JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT YPRESj Dimanche Deuxième année. N° 3. 17 Janvier 1864. paraissant le Dimanche de chaque semaine. PRIX D'ABQNNENIENT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; fr. SO par semestre. Pour l'Elranger, Ie port en sus. PRIX DES ANNONCES ET DES RÉCLAMES centimes la petite Iigne. Corps du journal, 30 centimes. Laisser dire, laisscz-vous blSmer, mais publiez votre pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du journal, chez Félix Laubih, imp.-libr., rue de Dixmude, 55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduces. Toutes lettres ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. YPRES, 87 Janvier. LA POLITIQUE SE TRANSACTION- Les premières joie» du triomphe épanchées, Ie perti clérical ne se trouve pas peu embarrassé de sa victoire. Le cabinet libéral est renversé, les avenues du pouvoir sont libres, il n'a pius qu'un pas a faire pour s'en saisir; mais au mement d'a'lteindre le bul suprème de ses désirs, le sentiment de son impo- pularilé l'écrase, l'cxcès des engagements qu'il a eontractés dans l'opposition l'épouvante et nous le voyons, trouble et hesitant, chercher dans nous tie savons queiles combinuisons tortueuses les moyens de dénouer les dilficultés d'une situatiou qu'il ue se sent pas 1 audace de dominer. Quant a nous, libéraux, notre position est bien nette et bien claire le parti caiholique a renversé le ministère, c'est lui de pourvoir a son remplace ment. Quels que soient les elioix auxquels il s'ar- rète, nous n'avons pas d y interveuir ui k indiquer nos préférertces. Vatncus, nous avons aecepté fran- chement, loyalement notre défaite on ne peut nous demander rien de plus. Mais nos clérieaux n'entendent pas les choses de eettefagon. Couva-ncus qu'un ministère catholique pur, si modéré qu'il paraisse, n'a aucune chance de duréc, ils tendent la main a leurs adversaires de la veilleet s'offrent a composer avec eux te qu'iis ap- pellent un ministère de modération, de conciliation de transaction, Ie seul, disent its, qui convienne la situation et qui soit dans les désirs du pays. Ces avances, nous en sommes eonvaincus, seront repoussées comme eiles mériient de l'ètre. Ce n'est pas au lendemain du Congres de Malines, ce n'est pas après les indignes calomnies dont le parti libe ral a été abreuvé dans ces derniers temps, qu'on trouveraparmi nousdes hommes assezfaibles,nous allions dire assez lachespour accepter U main de nos plus cruels ennemis. Un ministère mixte, ose t-on dire, est dans les vceux du pays.Mais oii, dans queiles circonstan- ces le paysa-t-i! manifesté un pareil voeu? A aucune époquede nos luttes parlementaires, les partis n'ont été plus nettement tranchés que pendant les deux dernières sessions. Sur toutes les questions poliii- ques soulevées depuis deux ans, libéraux et catho- ques se sont carrément divisés, sans laisser place a aucune nuance intermédiaire. Si le pays, comma on l'insinueaujourd'hui, est fatiguéde ces divisions, il veut un gouvernement de transaction et de mo dération, pourquoi n'a-t-il pas saisi l'occasion des elections de juin dernier pour faire prévaioir sa vo- lontó? Est-ce, par hasard, dans les élections d'An- vers, qui ont porté un si rude coup au cabinet libe ral, que l'on voudrait trouver la preuve que le pays désire Ia pacification des partis? Et si vous objec- tez que les élections d'Anvers ne sont qu'un acci dent, nous vous défierons de nous citer le nom d'un seul représentant arrivé a la Chambre par suite des élections dernières qui représente ce prétendu voeu du pays d'etre gouverné par un ministère mixte. Les ministères mixtes, nous les connaissons, nous les avons vus a l'oeuvre. C'est eux que nous avons dü la loi du fraciionne-nent, tombée depuis sous le poids de la reprobation publique. Ce sont eux qui nous ont ravi la plus préeieuse de nos liber- tés communale», la nomination des bourgmestres dans le sein du conseil. Ce sont eux qui, par leurs coupables complaisances, ont mis l'enseignement pubic aux mains du elergé et consacré sa puissance politique. C'est sous un ministère m:xte, appuyé par une majorité modérée, que la section centrale de la Chambre des repré»entants votait l'unanimitê l'adoptiou de la fameuse proposition Dubus Bra bant; c'est ceite mème majorité modéréeeufin, qui dans la riominaiion des jurys d'examen pour lt s grades universitairesirahissait ses prél'érences pour rUriiversité de Louvain par des choix qualifiés plus tard de seandaleux par M. De Theux lui- inème. De ces ministères, de ces majorités, le pays n en veut plus et quiconqtie tentera de les lui faire accepter est fatalernent condamué l'impuissance. Le parti clérical se montre très-effrayé a l'idée d'occuper seul le pouvoir. Pourquoi done ceite frayeur? S'il n'a d'autre hut, comme il le soutient, que le inainlien de la liberté religieuse, s'il n'as- pire qu'a conserver intacte la liberté de l Eglise catholique, que peul il avoir a redouier dans un pays aussi profondément libéral et caiholique que le nótre Qu'a-t il bcsoin du cancours des libéraux dans une oeuvre aussi éminenament populaire? Lui serioos-nous devenus tout a coup si chers qu'il voulüt partager avec nous la gloire d'une semblable entreprise? Nous avons peine le croire. II y a done une autre raison a ces belles avances qu'on rious fait aujourd'hui et cette raison n'est pas diffi cile trouver on veut poursuivre l'oeuvre com- mencée et se couvrir de l'adhésion de quelques li béraux, aveugles ou traitres, comme d'un manteau contre rimpopularité dont on se sent entonré. 1857 a laissé des souvenirs dans l'esprit de nos cléri eaux ils comprennent qu'abandonnés eux-mê- mes, livrés k leurs propres forces, ils n'ont d'autre choix faire qu'entre l'inaction ou la certitude d'une chute immediate. De lè, les efforts qu'iis font pour nous compromettre avec eux dans leurs seerètes menées et pour s'abriter derriere la popularité du parti libéral. Efforts supei flus, vaines tentati - ves Le parti libéral ne se divisera pas. Vaincu par le scrutin, il cède la place k ses adversaires. A ceux-ci de la prendre, s'ils l'osent, de la garder, s'ils le peuvent. CONFÉRENCE DE. 31, BANCEL SUR LA ÏONTAÏNE. SiiIte. (Voir notre n* du 10 Janvier). Si nous admettons ces allusions aux événement» coniemporains, nous devons cependant reconnaitre qu'elies présentent un écueil, surtoui pour M. Ban cel qui n'est point professeur de littérature par vo cation, mais qui l'estdevenu par nécessité. Avoeat, homme politique avant tout, M. Bancel doit éviter de se laisser entrainer par ses souvenirs et ses aspi rations. Les digressions morales et politique» pui- sées dans les événements contemporains doivent évidemment se limiter aux nécessités de l'apprécia- tion de l'auteur au point de vue élevé auquel M. Ban cel l'étudie. En ami sincère nous signalons le dan ger. Mais, hatons-nous de le dire, l'éminent pro- lesseur n'a point commis cette faute. En effet, si M. Bancel s'est surtout attaché La Fontaine, philosophe sans le savoir, eomme moraliste profond et défenseur du droit, il n'a pas négligé de l'apprécier au point de vue du style et de la cornpo- siiion. II a fait ressortir toutes les beautés de ce style pur et varié, taniöt vif et étincelant, tantót maji-s- tuenx et calme, toujours simple et naturel. II nous a montré I'immense talent dufabuliste pliant l'apo- logue tous les genres el lui faisant prendre tous les tons; atteignant 1'odedans ces vers maniani avec finesse la raillerie dans ceux ei et dans ces autres oü, pariant de !a discorde k qui l'on cherchait une demeure flxe el certaine, Ie fa- buiiste dit I! nous a fait admirer aussi dans La Fontaine le peinlre au pinceau riche et délieat. rend int les ob- jetsavec un naturel et une fidélité qu'aticun p<>g e n'a égalés, peignant les meeurs et les caraetères avec une vérité frappante et une remarquabie habi- leté Quoi de plus parfait que la description du com bat dans la fable du Lion et le Moucheron? Le mou- cheron, le zouave des insectes, comme. 1'a appelé avec esprit M. Bancel, aussi fanfaron que l'autre, le zouave de Magenta el de Solferino, qui Comme cela est vif et piquant D'autre part quel tableau fin et délieat que Ia promenade du iapin k travers le thyrn et la rosée! La Fontaineexcelle dans le portraitie chat dans la fable du Cochet, le chat et le sour-iceau. n esl-il pas Tartuffe peint de main de maitre? Après avoir signalé toutes ces boautés,M. Bancel s'est arrêté plus longtemps sur l'admirable fable des deux Pigeons, un des chefs-d'oeuvre de l'écri- vain. On retrouve La Fontaine tout culier dac» OH NUMÉRO 23 CENTIMES. [.'OPINION IE TOOT PAYABLE I)'AVANCE. Aurait-il imprimé sur le front des étoiles Ce que la nuit des temps eoferme dans ses voiles? (Liv. XI, f. Li). Un mort s'en all,lit tristement i S'empsrer de son dernier gite Un curé s'en ollait gaiemept Enterrer ce mort au plus rite. Comme il nYtait alorsaucnn courent de Giles On y trouva difficult^. Sonne la vfetoire Va partout l'annoncer et rencontre en ctiemin L'embuscade d'une araiguée. II y rencontre aussi sa fin.

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 1