JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRÖNDISSEifSEblT. YPRES, Dimanche. première axxÈE. n« so. C septembre 48«jg. Le Journal paratt le dimanche de chaque semaine. Laissez dire, laissez-vous blémer, mais publiez votre pensee. YPRES» O septeiafere U COMIÈS IATIÖML JUGÉ PAR LE CONGRES CATHOLIQUE. Le congrès de Malines a résumé ses travauxdans une longue série de résohitions donl la plupart sont eonnues de nos lecteurs. De ces resolutions, les unes, telles que la creation de cercles cathöliques, sont tout simplement risibles; les autres, au nombre desquelles nous plaeerons l'organisation d'un vaste système de publicité destiné contrebalancer l'in- fluence pernicieuse de la presse libérale, sont con- damnées d'avanee a une incurable stérilité. Mais s'il y a peu ou point a s'occuper de ces resolutions mort- nées, s'il ne faut que rire de ces tentatives impuis- santes ou ridicules, 4econgrès de Malines n'en reste pas moins itn événement eonsidérable et qui mérite ïoute l'attention du pays. En politique comme en stratégie militaire, bien eonnaïtre l'ennemi est un point capital. Nos adversaires nous connaissent depuis longtemps dès 1846, le congrès libéral avait solennellement formulé le programme du libéralisme beige. Mais le programme du pafti clerical oü était-il? nous en étions réduits sur ce point tides conjectures, a des inductions. Grace au congrès de Malines, ce prin cipe d'infériorité a dispara et nous allons pouvoir I utter a armes égales eontre l'ennemi. Cariln'ya plus a le nier aujourd'hui Les cathöliques beiges out formulé leur programme et ce programme est contenu tout entier dans le discours d'ouverture prononcé par M. le baron de Gerlache. M. Dechamps a cependant essayé de donner le change a l'opinion publique. Le discours de M. de Montalembert, s'est-il écrié lors du banquet qui a clöturé le congrès, voilé notre programme a nous tous cathöliques beiges, et, pour ma part, jeprends l'engagement de le porter a la tribune nationale. M. Dechamps est assurément un fort habile homme, mais l'habileté ne saurait triompher de l'é- fidence. A qui persiiadera-t-il que M. de Montalem bert, un étranger, un homme que ses convictions ont complètement isolé dans son propre parti, a été ehoisi par le congrès catliolique beige pour par Ier en son nom? M. de Montalembert a joué au congrès le role d'un premier ténor de grande ville en repré- sentation en province, rien de plus. L'orateur Öffi- ciel, c'était évidemment M. de Gerlache, Ie prési dent du congrès et l'un de ses principaux organisa- teurs. L'espace nous manque pour analyser, dans ses détails, le discours-programme de M. de Gerlache. Nous ne pouvons que le résumer très-brièvement. G'est une chose connue depuis longtemps que le profond amour des cathöliques pot.r la liberté.M.de Gerlache éprouve le besoin de le proclamer bien baut Dieu, dit-il, a créé l'hommé fibre et il nap- partient it aucune puissance du monde de lui ra- viv ce premier des Mens, Mais il est assez diffi cile de comprendre ce que l'orateur entend par le mot liberté. La réforme, écrit-il plus loin, «ree son principe de libre examenrendait cbacun maitre de croire ce qu il lui plaisait,jetait I'anar- chie dans les esprits, non-seulement dans 1'ordre religieux, mais aussi dans 1'ordre politique et moral. Si la liberté, le premier des Mens de h homme, ne rend pas ehaeun maitre de croire ee qu'il veut, ni en religion, ni en morale, ni en politi que, il devient assez malaisé de saisir en quoi elle eonsiste l'orateur se charge de nous tirer cl'embar- ras «Le pays, dit-il, ne peut êlre conserve que par Faccord de deux grands principes, le catholicisme et la liberté. II veut le catholicisme, parce que c'est la condition nécessaire de la civilisation mo te derne, et que tenter de le détruire, e'est vouloir retourner a la barbaric. Ï1 veut la liberté, parce que Dieu la veut. Nous voici parfaitement fixés maintenant sur le sens que l'orateur attache au mot liberté la li berté, e'est le droit des cathöliques tout le reste n'est que désordre et anarchie. Cette idéé domine tout le discours de l'orateur, on laretrouve partout, aussi bien dans les considé- rations auxquelles il se livre sur le passé que dans ses appreciations de l'avenir. La partie curieuse de ce discours Concerne le Congrès national et son oeuvre, la Constitution. La liberté étant, d'après l'orateur, le droit des cathöliques seulemeMt, il y avait a accommoder ce principe avec les idéés du Congrès national, qui a proclamé la liberté pour tout le monde. Le moyen imagine par lui est des plus ingénieux et mérite qu'on le signale. L'orateur prend pour point de départ de sa dé- monstration la situation faite aux cathöliques par le gouvernement hollandais Le roi Guillaume, dit-il, avait imaginé de fournir FEglise catholique de jeunes lévites de sa fagon, et a cette fin, il éri- gea un collége philosophique a Louvain, par le- quel devait passer tout lejaune clergé beige. 11 ferma les petits séminaires et les écoles dirigées par des ecclésiastiques ou par des laïques dans un esprit religieux, il ferma les écoles des frères de la doctrine chrétienne, Fit expulserpar la gen- te darmerie eeux qui étaient d'origine étrangère, cut de grandes discussions avec la cour de Rome pour la nomination desévêques, maintint le placet et fit poursuivfe devant les tribunaux tous les actes émanés de Rome, publiés sans autorisa- cc tion... Le Congrès eut pour principale mission cc de remédier aux abus dont on se plaignait. 11 dé- créta la liberté des cultes et de la presse. Cette longue enumeration des griefs des cathöli ques n'a évidemment qu'un but, celui d'établir qu'en proclamant la liberté des cultes et la liberté de la presse, le Congrès national s'est préoccupé exclusi- vement des droits des cathöliques et n'a nullement songé a donner des garanties aux dissidents. (Le mot est de M. de Gerlache.) Le clergé catholique avait été persécuté par le roi Guillaume; c'est pour- quoi le Congrèsadécrété la liberté des cultes. «Les cc procés de presse étaient fréquents sousle régime cc précédent et presque toujours dirigés eontre. des cc écrivains cathöliques-, ii fallait mettre les écri- vains cathöliques a l'abri des atteintes du pouvoir. c'est pourquoi le Congrès national a décrété la li berté de la presse. Quant aux écrivains dissidents, c'est a peine si le Congrès a pensé a eux. cc Certes, cc s'il était possible d'assurer la liberté du bien en <c arrêtant la liberté du mal, il faudrait se hater de cc choisir un semblable régime; mais ce n'est mal- cc heureusement la qu'une utopie. Ce ne sont pas cc seulement lesparticuliersqui abusentdela presse, cc ce sont les hommes du pouvoir eux-mêmes. L'ex- cc périence nous avait appris que la liberté de la presse avec ses exces avait encore moins d'in- convénients qu'un régime despotique et corrup te teur qui fausse l'opinion et concentre tout dans cc ses mains. Le sens de ces paroles est suffisam- ment clair si le Congrès n'avait eu alïaire qu'aux simples particuliers, il se serait empressé d'inter- dire la liberté du mal pour mieux assurer la liberté du bien, c'est-a-dire qu'il n'auraitadmis la liberté de la presse qu'en faveur des écrivains cathöliques seu lement; mais il y avait a combattre les dangers de la presse subsidiée par le gouvernement et voilé pourquoi on a donné la liberté a tout le monde. La liberté de la presse trouve, d'ailleurs, son correctif, son cc contrepoids dans la liberté de l'enseignement. <c Le Congrès national, en décrétant cc cette dernière, comptait sur le sentiment reli ct gieux de la nation. Pour celle-ci comme pour les autres, il n'avait en vue que les intéréts des ca- tholiques. Les libres-penseurs n'en ont eu leur part que parce qu'il n'y avait pas moyen, pour le moment du moins, de la leur refuser. M. de Gerlache s'ex- plique la-dessus avec une franchise des plus édifian- tes. cc La revolution, dit-il, s'étant faite par le corn et cours des cathöliques et des libres-pensèurs, le cc seul moyen de maintenir l'union, c'était de pro- cc clamer la liberté entière pour tous. Voilé qui est clair: Siles cathöliques avaientpu, euxseuls, renverser le gouvernement du roi Guillaume; si, ce gouvernement renversé, le maintien de l'union n'a vait pas été nécessaire a la consolidation de la na- tionalité, les cathöliques auraient pu se dispenser de décréter la liberté en faveur des libéraux. On n'est pas plus franc. En résumé, le Congrès national, en proclamant la liberté des cultes, la liberté de conscience, la li berté de la presse et de l'enseignement, n'a eu, en vue que Faffranchissement des cathöliques seuls si les libéraux ont été admis jouir de ces mêmes libertés, c'est uniquement parce qu'ils ont concouru arracher les cathöliques la persécution du gou vernement hollandais et qu'on leur devait bien cela pour leur peine. Mais ces libertés, ils en jouissent titre de gratification seulement et point du tout titre de droit. Le jour oil l'on jugera que leurs an ciens services ont été suffisamment rétribués, la gratification poürra être supprimée sans qu'ils aient Ie plus petit mot dire. La constitution n'est un droit inalienable que pour les cathöliques seuls pour les libéraux, c'est une simple cbaric oc- troyée. Nous nous abstenons dc toutc reflexion sur les doctrines professées, au nom du congrès de Malines, par son honorable président M. de Gerlache. Elles n'ont rien qui doive étónnerceuxqui connaissent de puis longtemps les tendances du parti clerical et les desseins qu'il nourrit pour l'avenir. Mais jamais ces tendances, ces desseins ne s'étaient manifesttis avec autant de hardiesse. Remercions M. de Gerlache, re- mercions le congrès de Malines qui fa ehoisi pour son organe Le discours de Fhonorable président a rendu un grand service la cause du libéralisme, Quand uous signalions les cathöliques comme des ennemis mortelsdenos fibres institutions,ilsavaient naguère a nous opposer uil argument formidable leur attitude dans le sein du Congrès national.Nous saurous désormais que leur répondre. Le discours de M. de Gerlache la main, nous montrerons au pays que cette attitude n'était qu'une pure comédie et que les protestations si ardenfes qu'ils faisaient entendre alors n'avaient d'autre but que de nous as- socier des desseins qu'ils se sentaient impuissants faire triompher sans nous. Ces chauds amis de, la liberté, nous les ferons voir tels qu'ils étaient, tels qu'ils ont été toujours, tels qu'ils seront aussi long temps qu'ils auront souffle de vie ambitieux, avides de pouvoir, affamésde domination, sachant, dans les moments de danger, fairequelques conces sions a des adversaires dont ils ont besoin, quitte les leur enlever, soit par la ruse, soit par la force, dès que le danger a disparu. Rendons grace M. de Gerlache son discours ouvrira bien des yeux et dissipera bien des illusions; il y avait en core par-ci par-lé des gens de bonne foi qui croyaient très-sincèrement au libéralisme des cléri- caux du Congrès nationalces gens de bonne foi sauront maintenant quoi s'en tenir on ne les y prendra plus. StatioR du chemin de fer West-Roosebeke. Au moment oil il s'agit de tracer les plans du ehemin de fer d'Armentières Ostende, passant par Ypres, les administrations et les habitants des diverses communes placées sur le trajet ont mille fois raison d'insister, tant auprès de M. le ministre 11 i - LOPHMIOIM. On s'abonne a Ypres au bureau du Journal chez Fkux Lvmein, imprimeur-libraire, rue de Dixmude, no SS, ét k Bruxelles chez l'éditeur.Prixd'; l'dtranger le port en sus. Ün nutndro 25 c. Prix des Annonces et des Réclames 10 e. la petite ligne; corps du journal 30 centimesle tout payable d On traite ii forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doiventêtre adressés fs.,n( o au bureau du journal. abonnementpour la Belgique 8 fr. par an; 4 fr, 50 c. par semestrepour 'avance.

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L’Opinion (1863-1873) | 1863 | | pagina 1