L'OPINION, Journal d'Ypres. celui de nos trois représentants qui n'est connu dans l'arrondissement et a Poperinghe même, que par sa neutrality et son adresse k triompher dans un ballotage electoral? Mais ce serait la plus niaise des duperiesQuoinous accepterions la lutte cen tre nos deux candidats, en offrant le triomphe a un adversaire découragé? Nous exposerions M.de Flo- risone seul, le plus jeune de nos représentants, k tous les coups des cléricaux? au lieu de lui assurer la force que donne une élection collective, appuyéc courageusement par toutes les forces vives du parti, nous le laisserions lutter seul contre toutes les hai- nes de ses ennemis? Nous irions l'étouffer dans le bourbier des transactions? Cela est impossible; ni M. de Florisone, ni ses amis, ne voudront se créer une semblable situation. Manoeuvres cléricales. Pour ressaisir leur ancienne domination les do minations ont rccours k des moyens inqualifiables. Supposant qu'ils remportent quelques victoires isolées, ils laisseront dans la lutte actuelle ce qu'ils avaient conserve de la consideration publi- que. A Anvers, ils concluent un pacte honteux avec certains hommes désavoués par tous les partis et qu'ils couvriront eux-mêmes de Jeur mé pris, après leur avoir donné le baiser de Judas coram© prix de l'ignoble victoire. A Louvain, ils provoquent et acceptent la trahison d'un libéral ils colportent dans les campagnes les accusations les plus calomnieuses, les plus révoltantes contre le gouvernement. Le parti libéral est fort et uni a Bruges on l'y attaque par les mandementson re- mue les consciences on chcrehe a surexciter en l'aveuglant le sentiment religieux des masses. Ici la tactique consiste U sollieiter un déshonprant com promis pour mieux étouffer M. de Florisonne dans une accolade fratcrnelle. Puis a Dixmude, pour ren- verser M. de Breyne, l'on cherche a semer la dis- corde parmi les libéraux, tandis que dans les com munes de eet arrondissement l'on abuse sans rcte- ïiue de la pression qu'exerce la fortune relativement considérable du néophyte catholique. <j)n le voit intrigues, mensonges, trahison partout;loyauté, fran chise, sincérité, nullepart. Ce n'est pasdanslasupé- rioritéde leurs doctrines qu'ils cherchent un triom phe politique. Non, car les doctrines croulent une une ddns les discussions soulevées par la presse et dans la Chambre; mais ils font un humiliant trafic de l'ignorance des électeurs campagnards et trai- Tient aveuglémenfc dans l'arène politique la religion sac ré e du Christ. Pour enlever aux elections prochaines le carac- tère vicieux que veulen! leur imprimer les ennemis du progrès en y donnant le plus grand role aux in trigues, aux personnalités, aux intéréts, a l'ambi- tion, a la corruption, en un mot, il suffira au libé ralisme d ecarter de son drapeau toute cetle fange et d'y faire briller en lettres d'or ses doctrines, qui sont la base, de la société moderne et l'apanage de notre siècle. Pared drapeau ne peut être por té que par des mains liberatestoute autre le souillerait. Un nouveau journal clerical vicnt de paraitre a Courtrai. Nous disons nouveau; e'est inexact, Chro- nique d'abord, puis Union, il s'intitule aujourd'hui Journal de Courtrai, e'est toujours la même chose au fond, la défroque seule a change. Le numéro du 29 avril, qui nous est tombé par hasard sous les yeux, contient une violente diatribe pompeusementintitulée Aux conservateurs de 1'ar rondissement d'Ypres. Les libéraux n'ont ni prin- cipes religieux, ni foi politique, lis ont perdu leur indépendance et leur liberté d'action; ils ont abdi- qué leur conscience dans un temple magonnique. les tirades obligées et sempiternelles sur la hau- taine ambition et l'intraitable orgueil, sur la satisfaction des désirs vaniteux, etc,, etc.,» enfin tout le fatras de la polémique cléricale. II y a longtemps que nous connaissons tous ces arguments et nous sommes pleinement édiflés sur leur valeur aussi ne nous serions-nouspas arrêtés a cette élucubration, qui semble plutót 1'écart d'un esprit en délire que 1 oeuvre d'un écrivain sérieux; mais nous tenons a constater combien nous étions dans levrai lorsque nous écrivions «Sans hommes comme sans organe, vaincus et découragés, ils v (les cléricaux) mettent leurs dernières espérances dans la réussite de quelque pieuse surprise. Nous ne nous attendiohs pas pourtant a voir le Journal de Courtrai mettre tant d'empressement a nous dormer raison. Oui, nos cléricaux se sentent découragés et vaincus tout de bon et ni leurs rodomontades, ni leurs jactances ne feront prendre le change a lopinion publique. Ecoutons ce que dit la feuille étraiigère devenue leur organe ses aveux sont pré- cieux l'arrondissement d'Ypres, nous rougis- sons de honte pour nos amis politiques, croupit dans un état de torpeur et d'inertie, qu'on ne sau- rait trop sévèrement qualifier. Et plus loin la plus triste apathie comme la plus detestable couardise semblent avoir envahi tous les coeurs.» Mais quel peut done être la raison de ce revire- ment si prompt et si inattendu et par quel étrange concours de circonstances le loup de 1859 s'est-il fait agneau? C'est encore la feuille courtraisienne qui se charge de nous l'appren- drc. Les uns dit-elle en parlant de ses amis, sont retenus par une crainte inavouable; d'autres se laissent dominer par d'égoïstes intérétsd'au- tres encore reculent en songeant a des services rendus. Oh! oh! s'être posés toujours comme les seuls détenteurs de la vérité et de la plus pure morale, et puis se voir forcés de confèsser que l'on adore aussi a l'occasion le veau xl'orc'est bien dur et bien humiliantDécidërüent Ie Journal de Cour trai est un enfant terrible. Maisvoici qui met le comble. Malgré toutes les preuves que la presse et la ma- jorité parlementaire lui donnent ehaque jour du con traire, lenouvel organe episcopal dénie aux libéraux fout principe,toute foi politique.Nous n'en dironspas autant anos adversaires. Mais leursvéritablesprinci pes ne sont pas ceux qu'ils affichent; c'est au-dela de 89 et jusqu'au moyen age qu'il faut reculer pour en re- trouver l'origine. Toutes leurs belles paroles de patrie, de religion, de liberté et de progrès ne sont que de vaines déclainations.Lareligion! ils savent bien que les libéraux ne lui sont pas plus hostiles qu'eux- mêmes ne lui sont dévoués; ils n'ignorent pas qu'elle n'a rien a voir dans la lutteélectorale, mais c'est un appat dont ils se servent pour attirer les simples. La liberté et le progrès! Quinze années de domina tion cléricale nous ont montré combien et comment ils les comprennent. Mais puisqu'ils brulent du désir de se comp ter et de regarder en face leurs adversaires, qu'ils s'en donnent a cocur joie. Jadis, dans notre arron dissement comme dans la plupart des localités, le cléricalisme était tout-puissant, il régnait en sei gneur et en maitre; mais le temps a marché et nos campagnes comme nos villes ont appris, a leurs dépens, a le connaitre, elles ne donneront plus dans le piége. Vous prétendez être quinze contre dix, messieurs les cléricaux; dans une lutte carré© et avec une liste compléte de part et d'autre, vous ne serez pas cinq. C'est-la le pitoyable et ridicule fiasco que le corps electoral s'apprète a vous inlligcr. Paree qu'il a pu exister quelques differences d'ap- préciation sur cles questions secondares, vous vous êtes flattés de semer la discorde, la désunion dans nos rangs; vous avcz espéré que quelques libéraux allaient eff'acer d'un trait de plume tous leurs anté- cédents et nous aider a renverser ce que la Belgi- que a acquis au prix des luttes incessantes; vous vous apprètez déja a tirer les marrons du feu. Vous vous êtes trompés et vous le comprenez mainte- nant. Voila pourquoi votre organe ne peut cacher son dépit; pourquoi 1c Journal de Courtrai déborde en injures personnelles dont notre mépris fait suf- fisammfent justice. Nous reproduisons, comme parfaitement appli cable a notre arrondissement, l'article suivant, ex- trait de YImpartial de Bruges. Nous rappellcrons a ce propos que l'association libérale d'Ypres, dans sa reunion du mois de mai 1859, a émis le voeu for-' mel d'etre convoquée au moins un mois avant les elections. On nous communique l'article ei-dessous avec prière d'insertion Dans tout l'ancien diocese d'Ypres se pratique, tout comme au bon vieux temps, un des mille moyens d'inquisition, inventés par l'intolérance. Nous vou- lons parler destournéesfaites a domicile pendant le mois qui suit les Paques, sous prétexte d'aller re- prendre certains petits cartons, appelés «Billets de confessions. Avec l'absolution pascale chaque fidéle regoit un certificat de pénitcnce. II est tenu de garder la pièce jusqu'a réclamation. «La presse s'est élevée avec une pcrsistance égale a son insuccès contre eet abus d'un autre age, au- quel il est impossible d'attribuer uri but avouable. Veut-on compter le nombre des fidèles et des mé- créants? que le confesseur tienne Ia liste nominale de ses pénitents, il s'épargnera des courses fati- gantes pour lui-même, et des visites souvent en- nuyeuses pour les autres. Puis le moyen serait sur au moins, tandis qu'aujourd'hui pour 25 centimes payés a de pauvres diables faisant commerce de billets de confession, l'hypocrite devient un saint homme,! A quoi bon, du reste, la statistique des consciences Elle ne peut avoir d'autre but que de permettre de dénoncer en pleine ebaire comme des hérétiques, ceux que la foi n'appelle pas a la prati que des choses saiutes, et de livrer ainsi leur con- sidération, leurs intéréts mêmes aux vengeances aveugles du fanatisme et de la superstition. Cela se voit tous les, jours tant dans nos petites villes que dans nos communes rurales.Comme dernier terme, l'abus que nous combattons,outre qu'il constitue une violation flagrante de la liberté de conscience, pousse irrésistiblement nos, populations, placées entre leurs croyances et leurs intéréts, vers l'hypo- crisie et la duplicité. Mais qu'importe? Tout cela fut écrit et répété avant nous, rien n'y a fait et chaque année l'abus se représente. Quels peuvent done être les motifs réels qui en- tretiennent a ce sujet Ie zèle infatigable de nos pas- tcurs «L'argent et faction politique,1'deux choses de cc monde, que l'on a Fimprudence de rattacher par des liens souvent trop visibles, aux choses saintes de la religion. Oui la visite annuelle, inutile et dangereuse au point de vue religieux, détestable au point de vue de nos institutions, n'a pour but que de réclamcr une aumöne au profit de l'université de Louvain, de recommander chaudement lede nier de St-Pierre, ou tout autre denier quelconque. Seul en présence°dcs dames de la maison, ou surprenant les hommes dans leur propre demeure, le bon pasteur aura sur leur bourse une action doublement puissantecela est si vrai, que dans les communes oü l'on regoit encore le denier pascal au moment même de l'absolution et sous l'ceil attentif du confesseur, le certificat et la visite sont inconnus. «Et puis cettcrvisite a domicile, qui n'est souvent qu'une visite domiciliaire, fournit l'occasion de voir a quels journaux, Monsieur est abandonné, et d'en- gager Madame a user de toute son influence pour déterminer son mari a voter en faveur du candidat de M. le cure. II est done incontestable que le bil let de confession, n'est que l'enseigne de la grande boutique si nos populations avaient le courage,pen dant deux années seulement, d'éconduire avec poii- tcsse, Messieurs du clergé, nous verrions disparai- tre pour toujours, encore un des nombreux abus que nous a légués le fanatisme du moyen-age. Coprespoitdaiicc particuliere de L'OPIMON. Nous n'ealendons pas eacoie patlcr de la convocaUon de 1'Association libérale ce Bruges poor ies élections üe juin. Kous avons p'ei.ue eoBÜanre dans les hommes qui sont a ia tê'e de notre opinion, mais lie nous permettront de leur demati- der si Ie moment ne leur part it pas venu de denner i'nnputsion a i'a^itation electorale. Un mois et demi a peine nous aépare de l'keure du scrutin, Est ce trop pour réorganiser nos forces et pour housipré pare? A la lutte? Nous le pensons d'autant moins qup dermis plusienrs se- maines déja nes adversaires ost commencé leur travail souterrain en vue des elections. Les courtiers épiseopaux patcourcnt secrètsment l'arronditse- ment, visitant lea éUcteu; s, leur prodiguant les excitations et les promesses, notant ceux sur qui sis peuvent compter, désignant a part lesdouteux sur qui denotsveaux efforts doivent être tentés, faisant en un mot, toute cetle besogne mystérieuse en laquelleles agent* de l'évêshé sont si experts. Noue autres libéjaox, nous n'avoiss pas besoin de recourir ces moyens que nous dédaignons. Nous trav&illons au grand jour et nous faisons hautement appel a nos amis. Mais il n'est paa moins essentiel de nous y prendre a temps pour prévecir tout découragement de ia part des nótres. Voyant qne nos organisateurs ne font rien, les élscteurs libé raux pourraient se laisser aüer a une dangereuse apathie qui suf- firait a corapromsttre le succes de la bataide de juin. Prenons exemple sur nos frère3 de la Fiandre oriëntale qui n'ont ps,s perdu de temps pour convoquer leuc3 associations et ta mettre en meture L'hïttre avance ne iaissons pas patser le bon moment. Bruxelles, le 30 avril. Je lie sais que penser de la disettssioa qui a lieu en ce moment A ia Chambre. Lisas les couloirs du. palais de la Nation, j'ai en- tendu dire qu'elle n'aboutira pas, qu'on chercbe et qu'on trou- ve;a le moyen d'ajourner a la session proehains )e tore du pro- jet de loi. Co n'est pas que l'opiuion se montre défavorab'e a son adoption, an contraire, mais !a droits fait un si bruyant vacarme qu'on ne s'entend piua. Les notions les plus élémentaires du juste et de l'injuste sont méconuues. Aux meilleurs arguments en faveur du projet, les orateura de la droite ohjeotent des histoires de l'antre moaie.

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L’Opinion (1863-1873) | 1863 | | pagina 2