L'OPINiON, Journal d'Ypres.
lutte électorale, semblent avoir succédé le cal me et
la tranquillité, nous ne voyons la qu'une de ces ap-
rences trompeuses auxquelles notre intérêt nous
commande de n'accorder aucune confiance.
Le parti catholique, le lendemain dc la lutte,con
tinue son travail politique; mais plus que jamais il
a git a la sourdine et en secret. De fréquentes reu
nions de chefs de corps électoraux ont lieu cliez
M. le doyen d'Ypres les jours d'assemblée on pent
voir entrer et sortir sans bruit, par toutes les issues
de l'ancien cloitre Saint-Martin d'Ypres de longues
files de cures, vicaireset chapelains parsemées ca-
et-lk de la'iques nobles et autres. Nous y avons re-
marqué M.Vandeputte; le fougueuxM. Samyn, cure
de Wervicq; M. le vicaire Dehaene, aux formes élan-
cées; le vicomte Du Pare, accompagné de son sosie
Bruno, et beaucoup d'autres personnages ejusdem
farina'.
Que se passe-t-il done? La gent devote se réuni t-
ellc pour discuter diverses questions dogmatiques?
Va-t-elle soulever des débats sur la puissance de la
grace et les qualités médicinales de l'eau de la Sa-
lette? Ou bien prépare-t-elle Ia defense du vénérable
curé-doyeri de Hasselt? Oh non, rien de tout cela!
Le parti catholique se compte et s'organise. L'es-
poir qui nc l'abandonne jamais, le fait vivre et lui
fait entrevoir, dans un horizon plus ou moins loin-
tain, son arrivée au pouvoir. Et pour y parvenir
il compte sur les faiblesses, l'apathie et les luttes in
testines de ses adversaires, sur l'emploi de moyens
de quelque nature que ce soitsur le produit des
quêtes faites pour la propagation de la foi et les pe-
tits chinois, sur les fortifications d'Anvers et la
guerre de Pologne, et, chose sacrilégesur les ser
mons et la confession.
Le cléricalisme ne dort pas, ne sommeille même
jamais. S'il ne lutte pas, il se prépare, au combat.
Aujóüfd'hui, a peine les elections terminées, il se
reforme en comités. Son centre d'action est a
Bruges; mais il aura son Association électorale a
Ypres, et vers celle-ei convergeront toutes les pe-
tites assèmblées qui seront d'ici k peu de jours
inaugurées dans toutes les communes de l'arrondis-
sement. Comme a Wervicq, le cure de chaque pa-
roisse aura sous ses ordres une sodalité ou congre
gation doht les membres seront par préférence
glanés parmi les électeurs.
L'activité de nos adversaires politiques ést grande
on le voit. Ils n'épargnent ni sueurs, ni labeurs; ils
travaillent toujours avec le même courage.
Mais nous, iibéraux que faisons-nous maintenant?
La lutte électorale est teririinée, deux de nos can-
didats ont été nommés et le troisième a été sur le
point de réussir; nous croyons notre opvrage achevé
et nous nous reposons.
Prenons gardeles catholiques vont nous damer
le pion
Sortons de notre somnolence, laissons-Ik toutc
apathie; car un lache repos énerve et tue.
Allons, de la vigueur et de l'énergie; raffermis-
sons les cötés faibles de notre armée; ne laissons
pas a l'ennemi le temps de gagner par des pro
messes lallacieuses les électeurs peu ardents et en
core indécis.
Formons nos bataillons, soutenons-nous l'un l'au-
tre, et les cléricaux n'oseront pas, au moment de
la sv'spension d'armes, s'introduire subreptieement
tères, alors qu'ils se font d'abord la part du lion et retirent
ensui'te dte leur poche quelques sous de eet argent qu'ils ont
volé aux Eg'üses et aux couvents, on sail bien quand.
Fourbes et hypocrites sont-ils, qui osent dire qu'ils laissent
le prêtre en paix dans son église alors qu'ils déverserit le ridi
cule surle culte divin, trainent les sermons par la bouc, se
mofiuent des lettres pastorales des évêques; ouvrent des sous-
crip'tions pour Garibaldi etlesperséeuteursdel'ltalie;calomnient
Ie denier de S'-Pierre qui sert de soutien a notre père comnuin
Se Pape; font passer, pourle fruit de l'extorsion et de l'intrigue,
les aum'ónes que .'es catholiques envoient en Chine et dans Les
pavs inlidèles pour la propagation de cclte foi catholique dans
iaquelle ils ont été élevés, que journellement ils renient par
leurs paroles et par leurs actes, et dont un parmi eux, le
inommé Bara, disait, il y a quinze jours en pleine Chambre des
représentants Tomb&t-elle k terre nous nous réjouirions de
sa chute
Fourbes et impies, menteurs sont-ils, pes hberaux qui font
semblant d'être les enfants de l'Eglise tandis qu'ils en trans-
pressent ouvertement les lois, et qu'au jour de leur reunion,
alors qu'ils rédigent leurs hypocrites circulaires pour tromper
les éleeteurs, ils se permettent, au mépris de la loi d'absti-
nènee de se qorger de viqnde tout comme des chiens de bou-
fher
Fourbes et insolentes qtteules sont-ils, ces Iibéraux qui osent
élevier la voix contre les' prétendues richesses du clergé alors
qu'ils savent fort bien que les pauvres né viennent pas chez
eux pour être secourus, y étant d'ordinaire flanqués k la porte,
mais qu'ils s'adressent au prêtre qui reqoit it peine de quoi
venir en aide k soa église, k ses paroissiens indigents et aux
eeuvres de charitë.
Laches sont-ils ces Iibéraux qui passe quinze jours ont voté
la loi des coupeurs debouries qui leur permet d'empocher les an-
dans nos rangs et, enlevant de nos combattants,
affaiblir notre milice.
LA PA TRIE DE BRUGES
Circulaire flamande.
Dans une correspondance de 1'Amsterdamsche-
Courant, correspondance que le Handelsblad attri-
bue a un employé du ministère de l'intérieur, il est
dit que les curés ont célébré en Belgique lepr vic-
toire électorale par des orgies dégoütantes et qu'on
les a vus marcher ivres a la tête de leurs électeurs,
hurlant comme des possédés A bas les Iibéraux!
a bas lés ministres
L'auteur de cette calomnie, écrit la Patrie, mérite
le mépris des honnêtes gens et le Handelsblad ferait,
bien de livrer a la flétrissure publique le nom du
diffamateur. La presse, ajoute-t-elle, ne saurait
étre trop sévère envers ce malheureux et envers
le ministre qui tolère ces infamies.
A la bonne heure, voila qui est parlé et nous es-
pérons bien, après cela, que la Patrie va nous livrer
le nom de l'auteur de lafameuse circulaire flamande,
avec qui nous avons, de notre cöté,un petit compte
a régler. On vous appelle soulards, c'est désa-
gréable, sans doute, mais que diriez-vous, Patrie,
si l'on traitait vos curés de coupeurs de bourses et
de piliers de Lupanars? Ne trouvez-vous pas comme
nous, Patrieque le nom du misérable qui a écrit
ce's turpitudes devralt être livré a la flétrissure pu
blique et que, si ce misérable est un prêtre, sou
infamie remonte jusqu'a l'évêque qui la tolère?
I'm plagiat hontcux.
Le Handelsblad, journal clérical d'Anvers, est ré-
digé par 1111 hollandais, le sieur Snyders qui semble
avoir pour mission de, déverserl'qutrage sur tout
ce que la Belgique honore et de semer la division
dans le pays.
Get honorable publiciste n'a pas manqué de ré-
pandre son venin sur un acte qui honore le Roi et
qui fait voir en quelle haute estime notre sage monar-
que est placé dans le monde entier. Nous voulons
pariet' dc eet arbitrage entre l'Angleterre et le Bré-
sil, qui a procuré au roi Leopoldfoccasion defour-
nir une si haute preuve-d'équité en donnant raison
un Etat lointain, relativement faible, avec lequel
il n'a aucune relation, vis-k-vis de la plus puissante
nation du monde, notre voisine, et avec Iaquelle le
Roi a les rapports les plus cordiaux et les plus in-
tirnes.
Le Handelsblad n'hésiie pas, a ce propos, k de-
mander ironiquement au Roi pourquoiau lieu
d'exercer sa mediation dans des pays éloigués, il ne
l'emploie pas plutöt en Belgique, dans sou royaume
a pacifier les esprits, notamment a Anvers, victime
des violences du ministère.
Après tout, qu'un étrauger, que l'organe des ag'i-
tateurs cléricaux d'Anvers s'exprime ainsi, cela ne
doit pas trop nous étonner. Mais comprend-on que
dans la patriotique cité de Brugessi dévouée
aux institutions nationales, il se trouve un journal
pour reproduire de pareilles aberrations.
ciennes fondations catholiques contre le gré de la catholique
Belgique landis qu'ils n'ont d'aulre raison k invoquer que ce
dict on le sac du (liable riest jamais plein.
Trompeurs,infames sont-ils ces Iibéraux qui disent que tout
ce qui est honnête se trouve dans leurs rangs mais quand dans
une familie il s'en rencontre un qui tourne au vaurien ne se
fait-ii pas libéral?
Ingrats blancs-becs sont-ils cos Iibéraux qui doivent leur
position a des fonctionnaires catholiques, voire même k des
curés; qui, élevés par des parents catholiques et appartenant
k de chrétiennes families sont devenus oubiieux de toute recon
naissance maintenant qu'ils aspirent, ambitieux, k des places
qu'ils sont incapables de remplir et cherehent a tromper leurs
coneitoyens pour arriver, eux aussi, a Bruxelles ct yjoindre
leurs votes a ceux de ces impies piiliers de lupanars qui crient
plus d'Eglise, plus de culte.
Et l'on ajouterait foi k des hommes pareils, et l'on voterait
pour eux
Et maintenant quels sont les catholiques?
Les catholiques sont ceux qui veulent vivre et mourir dans
la religion de leurs pères; qui veulent que leur patrie et leur
foi demeurent a l'abri de toute atteinte de la part des infdmes
canailles d'un libéralisme impie.
Les catholiques sont des hommes comme nos pères, qui
veulent que nos enfants soient élevés loin des écoles protes-
tantes édifiées k Bruxelles et ailleurs avec l'argent des Iibé
raux.
Les catholiques sont des beiges qui, comme le vicomte Du
Pare de Vlamertinghe, saerifiorit leurs aises et leur repos pour
défendre les intéréts de notre catholique patrie.
Les catholiques sont des hommes qui,comme le juge Sartel,
k Ypres,sont prêts k résigner d'honorables fonctions pour aller
travailler avec d'autres vrais beiges, par la parole et le vote au
Ce journal existe eependant et nos lecteurs au-
ront nommé la Patrie.
En effet, l'organe de l'évêché n'a pas honte de Ira-
duire l'arlicle de la feuille anversoise et de le placer
en tête de son numéro d'hier; bien plus, il lait sien
eet article en s'abstenant (selon son habitude dé-
loyale du teste) d'en citer la source et en l'enjolivant
de grossièretés qui sont bien a lui, par exemple, en
notifiant brutalement k Sa Majesté que la fin de son
règne est arrivée, etc.
M. l'évêque Malou trouve sans doutc qu'il n'a pas
suflisamment compromis sa dignité et son caractère
'dans les élections; il veut combler la mesure et c'est
la probablement ce qui inspire a la Patrie des gen-
tillesses du genre de celles que nous relevons au-
jourd'luii.
Franchement nous ne saurions en féliciter Sa
Grandeur. (Impartial de Bruges.)
Correspondance particuliere de L'OPLMGiV.
Le Moniteur a publié mercredi un bulletin, daté du palais
de Laeken, qui contirme l'exactitude des renseignements que
je vous ai transmis, il ya quinze jours, sur i'état de la santé du
Roi.
La santé du Roi, dit le journal officiel, continue d'être de
jour en jour plussatisfaisante.
Mais je ne me rends pas bien exactement compte du deuxième
paragraphe de l'articulet officiel, ainsi concu
Hier, k une heure, Sa Majesté a réuni sous sa présidence
le eonseil des ministres.
Quelle analogie peut-il y avoir entre ces deuxfaits? Est-ce k
dire qu'on s'est réuni en eonseil des ministres pour constater
I'état de santé du Roi Ou bien a-t-on profité del'occasion pour
faire comprendre k S. M. qpe depuis quelque temps le pays
était inquiet, et que généralement la presse sé montrait aussi
impatiente d'entendre parler le Moniteur beige qu'étonnée de
devoir recueillir, dans, la presse étrangère, les nouvelles de
Laeken?
Maintenant, pour quelle raison a-t-on constaté officiollement
que le eonseil des ministres s'est réuni a Laeken, raardi, sous
la présidence du Roi II se passé rarement une semaine sans
qu il y ait eonseil, jamais un mois, etce sont lk des affaires de
gouvernement qui intéressent assez médiocrement le public
pour qu'on nel'en informe jamais. En effet, qu'est-ce que cela
peut lui apprendre? II est tout naturel que les ministres se réu-
nissent en eonseil, sous la présidence du Roi, pour s'occuper
des affaires de 1 Etat. Or, du moment qu'on ne dit pas ce qui
se passé en ces conseils, qu'est-ce que cela faitau public de sa-
voir quand ils se tiennent?
Si encore la publicité donnée extraordinairement, au fait que
je vous signale pouvait signifier que c'est la première fois de
puis sa reehute, c'est-k-dire depuis plusieurs mois, que le Rei
est assez bien portaritpour présider un eonseil, cette publicité
n'intrigueraitpersonne, mais le Roi n'a pas cessé de travailler
très-activement ni de recevoir ses ministres, ni de présider le
eonseil.
Qu'est-ce done
Ou je me trompefort, oule Roi lui-même, sinon le chef du
cabinet,a ten u k faire savoirofficiellement au pays que la situa
tion avait nécessité la reunion d'un eonseil extraordinaire.
Mais encore, s'agissait-il simplement de fixer la date de la
reunion de la conférence qui se tiendra prochainement k
Bruxelles pour signer l'acte diplomatique du rachat du péage
de 1-Escaut, ou bien s'est-on occupé des consequences que
pourrait entraüner la situation faite au ministère par les der-
nières élections
Dans la première hypothèse, je ne vois pas bien la néces
sité qu'il y avait d'annoncer solennellementla tenue du eonseil
des ministres, car tout le monde s'attend h voir la conférence
se réunir au premier jour, et, encore une fois, ce qui intéresse
le public, c'est de connattre la date de cette reunion, non de
savoir dans quel eonseil on l'a fixóe; dans la seconde hypo
thèse, je puis vous dire avec quelque certitude ce qui a d'il se
bonheur du pays.
Les catholiques sont des flamands de la trempe de M. Van
Reninghe, bourgmestre a Poperinghe, qui, sans ambition ni
vues personnelles ne reculent pas de prendre k tache de ser-
vir durant de longues années les intéréts de leur arrondisse
ment.
Enun mot, les candidats catholiques sont de fibres citoyens
qui se placent au-dessus des promesses et des menaces d'un
ministère de valets et au-dessus des calomnies et des propos
de cabaret de petits notaires parvenus qui feraient bien mieux
de se mêler de leurs ventes, de leur houblon et de Jeurs allu-
mettes que de mettre dans leur tête de linotte qu'ils sont nés,
pour faire le bonheur de la patrie.
Électeurs ne veuillez done point salir vos mains en coopé-
rant au lent assassinat de l'Eglise et de la patrieNe veuillez
point voter ni avec ni pour les ennemis d'ieelles» si adroite-
ment qu'ils s'eft'orcent de se cacher sous leur transparente
peau d'agneau.
Ne donnez point votre voix k d'infómes trompeurs du peucle
mais donnez la au contraire a ceux qui osent dire le suis dé*
voué k la Belgique, k la Belgique catholique, et je répudierai
les iois impies qui ruinent la religion et portent le coup de mort
aux libertés du beige catholique
Et maintenant ces candidats indépendants qui veulent relever
seulement de leur catholique patrie, ces candidats pour les-
queis vos chrétiens-peres eussent voté; ces candidats oue
vous ne verrez jamais jeter la boue k votre mère l'Eelise ca
tholique, ce sont les candidats catholiques, et nommément"
pour la circonscription d'Ypres, Messieurs
Vicomte DU PARC, propriétaire a Vlamertinghe;
VAXREMXGHE, bourgmestre k Poperinghe
SARTEL, juge k Ypres.
ET LA
Bruxelles, 10 juillet.