JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT Le tolt payable d'avance. ITU ES, Dimanche Deuxième année. iV 17. 24 A Tril 1864. PARAISSANT LE DIMANCHE DE CHAQUE SEMAINE. PiSIX IPABOSKEIIENT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PltlX DES ANNONCES ET DES RECLAMES 10 centimes la petite ligne. Corps du journal, 30 centimes. Laissez dire, laisscz-vous blèmer, mais put)Iiez votre pensée. On s'abonne d Ypresau bureau du journalches Félix Lambin, imp.-lib., rue d,e Dixmude, 55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent ëtre adressés franco au bureau du journal. //Opinion va entrer dans sa deuxième année d'existence Depuis sa creation noire journal a vu de jour en jour son attrait s'augmenternous n:avons, en effett rien négligé pour le rendre intéressant. Dans quelques semaines nous assisterons aux elec tions provinciates des cantons d'Ypres, de Moorslede, de Rousbrugghe-IJaringhede Wervicq et de Pope- ringhe. Les luttes elector ales qui auront lieu ne peu- vent manquer d'altirer I'attention. Selon toutes les previsions, avant quelques mois la dissolution des Chambres seraprononcée. Une election pour la legisla ture présentera, un intérét d'auta,nt plus grand que les partis sont plus excités. L'avenir est gros d'événement.s. //Opinion conti- nuera, comme par le passé, a défendre les vrais inté réts du libéralisme base sur la justice et la liberie. Elle ne déviera point de la route qu'elle a suivie jusqu'au- j our dl hui. D'importanles ameliorations malérielles ont succes- sivement été avporlées au journal; de plus, nous avons assure une grande régularité dans les envois. Ee Erograuiusc de !SS. Coomans devant I'épiücopat. Le retour du Roi permet de considérer comme très-procbaine la fin de la crise ministérielle. Après de longues hesitations, la droite se declare prête a prendre le pouvoirson programme, elle le dit du moins, est dèfinilivement arrêté et n'atlend plus, pour paraitre au jour, que l'assentiment de Sa Ma- jestè. A moins d'obstacles difficiles a imaginer, on peut done prévoir que le pays ne sera plus longtemps a languir dans l'altente du ministère clerical après lequel il soupire si ardemment depuis plus de quatre mois. Si quelques-uns pensent que la question d'Anvers 11 Jonk p.. ES4SUTTO. Ne l'étoiine done pas qu'un arige d'harmonie Vienne d'en ha ut te réveiller; Souviens-toi de Jacob! les songes du génie Descendent sur des fronts qui n'ont dans l'insomnie Qu'une pierre pour oreiller. A. Delamartine. I. Pauvre et seala peine au monde et déja orphe- lin sans appui et sans familieC'est dans ces tristes conditions que Joseph Baratto débuta dans Ia vie. Ypres, sa ville natale était administrée par des hommes de caeur et d'intelligenceelle accueillit le petit malheureux dans son Orphelinat et exerca sur lui une vigilance de mère. On lui donna une éduca- tion convenable et des soins aussi touchants que dé- sintèressés. Son enfance s'écoula sans qu'il put trop s'aperce- voir de son isolement. Vint l'adolescence, c'est-a-dire l'êge, oü muni du seul capital qu'il avait eu occasion d'amasser, l'honneur,la droiture et un peu destruc tion, il dut chercher les moyens de pourvoir par lui- même a sa subsistance. Le destin le conduisit a Poperinghe, oü il fut admis est de nature a retarder le moment de cette heureuse solution, nons croyons fermement qu'ils se Irompent. Aussi longtemps que le parli clérical s'est trouvé dans son rö!e d'opposition, il s'est fait, des reclama tions d'Anvers, une excellente machine de guerre contre le ministère libéral, dont la résistance a ces reclamations n'elait pas douteuse; mais aujourd'hui que le voila maltre du terrain et sur le point de de- venir gouvernement a son tour, on cherche en vain quel iritérót pourrait le pousser a faire, de la question anversoise, une question d'acceptation ou de refus du pouvoir. Aurait-il pris des engagements vis-a-vis des deputes anversois? Nous venons de retire le discours prononcé par M. de Theux. dans les dernières dis cussions qui ont, eu lieu a la Chambre sur ce sujet il n'v a pas, dans ce discours de ['honorable chef de la droite, l'ombred'un engagemenl. A défaut d'engage- ment pris, le parti clérical a-t-il a craindrc l'hostililé des représentants d'Anvers? Mais qui ne sait que, des cinq députés élus par les meetings, trois au moins sont des calholiques renforcés, qui ne se sépareront, dans aucun cas, de leurs amis politiques, surlout si ceux-ci occupent le pouvoir? Qui ne sait aussi qu'a l'heure présenle, le mouvement anversois n'est plus qu'un mouvement purement clérical, que les chefs de la droite dirigeront a leur gré, lejour des élections générales étanl venu 9 II n'y a done pas a s'arrêter a cette opinion que MM. les cléricaux s'obstinenl a ré- clamer des satisfactions ponr la ville d'Anvers et que cette obstination soit un obstacle a leur prochain avè- nement au pouvoir. Reste le programme dit de Ijeune droite. Le Roi acceptera t-il ou n'acceptera-t-il pas ce terrible pro gramme, qui doit, au dire de son auteur, M. Coomans, porter un coup si funeste au faux libéralisme? Sur ce point, nous sommes parfaitement tranquilles Le Roi n'nura ni a l'accepter ni a le repousser, par la raison fort simple qu'il ne lui sera pas soumis. Et vraiment, nous avons peine a comprendre que l'idée a I'Ecole communale en qualité de sous-instituteur. II s'y fit bientót remarquer par des aptitudes diverses et spécialement par des dispositions très-prononcées pour la musique. Un emploi a l'église de St-Bertin lui fut octroyé, presque en même temps. Les traitements el émolumeuts de ces fonctions réunies, pouvaient monter au total de six a sept cents francs par an. 11, Baratto avaitalorsatteint sa dix-huitième année; il était d'une bonté et d'une candeur extremestou- jours content, il ne demandait qu'a travailler pour s'instruire et améliorer sa position. Ses progrès furent marquanls; il cultiva surtout la musiqueavec passion. Les excellents principes qu'il avait puisés dans eet art a l'école d'Ypres, sous un professeurdis- tingué, lui permirent de les développer sans d'autres maitre que son courage et une application infati- gable. Sa réputation grandit de jour en jour, et grace a son bon caractère, il devint en peu de temps le cama- rade, l'ami de tous les jeunes gens de son êge. Si, comme musicien, ses progrès furent prodigieux, il ne négligea pas davantage ses étudesclassiques etl'école de donner au nouveau ministère une seinblable rap sodie pour drapeau alt pu germer dans le cerveau d'un homme tant soit peu initiè aux desseins du parti calholique. Au fond, que demande le programme de M. Coomans? II demande que le parti clérical, abju- rant son passé, transporle la lutte du terrain reli- gieux sur le terrain des questions écouomiques et financières, qui intéressent beaucoup plus vivement. le pays, selon M. Coomans, que les questions clérico- libérales et qu'il substitue ainsi (ce sont ses propres paroles) les questions d'affaires nalionales aux af faires des partis. Nous n'avons pas a juger le mé rite de ce programme au point de vue absolu, mais il faut etre trois fois sourd et aveugle pour s'imaginer que le parli calholique consenle jamais a en faire la régie de sa conduite politique au pouvoir. Quelle est, en effet, la raison d'être du parti calholique en Bel- gique? II n'en a pas, il n'en a jamais invoqué d'autre que les dangers de la religion. Enlevez-lui ce prétexte, il devient un non-sens, une absurdité et, qui pis est, il n'a plus un an vivre. Soyons francs. Qu'est-ce qui fait aujourd'hui la grande force de ce parti? Sa pre dominance dans les campagnes et cette predominance elle-même n'est assurée que par l'intervention du clergé dans les élections. Or, du jour oü Ia question religieuse sera écartée, du jour oü Ia lutte s'étabiira sur ce que M. Coomans appelle des questions d'af faires, il est clair que le clergé aura perdu toute puissance sur l'esprit des électeurs campagnards. Aujourd'hui, il est maltre des campagnes, pourquoi? paree que les campagnes croient fermement que la religion est menacée et que c'est pour tout bon catho- lique un devoir de conscience de la défendre en en- voyant a la Chambre, au Sénat, des hommes religieux et bien pensants; mais, quand il ne s'agira plus, entre libéraux et catholiques, que de savoir si les fortifications d'Anvers seront ou ne seront pas démo lies, si l'on réduira ou si l'on ne réduira pas les dé- penses militaires, si les bourgmestres seront nommés communale trouva en lui un auxiliaire très-utile. Cettesituation excessivement précaire seprolongea pendant nombre d'années. Ce ne fut qu'au prix des plus grands et souvent des plus pénibles sacrifices que Baratto put se tenir a flot. C'est alors que des hommes honorables lui con- seillèrentde solliciterde l'administration communale une majoration de traitement, qui put lui permetlre de satisfaire plus conveuablement aux exigences de la vie Cette augmentation certes eut été justifiée par huit ou neuf heures de classe par jour. Cependant le mo deste Baratto n'osait la demander, ses amis insislèrent et il finit par invoquer la protection des magistrals de Poperinghe. Comptant sur les lois de l'urbanité, il espèrait au moins un bon accueil. Jamais deception ne fut plus grande; jamais humiliation ne fut plus plus forte, ni moins mérilée. A peine le jeune professeur avait-il arliculé quelques mots, qu'un magistrat, d'une voix de Jupiter-tonnant, lui jeta a la lête ces paroles écra- santes, en y joignant un geste de souverain mépris Comment vous vous plaignez, vous que nous avons bien voulu recevoir ici parpilié; qui ëtes-vous done? Etes-

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 1