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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
Y-PU ES; Dimanche
Deuxième anaée. N° 0.
Y Février 1864.
paraissant le Dimanche cle chaque semaine.
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ÏPMI, 7 FévrÊcr.
L 'iA R MISTIGE.
La crise ministérielle touche a sa fin.
Toutes les tentatives faites dans le but de com
poser un nouveau cabinet d'affaires ayant échoué
et le parti oiérioal persistant dans sou scandaleux
rcfus d'occupcr le pouvoir, le maintien du minis
tère aetuei deiient, semble t-il, la seule solution
possible. Te! parait èlre également le sentiment du
ministère lui-mèmc. D'après les derniers rertsei-
gnemehts que nous transmettènt les journaux de la
Capilaie, rios ministres se seraient decides a retirer
Ieurs démissions des mains du Roi et a atteridre
les (vèrsements.
Eu tenant pour exacts ces renseignements, on
se demande quelle ligno de conduite le gouverne
ment compte suivre pendant le restant de la Ses
sion legislative. Persistera t-il dans ia politique
fet me el progressive qu it nous a promise lors de
la discussion de i'adresse ou bien, affaibli par le
résultat des dernières elections de Bruges, accepie-
ra t il Farinistice que lui proposent aujourd'hui ses
adversaires ét consentira-t il a ajourner la presen
tation des pr.oiels de loi annoncés dans le discours
du tröne?
Celte question est grave. Selon qu'ellesera réso-
Iue dans, un sens ou dans un autre, le triomphe
definitif de la cause libérale aura fait, a notre avis,
un gran<i pas en avant ou en arrière.
Admcttons un instant que le ministère accepte
1'armistice. Le premier résultat de celte condescen-
dance sera de rnécontenter un grand nombre de li
béraux et de ressuseiter les germes de celte fatale
scission qui a contribué, bien plus que les affaires
d'Anvers, S affaiblir nos forcesdansleParlement. A
tort 011 a raison, bf-aucoup de libéraux, et des rneil-
leurs, sont eonvaincus que le cabinet actuel a irian-
qué d'énergse dans piusieurs circonstances et
lui imputent les désastres électoraux que nous
avons subis, coup sur coup, depuis trois ans.
Ces libéraux, raliiés au ourd'hui au ministère a
cause des promesses qu'on leur a faites pour l'ave-
nir, se détacheront iudubitablement du parti mi-
nistértel si ces promesses sont cle nouveau ajour-
nées, etildeviendraimpossible deeotnpterdésormais
sur eux la seission sera compléte et irrémé-
diable.
Affaiblissement du parti libéral, te! serait done
le premier résultat fatal, inevitable d'uue politique
d'atermoiement.
En serail il de même pour nos adversaires?
Pouvons nous espérer que l'artnistice qu'iis nous
proposent eniraiuerait puur eux les mèmes consé-
quenees que pour nous? Personne ne le croira et
la raison est simple Le parti catholique ne
Jutte pas, comme nous, pour conquérir; il ne
lutte, lui, que pour conserver. I! ne demande
qu'une chose, le pauvre homme c'est qu'on
ie laisse jouir en paix des privileges ct mono-
poles qui assurent sa dominationl'armis-
tiee lui convient done admirabiement bien sous
tous les rapports. Que pourrait-il demander de
mieux en effet que do ne pas être inquiété L'ar-
mistice, c'est la réforme de la loi sur les fabriques
u'églises ajournée; c'est la discussion par le Sénat
du projet de loi sur les bourses d'étude remise
aux Galendes grecques; e'est larévision de la loi sur
l'eiiseignement primaire enterrée pour dix ans;
c'cst 1a domination du prètre assurée dans le cime-
ticre et dans l'école, c'est son influence éleetorale
raise a l'abri de toute inquiétude. Une suspension
d'bostilités, dans de sernblables conditions, ne peut
évidemment pas répugner au parti clérical, qui en
profiterait pour aecroiire ses forces, tandis qua
nous loüs affaiblierions dans nos divisions intes
tines.
Que le ministère, au contraire, rejette l'armistice
et annonce i'intention de réaliser son programme;
que, dés la rentree des Chambres, il dépose les pro
jets de loi annoncés; qu'il presse ie Sénat de discu-
ter la loi sur les fonditions de bourses, qu'cn un
mot, il nutte la Droite dans l'alternative ou de le
snbir ou de le renverser; ceries, le parti catholique
n'hésitera pas. Plutót que de sc laisser enlever,
saus crier, ses cbers priviléges, il coosenlira
courir les chances d'une dissolution. Or, la dis
solution l'effraie a ce point que l'idée de devoir y
recourir l a décidé a repousser !e pouvoir qu'on lui
offrait. Et pourquoi cette répugiiance, si ee n'est
paree qu'il sent que !e pays n'est pas avec lui?
Nous avons done lout a gagner a une disso
lution, surtont si eilc avait lieu sur l'une des
grandes que stions politiques qui interes sent
l'avenir du pays. Qui n'est pas convaincu,
par exemple qu'un appel au paysrendu
nécessaire a la suite du rcjet de ia loi sur les fa
briques d'égiise-, nous offrirait des chances presque
certaines de réparer nos pertes et de recoustituer
dans le Parlement notrearieierme mojorité? Etsi.par
impossible, nous devions succomber,ne vaudrait-il
pas mieux tomber avec honneur, le drapeau du li
béralisme a la main, que cle vegétcr qudques mois
sous l'abri honteux d'un armistice, pour mourir
misérablement, desbonorés a nos piopres yeux et
aux yeux de nos adversaires eux mèmes?
-
Le parti clérical a parfois des accès de naïveté
dont il est bon que le pays prenne note pour son
instruction.
On lui demande pourquoi, ayant renversé le
ministère iibéral, il refuse de le remplaecr; il ré-
pond tout simplement que le moment n'est pas en
core venu pour lui de reprendre la direction des
affaires et que les libéraux n'ont qu'a se tirer d'em-
barras le mieux qu'iis pourront.
Mais, lui dit or, c'est vous qui avrz créé la si
tuation vous ne pouvez pas en rejeter la res-
ponsabilité et les embarras sur vos adversaires.
Personne ne songe vous contester voire vic-
loireusez-en comme c'est votre droit, commc
c'est votre devoir, en vous ehargeant du soin de
gouvemer le pays, qui vient de vous donner
Bruges une marque si éclatante de sa sympathie.
Voyons, M. de Theux, voyons,M. Dechamps, son-
goz done que vous avez a gard^r une vieille reputa
tion d'hommcs d'Etat que votre refus persistant
pourrait compromettrele ministère est vacant,
ebargez-vous d'en composer un a voire choixet
reritrons, pour l'amour de l'ordie, dans les vous
constitutionnelles.
Je le voudrais de tout mon coeur, répond M.
Dechamps; mais j'ai en ce moment tant d'affaires in-
aüstriellës sur les bras que je nc sais vraiment de-
qiiel cóté donner lête. Vousne voultz pas sans doute
que j'aille me ruioerpour tirer le pays d'ernbarras?
D'ailleurs, mon ami, le vénérable comte de Theux
fora tout aussi bien l'affaire que moi et il n'est pas,
comme moi, administrateur de vingt cinq sociélés
anonymes. Qu'on s'adresse a lui,
Je rie demanderais pas mieux, fait observer le
vénérable comte de Theux, que de composer un ca
binet mais nous n'avons pas la majorité a la Cham-
bre, un ministère catholique ne vivrait pas huit
jours avec un parlement composé comme il lest au -
jourd'hui.
Votre observation est fort juste, disent les li
béraux; mais vous avez un moyen fort simple
de vous constituer une majorité faites un appel au
pays, dernandtz la dissolution des Chambres.
DisspudrelesCbambres! s'écrie M. de Theux.
Je n'ai garde. Je sais ce que ces appels au pays nous
ontvaki, chaque fois qu'on y eu recours. Merci
de votre avisje n'en use pas. D'ailleurs, que vou-
lez ious que je fasse de ces saisnés Anversois qui
me tomlx ront sur le dos avec Ieurs pétitions ei Ieurs
réclamations lis ne me laisseront pas une minute
de repos que je n'aie démoli Ieurs citaddies et cra-
ché vingt-ciuq millions pour les iridemniser de
Ieurs servitudes, que Belzébuth confonde 1 Vingt-
ciuq millionsOü voub z vous que j'ailie les pren
dre?
Cependant, monsieur, vous leur avez pro-
mis
Promis,premis.... je n'ai rien promis du tont.
Nous avions besoin des Anversois pour renverser
le ministère. J 'ai dit a Ieurs députés que si un jour,
je devenais gouvernement, je me ferais un devoir
d'examiner avec sollicitude Ieurs griefs, mais je ne
me suis pas le moins du monde engagé a leur don
ner vingt-einq millions, ni dix ni cinq, ui raème un
sou. J'en avais besoin, je vous le répète, pour ren
verser le ministère et....
Vous avouez done que c'est vous qui avez
renversé le ministère?
LE TOUT PAYABLE 1)'AVANCE.