par le Roi ou par les élecleurs, quand Ie clergé aura renoncè a exploiter les terreurs et les superstitions desanies simples, son influenceélectoralesera promp- tement annihilée et le parti liberal, débarrassé des accusations qui le rendaient suspect aux campa- gnards, ne tardera pas a enlever a ses adversaires la prédominance dont ceux-ci jouissent aujourd'hui. Cela est clair comme le jour. Ce que M. Coomans propose au parti catholique, ce n'est done ni plus ni Fiioins que de se couper la gorge. Or, nous doutons fort que ceci soitdu goüt de MM. les évêques. Oh I nous le savons, M. Coomans fait Ie méchant dans la Paix; il va jusqu'a menacer d'un désaveu public, de la part d'une grande partie de la droite, Ie ministère catholique qui oserait tenter de gouverner en dehors des stipulations de son farneux programme. Que si des ambitions individuelles, écrivait-il dans son dernier numéro de Ia Paix, se prêtaient a des es- sais impossibles, en dehors des conditions trés nettement tracées dans les reunions de la droite parlementaire, leur succès éphémère ne s'étendrait pas au-dela des colonnes du Moniteur, et un désa- veu inévitable et prompt en ferait justice. Ces rodomontades font rire les gens sensés. A quels im beciles M. Coomans s'adresse-t-il done pour s'imagi- ner que ces fières dêclarations seront prises au sé- rieux? Est-ce que, par hasard, l'honorable ébéniste qui rédige la Paix voudrait nous faire croire l'irtdé- pendance de la droite? Et messeigneurs les évêques. qu'en faites-vous, s'il vous plaitcher ébéniste? N'auraient-ils pas, pensez-vous, leur petit mot a dire sur le programme que vous avez rabotéen compagnie de quelques apprentis de la droite Êtes-vous bien convaincu que ce programme leur conviendra et si, pour une foule de bonnes raisons dont nous venons de vous soumeltre les plus saillantes, ce programme ne leur convient pas, vous sentez-vous de taille, vous et vos apprentis, a entrer en latte avec eux D'autres que vous, fier Sicambre, ont courbé la tête et ce n'esl pas faire injure a un fils soumis de l'Eglise que de prédire que vous la courberez comme eux, vous et tous ceuxqui font aujourd'hui tant de tapage et qui s'imaginent être libres paree que le berger leur per met de bêler de temps autre. MM. les évêques ont un anneau, M. Coomans, et e'est pour bénirmais ils ont aussi une crosse et e'est pour frapper, ne l'ou- bliez pas. Est-ce a dire que tous les articles de ce fameux pro- gramme seront indistinctement repoussés par l'épis- copat? Non pas. II y en a, dans le nombre, qu'il admettra volontiers, ne ffit-ce que pour donner un semblant de satisfaction a la jeune droite. Nous ne voyons pas, par exemple, pourquoi il s'opposerait a la nomination des bourgmestres par les électeurs nous ne voyons pas non plus pourquoi il se montre- rait hostile a l'abolition de la conscription, a la reduc tion des charges publiques, au remaniement des impóls, toutes choses, entre nous, beaucoup plus difïiciles a promeltre qu'a exécuter, mais qui font excellente figure dans un programme ministériel; mais ce que nous tenons pour certain, paree qu'il v va pour l'épiscopat de la vie ou de la mort, e'est qu'il ne souffrira pas que le terrain de la lutte soit déplace et que les questions d'intérêt matériel prennent le pas sur la question religieuse, la seule qui assure leur domination en justifiant, aux yeux des simples, leur intervention dans les affaires publiques. Ce que nous vous autre chose qu'un malheurenx ramassé dans les rues d'Yprespar la commiseration publique! Baratto, je te vois encore sangloterl Tes pleurs. ton désespoir, je n'ai rien oublié. T'en souviens-tu? nous cherchions a te consoler en mêlant nos larmes a ta juste douleur 111. Le jeune professeur ne se tint pas pour battu il se livra a l'étude avec plus d'ardeur que jamais, lnspirant généralement de la sympathie et de la con- fiance, des lecons de musique vinrent grossir les res sources de son budget. Grêce a ses merveilleuses dis positions et a son heureux caractère, sa gal té revirit et il ne songea plus que rarement l'affront inquali- fiable qu'il avait essuyé. Enfin, après avoir trop longtemps subi toute espèce de tribulations et d'avanies, on lui proposa Ia direc tion d'une société d'harmonie a des conditions assez avantageuses. Baratto accepta et se rendit a Merville (France) oü il occupa pendant douze années une posi tion largement aisée, jouissant d'une grande et légi- time considération. IY. A l'époque oü nous sommes arrivés dans ce récit, Joseph Baratto était marié et père de plusieurs aflirmons aussi, e'est que, quel que soitle ministère qui va prendre possession du pouvoir, ce ministère sera nécessairement, forcément un ministère de parti, gouvernant au nom de l'épiscopat et continuant fidè- Irrnent la tradition de ses prédécesseurs. Peu nous importe, a nous, le choix des futurs ministres qu'ils s'appellent Dechamps, d'Anethan, Thonissen, Kervyn ou Malou, ces noms différents n'expriment, a nos yeux, qu'une seule et mème idéé suprematie de l'Eglise sur le pouvoir civil, comme but final, et comme moven, maintien de la lutte sur le terrain religieux. Cette lutte sera plus ou moins ardente, selon que les circonstances parailront plus ou moins favorables a MM. les évêques et sous ce rapport, nous voulons bien croire que les noms sur lesquels l'épiscopat aura arrêté son choix nous donneront quelques indications utiles. Mais que ce ntême épis- copat renonce pour toujours la guerre religieuse qu'il nous fait depuis vingtans, voila ce que nous ne croirons jamais, a moins qu'un brefde Rome ne nous y contraigne. Et encore Dans un article inséré dans son n° du 17 avril, énumérant les divers travaux d'utilité publique votés pour notre arrondissement, le Progrès imprime ce qui suit Ces voies nouvelles de communications el de transport permettront de créer un jour des établissements industriels, que nos populations laborieuses réclamant en vain depuis si longtemps Déja des projets s'élaborent et nous pouvons don- ner ('assurance que des hommes de cceur dont le dévouement a leurs concitoyens n'a plus besoin. du reste, de preuves nouvelles, sont lout disposés a associer leurs capitaux a l'intelligence de nos in- dustriels et a l'activité de nos travailleurs. Nous ignorons a quels hommes le Progrès veul faire allusion; il s'agit, sans doute, de ses patrons. En voyant ces messieurs, pris d'un amour subit pour l'industrie, opérer un changement de front si inat- tendu et se produire comme les protecteurs, les sou tiens, les associés de nos industriels intelligents et de nos actifs travailleurs, nous ne pouvons qu'ap- plaudir des deux mains. Tant d'anlécédents que notre mémoire nous rappelle, ne nous permettaient guère de soupconner une conversion aussi miraculeust'. Mais enfin puisque le Progrès l'affirme, il faut avoir, aujourd'hui du moins, l'airde croire a ses propos, ne füt-ce que par simple politesse. Nous attendrons done a l'ceuvre ces hommes dévoués. Nous prevenons toujours le Progrès que jusqu'au jour oü nous aurons vu desactes, mais des actes sérieux, nous conserve- rons une certaine méfiance que ne justifie que trop bien l'expérience du passé. Affaire Unpin. AitnÊT de la Cour de Zevecote. Nous n'étions, a ce qu'il parait, qu'incomplétement informés au sujet de ('affaire Dupin devant la cour de Lapschuere. Le remarquable arrêt que nous avons rapporté dans notre numéro du 27 mars dernier, n'a pas été le dernier mot dans ce mémorable procés. Voici qu'un de nos correspondants de Zevecote nous apprend que l'arrêt susdit, frappé d'un pourvoi im- médiat, a été cassé par notre Cour suprème, du chef enfants; la société musicale qu'il dirigeait obtenait dans tous les concours des prix de boune exécution et était partout l'objet de véritables ovations. Elle a entre autres enregistré avec orgueil dans ses fastes son magnifique succès de 1854, a Lille. Ce succès, ce triomphe, se répandit au loin, plus d'une petite ville voisine envia la reputation que s'était acquise ['harmonie de Merville, grace au talent de son habile directeur. Parmi cesdernières il faut ranger en première ligne Poperinghe. Sa musique, après avoir longtemps con- servé une excellente renommée, était rentrée du concours de Lille dans un état d'abattement complet elle s'y était tout bonnement fait remarquer par une aseez mauvaise et pitoyable exécution. Le découragement s'empara de la majeure partie des membres de la société; et sans ['engagement que la plupart d'entre eux avaient contracté, nul doute que tous ceuxqui jouissaient d'un peu d'indépen- dance n'eussenl, pris leur démission. Baratto qui avait iaissé beaucoup de sympathie a Poperinghe, était seul capable de relever cette société de sa prostration profonde, lui seul pouvait mettre un j de suspicion légitime et que l'affaire, renvoyée de vant la cour de Zevecote, y a recu une solution dia- métralement opposée. A cette information se trouve joint le texte de ce second arrêt que nous reprodui- sons ci-dessous, par devoir d'impartialité. Car, a vrai dire, nous ne pouvons approuver la doctrine de cet arrêt, nous étant ralliés sans réserve a cel Ie de la cour de Lapschuere qui, a notre sens, a seul saisi le cöté pratique de la question soulevée et appliqué les vrais principes sur la matière. Voici cet arrêt Vu l'arrêt de renvoi de la Cour de Cassation, en date du Considérant qu'il s'agit de rechercber si le prévenu Dupin, par Ie fait d'un opuscule intitulé Bes Magis trals autrefois, des Magistrals de la Revolution, des Magistrals a venir, a commis le crime d'excitation a la haine et au mépris de Ia magistrature beige Considérant que pour soutenir l'affirmative I'accu- sation se fonde, entre autres passages, sur celui oü l'écrivain, dénoncant les déplorables effets du népo- tisme dans la magistrature, affirme que ce népotisme a été introduit prés de plus d'un tribunal de pro vince Considérant que ni ce passage, Ie plus saillant entre tous, ni les autres relevés par l'accusation ne sauraient, de quelque facon qu'on les examine, ni a quelque point de vue honnête qu'on se place, consti- tuer le crime d'excitation imputé a Dupin; que, tout au contraire, les appréciations reprochées, loin d'ex- citer a la haine et au mépris de Ia magistrature, semblent avoir pour but de sauvegarder Ia considéra tion et le respect dus a cette mêtne magistrature, et sans lesquels elle ne saurait occomplir sa haute mis- j sion sociale; Considérant, en effet, que les Cours et Tribunaux d'un pays ne sauraient jouir de l'estime des citoyens qu'a la condition d'avoir mérité toute leur confiance que cette confiance ne se peut obtenir que par la cer titude d'une impartialité absolue dans toutes les déci- sions; que cette certitude entière d'impartialité ne saurait se rencontrer la oü de proches liens de familie, et, par conséquent, une certaine communauté d'inté- rêts existent entre les juges d'une part et les repré- sentants ofïiciels des parties plaidantes d'autrepart; Considérant que e'est au point de vue de ces idéés supérieures et des exigences sociales qu'elles tra- duisent, que l'écrivain s'est placé dans ces diverses appréciations; que les faits de népotisme par lui si- gnalés l'ont été, non dans des vues perfides de déni- grement mais comme exemple frappant a l'appui de ces justes critiques Considérant d'ailleurs que l'auteur ne précisf paint les tribunaux infectés de népotisme el des inconvé- nients qui en sont la regrettable suite que sa plume ne vise même que des tribunaux de France, c'est-a- dire étrangers a notre pays, oü il est notoire que le népotisme est chose inconnue Considérant que e'est inutilement que, pour trou- ver matière a répression on soutiendrait en désespoir de cause, avec la Cour de Lapschuere, que les criti ques imputées a crime sont de nature a porter éven- tuellement atteinte a certains intéréts privés; a em- pêcher dans certaines families de magistrats, des arrangements et des combinaisons qui seraient comme les petits profits naturellement attachés aux fonctions de la magistrature que pareille terme a la crise en se placant a la tête de cette mu sique si déplorablement disloquée. Comment s'y prendre pour le faire revenir dans cette ville oü il avait si longtemps végété? Comment lui faire comprendre qu'en quittant Merville, dont il était l'enfanl gaté, il allait trouver mieux a Poperin ghe, qu'il ne se rappelait que par les souvenirs les plus affligeants? II n'y avait qu'un moyen, c'était de l'éblouir en lui assurant une position infiniment supérieure a celle qu'il occupait. On recourut a des expédients et Ba ratto se laissa séduire par les belles promesses que l'on fit miroiter a ses yeux. V. On fit plusieurs démarches a Merville pour ob tenir le déplacemeut tant désiré. On fit mille pro messes a Baratto la ville allait lui donner un traite- ment de plusieurs milliers de francs, des particuliers feraient des sacrifices au profit du nouveau chef de musique. On lui recommandail d'ouvrir un magasin de nouveautés, lui garantissant que tous les Poperin- ghois iraient s'approvisionner chez lui. Baratto se décida a revenir a Poperinghe. (La fin au prochain numéro.) 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HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2