L'OPINION, Journal d'Ypres.
libéralisme exigeait Ie maintien du statu quo et que
ceux qui voulaient la lutte n etaient que cles étour-
dis... et que savons-nous encore?
Oui, 1'abstention avait fait en partie le tour de l'ar
rondissement, avant que l'association eüt eu occa
sion de décréter la lutte.
Que n'a-t-il pas fallu d'efforts pour faire com-
prendre ensuite aux électeurs des campagnes exac-
tement le contraire de ce qu'ils avaient cru huit
jours auparavant! N'eut-il pas mieux valu, avant de
prêcher les électeurs,d'attendre la décision de l'as-
semblée, et pour cela celle-ci n'aurait-elle pas du
être convoquée plus tot?
Aujourd'hui il s'agit detections communales.
Quels motifs y a-t-il de laisser les électeurs dans
Fincertitude la plus compléte jusques une huitaine
de jours avant l'élection? Le corps electoral est-il
done un si terrible enfant qu'il faille lui tout cacher,
de peur qu'il n'abuse des révélations qui lui seraient
faites
Qu'on nous croie bien, en insistant pour qu une
plus grande action soit accordée au corps électoral
nous n'exprimons que le désir de tous les électeurs
libéraux qui apprécient sagement,a part eux, la po
sition par trop modeste qui leur est créée.
On a beau nous parler de ce qui se passe a
Bruxelles ou ailleurs, cela Aous importefortpeu. Les
électeurs d'Yres ne cherchent pas a copier ce que
font les autres chez eux; ils ne sont pas assez en-
fants pour se résigner au röle de simples imitateurs.
Qu'importe aussi que nous comptions 400 électeurs
libéraux tandis que d'autres en comptent 4,000?Les
droits et les prérogatives ne sont pas proportion-
nés au nombre. En pareille occurrence il laut peu
s'occuper des autres etbeaucoup dece qu'on constate
autour de soi. Or, l'article que nous publiions di-
manche dernier n'était que l'expression de plaintes
nombrenses que nous avions entendu formuler par
un grand nombre delecteurs.
Pour terminer nous dirons avec le Progrès il est
facile de tout critiquer, mais on n'a pas pour cela
raisonet nous ajouterons il est facile de re-
pousser toutes les critiques, mais on pourrait avoir
tort.
Dans notre numéro du 4 octobre nous affirmions
qu'un certain nombre de nos amis politiques ap-
puyaient chaudement la candidature de M. A. Van
denpeereboom au conseil communal d'Ypres, et
nous examinions h ce sujet si les fonctions de mi-
nistre, de ministre de: l'intérieur surtout, ne sont
pas incompatibles avec le mandat de conseiller
communal?
Au point de vue abstrait de nos institutions poli
tiques la question ainsi posée est des plus intéres-
santes; elle offrait en outre pour nous l'intérêt de
l'actualité et celui d'une question locale.
Aussi nous nous sommes empressé de soumettre
nos réflexions k nos lecteurs, qui ne s'attendent pas
a lire dans nos colonnes d'interminables comptes-
rendus sur la politique de la Chine et du Japon,
mais bien tout ce qui concerne l'arrondissement
d'Ypres.
Le suceès fut complet,car l'article nous a valu les
honneurs d'une citation de la part du Progrès
d'Ypres et de son traducteur De Volksvriend.
Voici le texte frangais Un journal de cette
ville combat vigoureusement la candidature de
M. Vandenpeereboom comme conseiller com-
munal d'Ypresnous ne réfuterons pas l'article
de {'Opinion; e'est inutile, carM.Vandenpeereboom
n'a jamais eu la moindre intention de se mettre
sur les rangs, mais nous tenons a lever tout doute
a eet égard, pour répondre a certaines feuilles
cléricales qui se sont emparé (sic) de l'article de
1 'Opinion pour lancer des avanies a la face de
I'honorable ministre de l'intérieur.
Si l'article de 1 'Opinion tendait a cela son but
est atteint.
Nos confrères s'abstiennent de réfuter l'article de
1'Opinion par le motif que e'est inutile, M. Vanden
peereboom n'ayant point eu la moindre intention
de se porter candidat. II résulte de cette déclara-
tion que si 1 'Opinion et les électeurs se sont préoc-
cupés de cette candidature, la faute si faute il y
avait en serait aux amis de M.Vandenpeereboom",
qui, cédant a d'excellentes intentions, mais sans le
consulter sans doute, avaient espéré, dans l'intérêt
de la ville d'Ypres, pouvoir déterminer M. le mi
nistre k solliciter le suffrage des électeurs.
A ce propos nous ajouterons que si le choix des
candidats aux élections était soumis a des régies
plus larges, si l'association était réunie en temps
utile, si les électeurs n'étaient pas jusqu'au dernier
moment dans l'ignorance la plus profonde de la si
tuation, de pareils bruits n'auraient ni l'occasion ni
le temps de prendre dc la consistance, et les élec
teurs p'tjri seraient pas réduits a discuter les pro
pos tenus par telle ou telle personne qu'ils savent
être initiées aux secrets des coulisses.
Pour Ceux qui n'ontpas lu 1'Opinion il semble que
ce journal, en combattant vigoureusement la can
didature de M. Vandenpeereboom, ait fourni les
avanies que les journaux catlioliques jettentala face
de M. le ministre.
Complimentons de suite le Progrès sur la fagon
spirituelle avec laquelle il unit dans une seule
phrase les idéés et les choses qui s'excluent le plus
radicalement.
L'Opinion et les journaux catlioliques rient sans
doute de bon coeur lorsque le Progrès leur impose
ainsi une accolade fraternelle.
Nous n'avons pas lu l'Escaut d'Anvers. Si cette
feuille jette des avanies a la face de I'honorable mi
nistre de l'intérieur, cela n'aura surpris personne,
pas même M. le ministre, car tout le monde connait
les intentions de la bonne presse qui prend
texte de tout et de rien pour démolir le minis
tère libéral, et qui demain peut-être trouvera dans
l'articulet du Progrès un superbe thème h tartines
anti-ministérielles.
Mais ce que nous tenons a faire ressortir, e'est
l'extrême adresse avec laquelle le Progrès insinue
auprès de ses lecteurs que les feuilles cléricales ont
puisé leurs avanies dansles colonnes de 1'Opinion!
Pour le bouquet notre confrère se livre a la gra-
cieuse supposition que voicisi l'article de 1 Opi-
pinion tendait a cela, son but est atteint.
Pour toute réponse nous dirons au Progrès que
son hypothèse fait hausser les épaules et que s'il a
pour but d'incriminer nos intentions il y perd son
temps et son encre. Nous connaissons, il est vrai,
d'aneienne datetoute l'horreur qu'inspirent au
Progrès les (ripotages clérico-libéraux, si bien que
nous ne serions pas étonnés de lire un jour dans ses
colonnes une vigoureuse sortie contre tous les
actes de ce genre qui sont a sa connaissance et h
celle de ses amis. Mais nous engageons notre con
frère a ne pas se créer de vaines suppositions pour
avoir le plaisir de eombattre des chimères. Cela ne
peut que faire rire au détriment du Progrès.
Composition de la cliambre de commerce dc
l'arrondissement Ypres-Dixmude.
Nous avons été surpris devoir que sur 10 mem
bres composant en 1862 la cliambre de commerce
pour les arrondissements d'Ypres et de Dixmude,
9 sont clioisis parmi les industriels et les commer-
gants de la ville d'Ypres; le dixième est le délégué
de la ville de Poperinghe. De cette fagon, les loca-
lités les plus commergantes et les plus industrielles
de l'arrondissement, telles que Wervicq, Warneton,
Comines, ne sont pas représentées, pas plus les can-'
tons de Passchendaele et de Rousbrugghe-Haringhe
L'arrondissement de Dixmude, qui eut son représen
tant jusqu'en 1861,n'cst plus représentédepuis cette
époque.
Sans rechercher a quelles causes il convient d'at-
tribuer cette situation anormalc et préjudieiable a
Faction bienfaisante que la chambre est appelée a
rendre au commerce, nous exprimonsici le voeu d'y
voir apporter le plus tót possible des modifications
radicales.
II importe en effet que chacun concoure dans le
cercle de ses connaissances a relever les diverses
parties de notre arrondissement de leur infériorité
commerciale. Or, les attributions que l'arrêté or-
ganique du 10 septembre 1841 confère aux cham-
bres de commerce sont assez nombreuses et assez
importantes pour que chaque localité manifeste la
volonté de se voir representee par un des siens dans
le conseil du commerce. Présenter au gouverne
ment les moyens d'accroitre la prospérité indus-
trielle et commerciale, signaler les obstacles aux
progrès, éclairer le gouvernement, les administra
tions des villes et de la province en leur adressant
des renseignements et des rapports sur tout ce qui
intéresse le commerce, émettre des voeux pour la
construction des routes, des canaux ou' pour la re
vision des lois, ne sont-ce pas autant d'attributions
qui doivent faire des chambres une des institutions
les plus utiles comme elle est une des plus popu-
laires
Aussi comprenons-nous a peine 1'indifférence des
villes et des communes de notre arrondissement
qui ne présentent pas de candidats pour les places
vacantes, ou qui, comme Dixmude et Comines, ne
pourvoient pas même aux vides laissés par la dé-
mission de leurs anciens délégués
Oui, nous regrettons de devoir l'avouer, l'insou-
ciance est telle qu'aux termes mêmesdu rapport
la chambre s'est trouvée dans l'impossibilité maté-
rielle de se livrer a un examen complet de la situa
tion en 1862, faute de renseignements suffisants de
la part des communes même les plus importantes.
Et certains commergants se plaignent si volon-
tiers de 1'insouciancedesadministraL'ons publiques!
Recevcurs de barrières comianoales.
Nous basant sur les termes formels de l'article
421 de la loi communale, nous disions,dans un pré
cédent numéro, que le receveur communal est
chargé seul d'effectuer les recettes communales et
d'acquitter les dépenses dument ordonnancées.Pour
arantir la boune gestion des finances, la loi a pris
es mesures énergiques, parmi lesquelles notam-
ment le cautionnement a fournir par le comptablc
de la commune. Les termes si généraux de la loi
semblaient nous autoriser h dire que l'institution dc
receveurs spêciaux pour la perception delataxe des
barrières communales n'est point conforme aux lois.
Les arguments que nous oppose le Progrès n'ont
pas modiflé notre conviction. II est vrai que la dé
putation permanente a la surveillance de la voirie
vicinale, et qu'elle peut même prescrire l'empierre-
ment des routes de grande communication, en ré-
gler le mode d'exécution et de surveillance. II est
vrai encore que le règlement provincial du 22 juil-
let 1854 institue des commissions chargées d'admi-
nistrer les routes... de former le budget et d'arrêter
les comptes.
Mais nous netrouvons rien dans ces attribu tions qui
nécessite la présence d'un receveur spécial, que
d'ailleursni la loi de 4844, ni le règlement de 1854,
n'ont pas institué. Nous ne trouvons pas davan-
tage dans les dispositions précitées que Ja commis
sion administrative soit chargée de recevoir et de
payer tout ce qui se rapporte au cliemin confié a sa
surveillance.
Le droit de surveillance n'entraine nullement la
nécessité d'une caisse spéciale, car la députation per
manente, le commissaire d'arrondissement,qui ont
la surveillance générale de la voirie dans leurs at
tributions, n'ont pas dans ce but le maniement des
fonds destinés h la voirie.
II tfest point a craindre que le revenu des bar
rières versé entre les mains du receveur commu
nal soit détourné de sa destination,car le budget de
la commune ne doit-il pas être approuvé par la dé
putation, qui recevrait alors comme maintenant de
la part des commissions le budget annuel et le rap
port sur la situation du chemin? La députation sur-
veillerait done directement ces fonds spêciaux,
comme tant d'autres fonds spêciaux créés dans l'in
térêt communal.
L'état déplorable de certaines routes avant l'an-
née 4840 dépendait, non pas de ce que les com
munes recevaient le produit des barrières, mais du
défaut d'administration et de surveillance, ce qui
est tout différent.
En fait, quant au mode de percevoir la taxe et
d'intervenir dans les dépenses des routes, nous n'y
voyons pas plus de difficultés que dans un grand
nombre de cas du même genre. Depuis que Ton a
inventé la division il est facile d'indiquer a chacun
la part lui incombant dans les dépenses, et lui reve-
nant dans les recettes. En pratique d'ailleurs les in-
convénients qu'offrirait la répartition proportion-
nelle des recettes et des dépenses ne nous paraissent
pas être fort sérieux, et dans tous les cas pas assez
graves pour déroger aux régies générales sur la
comptabilité des deniers communaux.
Avons-nous fait erreur sur l'élévation de la dé-
pense que nécessite pour les communes l'interven-
tion de receveurs spêciaux? Nous devonsle croire,
puisque le Progrès affïrme que ce que nous disions
a eet égard est matériellement faux. Toutefois, en
posant le chiffre de 4,200 a 4,500 fr. nous prou-
vions bien que nos données ne pouvaient être qu'ap-
proximatives. De soncöté le Progrès n'eüt rien en-
levé a la force de ses arguments en les exprimant en
termes polis.
Or, en l'absencc de données précises, nous avions
calculé que les 22 routes produisant en moyenne
600 fr., donnaient un revenu total de 43,200 soit
a 40 p.c. un tantième de recettes de 4,320 fri Notre
confrère ne nous donne de son cóté que des chif-
fres approximatifs, dont nous espérons trouver un
jour l'occasion d'examiner la valeur réelle pour la
soumettre a nos lecteurs.
Au surplus, la question de chiffres ne changeant
rien aux principes, nous pouvons sous bénéfice
d'inventaire accepter les chiffres approximativement
indiqués par notre contradicteur.
Correspoiidaiice particuliere dc L'OPIMOIY.
Bruxclles, le 17 octobre 1863.
Je vous ai entretenu assez longuement, dans ma précédente
correspondance, d'un conseil de ministres qui a été tenu au pa
lais de Bruxelles le 4 de ce mois, sous la présidence du Roi, et
des bruits mis en circulation k Tissue de ce conseil. Toutes les
correspondances de Bruxclles s'en sontoccupées,kcommoncer
par celle de Ia Mcuse, redigéecomme vou3 savez, par