cctte peinturc si toucharite de la douce et tenclra amitié et du bonheur du foyer domestique. Soa cceur passe dans ses vers. C'est d aille.urs un des grands mérites de La Fontaine d'avoir épanche son lime dans ses ouvrages nature douce, naive el sin- eère, il a créé parmi les ammaux un monde nou-^ veau oü il vtt tout entier. II n'y a pas en lui deux hommes, l'écrivain et l'homme privé, il est un. C'est pourquoi il charme taut et Ton excuse si faci- lement ses faiblesses, parce que l'on chérit sesver- tus. Aussi les critiques les plus inflexibles sont-ils dé- sarmés par le bonhommeil semble, comme 1 a dit M. Bancel, qu'il ait jeté sur ces loaps la peau de ses agncaux. M. Bancel aime trop La Fontaine pour ne pas ètre aussi indulgent que les critiques; il a demandé de pardonner au poëte ses contes licen- cieux a raison de la bonté de ce tceur tendre et naif qui répondait a d Hervart le priant, après la mort de madame de la Sablière, de venir demeurer chtz lui, ce mot si simple et si touehant j'y al- lais. Le repentir de La Fontaine lui a d adleurs mérité le pardon de tous, méme des plus diffietles, car dans les dernières années de sa vie il désavoua tout ce qui dans ses écriis avait pu offenser la mo rale et tl alia jusqu'è se couvrir d'un cilice pour se mortifier. Pardonnons done au bonhomme ces ceuvres hcen- sieuses auxquclles l'entratnèrent Ie gout du siècle et cette charmante duchesse de Bouillon, nièce de Ma- zarin qui lui demandait des contes. Comment lui, si bon et si faible, aurait il résisté a ces prières? Et n'était il pas autorisé suivre l'exemi le de Rabe lais, de Marguerite de Navarre ct de Boccace? II faut lui pardonner aussi d'avoir toujours été le commensal dequelque grand seigneur ou plutót de quelqtie grande dame. Cela n'est certes pas très- digne, mats La Fontaine, esprit rèveur et noncha lant, avait besoin de proteeteuts chez qui il put trouver uoe vie conforme a ses goüts, lui qui n'en- tendait rien aux affaires et qui mangeait son fonds augc son revenu N'oublions pas d'ailleurs que cela était dans les moeurs du temps. Après avoir aussi longuement apprécié La Fon taine comme homme et comme fabuliste, M. Ban cel a meniionné les autres oeuvres de moinire im portance du poëte, par exemplc ses essais drama- tiques et ses ouvrages lyriques. II a trouvé la l'occasion de citer ce trait caraetéristique qui suffit a lui seul pour peindre La Fontoine, c'est que Ie jour de la première représentation d'une de ces oeuvres il s'était mis a builier d'ennui et avait quitté le theatre la fin du premier acte. Ce que l'on admire et ce que l'on aitne surtout dans La Fontaine, c'est le moraliste qui nous mon- tre nos vices et les corrigo parce qu'il nous parle en anti et sans morigéner. Louons-le surtout et sans réserve, comme l'a fait M. Bancel en termi- nant, d'avoir dans sa bonté inépuisable et dans son amour du droit plaidé toujours la cause du faible et de i'opprimé contre les puissants et les tyrans il est l'avocat du roseau, le poëte des oiseaux chan teurs; il défend Faiouetle, les rossignols et les fau- vettescontre les aigles, les vautours et les buses! C'est bien la La Fontaine! 11 est vrai de dire avec M Bancel qu'il nous excite au bien et l'in- dulgence 1 nous ratnène aussi par la peinture des vices sur nous mémes et le mot de Chamfort dans sa comparaison entre Molière ct La Fontaine, citée par l'émincnt piolVss -ur, est juste et profond Après la lecture du premier je crains l'opi- nion pubiique; après la lecture du second, je crains ma conscience. Cette péroraison a été digne de ce charmant etin- structif entreiien L'auditoire restaitsuspendu aux Sè vres dcl'orateur.dorn la parole facile,toujours correcte e-télégante.fine etspirituelle,male eténergiquequand leconteurfaisail placeaupenseuretau politique, avait eaptivé tout le moude, II s'ctait lu et l'on écoutait encore! Chacon s'estretirésavourant avec dèhces les plaisirs de cette ravissante soirée en disant au mai- tre Au revoir et a bieutot A M. LE DIRECTEUR DE LA BÏ8LIOTHÈQUE POPULAIRE COMMUNALE. Après les reflexions que contient ma préeédente lettre sur I'Histoire des Pays-Has de M. de Ger- lache, je crois inutile de m'arrêter davantage aux autres ouvrages que j'ai cités et qui ne sauraient a aucun litre, je pense, atleindre Limportance de celui la. Je preridrai simplement acte d'un fait, savotr que vous, qui nit-z et affirmez tant de choses dans le cours de vos quatre lettres, vous n'essayez méme pas de contester la présence b la biblioihèque po pulaire des livres que j'ai indiqués. A la vérité, tl y a une exception, une seule. Vous écrivrz dans votre troisième épitre, en par- lantdu pére capucin Vervisch II nest pas vrai que la vie de ce saint fait parlie de la biblioihèque populaire. Dix iignes phis hsut vous disiez Mats ce qui est incroyable, c'est que pour le bouquet de U vie des saints, vous citez la vie du père capucin Verviscli. Uue lecture plus attentive vous eüt fait voir, monsieur, que cette citation est le bouquet de la biographie et nullement celui de la vie des saints. Au reste, saint ou damné, capucin orthodoxe ou prêtre conventionnel, les faits et gestes de Pieter Vervisch, ne peuvent rien apprendre d'utile au peuple. Mais, r.'esl-il pas vrai, comme vous le prelendez, que ce livre fait parlie de la biblioihèque populaire l Vous me le disiez également lors de notre der nier entreiien, et, pendant que vous parlitz, mes regards tombaient par hasard sur ce volume. R est vrai que vous l'aviez change de place dcpuis ['ap parition de mon premier article primitivement il se trouvait sur le huilième rayon du deuxièrne ea sier a droite en entrant. II est vrai aussi que vous établissiez, je ne sais quelle subtile distinction entre les livres qui font partiede la biblioihèque populaire et ceux qui n'en font pas partie, livres qui se trou- vent tous pourtant dans la salie affeciée a cetie bi blioihèque, et que.surlescinq casiers que renferme cette salie, trois appartiennent, d'après vous, a la bibliothèque et deux sont remplis de doubles et de rebuts. Classification arbitraire, monsieur, qu'il ne lient qu'ó vous de modifier chaquc jour Mais quelle bonne aubaine! Vous avez découvert quelques uns de vos livres dans le catalogue de la biblioihèque de Liége La ville de Liége joue uti röle doat eile ne se doute guère. Elle est, parait-il, l'Arche saiute qui sauve du déluge. Un certain monde y cherehe des inspirations etdes arguments, c'est la planche de salut qu'embrasse le naufragé! D'abord, je ne crois pas que les honorablcs or- ganisateurs de la bibliothèque liégeoise, quels que soient d'ailleurs leur zèle et leur dévouement, se croient infailiibles et ils riraient sans doute bien de nous, s'ils savaient que nous cherchons les copier servilement. Ensuite, outre que notre biblioihèque pour posséder quelques-uns des ouvrages inscriis au catologue liégeois, en compte aussi quelques autres et des plus curieux, que Liége a soigneuse- ment relégués parmi les rebuts, savez-vous quelle est la provenance de ces livres que vous trouvez a Liéget Je radmets, lorsque les ouvrages sont dus aux dons volontaires, il devient difficile, pour ne pas dire impossible, d'élaguer tout ce qui est nuisible ou méme inutile. Te! n'est pas le cas ic.i et les vo lumes qui nous occupent ne sont certainement pas du nombre des seize ouvrages que vous déclarez avoir été donnés par des personnes de la ville. Vous ètes allé les choisir dans la bibliothèque pubiique pour les porter triomphalement a la bibliothèque populaire. Eh ne dites pas non Comment, s'il n'en était pas ainsi, se seraient-ils trouvés subite- ment transportés de l'une dans l'autre salie? Un autre point, qui semblait obscur d'abord et que votre conversation a eu I'avantage de mettre en pleine lumière, c'est que tous ces grands historiens francais, tous ces chroniqueurs anciens et moder- nes, tous ces biographes généraux ou spéciaux, dont vous énumérez complaisammem la brillante pléiade, ne se trouvent pas dans la biblioihèque populaire, mais dans la grande bibliothèque. Com ment done, a moins d'etre doué d'une double vue, pouvais-je deviner ces 1,800 numéros, ces 5,596 volumes qui n'y étaient pas Lorsque, pénétrant dans le local de la biblio thèque populaire, sur la foi de l'enseigne, je fus conduit dans une petite salie et que l'on me ditla voici, je pensais en effet avoir devant moi toutes ses richesses et j'étais loin de soupgonner alors qu't? sufjisait de traverser le vestibulecomme vous me le disiez si naïvement plus tard; Monsieur, pour trou ver les deux tiers de ses volumes établis sur les rayons d'une autre biblioihèque. II est trés vrai que j'aurais été promptement éclairé, si l'on m'avait communiqué le catalogue. J'arrive a'votre cheval de ba taille, Monsieur. Vous affirmez pour la vingtième fois au moins que le catalogue existe, et vous ajoutez que vou« m'avez prouvé, par les épreuves mémesparaphées par les membres de la commission de la bibliothèqueque dé ja au 15 du mois d'avril, le catalogue était imprimé jusqu'au numéro 626. Tout doux, monsieur, n'allons pas trop vite en besogne. Vous m'avez rnontré une feuille en épreu- ve, a laquelle était attaché, au moyen d'une épingle, un petit bdlet portant que cette épreuve avail été com- muniquée le 15 aoüt a deux membres de la. commission que je pourrais nommer et qu'elle était rentrée le 17. Mais comment se peut il que l'épreuverentrantleI7, le catalogue [lit déj'a imprimé le 15 du mois d'aoüt jusqu'au n" 6265Comment surtout les trois premières feuillescontenant 475 numéros en 48 pages, étaient- elles dé ja imprimées le 3 aoüt et se, trouvaient elles déposées sur la table a l'mspection de tout le monde'! il y a D-dessous une impénétrable confusion de souvenirs et de faits. Mais ce point a peu d'importance poar moi. L'essentiel est qu'après avoir demandé communica tion du catalogue, il m'a été répondu qu'ff n'y $n avait pas. Ceei.je l'ai éerit dans mes lettres et vous ne l'avez pas contesté; je vous l'ai répélé de vive voix et vous ne l'avez pas contesté davantage. Vous vous ètes contenté de me dire Si vous vous étiez adressé a moi, je me serais ernpressé de vous donner tous les renseignements, toutes les explications dési- rables. Mais, Monsieur, lorsque je me présentais a Ia bibliothèque populaire, elle était ouverte au public; j'y ai trouvé quelqu'un chargé de vous remplaceret de parler en votre nom et ce remplacant m'a dé- claré qu'il n'y avait pas encore de catalogue. Qu'a près cela vous ay< z regretté et que vous regrettiez encore de ne vous êtrc pas trouvé it votre poste, soitMais est ce a ,moi que vous devez le repro eher? Que de choses je pourrais vous rappeler encore, Monsieur Que d'ouvrages curieux j'ai feuilletés! Je préfère réserver tout cela pour une prochaine occasion, si le désir vous prenail de rtcommcncer la polémique. Un mol maintenant du catalogue de la grande bibliothèque. Vous me dites qu il existe un cata logue in folio dressc parordre alphabétique des ouvrages et pourvu d'une table alphabétique des noms d'auteurs. II m'est impossible de voir dans ce catalogue,que je connais,autre chose qu'une sèche nomenclature de titres et de numéros, dresséc pour la facilité du service. Mais le public est en droit d'exiger un catalogue raisonné, une oeuvre bibliographique. Vons affir mez que ce catalogue était préparé pour l'impres- sion dipuis plus d'une année. J'avais écrit que nous l'attendions vainement depuis vingt ans, je mettrai dix-neuf ans, puisque vous le prefércz, Monsieur; vous voyez que je ne veux pas vous chicaner sur les termes. Vos lecteurs tiendront bonne note d'ail leurs des promesses que vous leur faites. Pour résumer, je crois que trois points restent définitivement acquis. 1" Le catalogue, ntrauuÉ ou non, ne m'a pas été communiqué. A mes demandes réitérées, il a été répondu Il n'y a pas encore de catalogue. 2° Tous les ouvrages que j'ai cites se trouvaient dans les rayons de la binliothèque populaire. 5" Au contraire, le plus grand nombre de ceux que vous énumérez dans vos diffcrentes lettres se trouvaient,le 28 décembre.et se trouvent probable- metit encore aujourd'hui dans la grande biblio thèque et, en l'ahsence de tuut catalogue, de toute indication, je ne pouvais pas les deviner, ni par consequent, en faire mention. Je pourrais aller plus loin, Monsieur le directeur, 3i Scïte. (Voir notre numéro du 3 janrier). Monsieur,

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2