L'OPINION, Journal d'Ypres.
menter.Soit,mais l'arrêté royal du 28 septem-
bre 1816, dont l'article 115 n'est que la reproduc
tion, ajoutaitautant qu'elles le jugeront néces
saire. C'est done la nécessité seule qui doit servir
de base a une augmentation du minimum fïxé par la
loi. Et cette nécessité ne peut trouver sa raison
d'ètre que dans des circonstances exceptionnelles.
Car en fixant les chiffres ci-dessus, le législateur a
cru que moyennant de sages mesures d administra
tion, ils offriront une garantie suffisante pour une
gestion ordinaire; sinonil n'aurait fixe aucun chiffre
proportionnel,et se serait résumé en ces mots:'«Le
maximum du cautionnement fournir par les re-
ceveurs communaux sera de 100,000 fr. Bien
plus, il n'aurait fixé aucun maximum, car ce chiffre
de 100,000 fr. lui-même doit, dans le système du
Progrès, devenir insuffisant pour garantir la gestion
des deniers communaux des grandes villes. Quoi
le cautionnement d u receveur communal de Br uxelles
ne peut pas, de par la loi elle-même, dépasser
100,000 fr. et celui du receveur des hospices
d'Ypres devrait selever a 63,000 fr.Oh serait
ici la proportion entre la garantie et la recette?
Selon le Progrès, le système de l'art. 115 de la loi
communale se réduit a ceci les chiffres fixés par
eet article ne sont qu'un minimum, car la loi dit
que le cautionnement ne pourra pas être au-des-
sous de ces chiffres le seul maximum fixé est
100,000 fr.» Et notre confrère conclut de la,sans
sourciller, que les administrations peuvent éiever
tous ces chiffres selon leur bon plaisir, pourvu
qu'elles ne dépassent pas le maximum. Done, ajoute-
t-il, et en cela il est logique l'administration des
hospices pouvait fixer le cautionnement de son
receveur a 100,000 fr. sans ètre accusée d'avoir
outrepassé ses pouvoirs ou violé la loi. Oui, tout
comme l'administration communale de Ilollebeke,
dontlebudget s'élèvea 2,200fr.,pourrait,sansoutre-
passer ses pouvoirs ou violer le texte de la loi, fixer
a 100,000 fr. le cautionnement de son receveur.
Mais que diraient les auteurs de la loi communale
dune pareille interpretation? Le bon sens du lecteur
répondra. L'esprit général qui a présidé a la con
fection de Ia loi de 1836 veut, pensons-nous, que
le cautionnement ordinaire du receveur eommunal
ne s'élève qu'exceptionnellement et dansjes cas de
nécessité a un chiffre dépassant le douzième, que
tout au moins il soit maintenu dans une proportion
d'un septième ouun huitième de la recette ordinaire.
Au surplus, répétons encore que cela ne concerne
ue les receveurs communaux. Quant aux recevcurs
es établissements de charité, c'est l'arrêté de ger
minal et non l'art. 115 de la loi communale qui leur
est applicable.
Le Progrès se trompe aussi étrangement lorsqu'il
annonce que les administrations compétentes se
sont prononcées et ont fixé le chiffre du cautionne
ment a 63,000 fr. Le Conseil communal n'a pris au-
cune décision a ce sujet, et la question n'a plus été
soumise a son examen depuis qu'il l'a renvóyée
a la délibération de la commission des hospices.
Maintenant, que l'onnous apported'autres raisons
que celles invoquées par notre confrère d'Ypres, et
nous sommes tout disposé a revenir sur notre ma-
nière devoir, car, sans être modeste, nous pouvons
avouer quenous n'avons aucune prétention al'infail-
libilité.
En ce qui concerne l'empressement que met le
Progrès a excuser les intentions de l'administration
communale et de la commission des hospices, en
supposant que notre confrère soit chargé de parler
au nom de ces deux administrations, toujours est-il
qu'il fait au moins unebesogneinutile,car personne,
a notre connaissance, n'a songé un seul instant a in-
criminer les intentions de qui que ce soit. L'examen
d'une question d'administration peut et doitse faire
en dehors de toutes personnalités.
Comme suite a l'article qui précède, nous nous
empressons de communiquer a nos lecteurs les ren-
seignements que nous obtenonsal'instantmême, sur
le chiffre du cautionnement fourni par le receveur
général des hospices et de la bienfaisance a Bruxelles.
Ce cautionnement s'élève seulement a 75,000 fr.
Orvoici le tableau des recettes pendant les cinq
dernières années
4857 883,967-53 382,996-43 4,266,963-66
4858 854,375-03 385,554-72 1,256,929-75
4859 897,062-04 393,274-27 1,290,336-28
4860 1,029,113-76 472,738-83 1,501,852-59
1861 918,732-17 429,107-23 1,347,839-40
Total fr. 6,663,921-68
Soit une moyenne de 4,332,784-33.
De sorte que le cautionnement ne s'élève pas
mème au douzième de la recette totale, mais au dix-
huitième.
Nous nous abstenons de toute reflexion sur ces
chiffres, dont nos lecteurs apprécieront l'impor-
tance dans la question pendante devant le conseil
communal d'Ypres.
Tuyndag.
La fète communale d'Ypres, malgréla paleur, non
pas de l'affiche, mais des réjouissances officielies, a
néanmoins témoigné du souvenir profond que les
anciennes kermesses ont laissé dans l'esprit des po
pulations fïamandes.
Le peuple s'est amusé beaucoup selon le pro-
gramme de l'Hötel-de-Ville, un peu plus en dehors
du programme. Dimanche, dès 6 heures du matin,
le bruit confus et discordant de toutes les cloches
et du carillon avait pour écho les chants non moins
discordants des pinsonS flamands, wallons et fran
cais. Innocents petits chantres que l'homme, dans
sa cruauté, emprisonne et aveugle pour son bon
plaisir, vous n'avez pas pu voir le sang humain que
le bourreau avait versé un mois auparavant autour
de votre petite prison..., etvousavez chanté apleins
poumons sur le lieu du dernier supplice d'un mal-
lieureux
Un seul d'entre vous n'a pas ouvert le bee. II ve-
nait de Moulins-Lille exprès pour faire entendre sa
voix. J'ai supposé qu'il y voyait et qu'il se sentait at-
tristé. Puis, bien involontairement, j'ai songé a
M. Van Renynghe, qui fait tousles arts plusieurs fois
le voyage de Poperinghe a Bruxelles exprès pour
parler au nom de ses électeurs, et qui non plus
n'ouvre jamaispardon, je songeaisaux pinsons.
Oh! me disais-je, s'il était aveuglé, comme il parle-
rait! mais non, M. Van Renynghe n'est pas un pin-
son
Après le diner de ceux qui en avaient la
foule s'est portée sur la plaine d'exercice pour as-
sister a la fraternisation de toutes les sociétés de
l'arrondissementRéunir sur une vaste plaine, par
une magnifique journée d'été, autour d'un joli kios-
que d'oü partent des accents patriotiques, toute
une population d'ouvriers et de bourgeois, cimenter
l'union et la fraternité, ménager ainsi l'échange
mutuel des idéés et des sympathies, voila certes un
genre de fète destine a produire d'excellents fruits.
II manquait a cette solennité populaire un pro-
gramme. De tous cötés on s'est réuni sans trop sa-
voir pourquoi. Les sociétés ont chanté, déclamé et
fait de la musique instrumentale, chacune selon ses
moyens. L'on a regretté l'absence des congrêgations
de Wervicq et de Poperinghe.
Elles auraient agréablement chanté le refrain
d'Antoine Clesse A plein verre Mais il parait
qu'elles sont retenues pour Ia grande fète de frater
nisation qui aura lieu a Malines. L'affiche d'Ypres
leur fut remise trop tard. D'autres disent que
MM. Samyn et Vandeputte, les honorables chefs de
ccs sociétés, n'aiment plus les grandes reunions a
Ypres? Quoi qu'il en soit, la Société flamande de
Victorinen van Poperinghe s'est distinguée entre
toutes par la piquante originalité de sou entrée. En
tcte du cortege s'avangait lentement, monté comme
le Messie en fuite pour l'Egypte, fimmortel lieer
Gibben, dont les écrits furent enlevés aux archives
de Poperinghe lors de la grande révolution fran-
gaise, et transportés a PaVis, oü ils reposent dans
la bibliothèque impériale case 503, n" 2. Heer Gib
ben était un fier liberal, un avancé, un franc-magon.
Dans son volume III, page 23, il écrivit carrément a
ses concitoyens qui, dans ce temps-lan'avaient
loi que daris les paroles du grand abbé de Saint-
Bertinleur gouverneur temporel et spirituel
Mes amislorsque le puissant abbé vous expli-
quera l'Evangileécoutez-le avec le respect
dü a la parole de Dieu. Recueiüez dans votre
ceeur les maximes d'amour et de fraternité qu'il
récitera d'après les livres saints. Mais dès l'in-
stant que du haut de la chaire il prétendra guider
vos pas dans la vie publique, méflez-vous de lui,
n'ajoutez plus foi a ses paroles, car il cherchera
a vous tromper dans l'intérêt de sa propre domi-
nation. Vous le voyez, il est maitre d'une grande
partie de votre terrritoire. Ses couvents couvrent
la ville et absorbent vos patrimoines. Ce qui voué
appartient encore est frappé de servitudes ecclé-
siastiques, vous payez aux couvents des dimes
ruineuses. Vos magistrats sont les élus et les
esclaves de l'abbé.Vos jeunes gens se font moines
et deviennent des valets. Le beau visage de vos
fllles se couvre d'un voile noir, elles vont éteindre
derrière la grille du couvent la belle ame que
Dieu leur avait donnée pour aimer leurs parents.
Avec vos enfants s'engouffre dans l'abime l'héri-
tage de vos ancêtres. Amis, réveillez-vous, se
ct. couez le cilice dont l'abbé vous couvre pour mieux
vous dominer. Devenez descitoyens libres, faites
vous-mêmes vos affaires, et renvoyez l'abbé dans
son église.
Heer Gibben avait raison du temps de l'abbé de
St-Bertin, et les Poperinghois d'aujourd'hui feraient
bien deméditer ses paroleset de suivre ses conseils.
Dimanche dernier,a Ia fête de fraternisation, cha-
cun a remarqué que Gibben tenait a cótó de lui un
immense caillou, dont la seule vue excita l'hilarité
parmi les spectateurs. De toutes parts on accourut
pour voir, den Poperingschen kei.
Heer Gibben—l'ancienfaisant allusion a 1 'igno
rance des Poperinghois de son temps et a 1 'assemis-
sement de leur esprit a Ia gent monacale, écrivitque
dans leur tête gisait un gros caillou qu'il était urgent
d'en extraire au moyen de l'enseignement. Dans ce
but, il fonda une société flamande de Victorinen
et lui donna le caillou pour emblème. C'est ce cail
lou allégorique déposé a l'Hötel-de-Ville, ou il est
en grand honneur, que Gibben le nouveau a
vainement réclaméh M.Van Renynghe, pour le mon-
trer dans Ie cortége d'Y'pres, a tous les curieux de
l'arrondissement. M. le bourgmestre l'a refusé avec
vivacité, enajoutant: quant a Heer Gibben qu'il s'en
aille au diable, mais pour le caillou il faut qu'il
reste ici, nous y tenons.
Aussi n'était-ce pas le vrai caillou que, dans Ie
cortége d'Ypres, Gibben avait posé a cöté de lui,
sur sa monture. Le vrai est soigneusement con-
servé a l'hótel-de-ville de Poperinghe, et a moins
que heer Gibben ne reparaisse sur la terre, il faudra
bien du temps encore pour l'en déloger.
Le soir les diverses sociétés se sont réunies au
«salon d'Apollon,»ohles médailles commémoratives
leur furent remises par les soins de la Société de
rhétorique de Vlaemsche Ster.
Un beau concert, organisé par une artiste chari
table, au profit d'une familie pauvre, a clöturé la
première journée du Tuyndag.
Correspondance particuliere de L'OPIMOY.
Je voudrais, pour en finir avec M. le gouverneur du Brabant,
mettre vos lecteurs a mémede juger si j'ai exactement appré-
cié la situation qu'il s'est faite.Son ministère, qui est la deputa
tion permanente, l'a combattu et reniéle conseil provincial
l'a renversé par un vote politique. II parait n'avoir pas cons
cience de cette étrange position, ct il n'entend pas les avertis-
sements qu'on lui donne. li Echo du Luxembourg, qui est l'or-
gane semi-officiel du ministère de la justice*, le journal de
M. Tesch, en signalant le vote du conseil provincial du Bra
bant, a apprécié ce vote en ce sens qu'il pouvait impliquer pour
M. Dubois la nécessité de se retirer Cette nécessité, ajou-
tait-il, est commandée surtout par la situation critique et ten-
due dans laquclle M. Dubois se trouve vis-h-vis de la deputa
tion permanente.
M. Dubois, qui doit se rappeler avec quelle allégresse YEcho
du Luxembourg lui a tiré sa révérence, le 13 novembre de
l'année dernière, lorsqu'il a été nommé a Bruxelles, sait évi-
demment d'oü vient l'avertissement qu'on lui décoche au-
jourd'hui par la voie d'Arlon; mais il feint d'avoir affaire a quel-
que modeste journaliste de province qui lui a gardé rancune.
Voyant que M. Dubois se fait tirer l'oreille, l'écrivain du
ministère de la justice qui tient la plume de M. Tesch, et qui
est, si je ne me trompe, M. Lenz, le nouveau directeur de
la division des cultes, revient a la charge dans une correspon
dance adresscQ de Bruxelles a. YEcho et dresse, a charge de
l'inculpé, le réquisitoire que voici Depuis plusieurs mois
déjh dans les plus mauvais termes avec la deputation perma
nente, très-peu aimé du personnel de l'administration provin
ciale qu'il dirige, accueilli, m'assure-t-on, avec fort peu de sym
pathie par l'administration'communale de Bruxelles, M. Dubois-
Thorn qui, devant le conseil de notre province s'était déjk
permis quelques incartades vivement relevées,a comblé la me
sure en heurtant de front, sans motif aucun et de la fagon la
plus maladroite,les opinions du conseil provincial du Brabant.
L'honorable correspondant fait, après cela, une révélation.
En répondant h M. Fizenne, M. Dubois avait dit que, dans
toute sa conduite, il n'avait cessé d'agir suivant les intentions
du gouvernement. C'est lit, dit le correspondant, une très-pro-
fonde erreur, car si je suis bien informé, et vous compre-
nez que personne ne peutl'être mieux que luile gouver
nement s'est empressé de lui écrire une lettre pour le désa-
vouer, et pour le bl&mer d'avoir prononcé un discours dans
lequel il l'engageait sans son aveu, dans lequel il énontjait des
principes politiques qu'il n'avait aucunement mission de déve-.
lopper devant le conseil.
Cela veut dire évidemment que l'honorable ministre de l'in-
térieur a trop de ponsidération pour les hauts fonctionnaires
politiques du gouvernement pour les traiter comme des hom
mes h gages en les reracrciant purement et simplement. de
leurs services; mais cela dit clairement aussi qu'une fois qu'ils
ont compromis volontairement la politique du gouvernement,
ils doivent comprendre qu'ils ne sont plus dignes de représen-
ter cette politique. Cela signifie, en d'autres termes, qu'on ne
donne pas sa démission h M. Dubois, mais qu'on attend qu'il
la dépose. Maintenant, croyez-vous que M. Dubois entende de
cette oreilte? Point du tout! En pronongantla clóture de la ses
sion, il a annoncé aux conseillers qu'il les reverrait bientót
qu'il irait visiter leurs cantons. Et M. Dubois se propose bien
de tenir sa promesse.L'habit de gouverneur lui va it merveille,
il aime l'uniforme qui relève son port majestueux et encadre
admirablement sa figure martiale; il aime le confortable les
vastes hótels, les chevaux et les voitures, le titre de commis-
saire du Roi, les honneurs qu'on lui rend, tout cela est plein
d'attrait pour lui, et il n'est rien qu'il ne fasse pour rester son
poste.
Mais il ne peut y rester sans abdiquer toute dignité, et je
sais que le gouvernement est peu disposé accepter plus long-
temp s les services politiques d'un pareil fonctionnaire. II y a
encore par ei par lh, notamment h Namur, des gouverneurs
franchement catholiques nommés par le cabinet précédent et
HOSPICES. BIENFAISANCE. TOTAL.
Bruxelles, 7 aoüt.