JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
YPRES, Dimaache.
PREMIÈRE .4MÉE. W® 4L
17 mai ISêi.
YPRES, 17 Mi«i 1S«3.
II est un usage constant dans le journalisme, c'est
l'échange entre les rédactions, et cet usage se dou
ble dune questionde convenance, nous dirons même
de loyauté, lorsqu'un journal contient une attaque
quelconque l'adresse d'un confrère. Mais le Pro-
qrès, parait-il, est au-dessus dp tout cela.
C'est ainsi qu'après avoir, pendant quinze jours,
gardé un silence sépulcral, il s'est enfin décidé, sans
inême daigner nous adresser son numéro, s'oc-
cuper de nous dans un articulet que nous mettons
intégralement sous les yeux de, nos lecteurs.
Un nouveau journal francais vient de paraitre
Bruxelles, sous le titre de 1 'Opinionil s'annonce
comme organe libéral de la ville et de l'arrondisse-
ment d'Ypres. Notre intention n'est pas d'entrer en
polémique avecce nouveau confrère; toutefois, nous
croyons devoir faire connaltre dès d présent d nos
lecteurs que nous ne sommes nullement d'accord
avec la nouvelle feuille au sujet de la conduite d te-
nir dans les prochaines elections. 1!Opinion veut la
lutte pour la lutte, la lutte sans candidat, la lutte
impossible. Quant a nous, nous croyons que l'arron-
dissement d'Ypres occupe une belle position dans
le libéralisme, et qu'au lieu d'aller a l'aventure, il
faut chercher a consolidr cette position. Nous n'en-
tendons, du reste, aujourd'hui que faire nos réser
ves, et nous ne nous expliquerons définitivement
que lorsque l'Associa tion libérale aura prononcé. En
attendant, nous engageons nos amis d ne pas se
laisser aller aux excitations de quelques jeunes
gens, qu'un excès de zèle par trop impatient en-
traine au dela mêmedu but qu'ils veulent atteindre.»
Le Progrès vise a la méchanceté et n'atteint qu'au
ridicule. II ne nous pardonne pas de nous annon
ce cer comme organe libéral de la ville et de l'arron-
cc dissentient d'Ypres. C'est un monopole qu'il ex-
ploitait trop docilement pour ne pas maudire ceux
qui, dans leur audace extréme, ont trouvé que leur
qualitéde citoyen beige leur donnait bien aussi quel
ques droits ausoleil.
Notre confrère n'éprouve destendressesque pour
ceux qui se rangent docilement d son avis.
Voila done notre premier crime.
II en est un second nous sommes des jeunes
gens.
N'en déplaise au Progrès la jeunesse a la franchise
des opinions et du caractère, et elle n'entend rien a
toutes ces compositions de conscience que donne
certaine pratique des affaires et dont toute l'adresse
consiste d colorer de belles phrases des preoccupa
tions personnelles.
Depuis quand done ce journal est-il si hostile aux
jeunes gens? II aura oublié sans doute que, trois
jours avant l'article dont nous nous occupons, il
écrivaitnous avons pour eux beaucoup de sym-
pathie, parce que les sentiments généreux s'al-
iient toujours d la loyauté de caractère, d l'hono-
rabilité des moyens. Il est vrai que ces mots
sont copiés du Journal de Liége, et lorsqu'on
court si loin chercher des inspirations, il n'est pas
surprenant que l'on perde la mémoire en route.
En ce qui concerne la lutte, l'article que nous
avons publié dimanche dernier refute suffisamment
les affirmations non justifiées de notre confrère.
Elles ne sont qu'une sanglante humiliation infligée
au parti tout entier Nous ne nous y arrêterons
done pas. Nous ne pouvons toutefois laisser passer
inapergue sa déclaration qu'il ne s'expliquera dé-
finitivement, que lorsque l'Association libérale
aura prononcé.
Si sa déférence pour l'association n'emprunte rien
aux circonstances, pourquoi ne s'est-il jamais élevé
contre les violations ilagr.antes du réglement? Pour
quoi n'a-t-il pas réclamé, d'après les termes de ce
réglement, le renouvellement annuel du comité qui
n'a pas eu lieu depuis le mois de mai 1861? Pour
quoi ne s'est-il pas joint nous quand nous deman-
dions que 1'asSociation fut convoquée un mois au
moins avantl'électionconformémentaladécisionprise
dans sa réunion du 4 juin 1859? Quoiqu'il en soit
nous sommes heureux d'entendre les explications
du Progrès.
Qu'après cela ce journal vienne nous dire que
son intention n'est pas d'entrer en polémique avec
nous, c'est son affaire; mais il nous serait diffi
cile de voir dans cette détermination autre chose
que 1'embarras que lui cause la thèse qu'il soutient
et }e peu d'espoir qn'il conserve de persuader aux
électeurs que la lutte est impossible.
M.Van den Boogaerde, notaire Poperinghe, sera
présenté a l'association libérale d'Ypres, comme
troisième candidat, en opposition avec M. Van Re-
ninghecette candidature est excessivement sym-
pathique au corps electoral. Le succès de M. Yan
den Boogaerde parait certain.
Les associations liberates.
En décrétant la confédération générale du libéra
lisme en Belgique et, comme corollaire, la création
d'une association dans chaque chef-lieu d'arrondis-
sement et même d'un comité électoral dans chaque
chef-lieu de canton, le Congrès, dans sa séance du
44 juin 4846, faisait appel a tous les hommes indé-
pendants, éclairés, fermes, désintéressés, a tous les
hommes amis du bien public et vraiment libéraux.
Grouper toutes les forces jusque-la éparses, réunir
en unseul faisceau tousles efforts individuels qui se
perdaient et quelquefois se neutralisaient dans leur
isolement; appliquer au droit électoral la faculté
d'association inscrite dans la Constitution et assurer
ainsi le bon choix des mandataires pour toutes les
fonctions électives, tel était, dans la pensée des or-
ganisateurs de ce Congrès, le moyen le plus infail-
ïible d'amener promptement le triomphe des idéés
progressives et d'arrager le pays l'étreinte cléri-
cale qui l'étouffait. G'est assezdire l'importance des
associations libérales et la grandeur du röle qui leur
est assigné.
Créées dans un intérêt de liberté et de véritable
rogrès etnon pasdisons-le tout de suitepour
a satisfaction stérile de porter quelques hommes sur
le parvis, elles ont pour premier devoir de peser la
valeur descandidats, descruterleurs opinions, d'exa-
miner les garanties qu'elles présentent. A elles le
soin de désigner aux suffrages de tous, ceux qui,
par leurs capacités reconnues,par leurs convictions
inébrarlables, par leur dévouement absolu, sont les
plus aptes rendre des services; elles doivent, en
un mot, güider, aider en quelque sorte le choix du
corps électoral.
A ces divers titres,les associations ont déjü rendu
des services signalés a l'opinion libérale et au pays
tout entier, et nous croyons qu'en généralisant de
plus en plus leurs efforts, en élargissant le cercle
de leur action, elles pourraient en rendre de plus
grands encore dans l'avenir. Pourquoi, par exem-
ple, dans des reunions périodiques, oü dominerait
une discussion franche et loyale et oü toutes
les divergences d'appréciation se feraient libre-
ment jour, pourquoi n'examineraient-elles pas les
questions les plus actuelles, les plus palpitantes de
la politique intérieure, les grands intéréts de l'Etat
ou ceux, plus restreints, mais non moins impor
tants, de la province ou de la commune? Pourquoi,
dans les questions matérielies même, lorsque le
bien-être de tout un arrondissement est en jeu,l'as
sociation ne ferait-elle pas entendre sa voix? Les
lumières de tous auraient-elles done moins de va-
leur que l'idée de quelques-uns? Et nos mandatai
res, sénateurs, représentants, conseillers provin-
ciaux ou communaux, n'auraient-ils done rien
gagner a se tenir en communion d'idées et d'in-
térêts avec leurs commettants et a venir se retrem-
per aux sources vives de l'opinion publique
Qu'on ne nous dise pas que ce serait la une pres-
sion exercée par une réunion politique sur les élus
etqui pourrait a l'occasionse traduireen uneespèce
de mandat impératif, car nous répondrions par
l'exemple de l'Angleterrele pays modèle de la
liberté, celui oü les institutions constitutionnelles
sont le mieux comprises et le plus largement prati-
quées, eh bien, en Angleterre les membres du Par
lement réunissent de temps a autre leurs électeurs
dans un meeting et leur communiquent leurs idéés
sur les grandes questions a l'ordre du jour.
Non, mille fois non, il n'y a pas lü de mandat im
pératif, pas plus qu'il n'y en a dans l'hadhésion un
programme politique. Pour l'honneur des électeurs
autant que des élus, nous repoussons le mandat im
pératif.
Pourquoi encore ne constituerait-on pas, dans le
sein des comités libéraux, un sous-comité de rédac-
tion qui, dans un langage simple et élémentaire,
exposerait quelques points de doctrine ou commen-
terait quelques laits politiques et, par des brochures,
écrites en flamand, repousserait les calomnies dont
le ministère et la majorité libérale sont abreuvés
tous les jours? II nous semble qu'en agissant ainsi
l'éducation politique de nos campagnes se ferait fa-
cilement et le parti libéral ne pourrait qu'y gagner
en influence. Alors les associations ne guideraient
plus seulement les électeurs de rares intervalles
et au moment suprème du combat, mais elles éclai-
reraient chaque instant ceux qui sont les moins
expérimentés dans la vie politique et, en asseyant
les succès du t libéralisme sur les fondements les
plus solides et les seuls durables, sur les convictions
raisonnées, elles acquerraient un titre de plus la
reconnaissance de tous les hommes de progrès.
Le temps n'est plus d'ailleurs oü les associations
libérales étaient un sujet d'épouvante pour les
esprits timorés, des clubs d'anarchistes, de francs-
magons, des instruments de l'enfer; ces calomnies
et beaucoup d'autres que la mauvaise foi in-
vente et que colporte l'ignorance sont tout au plus
bonnes encore pour les badauds. L'expérience s'est
prononcée en faveur des associations et, malgré les
clameurs intéressées de leurs adversaires, chaque
jour voit accroitre leur importance.
La réuniondes sociétés de Saint-Vincent-de-Paule
de l'arrondissement d'Ypres a eu lieu en cette ville,
au collége épiscopal, le dimanche 3 mai, sous la
présidence d'honneur de M. Delbecque, évêque de
Gand. Elle sort aujourd'hui tous seseffets, comme
disent les juristes, et l'on ne se cache plus de dire
ce qui s'est passé en cette pieuse assemblée.
On y a résolu quelques questions de charité et
beaucoup d'affaires électorales.La lutte pour le mois
de juin a été décidée, etdéja l'on colporte dans tout
l'arrondissement les noms de M. Sartel, juge au tri
bunal d'Ypres, président de la société de Saint-Vin-
cent et fabricien de l'église Saint-Martin; de M.Du-
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