YPRES, Dimanche. PREMIERE AlOEE. K« IS. 19 juillet 1863. -vp Le Journal parait le dimanche de chaque semaine. Laissez dire, laissez-vous blaracr, mais publiez voire pensee. YPRES, 1» jiüüct 1863. ie ministère ct sa politique future. Nous n'avons pas cherché a dissimuler le senti ment d'ainertume et de regret que nousa fait éprou- vci' le résultat de nos deruières élections. Tandis que nos confrères de la presse libérale s'étudiaient a on atténuer la signification et la por tee, nous proclamions hautement que ces élections avaient été une défaite honteuse pour le parti libé- ral et que cette défaite en amènerait d'autres, plus décisives, si nous hésitions un instant de plus a mettrc la main sur les causes qui avaient préparé notre affaiblissement. L'unio'n de toutes les forces du libéralisme, disions-nous, peut seule conjurer le danger et cette union clle-mêmc ne peut-être forte et durable qu'au prix de certaines concessions mu- Luelles. Mais autant nous étions pénétrés de la né- cessité, pour Ie parti avancé, de s'abstenir de toute exigence inopportune ou radicale, autant nous étions convaincus qu'une politique bardie et résolument progressive pouvait seule arrêter la cliüte du minis tère. Cette opinion,nous notions passeuls a la par- tager. Elle était celle de toute la presse libérale et, pendant quelque temps, Ton a pu eroire que c'était celie du ministère lui-même. Mais voiia que, depuis quelques jouf'S, de vagues rumeurs circulent. Dans un conscil des miiiistres tenu la semaine dernièrc, le ministère aurait pris la resolution, dit-011, d'ajourner indéfiniment la pre sentation des projets de lois poiitiques quel'opinion libérale attend et. réclame vainementdepuis sou avé- ncment au pouvoir. La réforme electorale, la loi sur les conseils de fabrique et sur les cimetières, la re vision de la loi sur Tenseignemént moven, tou t cela serait remis a des temps plus favorablês c'est-a-dire aux calendes grecques. Ou va plus loiu on affirm» que le projet de loi sur les fondatiqns de bourses, récemment adopté par Ia Chambre des représen- taiits, ne serail pas même présenté au Sénat ou son adoption ne saurait cependant être douteuse. En revanche, on bourrerait la session procliaine de lois d'ajfah'eLois sur la mic'ilc, sur les travaux publics, sur {'organisation judiciaire et autres clc même na ture. Mais de lois poiitiques, point, absolument point. La raisón qu'on'donnê de ce revirement, c'est ia nécessité, en face de nous ne savons quels dangers extérieurs mena'Qant notrc indépeiidanc'e, d'éviter tout ce qui pourrait entretenir. Tagitation des es prits et donner naissance a des divisions compro- mettantes pour notre nationalité. BiefLque ces bruits, aient pris une certaine con- sistance, 'surtout depuis que YEtoile, dans un de ces dormers numéros, a formulé en quelque sorte offi- ciellement le programme de cette politique d'iner- tie, nous hésitons a y croire. QuqL c'est au moment oii toutes les nations du centre de l'Europe s'agitent au nom de la liberté, que nous, un peuple Jibre, nous serions condamnés au silence et ii i'immobilité? El pourquoi? Quel danger nous menace? lAmnemi est-il anosportes? Si notre indépendance est menacée, le sera-t-elle. moins, parce qu'en attendant {'invasion franraise ou prussienne, nous aureus fait une loi sur les cime- t ières el une autre sur le temporel du culte L'en- nemi manquera-t-il jamais de prétextes? Qu'il nous trouveoccupés a discuter la loi surla milice ou celle de l'enseignement primaire, ne sera ce pas la même chose pour lui? Ces prëtendus dangers venant de Tétranger, nóus los connaissons. C'est leternel prétexte de la fai- hlessc ou de 'la trahison. Quant a nous, nous, n'y croyons pas et le pays n'y croira pas plus que nous mais ii est un danger que nous voyons, clair et palpable il est dans cette politique de ménagement d'inertieque Ton nous prêcne aujourd'hui au nom du salut public.Cette politique, Ie ministère l'a pra- tiquée depuis qu'il est au.pouvoir et nous savons oil elle nous a conduits au bord de 1'abime. Encore un pas de plus et 1'abime nous engloutira. La est le danger, on sail oil est le salut. L'enseignement primaire 11 est jugé que les libéraux sont des ennemis acharnés, implaeables de la religion. C'est Mgr Ma- lou qui l'affirme. Or, les affirmations deMsr Malou sont des arrets. Pourquoi les libéraux sont-ils des ennemis achar nés de la religion? Parce qu'ils ne recormaissent pas au prêtre le droit d'entrer, a litre d'autoritédans I''écolc pri maire. En vérité, ces libéraux sont d'horribies gens! Ecoutons les parler, cependant ne fut-ce que pour les confondre. lis disent, pour se défendre, que l'Etat, qui a institué les écoles primaires, n'est pas plus cathoiique que protestant, juif ou maho- métant qu'il n'est d'aucune religion et qu'il leur doit a toutes line même liberté.Est-ce vrai lis disent que sil'on ouvre l'école au prêtre catho iique, il n'y a pas de raison pour Ja fermer au nez du domine protestant et du rabbin Israelite. Est- ce vrai lis disent que, malgré cette égalité qui devrait exister entre tons les cultes, égalité qui est écrite dans la Constitution, la loi acluelle ouvre la portede l'école au prêtre cathoiique, mais quelle n'en per- met l'accès ni au domine protestant ni au rabbin juif. Est-ce vrai1? lis disent que quant le domine et 1 e rabbin récla- ment centre cette inégalité, on leur répofid qu'ils n'ont qu'ii enseigner leur religion aux enfants dans ieurs temples ct dans leurs synagogues: Est-ce vrai? lis disent que, quand rabbins et domines font ob server qu'il 11e peut pas y avoir deux lois en iMgri que, Tune pour les catholiques et {'autre pour eeux qui ne le stint pas, oq les envoie promener.Est- ce vrai lis disent que si 1 education religieuse de Tenfaat ne peut-être faile que dans l'école, il fautlaisser en- trer le domine et le rabbin dans l'école comrne le prêtre cathoiique. Est-ce vrai? lis disent que, puisque de maitre decole est chargé d enseigner le catéchisnie aux enfants catho liques, sous la direction du prêtre, il faut, si la loi est égale pour tons, qu'il soit chargé aussi d'ensei- gner l'Evangile aux enfants protestants, sous la di rection du domine,et la Bible aux enfants israélites sous la direction du rabbin.Est-ee vrai? lis disent que si cola est absurde ct impossible, cc n'est pas leur faute, mais la faute de la loi ac- tuelle sur l'enseignement primaire, qui consacre en faveur des catholiques, un privilege contraire a la ConstitutionEst-ce vrai lis disent que les maitres d epole, qui enseignent la religion cathoiique dans lecqie, sont payés en partie avec Targent des protestants et des juifs, tan- dis que les catholiques ne contribuent pas pour uil sou a l'enseignement religieux des enfants juifs et protestants. Ce qui n'est pas juste. Est-ce vrai lis disent que le mieux serait, pour couper court a toutes ces injustices, de faire donner Tenseigne meiit religieux par les prêtres, dans sou églisepar le rabbin, dans sa synagogue, par lc domine, dans son temple. Est-ce vrai?, lis disent qu'on n'est pas un ennemi de la reli gion, parce qu'on remet toutes clioses a leur place la grammaire dans l'école et la religion dans l'église. Est-ce vrai? En vérité, ces libéraux sont d'hórribles gens! s barrières el de leur abolition. I Dans Tancienne Belgique Tentretien des grandes routes s'exécutait a l'aide de Ia corvée en nature que Ton imposait aux habitants riverains. C'était la une charge qui pesait exclusivement sur les agricul- teurs, sur les ouvriers, en général sur les pauvres, et qui profitait aux propriétaires nobles ou clercs et aux industriels. Plus tard des provinces, des commutes, de riches et puissantes associations religieuses qui avaient construit des routes, obtinrent du souverain le droit de percevoir des taxes destinées ii les indemniser des frais de construction et d'entretien. A eet effet les barrières furent établies. Elles sont une insti tution du régime féodal. Après la réunion de la Belgique a !a France, Ia Piépublique qui avail grand besoin d'argent essaya d'appliquer la taxe des barrières a toutes les grandes communications de l'Etat. Elle fit de grands efforts pour parvenir a profiler d'uii droit qui iivait pour elle i'attrail de ia nouveauté. Une première tentative échoua devaut le conseil des Cinq-Gents qui, le 6 germinal an V, rejeta les resolutions qu'on lui soumit sur cet objet. Cependant le 24 fructidor suivant, on réussit a i'airc passer une loi qui consacrait en principe qu'il serait percu, sur toutes les grandes routes de la République, une taxe d'entretien dont le produit serait spécialement ct uniquement afféeté' aux ele ct penses de leur entretien, reparation et confee- cc tion, ainsi qu'ii celles de leur administration. La loi des finances cïu 9 vendémaire an VI donna vie a ce principe en réglant, en son litre VIII, de quelle maniére le droit de passe sur les eh'emins publics, c'est-ii-dire la taxe ou droit de barrière, se rait percu. Mais la France fut bientöt fatig'uëe dc ce nouvel impot. Huil ans après' son institution, la taxe des barrières y fut répudiëe la loi du 24 avril 1806, eu son litre 7 intitule Du remplacement de la taxe d'hitreticn des routes par une taxe sur le set, a I'ex traction des marais solans, porte Art.' 59. Le cc produit dc la contribution sur le sel est exclusi ve vement affecte a Tentretien des routes et aux tra ce vaux des ponts et ehaussées. Art. 60. La taxe cc d'entretien des routes est supprimée a partirdu cc 21 septeikbre prochain. Aujourd'hui, eu France, Tentretien des routes pèse sur le trésor de TEtat et sur les département?, c'est-a-dire sur'Tuniversalité des contribuables. En Belgique, le droit de barrière aboli a l'épöque oil elle appartenait it la France fut rétabli par l'ar- i'êté des commissaires-généraux comte dc Lothum et Délius, du 49 mars 1814, et Tarrêté du baron de Vincent du 46 mai de la même année. Divers arrötés du prince souverain et du roi Guil- laume maintinrent Ie droit de barrière. Ce droit étant un véritable impót, il peut paraitre surprenant que, la Constitution de 1815 portant sous Tart. 197 cc qu'aucune imposition nepeut être percyue, au profit du trésor public, qu'en vertu dTuie loile gouvernement des Pays-Bas se soit arrogé le droit derégler par de simples arrêtés tout ce qui coneerne les barrières. Mais nous ferons remarquer que ce gouvernement, argufflentant de Tart. 538 du du Code civil qui porte que cc les cheniins, routes et rues ii Ia charge dc TEtat sont considérés eomme des dépendances du domaine public lie voyait O.i s'abonne a Ypres au bureau rtu Journal cliez FÉux Lmw, imprimeur-libraire, rue de Dlxmude, no 33, et a Biuxclles cliez l'édifeui'.I rix d abonnementpour la Le!~,ique S ft. pai an; t fr. oO c. pai seniesirtl r'éli-anger le port en sus. Un numéro 28 c. Prix des Annonces et des Réclames10 c. Ia petite ligno; corps dn i'...rn.-.d MO centimes le tout payable d avance. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. 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L’Opinion (1863-1873) | 1863 | | pagina 1