ce que vous ne voulez pas qu'on vienne faire chez vous. Vous qui excitez les Beiges a servir dans s lutles armées a l'étranger, aceepterez-vous volontiers des enrölements d'étraDgers venant se mêler cln-z nous a de pacifiques querelles de partis par exem- ple? s Revenant avec une force nouvelle sur les dangers de la théorie développée par M. B. Dumortier, M. Ons continuait dans ces termes L'honorabie membre partageaussi cette croyanee que l'indépendance doit nous permettre, a nous Beiges, d'aller a volonté prendre part a toutes les querelles militaires qui se debattent au-dela des frontières qu'il«st beau, pour des Beiges, de quitter leur pays d'aller, les armes a la main, défendre leurs principes et leurs croyances, soutenir les petites nationalités contre les grandes.... Avec ce système accepté comme tiase, nous sommes une menace permanente pour toutes les nations de l'Europe, ni plus ni moins. (In terruption.) Oui, messieurs, poursuivait l'orateur, et nous appelons sur cette dernière partie de son discours l'attention toule particulière de nos lecteurs, si l'on a Ie droit de faire des enró'ements pour aller de- fendre Gaëleou Rome, si l'on a le droit de se con- certer, de se réunir, de s'exercerde se garnir la valise de munitions et la pocbe d'argent avant de partir pour défendre le Pape ou la nationalité napo- litaine, qui empêehe de faire la méme chose au nom de la nationalité de la Hongrie ou de la Pologne? M. Dumortier. Nous en avons le droit. M. Orts. C'est possible; maiscroyez-vous,M. Du- mortier, que lors même que nous en aurions le droit, nous ferions une chose bien prudente, un acte de bon patriote beige, en usant de ce droit? Que diriez-vous si nous allions tolérer aujourd'hui la formation d'une légion hongroise, d'une légion po- lonaise a la fronlière prussienne? M. Dumortier. C'est autre chose. M. Orts. Ah 1 c'est autre chose! Et vraiment, les Hongrois, les Polonais n'ont-ils pas une nationalité? N'ont-ils pas une patrie? Mais ce qui est vrai a Gaëte est vrai a Varsovie el a Pesth, ce qui est vrai a Rome est vrai dans le Grand-Duchè de Posen, j) N'entrez pas dans toutes ces distinctions, Monsieur, le terrain est mortel. Si nous vous y suivions, nous nous y perdrions ensemble et, ce qui est mille fois pis encore, nods perdrions avec nous la patrie. Que répondait M. Dumortier a M. Orts dénoncant a.u pays les perils d'une intervention armée dans les affaires intérieures des gouvernements étrangers? L'honorabie député de Turnhout allait-il jusqu'a re- vendiquer, pour la Belgique, le droit de permettre sur son territoire la formation de légions destinées a aller combattre a l'étranger Non pas. II est vrai- ment étrange,disait- il,en réponse a M. Orts, paree que je soutiens que les Beiges ont la liberté individuelle et peuvent en user comme ils veulent, l'honorabie membre veuille faire croire que je pousse les choses jusqu'a prétendre que l'on pourrait organiser, sur le sol beige, des légions contre des nations étran- gères. Ce sont ld deux choses qui ne se ressemblent d pas du tout. Tout individu a le droit, en vertu de sa liberté individuelle, de faire ce qu'il veut.... mais il ne s'agit plus de liberté individuelle, quarid vous formez des legions.... Former des régiments, ce n'est plus un acte personnel, c'est un acte politique. Unanimitè done parmi les orateurs des deux par- demeurent-ils pas, de leur vivant, a cóté de protes tants, de juifs, de francs-masons? Et en quoi leurs sentiments religieux peuvent-ils être froissés de sa- voir que leur tombe sera placée cóté de celle de ces hommes-la? Mais, disent les colporteurs des pétitions, les catho- liques doivent être inhumès en terre bénite; ainsi Ie veut leur religion et ce serail une profanation de placer dans un terrain qui a été bénit par un prétre catholique, des juifs, des libres-penseurs, des francs- macons ou d'autres chrétiens que les catholiquesl Le droit des catholiques en ceci ne peut certaine- ment être contesté en aucune manièrechacun a le droit d'accepter les dogmes religieux qui lui con- viennent; c'est un droit garanti a tous les Beiges par la Constitutionpar conséquent, chacun est autorisé a vouloir que son cadavre soit mis dans une terre consacrée conformément sa propre religion. Mais le bon sens dit qu'il suiïit pour cela que la partie du terrain qui environne lo cercueil, qui y louche, ait recu la bénédiction voulue. Et il ne saurait aucunement y avoir profanation de cette tis, sur le seul point qui intéresse notre discussion La formation, sur notre territoire, de légions, de régi ments destinés h aller combattre a l'étranger, cons- titue, aux yeux de tous, une atteinte aux devoirs de la nationalité. Le désaccord n'existeque sur la ques tion de savoir si chaque Beige, pris individuellement, a le droit de prendre du service dans une arnièe étrangère, question qui n'a rien voir ici. II rious reste maintenant a connaitre l'opinion ex- primée par le gouvernement dans cette circonstance. Nous avons fait déja beaucoup de citations, mais celle- ci est trop curieuse, trop instructive, pour que nous nous permeltions d'en retrancher une seule ligne. Ecoutons, c'est l'honorabie M. Rogier, ministrede l'intérieur, qui parle Je ne crois pas, dit M. Rogier, que les individus quittant isolément le pays pour aller servir ailleurs la cause qui répond a leurs convictions, je ne crois pas que ces individus, ne posant que des actes j> personnels, puissent compromettre la neutralité du pays. Il en serait autrement, si, comme on vient de Avions-nous raison de dire tantötautres sympa thies, aulres principes? Le gouvernement beige, c'est lui-même qui Ie déclare, uurait réprimè, il y a quatre ou cinq ans, le recrutement en Belgique d'une armée destinee a porter des secours au Pape en lutte contre ses peuples révoltés; autoriser un sembiable recrute ment ou même simplement le tolérer, c'eüt été man- quer aux devoirs de la neutralité, préparer a la Bel gique une situation pleine de dangers, ('abomination des abominations. Mais s'agit-il du Mexique et surtout de l'empereur Maximilien? Dés lors les choses pren- nent, a ses yenx, un autre aspect et ce qui était dé- fendu devient parfaitement legitime. Non-seulemeni les particuliers pourront se former en compagnies, en bataillons, en légions pour voler au secours de ce Jèróme Paturot couronné, rnais il sera permis au gouvernement lui-même d'intervenir ouvertement, officiellement pour favoriser, de tout son pouvoir, le recrutement mexicainil livrera ses soldats, il livrera ses officiers, il livrera ses casernesct le principe de la neutralité sera pleinement sauvegardé, et la base sur laquelle repose notre chère nationalité ne sera pas ébranlée! O misère! Faut-il que ce soit dans nos rangs, chez nos amis, que 1'on ait a relever d'aussi éclalantes, d'aussi tristes contradictions! Avis a ('administration ties Posies. Plusieurs fois déja, nous avons élevé des plaintes contre le service défectueux de la poste. Aujourd'hui nous devons revetiir sur ce sujet, car des orreurs fré- quenteset des retards inexcusablcs dans la distribu tion de notre journal nous font subir de nombreuses reclamations de la part de nos abonnés. Nous avons recueilli quelques bandes et pris nos renseignemenls sur l'heure de la reception a domicile de I'OpinionII résultede nos recherches 1" Que le journal mis a la poste de Bruxelles a 4 h. du soir, une demie heure avant le depart duconvoi- poste pour la Flandre, y reste en souffranee jusqu'au iendemain a G h. 15 m. du matin. 2° Que des journaux mis a la poste de Bruxelles le partie de terrain, parce que, a quelques pieds plus loin, il y aurait une autre partie de terrain qui ne serait pas bénite. C'est ce que reconnaissent eux mêmes les colporteurs des pétitions; car, s'ils veulent qu'on établisse un cimetière a part pour ceux qu'ils appellent les réprouvés, ils consentent cependant a ce que ce cimetière touche' a celui des catholiques, pourvu qu'un fossé, une muraille ou une simple haie l'en sépare. Eh bien 1 si partout chaque tombe catho lique était bénite au moment oü on v dépose un mort, n'est-il pas certain qu'eLe ne saurait être profanée par cela seul que l'on enlerrait tout a cóté, dans une tombe non bénite, le cadavre d'un non-catholique Et n'est-il pas absurde de prétendre que, pour éviter une profanation, il faut, entre les deux tombes, un fossé, une muraille ou une haie, puisque le lit du fossé, les fondements de la muraille ou les racines de la haie ne descendent pas même a la profondeur ou so trouvent les cercueils? Oui vraiment, cela est ab surde. D'ailleurs, ne le perdons pas de vue, la religion catholique est partout uniforme, la même dans le samedi a 8 heures du soir, nesont arrivés a Dixmude et a Oostvleteren que le lundi matin, et a Warneton que Ie mardi midi. Ou ces journaux sont-ils restés en souffrance? VOpinion déposée a la poste de Bruxelles le sa medi a 8 heures du soir n'est arrivée a Poperinghe que le Iendemain a 10 heures du soir et n'a pu, par conséquent, être distribuée que le surlendemain. Comment cela sefait-il? Nous sommes loin de prétendre que ces retards sont le res u I tat d'une mauvaise volonté; mais nous ne pouvons eloigner de nous Ie soupcon de négligence. L'administralion postale devrait aviser a un service plus rapide, au moins aussi rapide que pour le trans port des colis. Si au lieu de deposer notre journal a la poste de Bruxelles, nous le mettions a la même heure (4 heures du soir) au chemin de fer, comme colis, nous le recevrions a Ypres ie soir même, soit avec douze heures d'avance sur la poste. Nos recla mations sont fondéesy aura-on égard? Nous en doutons; car certaines administrations se croient ir- réprochables. Encore Ie libéralisme pratique. Le moment des élections provinciales approche, on commence a se préoccuper vivement des diffó- rentes candidatures en presence. L'esprit politique se réveille, il est surexcité chaque jour davantage et, suivant attentivement les différentes phases de la lutte, chacun suppute les chances plusou moins pro bables du candidat de son choix. Parmi tous les cantons de notre arrondissement appelés a élire leurs mandataires a Bruges, aucun n'attire plus ['attention en ce moment que celui de Rousbrugge-Haringhe. C'est que la se passent des fails, la s'ourdissent des intrigues trop peu appréciées et qui méritent pourtant de tomber flétries sous 1'in- dignation des consciences honnêtes. Afin de nous faire mieux comprendre, remontons quelque peu dans Ie passé. Le canton de Rousbrugge- Haringhe était représenté au Conseil provincial"de- puis 1856, si nous ne nous trompons, par M. Airné Viane, homme dévouó, coeur généreux, liberal sin- cère et honnete. En 1800, M. Floor, secrétaire com munal a Crombeke, devint le second conseiller de ce canton. Pourquoi lui, qui avait donné jusque-la fort peu de garanties au parti libéral, se vit tout-a-coup préféré a un homme dont tous les antécédents attes- taient les fortes et profondes convictions, comment et par quels secours il réussil a l'emporter sur son compétiteur, serail chose inutile a rappeler ici. Qu'il nous suffise de constater le fait accompli et d'ajovter que M. Floor, ardemment soutenu par certains iibé- raux, fut élu conseiller provincial. Aujourd'hui il sollicite le renouvellement de son mandat. Mais aujourd'hui n'est pas hier les cir- constances ont change et M. Floor, qui pouvait en 1860, sans grand danger, déclarer, daDs une sorte de profession de foi au sein de la Société littéraire de Rousbrugge, qu it était franchement libéral et le serait toujour Si M. Floor, en 1864, alors que le vent poli tique semble vouloir tourner contre les libéraux, se gardera bien de renouveler ses engagements d'autre- fois. II n'est plus ni catholique, ni libéral il n'entend pas placer sa réélection sur le terrain politique. Le calcul est adroit; mais il y avait, a le mener a bonne fin, un obstacle insurmountable dans la personne de M. Yiane, donl l'ame droite se serait énergiquement monde entierce qu'elle permet de faire en un pays ne saurait être contraire a ses dogmes en un autre pays. Or, conformément aux indications des règle- ments civils, en France, a Paris même, oü il y a beau coup de protestants, de juifs, de francs-macons et aussi des fidèles de la religion grecque et des maho- métans, le cimetière est commun a tous les habitants et le prétre catholique bénit chaque tombe catholique au moment de l'enterrement. Jamais ni le pape, ni le clergé francais n'ont trouvé ce mode d'enterrement contraire a Ia religion catholique. Rien n'empêche done d'en faire de même dans notre pays. Quant aux cimetières qui sont déja bénits en entier, il suffit pour en assurer l'accès aux non-catho- liques, tout en sauvegardant les droits de la religion, que Ie clergé retire la bénédiction du terrain en core fibre et bénisse ensuite chaque tombe catholi que. Les pétitions dont nous parions sont done baséés sur des motifs faux. II est absolument nécessaire, dans l'intérêt de toule la population, que la police des cimetières continue a appartenir a l'autorité ci- LB DIRE, LE PATS DEVENAIT LE SIÉGE DE RECRUTEMENTS CONSIDÉRABI.ES j s'lL SE FORMAIT EN BELGIQUE DES COMPA- GNIES, DES BATAILLONS, DES LÉGIONS POUR ALLER COM- BATTRE DANS UN AUTRE PAYS. DES ACTES SEMBLA" BLES IL FAUDRA1T LES RÉPR1MER.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2