millions on les remplace par deux autres millions.
Voilk toute la difficulté.Est-il admissible quelle soit,
pour l'intelligence collective de tous les financiers,
de tous les hommes pratiques, de tous les législa-
teurs et administrateurs de la Belgique,une barrière
infranchissable? Bien des projets furent déja mis en
avant et aussitöt combattus par de vives critiques.
A ceux qui proposent la majoration de l'impöt fon
der, on répondit, non sans raisou, que le moyen
était simple, trop simple peut-être, car on s'apercoit
de suite que ce serait mettre les deux millions la
charge exclusive des fermiers, que leurs conven
tions avec les propriétaires obligent de payer toutes
les contributions. Les baux n'en seraient pas dimi-
nués d'un centime. Au lieu de dégrcver l'agricul-
ture, ce serait l'imposer davantage..
Une seconde proposition, consistent a augmenter
l'impöt sur les chevaux et voitures, fut d'abord ac-
cueillie avec beaucoup de faveur et semblait être
appelée a résoudre la difficulté. Ce serait, dit-on,
conserver l'impöt actuel moins ses entraves et ses
vexations, ce serait faire payer l'entretien des pavés
par ceux qui s'en servent. Quoi de plus juste? Des
calculs très-approximatifs furent posés, oh l'agri-
culture et le roulage eurent leurs privileges sur le
luxe, par la diversité dans les taxes.
Mais ce système rencontre aussi des adversaires,
qui du reste les bonnes raisons ne font pas dé-
faut. La base, dit-on, de la taxe des barrières est
vicieuse. En cffet, ce que l'on paie c'est le droit de
passer avec cheval et voiture sur un chemin public,
et le droit d'y transporter des marchandises;c'est
au demeurant le droit de circulation quiestimposé.
Or, les habitants et le commerce des villes oü se
trouventdes stationsde chemin defer ontun moyen
de circulation qui les dispense de l'entretien frayeux
des chevaux et voitures, et de toute taxe au profit
du trésor. Cependant les chcmins de fer sont,
comme les pavés, Créés ou shbsidiés par les fonds de
J'Etat. Surlesuns comme sur les autres la circulation
doit être entièrement fibre ou également imposée.
Quant aux Compagnies concessionnaires de voies
ferrées, elles trouvent dans le transport des person-
nes et des marchandises des bénéfices autrement
importants que ceux retires par le petit louageur ou
voiturier dont l'industrie s'exerce a peine sur quel-
ques lieues pavées. Or, ces Compagnies ne patent
rien au Trésor, tandis que le malheureux voiturier
est frappé d'un impöt des plus lourds.
II faudrait done chercher dans unimpöt cTapplica
tion générale les fonds nécessairespóur subvenir au
déficit que produirait la suppression des barrières.
Quoique tous ces systèmes soient gros de diffi-
cultés qui sont loin d'etre résolues, nous pensons
néanmoins que, dans un avenirpeu éloigné, ce der
nier système triomphera.
Celui qui saura trouverle moyen pratique et vain-
cre les oppositions que rencontrent les meilleures
réformes, aura acquis un beau titre a la reconnais
sance de tous ses concitoyens.
Tuyndag.
lil.
Dans l'esprit du programmecar il avail, de
l'esprit les habitants devaient consacrer le
3me jour a se reposer de toutes les réjouissances du
dimanche et du lundi. En conséquencc la journée
officielle du mardi ne commenca qua sept heures
dusoir, par le bal donnéauxfrais ducerclc, «la Con
corde» a son local d'été. Aussi la ville tout entièrc ne
se serait-elle pas reveillée avant le soir, sans les
chants matinaux de cette classe de la société que
trop de plaisirs entrainent d'hahitude au dela du
lundi. Sur pied done depuis midi, je courus écouter
au jardin public la musique des pompiers. Ce serait
perdre son temps que d'entreprendre l'éloge de no-
tre excellente musique. Elle a fait ses preuves dans
le pays comme a l'étranger; les médailles d'honneur
surehargent son drapeau.
Et si, paree que tout le monde les a vues, il est super-
Hu de direcombien les dames étaient charmant.es, com-
bien fralches étaient les toilettes, que restera-t-il
done de ma visite au jardin?
JPai bien remarqué que la musique se fait invaria-
blement entendre a l'heure de midi, alors que le
soleil, donnant d'aplomh sur les principales allées,
chasse loin du kiosque dans les coins les plus re-
£ulés ceux qui ne veulent pas se faire ofllciellement
griller. 11 serait dangereux cependant de critiquer
Ie choix de l'heure, car pas de doute que les auteurs
du programme se soient laissé guider dans ce choix
par des considérations puisées dans 1'influence
de la musique sur la digestion. Celui qui fait
un programme doit songer a tobt. Or, comme
les diners de familie formaient la partie la plus im
portante des fêtes, je craindrais d'y toucher de prés
L'OPINION, Journal d'Vpres.
ou de loin, de peur de m'attirer les vengeances de
toute la ville. Quittöns done le jardin sans en
rien dibe. Avant d'aller au bal je me rendis a la
baraque.deM. Philippe,qui a bien voulu prêter son
généreux concours pour rehausser l'éclatdu« Tuyn
dag.
j'écris du Tuyndag n'est-ce pas de /«Tuyndag
qu'il faudrait écrire? Simple question de genre,
dira-t-on. Oui, mais ce genre de questions est de la
plus haute importance tous les points de vue. II
est mème beaucoup d'écoles de petits-frères et cer
tains colléges bien connus en Belgique, oü ces ques
tions sont fort mal enseignées.Je ne recommande
pas ces établissements a la confiance des pères de
familie. Quoique le Propagateurqui a sans nul
doute ses entrées.a l'académie, écrive la Tuyndag,
j'incline cependant pour le genre masculin. Le
doyen Spaas est prié de ne pas faire ici de jeu de
mots.Tuyndag est un mot flamand sans mé
lange. II est composé de deux substantifs masculins.
En langue flamande le mot composé est lui-même
du genre masculin. Jene vois done aucun motif
pour forcer ce mot d'abdiquer son genre, dès qu'il
plaira a quelque écrivain de I'importer dans une lan
gue étrangère.
La société d'archéologie de la West-Flandre vou-
dra bien,dans une de ses prochaines séances, résou
dre cette grave question qui intéresse au plus haut
degré notre littérature nationale. On pourrait faire
de la besogne moins intéressante que celle-la.
J'entrai done chez M. Philippe, oü je passai
plus d'une hcure a être mystifié par des tours d'a-
dresse. Figurez-vous un hómme qui met dans la
pochc d'une maman un simple as de pique, et qui
en fait sortir instantanément un gros garcon! Avec
du sucre il fait dü café. Dans sa main lor se change
en cendres. Je gage qu'il changerait en paroles
évangéliques le fameux mandement et les sermons
dermèrement prononcés a Rousbrugghe et a
Elverdinghe.J'ai peu d'estime pour ces'finesses,
qui consistent a faire voir aux gens autre chose que
la vérité. II y a trop de ficelles dans le jeu de
M. Philippe.
En mystifiant le mieux possible son auditoire, il
n'est guidé que par le désir d'augmenter la recette.
Peu lui importe de montrer la vérité sous un faux
jour, et de faire du public,sa dupe. Enfler son gous-
set, voila le vrai hut du prestidigitateur. Au reste
M. Philippe avouc franchement que la science dont
il fait profession fut inventée par les jésuites, qui,
a l'en croire, la pratiquent en grand par le monde
entier.
Je vis dans la baraque des exercices sur le tra
péze, une danse nor mande et un blanc travesti en
nègre.
Arrière les travestissementsCela me rend de
mauvaise humeur; il vaut mieux que l'hommc se
montre tel qu'il est. On a tant vu les blanc,s se faire
nègres, que cela devient fastidieux. On ne peut
guère en Belgique fréquenter une,promenade pu
blique sans rencontrer un visage récemment noirci.
Le pire de tout cela- c'est qu'il est impossible de
blanchir un nègre il faudrait done hicn continuer
a les accepter pour ce qu'ils sont et pour ce qu'ils
valent.
Une question poséc par mon voisin me tira
de ma mauvaise humeur.
Après avoir magnétisé sa petite fille Noëlle, et
fait écrire par un spectateur quelques mots sur un
billet soigneusement plié et déposé dans une urne,
M. Philippe demanda a la magnétisée de lui lire le
billet, quelle n'avait pu voir. Ma foi, elle le lut
fidèlement sans omettre une syllabe
Quelle difl'érence, fit mon voisjn, entrè la ma
tt gnétisée et le président d'un bureau élcctoral?
Hein?
C'est que la magnétisée fit exactement le bil
let sans y voir, tandis que le président d'un bureau
ne sait lire souvent qüe la moitié de ce qu'il a sous
le nez
Parbleuc'est vrai! Quelle amélioration si en
vertu de la nouvelle loi electorale Foil attachait une-
magnétisée a chaque bureau? J'envoie l'idée a M. le
rapporteur du projet de loi.
II est trop tard pour patier de l'illumination et du
bal de la société la Concorde la fête était des
plus cliarmantes, et tout se prêtait a l'expansion des
plus doux sentiments. J'ai bien vu par-ci par-la
quelque chose, mais je respecterai religieusement
le délicieux secret des jeunes coeurs.
Tout le monde se rappelle le remarquable arrêt
de la cour de cassation de Belgique en date du
25 novembre 1862, déniant aux notaires le droit
exclusif de procéder a la vente publique d'immeu-
bles aux enchères obligatoires après affiches et an
nonces. La cour suprème décida que tout proprié-
taire peut vendre ou faire vendre publiquement ses
immeubles, ou charger de ces ventes les agents d'af
faires, qui procéderont suivant le mode ci-dessus
indiqué, sous la réserve de passer devant notairc
acte authentique desaliénationsfaites par acte privé.
Cette décision était faite pour jeter le désarroi
dans le camp des tabellions. Elle intéresse égale
ment au plus haut point le public tout entier,qui ne
saurait avoir trop de garanties de capacité et de
probité chez les hommes voués de profession a la
gestion de ses plus graves intéréts.
La question qui nous occupe est des plus impor-
tantes; elle donnera sans aucun doute lieu a de nom-
breuses décisions judiciaires, a des pétitions plus
nombrcuses encore. Les Chambres législatives en
seront saisies.
Rien ne sera épargné pour la faire tranchcr dans
un sens comme dans un autre. Elle contient dans
ses flancs la chute d'un ministère, peut-être le sort
de la majorité parlementaire.
Car tout le monde sait - nous ne l'avouons pas
sans en être profondément attristé - combien
est grande chez beaucoup de personnes Tinfluence
des intéréts sur les actes de la vie politique.
Dans une réunion générale et extraordinaire te
nue le lundi 10 aoüt, les notaires de l'arrondisse-
ment de Charleroi ont arrêté, a l'unanimité, le pro
jet d'une pétition au Roi, pour supplier S. M. de
soumettre a la législature un projet de loi consa-
crant le droit exclusif des notaires de procéder a la
vente publique des immeubles a la criée et aux en
chères.
Attendons le résultat de cette haute démarche.
CoiTcspondtmce particuliere de L'ÖPSXIÖX.
Les catholiques politiques de tous les pays du monde, as
sembles en ce moment en congrès, sous la présidence d'hon
neur de S. E. le cardinal archevêque de Malines, ont bien eu
raison, h Couverture de leurs travaux, de rendre hommage h
Tincomparable liberté dont ils jouissent en Belgique sous le>
régime de notre admirable Constitution.Le Moniteur universel
a profité de l'oceasion pour bien montrer aux membres du
Congrès de Malines la difl'érence qu'il y a entre les institutions
impériales et les nótres; il publie aujourd'hui même un décret
qui interdit aux archcvêques et aux évêques de France de se
réunir et de délibérer en commun. M. le premier président de
la cour de cassation de Belgique a dit avee M. l'archevêque de Ma
lines, ettous les autres orateurs entendus après eux ont répété
cette formule sacramentelle«Gloire h Dieu au plus haut des Cieux
et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté; ils au-
raient pu ajouter gloire aux Beiges de -1830, qui ont proclamé
une Constitution sous le régime de laquelle il nous est per
mis, h nous qui n'avons que le droit de nous taire dans notre
pays, de nous assembler chez eux pour déblatérer contre les;
lois en vigueur et instiguer les peuples h la désobéissance.
Voilh ce que j'ai a dire aux catholiques étrangers auxquets
les Malinois donnent en ce moment une splendide hospitalité.
Aux catholiques beiges qui ont organisé le congrès je diraï
qu'ils ne parviendront pas dans leurs conciles a faire triompher
les voeux qu'ils ont été impuissants a réaliser dans nos assem
bles législatives. Ils ont beau proelamer, sans discussion, que
toute entrave mise h l'accomplissement du devoir de la charité
estun empêchement k l'observation d'une loi de la religion catho-
lique le pays leur aréponduen renversant le cabinet Dedeoker-
Vilain Xllll qui avait présenté h nos Chambres la loi qu'ifs out
toujours en vue, et en interprétantl'art. 84 de la loi communale
de manière a leur prouver que nous n'avons rien h voir dans.
les prescriptions de la religion catholique. La Constitution beige
tolère toutes les religionselle n'en connait aucune. quelques
voeux que l'on émette, jamais l'Evangile ne sera la Constitution
du peuple beige.
Je vais donner h vos lecteurs une idee générale de toutes les
resolutions que le congrès se propose de prendrenos catho
liques veulent d'abord, sourds aux oris de détresse des popu
lations flamandes que la crise amórieaine réduit h la plus pro-
fonde misère, donner h l'oeuvre du denier de St-Pierrg 'une.
organisation générale qui unirait par un lien commun t'ous les
membres de l'oeuvre dans tous les pays. Ils veulent neutralises
l'influence et les efforts des associations qui se coestituenl en
Belgique pour enterrer civilement les gens qui c rojent pon de
mourir sans le secours de la religion, et ils ré,ciament h cctte
fin la propriété des cimetieres comme dópen^hemces des églises
lis veulent par tous les moyens possiblesmeme par la viola
tion de la liberté de conscience, faire ob server la sanctification
du dimannhe. lis fonderont danstoutP.s les communes du pays,
partout oil trois catholiques peuvenq se rencontrer et se tendre
la main, une conférence de la Socfété de St-Vincent de Paul, lis
veulent que les provinces et le3 communes soient déclarées aptes
h recevoir des legs et des libét alités en faveur de l'enseignement
h tous les degrés, et spécicdement des établissements désignés
par les testateurs ou 'ionateurs, afin de donner dans leurs
écoles une instruction religieuse dogmatique; ils mettront tout
en oeuvre pour que leurs établissements soient rangés au moins
au même niveau que les établissements rivaux, afin de rendre
1 enseignement de 1 Etat inutile. Ils créeront partout des biblio-
thèques dans le but d'encourager la diffusion de ce qu'ils ap-
pellent des bons livres; ils organiseront même le colportage,-
pour faire pénétrer leurs élucubrations dans les plus humbles
demeures, dans les campagnes comme dans les villes. Ils or
ganiseront des colléges du premier et du deuxième degrés pour
faire concurrence aux athénées royaux; ils auront une revue ca
tholique qui sera le contrepoids du Moniteur de l'enseignement
moyen, et ja direction de cette revue remplira auprès des collé
ges catholiques le röle du conseil de perfectionnement institué
au ministère de l'intérieur.lis adjoindront h l'Université catholi
que de Louvain une école spéciale du génie civil,de l'industrie et
des mines; ils fonderont une académie catholique des sciences,
des lettres et des beaux-arts;ils couvriront de peintures murales
les anciennes églises et chapelles, paree qu'il leur semble q-ue la
badigeon au lait de chaux doit être envisagé CQpatac tui pis-al!er
Bruxelles, 21 aoüt.