Dieu xjloi - Patrie Les deux Résistants METTES Chronique Intérieure HEBDOMADAIRE DE ARRONDISSEMENT D* if PRES P. R. C. B. Ire ANNEE N° 14. PRIX 2 1RANCS. 4 MAI 1947. Rédaction Comines. 60. rue de Wervicq. Abonnements 3 mois 25 fr. 6 mois 50 fr. verser au C. C. P. n* 512.76 de Aug. BEAGUE - COMINES Pour être insérées aussitôt. les correspondances «loiveat parvenir le MARDI au pkis tard. LIBERT v Voici le récit d'un épisode de la guerre clandestine. Je vous livre l'histoire telle qu'elle m'a été rap portée C est un conte, qui vérifie pleinement 1 adage la valeur n at tend pas le nombre des années... Mais c'est un conte vrai et son mé rite c'est précisément d'avoir été vécu. Les acteurs Deux enfants en pas se d'être les plus jeunes Résistants du Royaume. Je vous les présente brièvement, nous ferons plus ample connaissance au cours du récit. Pierre il a douze ans et son petit cousin Yves, un peu plus de dix. Ils sont enfants de choeur et c est dans un petit village de la Flandre Wallonne qu'ils exercent 'eurs fonctions. Vous me direz qu'à leur âge on peut difficilement prétendre résis ter et cependant. Le titre d'enfant de chœur n'ex plique pas. chacun le sait, la qualité d'enfant... sage les nôtres ne font pas exception. Voyez plutôt. La messe de sept heures vient de finir nos servants de messe ont éteint les cierges de l'autel et Mr. le Vicaire dit ses grâces dans les stalles du chœur. Les fidèles s en vont l'un après l'autre, l'église se vide et c'est bientôt le calme. Mais pourquoi, après avoir mouché les bougies, les deux acolytes sont ils restés dans la sacristie Vous 1 avez deviné ils mijotent quelque tour... dont le clerc, le suisse, l'orga niste ou le chaisier font généralement les frais. C'est peu près ça. Seu lement, pour une fois, ce n'est pas dans la corporation qu'ils ont choisi la victime... Ce sont bel et bien les boches qui doivent trinquer... Tandis que, sa méditation faite, le vicaire quitte l'église, nos deux bons hommes, qui n'attendent que ça. se mettent au travail. Et quel travail La veille, l'entrepreneur chargé de l'enlèvement des cloches a amené pied d œuvre son lourd matériel un grand treuil au câble d acier, des caisses d'outils, une autre de vête ments de travail pour les ouvriers et un gros paquet de cordages de tou tes sortes. C'est tout cet attirail que nos deux gaillards veulent s'en prendre. Comment cette idée leur est-elle venue C'est bien simple. Au prêche du dimanche précédent, ils ont entendu, eux aussi, Mr le Curé, lire avec des intonations dans la voix qu on ne lui connaissait pas la lettre des Evêques stigma tisant le vol des cloches. Le mot sacrilège que leur pasteur av<ait répété avec insistance, les avait sur tout frappés. Ajoutez cela les com mentaires familiaux, ceux de 1 école, où les vocables boche, résistance, sabotage et terrorisme étaient de tou tes les conversations... Ce vol leur paraissait d'autant plus odieux que dans la paroisse on avait des raisons toutes particulières d ai mer ses cloches. En 1914. 1 église avait été rasée, comme tout le village d'ailleurs, et les cloches retrouvées en 1918 dans les tranchées où elles avaient servi pour donner le signal des alertes aux gaz. Ces cloches, c'était tout ce qui leur restait d'avant l'autre guerre et les aînés s en rappelaient on avait fait fête, le jour où elles avaient réintégré leur place dans la tour de la nouvelle église. Aussi, maintenant que ce patri moine était en danger, les vieux sou venirs revenaient la surface et cette page d'histoire locale que dans chaque foyer on remémorait avait, elle aussi, tourné la tête nos deux garnements... Ils s'étaient dits, les braves gosses, que si on détruisait tout ça tout ça c est ce qui était là au fond de l'église les boches ne les auraient pas, leurs clo ches, puisqu'ils ne pourraient les descendre de la tour... Et ce n'était, ma foi. pas mal pensé pour des en fants... de chœur. Mais, revenons notre église et nos petits saboteurs. Le Vicaire parti, cm commence. L'aîné. Pierre, jette un coup d'œil pour s'assurer qu'il ny a pas d'in- diiscret. Plus personne Non... Il pense cependant il y a le Bon Dieu, là sur l'autel, mais ne fait rien... au contraire. Il doit être bien con tent... On traîne les caisses, non sans mal. près du treuil, les vêtements et les cordes sont mis au dessus et... les bouts de cierges, chipés au préa lable la sacristie, placés aux bons endroits. Qui, de Pierre ou d'Yves alluma On ne le sait plus au juste... peut-être bien les deux la fois, puisque chacun possédait des allu mettes. Ils agissent dextrement nos deux gaillards en un riein de temps les flammes montent. C'est qu'ils ont tout prévu, jusqu'à l'huile de grais sage du treuil répandue sur les cais ses pour favoriser la prise du feu... Mais, quelle fumée ça fait l'huile... ils n'en reviennent pas Quand nos deux garnements quit tent les lieux, tranquillement, comme il convient, non sans avoir jeté un dernier regard sur leur... forfait, ils sont assurés du résultat et plus per suadés encore que de son tabernacle le petit Jésus leur crie bravo Hélas... Les actions d'éclat ne sont pas toujours appréciées leur juste valeur. Question de point de vue, sans doute d'interprétation, peut-être Ils vont bientôt en faire l'expérience. Le petit Yves en rentrant chez lui a cette exclamation magnifique Ma man... on a fait du sabotage Du sabotage Oui, oui Et sans désemparer, avec force ges tes et détails, il explique sa mère sidérée... dont la stupéfaction va crescendo au fur et mesure que se précisent les modalités de l'opé- I ration... ce qu'il appelle: «notre j sabotage Arrivé la fin du récit, il s'aper çoit soudain que sa maman question de point de vue sans doute n'apprécie pas très... cette ma nière de résister. Quand elle eut re pris ses sens Vous aviez fait... ça, dit-elle on ne vous a pas vus au moins? Surtout, Yves, n'en dis rien personne. A personne, tu en tends, sinon les boches sont capa bles de venir chercher ton papa Le petit bonhomme comprit... mais ne put s'empêcher de penser tout bas Ça. alors... On empêche le vol de nos cloches et c'est tout juste si on n'est pas... corrigé!». Mais pour que les boches ne vien nent pas chercher son papa. Yves respecta scrupuleusement la consigne de sa maman. ...Et Pierre, lui Eh bien. Pierre avait déjà revisé son point d« vue... dès le moment où il franchissait le portail de l'église... Pourvu, se di sait-il, pourvu qu'à la maison on ne sache pas que j'ai trempé la-dedans... Se rendant compte de ce que serait alors la réaction de son père, il ne souffla mot qui que ce soit. Mais c'est de lui qu€ je tiens l'histoire... Les boches partis et avec eux les raisons de se taire il a tout raconté et... son papa n'a pas trop mal réagi puisqu'on peut en parler maintenant, de ce sabotage. Mais il est temps de retourner l'église ne l'oublions pas brûle toujours. Ce sera tout juste pour y i voir pénétrer le vicaire... On réalise I aisément le spectacle qui l'y attend... I L'église enfûmée, les caisses en plei ne incandescence... Le pauvre hom me C'est aux conséquences qu'il songe d'abord quelle affaire et ce qu'on va prendre quand les boches sauront Mais il ne perd pas facile ment le Nord, le vicaire... Reprenant le bréviaire oublié dans la stalle sans en demander plus, il sort par la sacristie... On ne l'a plus revu de toute la journée, puisqu'il s'est re plié la campagne. C'est le sacristain qui, quelques minutes d'intervalle, devait offi ciellement constater l'incendie. Il donna l'alarme et on vit s'organiser immédiatement les secours. Tous les seaux de la place se mobilisèrent en un rien de temps pour une dé fense qui n'était pas du tout passi ve, je vous prie de le croire. Il y avait Meurnare, il y avait Valérie, le clerc, et d'autres et d'autres même le secrétaire collaborait tous s'exer- çant au dangereux métier de pom pier. Sous l'avalanche des flots, les flammes cédèrent, mais le matériel, lui, avait déjà cédé... il était dans un bel état... Le danger du feu cir conscrit, on "envisagea l'autre le boche... qui ne manquerait pas d'in tervenir si... Nos sapeurs bénévoles tinrent con seil sous le portail et chacun y alla de ses suggestions. Tous se deman daient Qui est-ce Qui a bien pu faire un coup pareil mais personne ne trouva la réponse... la bonne du moins. L'idée que les serve-messe y étaient pour quelque chose ne leur vint même pas... Ces enfants. Pen sez Les deux plus petits, donc les... plus sages... Quant au Garde-Champêtre, arri vé sur les lieux pour l'enquête, il coupa court. Intérieurement, il la trouvait bonne, la blague, mais sa dignité professionnelle lui façonna une mine impénétrable. Son enquête, pour une fois, n'aboutit pas et c'est heureux pour les papas... Enfin, pour éviter que les Feld gendarmes ne missent leur gros nez dans cette affaire on fit vite... On s'accommoda facilement de la ver sion accident on s'arrangea avec l'entrepreneur et, en définitive, c'est la... Commune qui en fut pour les frais, mais l'affaire était classée. Hélas, les clor tes n'en sont pas moins parties... L'enlèvement n'en fut différé que de quelques semai nes... le temps demandé pour la re mise en état du matéïiel endomma gé... Nos oetits amis en sont encore tout tristes... Qu'ils se consolent dans le sabotage, comme en toute chose, c'est l'intention qui compte. Et ils peuvent se vanter, eux, d'en avoir eu une... d'intention. Jean DUTEY. DALF. CARNEGIE rapporte cette fable .- A la'lin d'un long jour de la beur. une fermière posa devant les hommes de la ferme, en guise de souper, un gros tas de foin. Et. comme ces derniers lui deman daient avec Indignation si elle était devenue folle, elle leur repondit Comment i pourrais-t-q savoir gu vous verriez la différence? Vlà vingt ans que j fais votcui sine et vous m avez jamais dit un seul mot pour m fair comprendre que c'était point du foin qu vous mangiez. Je n ai pas la prétention d'être cette fermière et de vous donner aujourd hui des MIETTES... de foin. Mais comme la fermière, j aime rais, chers lecteurs, connaître un peu vos impressions sur LIBER TE Tout rédacteur éprouve, l'oc casion. l'anxiété d un speaker de T.S.F. qui se demande parfois si vraiment quelqu'un técoute. Dans les périodiques d'Outre- Manche, vous trouvez souvent des lettres de lecteurs qui suggèrent, apprécient. rouspètent Des lecteurs qui s'intéressent leur journal, quoi... et oui cherchent l'améliorer, dans leur propre inté rêt. Et dans la mesure du possible. On essaie de les satisfaire. Pcnirguoi rie vous demanderais je pas aussi de me présenter vos désirs, vos satisfactions ou dolé ances... Notre hebdomadaire au rait tout gagner rester en étroi te liaison avec ses lecteurs, pour le plus grand profit de tous... Qu'en pensez-vous Vous liriez par exemple, sous la rubrique BOITE AUX LET-\ TRES V. demande que l'en-tête WARNETON s'orne d'un petit cliché et ver se 5 fr. pour les frais-» (Nous accepterions plus aussi évi demment.) Faudrait-il si long temps pour que nous puissions améliorer beaucoup notre présen tation L'un rouspéterait qu'il n'y a pas assez de concours, pas assez de blagues... Un autre, parce qu'il u en a trop... Nous ferions la part des choses et la raison du plus fort serait la meilleure... comme dans une démocratie qui se res pecte. Ef s'il est vrai que nous n'avons que du foin vous présenter, au moins, serait-il votre goût... Allons, un bon mouvement... Vite, votre plume, du papier, une enveloppe Monsieur SEMO, 60, rue de Wervicq, Comines. Ca i/ estBon, allez-q... Je vous laisse votre inspiration. SEMO. HiHiHHtHtntimttiiuiininiiiiiHuitmtuimiiiiiuiDiuiiuaiuttiiiiuwtuttni IHH«IU)Ui)ltllimt1lllltlllltlltl]IHmntlUllllllH1tllllllllllllllltHlltlllllllllllllllllllUlllttlllllllHimWtWitHWiraiHUUHHnilHIU(UtUIJtUlllitlHtRti1] PENSÉES ET MAXIMES. Aucun homme n'a assez de mé moire pour réussir dans le mensonge. Abraham Lincoln. Gardez vos yeux ouverts avant le mariage et mi-clos ensuite. Il n'y a pas de situations désespé rées, il y a seulement des hommes qui désespèrent des situations. Une injustice n'est rien, si on par vient l'oublier. Confucius. Un homme peut échouer bien des fois, il n'échoue vraiment que lorsqu' il commence s'en prendre autrui. Buffalo News. Ce n'est pas le travail qui tue l'homme, c'est le souci. Le travail est salutaire, car l'homme n'en fait pas plus qu'il ne peut. Mais le souci rouil le la lame ce n'est pas le mouvement qui use la machine, c'est le frotte ment. Beecher. L'homme vaut surtout par la flam me qu'il porte en lui. H. Bordeaux. LA SITUATION FINANCIERE. Le ministre des Finances, Mr. EYSKENS, vient de -\rminer l'in ventaire de l'héritage aissé par le défunt ministère. Dans le rapport qu'il a présenté la Chambre, il a dit, entre autres, que la situation financière du pays est moins mauvaise qu'on ne le croit généralement. Le franc est solide ment établi et ne court, paraît-il, aucun risque. Pour l'année 1947, le budget pré voyait un excédent de dépenses de l'ordre de dix milliards. Il se pro pose de les résorber. Des coupes som bres seront faites dans les budgets diminution générale de 10 et ré duction de 20 du personnel ad ministratif. Voilà un bon point de départ pour le nouveau gouvernement II fallait la tête du département des Finan ces une personnalité énergique qui ne se laisse pas influencer par des considérations d'ordre politique sinon c'était la culbute brève échéance. CHEZ LES ANCIENS COMBATTANTS. La Fédération Nationale des Combattants a décidé d'organiser une manifestation la date du 22 juin. La manifestation sera, avant tout, pacifique mais l'ordre de mo bilisation ne sera pas retiré même s'il y avait interdiction de la part du gouvernement. Dans ce cas, la Fédération de Bruxelles offre de lo ger les camarades de province ceux-ci pourraient donc se déplace* avant la date de la manifestaticm. Lin nouveau genre de manifesta tion sera également organisé, qui portera le nom de vivant repro che Aux jours de réunion des Chambres, un drapeau, escorté d'un ancien combattant de 14-18 et d'un combattant de 40-45, se tiendra en permanence devant les portes du Pa lais de la nation. Un motion a été votée réclamant de la part des pouvoirs publics des mesures énergiques contre tous ceux qui propagent en Belgique des in fluences étrangères et contre ceux qui contribuent lancer des mani festations anti-nationales. LE CONGRES WALLON. Le P.S.C. a décidé de ne pas par ticiper au Congrès Wallon. Ni le comité national, ni les comités d'ar rondissement ou locaux ne prendront part ce congrès. Le P.S.C. estime, avec raison, que le principe du fédéralisme préconisé par cette organisation est néfaste pour le pays et doit conduire tôt ou tard une rupture entre les deux branches qui forment l'unité du pays. FOIRE COMMERCIALE DE BRUXELLES. La Foire Commerciale Internatio nale de Bruxelles a ouvert ses por tes jeudi dernier. La séance d'ouverture a été pré sidée par Mr. VAN DE MEULE- BROÉCK, bourgmestre de Bruxel les, entouré des premières personna lités civiles, religieuses et militaires, du pays. Dans son discours, le bourgmestre, après avoir rappelé les débuts mo destes de cette organisation, annonce que la foire actuelle la première après la seconde guerre mondiale couvre 75.000 mètres carrés, occupés par plus de 3.000 firmes représen tant 24 nations. Il insiste sur le fait que les foires commerciales internationales contri buent resserrer les liens d'amitié entre les divers peuples. Dans une certaine mesure, elles peuvent donc, dit-il, en provoquant un rapproche ment entre divers pays, contribuer diminuer les dangers de confljéi internationaux.

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Liberté (1947) | 1947 | | pagina 1