de nour-
riture a donner a chaque animal.
L'hippophagie a pris un grand dé-
veloppement en Belgique. Dans les
abattoirs de Bruxelles et de Cureghem-
Anderlecht le nombre des èquidés
abattus a passé de 1847 a 3809 au
cours du dernier quinquennat.
En 1908, on importa en Belgique
16.099 chevaux de boucherie, évalués
par la douane a 90 fr. par tête.
Acluellementles chevaux de bou
cherie importés (presque tous de
tirande-Bretagne) sont payés 150 a
300 fr. pour un poids de 300 a 400 kg.
Le consommateur paie la viande de
cheval 0.80 a 1.15 fr. le kg. sous forme
de bifstecks, 0.70 a 0.90 fr.sous forme
de viande en morceaux.
-&-P W. VA XA —H*. v> v#.*A V/ÏS'. \kTVs
SÜPPUME
AGRICOLE
Betteraves fourrag. 2883 kg. facines
n sucrières 2025
Foin 1044
Froment et orge
Seigle
Avoine
Epeautre
Pommes de ter re
186 kg grain
235
304 i)
26fr
1717 tubercules
Chacunedes périodes de l'année ramè-
ne invariab'ement pour le cültivateuf les
mêmes travaux et cela a quelqUes jours
prés. On peut dire qu'eiles ramènent aus
si invariablement sous la plume du publi
ciste agricole, les mêmes sujets. Nous
avons causé, en effet, de la culture de
l'avoine et de celle de la pommes de ter-
re aujourd'hui, c'est la culture de la
betterave qui nous intéresse, puis vien-
dfont les foins, la moisson, le déchau-
mage, les travaux d'automne et enfin
ceux d'hiver. L'année sera terminée. On
en recommencera une nouvelle entrai-
nant avec elle les mêmes travaux
et les mêmes chroniques dans les-
quelles on devra se répéter au profit
des lecteurs anciens et nouveaux. Répé-
tons nous done puisqu'il en est ainsi,
mais cherchons aussi le fait nouveau, s'il
existe.
Dans la culture de la betterave et nous
parions ici indistinctement de la bette
rave fourragère et de la betterave sucrière,
le cultivateur doit s'efforcer d'obtenir le
plus possible de matières sèches a l'hec-
tare. Nous avons dit déja qu'il est irra
tioneel de chercher l'obtention de raci-
nes phénoménales ayant surtout pour
caractéristique leur grande richesse en
eau.
Beaucoup de betteiaves moyennes, k
chair ferme, dense, a grande richesse,
voila le but a atteindre. On y arrive par
un travail bien entendu du sol et par une
fumure rationnelle bien appliquée.
La betterave exigeun sol meuble, pro
fond, riche, ni trop sec, ni trop humide,
Comme fumure on évitera l'application
directe du fumier de ferme qui déprime
la richesse saccharine, augmente la
teneur en seis minéraux et rend les bet
teraves racineuses. Cet engrais sera em
ployé le plus longtemp possible avant la
semaille. Dans une terre de fertilité
moyenne on en appliquera 30.000 a
40.000 kg. par hectare et on complètera
cette fumure paries engrais chimiques.
Parmi ces derniers, les uns pourront
se mettre au rabo~ur "d'autö'mne "c'est le
cas pour les scories (600 a 800 kg.) et la
kaïnite. Les autres s'appliqueront au
printemps notamment le superphosphate
(300 a 700 kg.) et le nitrate du Chili dont
la quantité peut aller de 400 a 500 kg.
Une excellente pratique consiste a met
tre avant l'hiver 300 a 400 kg. de scories
et au printemps 300 a 400 kg. superphos
phate. Comme engrais potassique, si l'on
a pas mis de kaïnite et si la chose est
nécessaire, on appliquera 100 a 200 kg
de chlorure de potassium.
L'application du nitrate da Chili méri
te que nous nous y arrètions, paree qu'il
y a lh un fait nouveau sur lequel nous
devons attirer l'attention du cultivateur.
II s'agit de l'enfouissement de cet engrais.
Croyant que le nitrate du Chili, trés
soluble se diffusait instantanément dans
le sol et qu'il était éliminé immédiate-
ment dans le sous sol, on craignait d'en
mettre de trop fortes quantités a la fois.
Aujourd'hui a la suite des expériences
de MM. Schreiber, Muntz et Gaudechon,
Demoion et Brouet, Decoux, on éprouve
beaucoup plus de facilité dans l'emploi
de cet engrais; on est même persuadé que
l'emploi de la dose êntièredu nitrate, dans
les sols limoneux, profond et sains, n'ex-
pose pag a des pertes de l'engrais.
II convient cependant de faire remar
quer qtie dans la culture de betterave,
on fera bien de réserver une partie du
nitrate pour l'appliquer lors du premier
binage et lors du démariage ces fapons
ayant pour effet de faciliter la diffusion
du nitrate.
Afin de prendre au juste milieu entre
les deux théories, on pourrait avantageu-
sement donner le nitrate comme suit
300 kg. du nitrate finement pulverisé
seront épandus 8 a 15 jours avant le
semis et enfouis. Au premier binage, on
en appliquera de nouveau 100 kg. l'on
répétera cette opération avant le dernier
binage. De cette facon, la plante aura
toujours a sa disposition et surtout pen
dant sa jeunesse, l'azote qui lui est indis
pensable pour se développer rapidement
et pour pouvoir résister aux parasistes de
toutes espèces qui peuvent l'attaquer.
F. Pirard.
(Reproduction réservée.)
II a été dit déja dans notre Supplément
agricole qu'il est irrationnel au plus haut
point pour le cultivateur d'employer la
fleur de foin comme semence pourle créa-
tion des prairies et que l'achat de mélan
ges tout préparés est également a
déconseiller.
Comme le dit M. De Vuyst, dans son
manuel de cultures spéciales:un mélange
composé de graines de diverses variétés
bipn pures, possédant de bonnes facultés
gprminatives, variétés de toute première
qualité et associées dans les rapports
voulus, est la seule semence a laquelle un
ctiltivateur intelligent peut avoir recours-
en établissant des prairies
La fenasse est généralement composée
par les graines des herbes les plus com
munes, de même que par celles des mau-
vaises plantes. La houlque, le ray-grass
s'y trouvent souvent en quantités exagé-
rées avec d'autres graminés a tiges dures
et de plantes parasites comme le plantain,
la renoncule, etc Les bonnes plantes
comme le paturin, la tléole, la flouve
odorante, le vulpin, les légumineuses y
sont rares.
Dans des essais culturaux faits a Gem-
bloux par M. Damseaux, la fenasse ordi
naire a donné une récolte totale annuelle
de 19.370 kilog. contre 32.810 kilog. que
donnèrent les graines pures suivantes en
mélanges
Paturin des prés 20 p. c. soit par Ha. 42 k. 500
Paturin trivial 20 p. c. 12 k. 500
FIéoIe 12,5 p.c. 8 k.
Raygrassd'Italie 10p.c. 6 k.
Raygrass Anglais 10 p.c. 6 k.
Fromental 8 p. c. 5 k.
Fétuque des prés 8 p. c. 5 k.
Dactyle 5 p. c. 3 k.
Trèfle blanc 4 p. c. 2 k. 500
Minette 2 p. c. lk. 250
A Zurich M. Morvacki a obtenu comme
rendement moj'en de huit années les
quantités suivantes par hectare
Pour la fenasse 7.208 k.
Pour les graines pures 11.567 k.
C'est généralement sous prétexte d'éco-
nomie que le cultivateur utilise la fenasse.
C'est de l'économie a rebours.
II en est de même de l'achat des mélan
ges de graines tout préparés. II est de
beaucoup préférable pour 1'agriculteur
de faire les mélanges lui-même en sepro-
curantdansunemaison sérieuse par espè
ces séparées les semences propres a la
fo mation de mélanges établis d'après des
formules rationnelles. II est d'ailleurs a
noter que pour le semis, on doit séparer
les graines en plusieurs lots suivant leur
densité et pratiquer la semaille en plu
sieurs fois.
Voici ce que dit M. Schribaux,Direc
teur de la Station d'Essais de semences
de Paris a propos de mélanges de graines:
Si les fenasses sont de tous points
défectueux pour l'ensemencement des
prairies, trop souvent les mélanges de
graines fourragères du commerce ne pré
sentent pas sur elles de sérieux avan-
tages. La plupart du temps, ils sont
formés par le négociant sans tenir compte
du sol, de la nature et de la durée de la
prairie a établir, mais avec l'unique souci
d'y faire entrer des espèces peu couteüses,
sinon des fonds de magasins dont il ne
pourrait se débarasser autrement. Le
raygrass anglais, dont la graine est bon
marché et qui offre l'avantage de garnir
rapidement le sol,y domine généralement.
C'est parfois même a peu prés la seule
bonne espèce qui s'y trouve en propor
tion appréciableles autres s'y rencon-
trent accidentellement en mélange avec
des semences de mauvaises plantes trés
variées et des matières inertes (balles,
débris végétaux) en abondance. Dans ce
cas, si le raygrass germe, le cultivateur
se persuade, la première année que son
vendeur l'a parfaitement servi et quand,
deux ans après, le raygrass a disparu,
laissant la place aux mauvaises herbes,
c'est bien rarement qu'il attribue ce résul-
tat a l'ignorance ou a la mauvaise foi du
marchand. Ce dernier saurait, d'ailleurs,
au besoin, le convaincre que la mauvaise
préparation du sol, l'époque du semis ou