9 JOURNAL D'YPRES ET OE L'MRONDISSEMENT YPRES, Dimanche. 3 mai 1863. AVIS. Travaux iégislatifs. Le projet de loi relatif aux fondations en faveur de l'enseignement, qui est en ce moment l'objet des deliberations de la Chambre, produit dans le monde politique une émotion assez vive. Ce ne sont pas, bien entendu, les clameurs de la droite qui ont pro duit ce résultat, car il n'est pas un point du débat sur lequel elle n'ait été battue, et son cmbarras est grand aujourd'hui, quelque recours qu'elle ait k l'élo- quence ou a l'habilité dc ses membres les plus dis- tingués. Sans doute, si l'on voulait en croire le parti cléri- cal, qui est bien dans son role de conservatenr en voulant garder pour Funiversité de Louvain toutes les bourses affectées a l'enseignement supérieur, il y aurait spoliation de la part de l'Etat lorsqu'il pré- tend surveiller Fadministration des bourses dans un un intérêt public et assurer la liberté pour le bour- sicr de faire ses études oü il lui plaira, car, a en croire ces messieurs de la droiteles bourses sont la propriété de Funiversité de Louvain; mais il a été établi la plus compléte évidence, par M. le minis- trede la justice, que toutes les fondations de bourses ayant été faitcs en faveur de Fancienne université, laquelle appartenait alors a l'Etat, Funiversité ac- tuelle, institution privée, n'est nullement l'hëritière de Fancienne, et ne peut par conséquent luisuccéder dans aucun de ses droits. C'est la un point désor- mais hors de discussion et sur lequel il n'y a plus a revenir. Les dispositions fondamentales du projet de loi, M. ïescli les a toutes expliquées et justifiées en jurisconsulte consommé; seulement i'article 8 offusque un nombre considérable d'excellents es prits, et nous espérons que le gouvernement pourra faire sur ce point quelque concession qui ralliera autour de lui toutes les forces de l'opinion libé rale. D'après eet article 8,les libéralités au profit de l'enseignement public dans un établissement dé- pendant de l'Etat ou en faveur d'un pared établis- <c sement sont réputées faites a l'Etat. Or, si cette disposition était adoptée, le legs fait a la ville de Bruxelles par M. Verbaegen serait réputé fait a l'Etat, et commc l'Etat n'a point d'établissement a Bruxelles pour l'enseignement supérieur, il faudrait de deux choses l'une ou que le gouvernement re fusal cette libéralité, ou qu'il Fappliquat a l'ensei gnement supérieur dans les villes de Gand ou de Liége. 11 a d'abord été question de ce legs dans les sec tions de la Chambre a proposde la loi qui sediscute en ee moment, on s'est interrogé officieusement sur sa légalité et les opinions se sont fort divisées. Les catholiques en général, qui prêchent la liberté des fondations, ont soutenu qu'il est valable et que le gouvernement doit autoriser la ville k l'accepter. Les libéraux au contraire, qui repoussent avec raison cette prétendue liberté, ont exprimé un avis contraire et pensaient que le gouvernement ne peut accepter le legs sans manquer aux prin cipes. On en était la quand parut une brochure intitulée: Etude sur le legs de M. Verhaegen, par M. Tiele- mans, président de chambre a la Cour d'appel de Bruxelles, et l'un des auteurs du Répertoire de droit administratif. Revenant sur la doctrine qu'il avait professée enl846,l'honorable jurisconsulte s'efforqa, dans sa nouvelle étude, d'établir que les commu nes sont capables de recevoir des donations pour couvrir les dépenses facultatives qu'elles sont au- torisées a faire On ne doit pas craindre, disait-il, que Fori donne jamais a la ville de Louvain pour Fu niversité cathoiique, a la ville de Namur pour le collége des jësuites ou a d'autres villes pour d'au- tresétablissements ecclésiastiques et peut-être pour les couvents, car l'Eglise n'entend pas que l'autörité civile intervienne dans ses affaires. Done elle n'ap- pellera jamais le bourgmestre de Louvain a présider le conseil des évêqucs qui gouverne Funiversité ca thoiique; jamais ellenesouffrira que des biens, sor- tis par son influence du patrimoine des families, recoivent une destination facultative entre les mains de l'autörité laïque. La presse politique, a l'apparition de cette bro chure, trahit un singulier embarras. Elle ne savait, semblait-il, par quel bout prendre la question nou velle qui se présent ait a elle 1 'Echo du Parlement organe avoué du ministère, et YIndépendance, or- gane de l'Association libérale de Bruxelles, se ren- fermèrent dans la poliliquc du silence. L'Etoile beige seule se liata d'exposer les nouvel- les doctrines de M. Tielemans, et donna a entendre que Fhonorable conseiller s'étaitvraisemblablement proposé de trouver un biais pour faciliter au gou vernement les moyens d'autoriser la ville de Bruxel les a accepter le legs de M. Verhaegen. De sou cöté, le correspondant du Journal de Liège, dont les relations avec le ministère des fi nances sont connues, ne tarda pas a annoncer que M. le ministre de la justice ne pouvait, sansdé- roger a tons les principes, accorder cette autöri- sation. Ce fut aussi l'opinion de M. Bara, l'élève de M. Tielemans, qui osa soutenir devant la Chambre, en sa qualité de rapporteur du projet de loi en dis cussion, que si le gouvernement comméttait cette faute, l'opinion libérale devrait reconnaitre, qu'en •1857, dans la question de la loi des couvents, elle a joué une indigne comédie. Cependant M. Van Humbeek, ancien élève de l'Université libre, soutint la doctrine de M. Tiele mans, et aussitót l'Union des anciens étudiants de Bruxelles prit parti dans l'alfaire, et adressa a la Chambre deux pétitions l'une ayant pour objet de supplier la Chambre de voter le projet de loi tel quit est l'autre de te modifier dans le sens de MM. Van Humbeek et Tielemans. De son cöté, le conseil communal de Bruxelles, réuni mardi en séance extraordinaire, a adopt-é une pétition a la Chambre pour Fa prier de ne pas en- traver la mission des communes dans une de leurs plus belles prerogatives en leur refusant le droit de favoriser l'enseignement public atous ses degrés et de recevoir a cette fin des libéralités qui n'aient pas le caractère de' fondations et dont l'application est toujours soumise au controle des conseils com- munaux, des députations provinciales et du Roi. Cette pétition, rédigée par M. Tielemans lui-mème, a été votée par 19 voix contre 5. II nous parait évident, quant a nous, que le gou vernement maintiendra I'article 8 de la loi et que la ville de Bruxelles ne sera pas autorisée a accepter le legs de M. Verhaegen. Mais nous n'envisageons pas sans quelque crainte les conséquences quipour- raient résulter de cette decision. Cela pourrait par- faitement provoquer une nouvelle scission au sein du libéralisme dans la capitale, a Fheure précise oü toutes les nuances de l'opinion ont le plus besoin de réunir leurs forces pour faire tète a Fennemi. La situation. Peu experts en pactes, en compromis, en transac tions politiquesnous avons toujours cru et nous croyons encore que ces trois mots sont synonymes dc tripotages. S'il est vrai que les partis ont leur probité dont ils ne peuvent se départir sans sou- lever l'indignation publique, il est vrai aussi que les compromis, déplorables faiblesses chez les personnes, deviennent des abdications lorsqu'ils sont pratiqués par les partis eux-mêmes. De quel droit une association lancera-t-elle l'anathème con tre les traitres, lorsqu'elle-même transige avec ses adversaires? Aussi repoussons-nous commetotalement inexacts les renseignements transmis a I'Office de Publicity au sujet dc la situation électorale de notre arron dissement Dans 1'arrondissement d'Ypres, est- il dit, la position de M. Alpli. Vandenpeereboom est au-dessus d'une contestation queleonque. Avant d'etre ministre, cet honorable représentant jouissait d'une consideration qui n'a fait que gran- dir depuis plus dc deux ans qu'il gère le départe ment de Fintérieur. M. Van Renynghe, bourg mestre de Poperinghe, siége a la Chambre en verlu d'un compromis qui sera, très-probablement, main- tenu. II n'y a done de lutte possible qu'au sujet de M. de Florisonne, qui, en 1859, prit la place de M. Malou. Celui-ci, depuis lors, estentré au Sé- nat, oü il représente 1'arrondissement de St-Nicolas. II ne tient qu'aux libéraux d'Ypres de maintenir le statu quoen faveur duquel l'influence de M. Van denpeereboom sera nécessairement très-puissante. O ui, M. Vandenpeereboom sera rééfu sans 1'as- sistance des cléricaux. Certes, si ies besoins de la sainte cause l'exigeaient, ces messieurs ne crain- draient pas de recommander la candidature du mi nistre, ardent défenseur des cimetières civils, de la sécularisation de l'enseignement et des bourses d etudes. Mais lui-même, membre d'un cabinet libéral, vou- drait-il, pourrait-il, en face du scrutin, faiblir au point de consentir a un compromis? On ose le dire hautement; nous n'oserions y croire. II sera élu, malgré nos adversaires et exclusivement par ses amis politiques. «M. Van Renynghe siége a la Cham- bre en vertu d'un compromis qui sera très-proba- blement maintenu. En vertu de quel compromis? Qui l'aurait conclu? En quoi aurait-d consisté? Quels sont les hommes qui auraient méconnu a ce point, et a son insu, la dignité de l'opinion libérale toute entière et de l'as- sociation en particulier? Disons seulement qu'il est notoire que M. Van Renynghe fütdeux fois élu par un scrutin de ballo tage, après avoir prudemment déserté la cause de M. Jules Malou. Ce fut a cette déplorable tactique qu'il dut son élection de 1859. Et ce serait avec ce même M. Van Beninghe que les libéraux feraient un compromis en 1863? Pour la dignité du parti libéral, nous aflirmons qu'il n'en sera rien. Encore une fois, en quoi consisterait ce compro mis? Nous avouons ne pas en saisir le but. En effet, suivant les renseignements de YOffice, la position de M. Alphonse Vandenpeereboom est au-dessus de toute contestation; ainsi le compromis ne porte pas sur la réélection du ministre. II ne porte pas davan- tage sur la réélection de M. de Florisone, car sa candidature, déjü sourdement minée, sera vivement attaquée au dernier moment. Le compromis existej rait done au profit exclusif de M. Van Renynghe, PREMIÈRE AYII'ÉE. HP LOPINIOM Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez yotre pensée. On s'abonne Ypres au bureau du Journal cbez Féux Lummn, imprimeur-libraire, rue de Dixmude, n» SS, et a Bruxelles chez l'éditeur.l'rix d'abonnemontpour la Belgique 8 fr. par an; 4 tv, oO c. par semestre; poui" 1'ét.raneer le port en sus Un numéro 23 c. Prix des Annonces et des Réclames -10 c. la petite ligne; corps du journal 30 centimes le tout payable d:avance. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent. doiventètre adressés fkanco au bureau du journal. Toute person nr a qnl no as adrensons l'OPIÏIOi et qui ne retonrnera pa* ce numéro is l'éditeur sera eoosidéré coinme alsonné. YPRES, mal S8S3.

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L’Opinion (1863-1873) | 1863 | | pagina 1