N'est-il pas vrai que cette parlie de leur mis
sion sera rendue presqu'absolument impossi
ble et qu'en lont c.as, le controle présentera
des incertitudes telles que l'électeur pourra
en profiter ponr voter librement, quitte a se
mettre a Tabri de la menace par un men-
songe?
Oh! il y aurait bienun moyen, c'est que les
associations se cbangeassent de faire contró-
ler dans chaque bureau électoral les listes de
bulletins marqués qui leur seraient remises.
Mais, outre la répugnance invincible qu'el-
les éprouveraient a accepter une pareille be
sogne, qui done, avec une loi qui frapperait
sévèrement la distribution desbillets marqués,
oserait confier a des tiers, a des inconnus, la
preuve écrile de son méfait? Qui ne^reculerait
pas devant la pensée de mettre dans le secret
de sa mauvaise action des étrangers, des trai-
tres peut-ctre?
II n'est done pas vrai de prétendre que le
vote par ordre alphabétique serait sans in
fluence sur la distribution des billets marqués.
Nous avons, au contraire la profonde con
viction et lous les hommes versés dans la
pratique des choses électorales seront de notre
avis que, par ce syslème, combiné avec les
autres mesures que nous avons développées
dans nos articles précédents, on ne larderait
pas a arriver a Tanéanlissement complet de
eet odieuxabus.
Ce système, cependant, a rencontré de
nombreux adversaires. II en a renconlr,
dans le camp clérical, ce qui se comprend assezé
le bulletin marqué élant son arme favorite.
11 en a rencontré parmi nos amis politiques,
parmi les libéraux, ce que nous nous expli-
quons moins.
Lors de la discussion de la loi décrétant une
nouvelle répartitiou des membies de la légis-
lature, la Section Centrale, chargée de l'exa-
men decette loi, présenta.sous forme d'amen-
dement, la proposition de substiluer l'ordre
alphabétique au vote par communes. Cetle
proposition donna lieu a une discussion fort
longue qui fut close par l'adoption, a la majo-
rité de 54 voix contre 56, d'une déclaration
de principe ainsi concueLa Chambre décide
qu'il est utile d'introduire dans le système
électoral en vigueur le vote par ordre
alphabétique, (Séance du 16 avril 1859).
Avaient volé pour MM. Frère-Orban, minis-
tre des Finances, Kogier, minislre de l'Inlé-
rieur. Tesch, ministre de la Justice et Van-
derstichelen, ministre des Travaux publics.
On pouvait croire, d'après cela, que le
ministère s'empresserait d'inscrire cette me-
sure utile dans son projet de loi sur les fraudes
électorales. II n'en a rien été, cependant Le
projet de loi soumis en ce moment aux Cham-
bres est muet sur le vole alphabétique. Déja
dans la séance du 6 décembre 1861, en
réponsea une interpellation de M. Dumorlier,
M. Rogier avait dit Le gouvernement
a examiné la question et il pense que, pour
le moment, cette mesure ne doit pas être
inscrite dans la loi et développant ensuite
les motifs qui avaient engagé le gouvernement
a rejeter l'ordre alphabétique, M. Frère-Orban
ne craignait pas d'ajouter que, dans sa con
viction, les inconvénients que présenterait ce
syslème seraient plus grands que les avanta-
ges que Ton pourrait faire valoir en sa fa
veur.
Le revirement est done completLe mi
nistère qui irouvait la mesure utile en 4859,
le ministère, qui s'ossociait alors au parti li-
béral pour réclamer Pinlroduction de ce sys
tème de votation dans notre système électoral,
le ministère, disons-nous, vire brusquement
de bord et condamne en 1861 ce qu'il avait
jugé excellent deux années auparavant.
Qu'on ne se méprenne cependant fpas sur
nos intentions en signalanl cette contradic
tion, nous n'entendons pas en faire un crime
au ministère.Si l'étude qu'il a faite du sys
tème proposé lui a donné Ia conviction que ce
système est mauvais, dangereux, ce n'est pas
sculement son droit, c'est son devoir de le re-
pousser, cornme nous n'hésiterions pas a le
faire nous-même s'il nous était démontré que
les bienfails que nous en attendons sont tout
illusoires. Nous ne blèmons done pas Ie
gouvernement d'avoir changé d'opinion sur
cette question. Mais ou nous permeltera de
discuter en touteliberté les considéralionsjqu'il
a fait valoir a l'appui de sa nouvelle manière
de voir et de démontrer qu'elles ne reposent
sur aucun fondement solide. C'est ce dont
nous nous occupcrons dans un numéro pro-
chain. (.4 continuer.
Danssonassembléede lundidernier,l'Associaiion
libérale de Bruxelles a délégué a son comité le soin
de former une commission de quinze membres
chargés de préparer la révision du réglement.
cDepuis longtemps cette révision était réclamée;
mais toujours elle était repoussée par certaine co
terie désirant plulót satisfaire ses intéréts person
nels que ceux de l'opinion libérale. Aujourd'hui
enfin chaeun l'accepte et de eette manière on ral-
liera au Congrès libéra! tous les électeurs, qui veu-
lent développer les institutions constitutionnelles de
la Belgique dans le sens iibéral et démocratiqée. II
ne faut plus, y a-t-on dit, de tirailleurs qui com
battant hors des rangsil est urgent d'avoir l'union,
condition nécessaire du triomphe et cette union
n'aura lieu que lorsqu'on s'adressera aux électeurs
non plus seulement par I'autorité, par l'influence
des positions, mais par le seul raisonnement.
M. Fourcault a indiqué les points sur lesquels if
voudrait que se portal l'examen de la commission
de révision. II serait désirabfe, a-t-il dit, que la
commission déterminót nettement la position des
candidats membres et des candidals non-membres
de l'Association et qu'elle tranchat la question de
savoir s'ils ont ou s'ils n'ont pas le droit de sollici-
ter les suffrages des électeurs alors que le poll leur
a été défavorable; qu'elle examinat s'il y a lieu d'é-
t end re les droits des membres de l'Associaiion qui
ne sont pas électeurs, et s'il n'est pas utile d'enle-
ver aux membres qui remplissent des fonctions
électives, le droit de faire partie du comité; qu'elle
se prononcat sur la question des comités locaux, ei
sur les conférences que préconisent ceux qui veu-
lent agir sur les électeurs, non plus seulement dans
leséleetions en s'occupant de leurs intéréts matériel»
et moraux du moment, mais en tout temps par la
lumiète, l'instruction, la discussion.
M. Fourcault voudrait en un mot, que l'Associa-
tion libérale éelairat les masses électorales et qu'è
l'avenir elle luttat par la discussion et non plus par
I'autorité.
Dans l'intérèt du libéralisme nous voudrions voir
prévaioir partout les idees de révision qui surgissent
k Bruxelles. La situation est mauvaise; dans beau-
coup d'endroiis on est assoupi et fe réveil n'a lieu
qu'au moment desélections. II faudrait, comme nous
l'avons déjè dit plusieurs fois, que les libéraux
fussent toujours sur leurs gardes, qu'ils eüssent des
réunions plus fréquentes et de i bres discussions
pour éclairer les électeurs. Mais si eertaines Asso
ciations coatinuent de ne se réunir que tous les
quatre ans'et encore seulement en eas de lutte,
tandis que les cléricaux, les conservateurs et les in-
dépeodants s'organisent en une seule phalange el
travaillent si pas au grand jour, tout au moins avec
vigueur et persévérance, nous craignons que
bientót certains libéraux n'aient a se repentir de
l'inaction dans laquelle ils se sont plu rester potsr
satisfaire a leur goüldela tranquillité et se mainte-
nir dans la position acquise, et que le libéralisme
n'c3suie des pertes qu'il sera longtemps it réparer.
Un mouvement louable et généreux, s'il en fut,
s'esl fait jour depuis nombre d'années en faveur de
l'instruction et de la moralisation des classes ou-
vriéres. Dans ces derniers temps surtout, cc mou
vement a trouve sa formule dans la création de bi-
bliothèques populaires. Après l'exemple donné par
les grands centres, des villes de second et de troi-
sième ordre ont tenu a honneur dé marcher dans
cette voie progressive, et nous avons pu apprendre
unjour que la viile d'Ypres aussi allait avoir sa bib-
lioihèque populaire.
II serait superflu sans doute d'insister sur les im-
menses avantages de ces institutions, avantages que
a
d'une tempéte dans le ménage archiépiscopal, chaque fois que
madame la chanoincsse était mécontente.
Gare, se dit—il tout bas, voila une scène, taisons-nous.
be cardinal craignait sa soaur. II y a des impressions qui
dominent l'homme toute sa vie. Les regards froids de cette
petite duègne faisaient palir le digne hemme. II ne répondit
pas, mais cbangcant de conversation, il s'adressa atl vicaire
general, trop habile pour ne pas s'apercevoir de la manasuvre.
11 se dit pendant le repos bon nombre de banalilés, genre que le
cardinal délestait au plus liaut degré. La soiree fut aussi triste
que 1c diner. Mème mauvaise humeur de mademoiselle, même
réserve du cardinal pour conjurer l'orage.
Le vicaire general so retira tie bonne heure.
Ce fut alors que Ia Icmpête éclaia.
Puisque nous sommes seuls, monseigneur, je vous dirai
C# que probablemcnt personnc n'oserait vous dire, que vous
vous faites un tort immense avec ce jeune abbé.
Mon Dieu ma sceur, ne vous tourmenlcz pas de cela.
L'Eminence voulait battre en retraite.
Monseigneur, je tiens avant lout a votre honncur, a voire
consideration dès lors je m'en tonrmente. J'ai eu quelquefois
raison de m'en tourmenter.
1.'Éminence s'adoucit encore davantage.
Chère amie, jesais combien vousm'aimez.
I'I' [_1 i|PUil "Ijl lil
C'était, dans les cas parci's, l'ireure du triomphe pour made
moiselle de Flamarens. Dans ce moment entra un domestique
qui remit a la soaur du cardinal un petit billet avec ce seul
mot trespressé.
Le billet est ouvertelle lit
(i Nous ne savions pas que Son Eminence a fait chanoine
honoraire M. Julio, avanl de sortir de l'églisc. Quel malheur
La fureur de madame la cbanoinesse, sur cette nouvelle que
lui donne le vicaire general, est au paroxysme.
Vous faites de belle choses, monseigneur! Vous consaerez
par votre présence les folies d'un jeune extravagant yous ne
voyezqu'un exces de jeunesse dans les erreurs qu'il a debitées
el qui ont jeté Ia villc de T. dans la stupefaction
L'Éminencene disait mot ellese courbait sous l'avalanche
Quelque chose aussi lui reprochait tout bas de s'être un pcu
pressë en faisant de Julio uu chanoine. L'impitoyablo filie
continue
Vous avez mis le comble a cette imprudence en vous
hatant. sans en parlor a vos vicaires généraux, sans m'en dire
une parole, de donncr le eamail a uu séminariste dont vous allez
faiie un petit monstre d'orgucil.
L'Eminence se redressa un pcu.
Mon Dieu ma somr, vous pouvez avoir raison mais j'ai
été obsédé.
Li DIIILIOT'IIÈQIIE POPULllnE A VPRKS.
Obsédé
Oui obsédé, je vous 1'assure.
Aliens done Son Eminence illustrissime ct révérendis-
sime cédant aux obsessions De qui par hasard? M. l'nrcbiprê-
tre, probablemcnt, sera venu cn vrai patelin, vous demander
une réeompense pour ce beau chef-d'oeuvre. Vous vous faites le
serviteur de bien petites gens. Nous sommes nés plus tiers que
cela, monseigneur.
Le chapilre en corps est venu me demander lo eamail
pour Julio.
Et vous n'avez pas vu qu'il y a la dessous quelque intri
gue ?En vérité, votre perspicacité habituelle ne se trouve cn
défautque 1'orsqu'il s'agit de votre nouveau secrétaire.
Eh bien, que voulez-vons J'ai été surpris dites que
c'est une sottise...
On n'en fait plus de si grandes.
Et s'apprêtant a sortir
J'espère bien, tcrmina-t-elle, que vous nous rcspecterez
assez pour ne plus nous laisser sous les yeux ce dósagréable
spectacle.
Et prenant une bougie, elle rentra chcz elle.
Le cardinal ctait atterré.