afin de pouvoir se remetlre au travail avec plus de facilité et de charme. Alors les jeunes gens vont as- pirer le grand air de la campagne, sous la conduite d'un surveillant chargé dc leur faire garder une tenue convenahle et de les maintenir dans les hornes de la politesse et de la civilité. Au collége de Poperinghe il y a aussi des jours de congé; mais on les y passe sans aucun souci du bon ton et des belles manières. Les jeunes étudiants sont conduits en désordre et sans discipline aucune ils se battent, se jeltent des boulets de neige, cou rent ci et lè et font un tohu-bohu inextricable. II y a la une tolerance accusant un mode d edu cation, qui peut assurément flatter un mailre sans tact et sans savoir-vivre, mais qui, tout au plus digne du blame d'un homme bien élevé, mérite Ia désapprobat i»n unanime des pères de familie. II y a plus On s'y sert des élèves pour gagner despartisans politiques. Nos jeunes professeurs de Poperinghe très-versés dans la connaissance du cecur humain, savent que le verre de bière joue un grand róle dans notre so- ciété, que son influence est grande, et que si I on veut parvenir il faut comptersur lui. Aussi mettent- ils k profit leur expérience, et vont-ils dés mainte- nant se gorger de bière, eux et leurs élèves, dans le but de gagner les baes de cabarets et de les rendre ion? comme ils disent entre eux. II y a quelques jours les élèves du collége epis copal de la patrie de Van Koppernolle étaient en promenade. Arrivés dans un important village oü les hommes politiques sont assez nettement dessi- nés, les professeurs conduisirent les jeunes gens confiés k leurs soins, dans un cabaret dont le maitre avait aux dernières elections communales travaillé pour les candidals du curé contre le bourgmestre, honorable vieiilard, aimé et respecté de ses admi- n istrés. II fallait remercier le cabaretier de son dévoue- ment a la cause cléricale et s'assurer pour l'avenir son appui et son vote. On donna a cette fin la permission aux élèves de boire ad libitum des pintes de bière pendant que les professeurs iraientdéguster a satiélé le vin du curé. II était alors trois heurcs de I'après midi. A buit heures du soir des hótes a figures enlu- m inéessortirentdu presbytère. Ils se rendirent a la jmaison communale oil la jeunesse avait profile de a licence accordée pour boire outre mesure. On y trinquait joyeusement, on chantait, on criait, cer tains vociféraient. Le baes était satisfait, joyeux, car il avait fait une bonne journée, la bière avait coulé abondam- ment. Le brave cabaretier remercia avec expansion les bons prètres qui lui donnaient des bénéfices; il leur promit ses services, sa soumission et son vote. Tout le monde était content; un vote était gagné. On retourna Poperinghe avec moins de facilité qu'on en était arrivé. Mais chacun put quand mème regagtier son gite et son lit. Le lendemain l'étude fut assurément facile, car les cervelles devaient bien peser. Et dire que tout cela se passe bien souvent et a des délais assez rapprocliéssous Ia conduite de ceux qui ont la piétention de donner les bons exemples; que tout cela arrive dans ces colléges de prètres pour lesquels Mr de Bruges a fait de Ia réclame dans son mandement de carème! Institutions eccié- s-'astiques et épiscopales, vous ètes des sentines d'impureté, lorsque les petits frères vous dirigent, des lieux de corruption bien souvent, et k Pope ringhe vous proclamez le mérite de l'ignorance et vous gorgez de bière les jeunes gens que des parents trop confiants ont remis en vos mains. Nous plaignons les hommes assez peu soucieux de leur devoir pour pousseraux mauvais penchants et depraver, dans un intérêt politique, la jeunesse confiée a leurs soias. Seance du couscil commnnal d'ïpre» Du 27 (évrier. La séance, présidée par ML. Merghelym k, échevin, a été ouverie quatre heures un quart par la lectuie et l'approbation du procés verbal. Le premier objet a l'ordre du jour était une com munication de pièces. Parmi celles dont ane lecture rapideetpeu accentuée nous a permis de saisir le sens, nous avons remarqué la requète présentée par M. Lapiere-Vandevyver 4 l'effet d'obtenir de la ville, par bail emphytéotijpie, la concession d'un terrain devant servir 4 la creation d'un usine. La demande de M. Lapiere date de quelque temps. La première, dont il fut égaleraent donné lecture au conseil, ne peutaboulir, parait il, parcequ'on ne. par- vint pas 4 se raettre d'accord sur le cheix du terrain. Aujourd'hui M. Lapiere a modifié ses premières pro positions. Nous croyons, pour notre part, que l'initia- tire prise en cette tirconstanee par eet industrie! mé rite toutes les sympathies et tons les encouragements dc i'adnainistration tantpour I'initiativeelle-mêmeque pour les consequences qu'elle peut avoir de dévelop- per l'esprit des transactions commerciales dans nos murs. Aussi, sans vouloir en rien préiuger la décision k iniervenir, sommes-nous persuadé que le conseil donnera k cette affaire la plus scrupulmise attention et qu'il ne se laissera pas influencer par l'opinion émise, un peu légèrement sans doute, parl'échevin président qui croit qu'il sera impossible d'accorder une concession de 90 ons. L'honorab e échevin n'a pas dit pourquoi. Ailleurs on vient en aide par tous les moyens aux créat ons nouvelles qui out pour but d'accroitre la prospérité; ici, au contrairp, on scmble prendre k tkche de les entraver. C'est une nouvelle et bien mau- vaise maniêre de créer une industrie locale. L'assemblée s'occupe pendant quelques instants d'nnc modification au tarif des pompes funèbres, con- sistant dans la creation d'une sixième classe et elle renvoie lecompte de cette administration a l'examen de sa lr* commission. Puis elle passe ft l'approbation du compte et k la discussion du budget des biblio- thèques populaire et publique. Nous donnous ici les chiffres contenus dans le rapport lu par M. Vauheule et les vceux par lesquels l'honorable rapporteur ter mine son travail. Compte. Recettes Solde du compte de l'exercice antérieure 287 58 Subside de la vil e1,400 00 Total. 1,687 58 Dépenses Traitement du concierge650-00 Abonnements aux journaux etc. 76 90 Achat de livres304 45 Reliure157 10 Chauffage85-30 Réparations, netloyage, etc147 58 Total. 1,421-13 Excédant des rt cettes sur les dépenses 266-45 dont 100 68 sont portés par anticipation au buget dc 1863. Budget 1861. Recettes Excédapt réel de 1863 163-77 Subside de la ville1,500 00 Total. 1,665 77 Dépenses prévues1,665-77 Voici maintenant les voeux formulés au nom de la commission 1" Voir terminer dans le plus bref délai les cata logues des deux bibliothèques. 2° Voir annexé au compte un rapport sur Ia fré- quentation des dites bibliothèques et la distribution des ouvrages en lecture, sur la nature, l'utilité et l'opportunité des nouveaux achats pour chacune des bibliothèques, sur la manière dont le régiemet a été exécuté, sur les inconvénients ou abus qui ont pu être constatés et sur les améliorations qu'il y aurait beu d'introduire. Ainsi, le jour d'aujourd'hui le catalogue de la biblio- thèquepopulaire niest pas encore terminéc'est un do cument officiel qui le constate de nouveau. Les critiques de VOpinion étaient done parfaitement fenaées. Quant k !a demande d'un rapport annuel formulée par la commission, nous nesaurions assez l'approu- ver. En se rendant un compte exact des avantages que les deux bibliothèques procurent a nos populations, le conseil communal pourra mieux juger la nature des nouveaux achats et appréci» r les exigences des lacunes k combler. En examinant deplus pres la manière dont fonctionnent le reglement et le service en général, il veria mieux les abus a reformer et les améliorations qui pourront êtreintroduites. Le conseil passé rapide- ment aux différents objets qui restent ft l'ordre du jour, et dontl'un se rapporte ft la demande d'un cré dit supplémentaire réclamé par le bureau administra te de l'école moyenne. Une lettre du président de ce bureau dit qu'un supplément de 400 fr. est nécessaire pour le payement du minerval, ajoutant que cette école n'a pas marché comme elle le devait par suite des malencontreux changements de personnel. Le dernier objet dont l'assemblée a ensendu lecture était un long rapport de la 3' commission, snivi d'un nouveau projet de réglement pour l'abattoir. II nousserait impossible, après une audition rapide et imparfaite, d'émettre une opinion fondée sur ce nouveau projet. Deux points nous ont cependant frap- pés l'augmentation des pouvoirs dn directeur, aug mentation qui nous stmble excessive, et les droits de toute espèce que la ville pergoit, droits d'abattage, droits de pesage, droits d expertise, etc. Après la grande et salutaire mesure de l'abolition des octrois, lorsque les denrées alimentaires sont affranchies dé- sormais par la loi de tout impöt, il est regrettable de voir rétablir en partie ces impöis d'une manière dé- guisée et sous forme de réglementscommunaux. Mais, nous le répétons, c'est 14 une impression qu'a pro' duite sur nous une simpleaudition. Si ede esterronée nous ne demandons pas mieux qu'on nous le prouve. A ce propos nous ajouterons une observation. Dans beaucoup de localités a notre connaissance, lorsqu'il s'agit d'un rapport, d'un projet de réglement ou d'une modification importante ft introduire dans un rouge administratif, les pièces sont imprimées et disiribuéesa tous les membres du conseil. La presse en a connaissance, les discute et Ja lumière se fait. A ft pres, c est bien différentet nous avons été sin- gulièrement surpris de l'insistance que quelques ron- seillers ont du employer pour obtenir, ft tour de róle, communication k domicile dn rapport et du projet de réglement qui nous occupe. D'autres voulaient sim- plement remettre la discussion a une pmchaine réu- nion. Ces discussions et ces votes, qui Se font avec la rapidité d'une locomotive lancée k toute vapeurort t'inappréciable avantage de ne pas laisser place aux objections; elles sont la continuation de cesystème commode mais funeste, qu'un membre du conseil flé- trissait, il n'y a pas lonj-temps, de l'énergique quali fication de 4 surprise. Comme corollairek ces observations, nous termine- rons notre apergu en exprimant ici la pénibie impres sion que nous ressentons chaque fois que nous assis- tons k une séance de notre conseil communal. La salle est déserte, le public absent. On y traite les ques tions les plus vitales, les intéréts les plus sérieux dans 1 oidre intellectnel, moral ou matérielon v decide de l'emploi des fonds publics, c'est ft-dire, de l'argent u« tous, du pent comme du grand, du modeste comraer- gant comme du riche propriétaire, et lout cela passe inapergu au milieu de la torpeur générale, comme s'il s'agissait de la Chine ou du Japon! Les conseillers les plus zélés se découragent en face de l'indiflerence et de l'apathie des contnbuables. Pour ceux dont Ia conduite ne prendrait pas toujours pour guide l'inté- rêt général,.... nous sommes persuadé qu'il n'existent pas a ft pres. Mais veut-on aisément déjouer l'm- trigue ft son origine? II n'y a pas de moven plusefii cace que le contröle incessant du public" tr mm nu n Lo procés verbal !u et adopté a l'ouverture Je la séance dont nous donnons le Compie-rendu ci-des- sus nous aappris que, dans sa précédente reunion, le conseil communal a nommé M. JEdmond Van- denboogaerde membre du bureau de bienfaisance. On sait ce qu'il faut d'expérienceet de zèle, d'ae- tivité et de prudence, d'aménitédans le caracière et de bonté dans iame pour s'acquitter utilement de ces diflici.es fonctions. Chacun se persuade que le nouveau titulaire possède toutes ces qualités; beau coup n'en regreltent pas moins que notre ville soit dépourvue d hommes dévoués et capables au point de devoir se jetcr dans les bras d'un jeune homme presqueinconnu eta peine debarqué dans ses murs. ■- -

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2