pouvait altendre do 1'enquéte ordonnée par le gouver
nement. M. Ie minislre de ('intérieur a trouvé piquant
do donner lecture de celte circulaire; il a cru en ac-
cabler ses adversaires. Mais cette circulaire est elle-
même la condamnution éclatante do la loi de I8i2.
On ne saurait nier que cette loi fait de l'inslituteur
public le serviteur du clergé catholique. Dés lors,
qu'y a-t-il d'élonnant a ce que celui-ci dicte sa volonté
ii l'instituteur? Condamnez la loi avec nous, M. le
minislre, ou bien cessez de vous plaindre des abus
qu'elle consacre.
l'ii nouveau truc.
Le <5 juin s'est réuni le comité de l'association libé
rale, afin de s'occuper de la presentation d'uncnndidat
provisoire pour l'éleetmn provinciale du 30 juin. On
raconte, sur celto séance, des choses incroyables. II
parait qu'il a élé donné lecture d'une lettre adressée
au président par un membre du comité, bourgmestre
d'une de nos communes rurales. L'auteur de cette
letlre ne se contente pas de présenter au comité le
candidat de son choix, mais i! déclaro qu'iï a déja
parlé de cette candidature a un grand nombre de per-
sonnes influentes et qu'elle fait les plus grands pro-
grès dans les campagnes. Ainsi done, a tous les abus
si criants qui existent déjii, on vient d'en ajouter un
nouveau. Ce n'était probablcment plus assez de Ia
pression scandaleuse, promesses, faveurs, me
naces, intrigues, que l'on a exercéc de tous temps
sur beaucoup de memb es de l'association, il fallait
qu'aujourd'hui le mot d'ordre arrivat du dehors.
Après avoir violé tour ii tour tous les articles du Re
glement, on fait peser sur l'association les interven
tions et les influences extérieures. Sons respect pour
Ia liberté de discussion et pour l'indépendanee du
voteliberté et indépendance qui, pour beaucoup,
sont inscrits sur le papier, sans malheurousemcnt se
traduire en fait sans égard pour les candidatures
qui peuvent surgir, on a trouvé sage de venir dicter
l'association qui devrait ótrc souveraine pour tout
libéral sincere, la volonté de personnes qui n'en font
rnèmc pas partie, et des membres du comité onl cru
pouvoir prendre sur eux de travailler en faveur d'une
candidature sur laquelle l'assemblée générale n'avait
pas été encore appelée se prononcer! C'est la un
fait fêcheux et hautement blémable.
II est d'ailleurs noire connaissance que depuis
quinze jours, on travaille ouvertemenl la candidature
qui sera présentée a l'association et pas plus tard que
samedi passé huit jours, le 11uno personae infiuente
dcclarait que son candidat ce possessifest sublime
avail l'appui des conseillers provinciaux d'Ypres
et que ce serait lui et pas un autre qui serait élu 1
Nous irons plus loin. Nous afïirmons de la manière
la plus formelle quo tous les arrangements étaient
pris avant le décès du conseiller défunt.
Toutes ces observations furent présentécs au co
mité et le bruit court qu'elles furent, comme tou-
jours, accueillies avec humeur. Tous protestaient. A
les entendre aucun n'avait commis la moindre indé-
licalesse. D'après l'un, c'élait le canton d'Elverdinghe
qui voulait cette fois avoir son représentant; d'après
un autre, on avait cédé aux instances d'une personne
infiuente, oui, d'une personne qui n'appartient mêmo
pas notre arrondissement administratif. Bref, tout
ce monde-lè, si peu d'accord dans ses explications,
s'entendait admirablement pour proclamer son inno
cence, et chacun, faisant sa partie dans ce grand
choeur, chantait
Le ciel n'est pas plus pur que le fond de raon ème.
Le moyen de ne pas se rendre a l'évidence d'aussi
convainquantes protestations 1 Bien malheureusement
ces Messieurs se chargèrent de fournir eux-mêmes la
preuve de leur sincérité. Le président avait nommé
le candidat, M. Titcca, et il avait ajouté par erreur
bourgmestre a Doesinghe. Aussitót tous élevèrent Ia
voix pour lui dire qu'il s'agissait de MTitecanotaire.
Comment I messieurs, vous affirrnez n'avoir pas tra-
vaillé cette candidature, vous ajoutez méme, comme
l'un des vótres l'a fait que vous n'avez eu connais
sance de rien et, dés que la moindre inadvertance se
produit, elle vous frappe et vous la relevez 1 Qui done
croira encore h votre sincérité? Non, non; vos plus
belles phrases et vos plus énergiques protestations
n'empècheront pas qu'en réalité l'association n'est
convoquce que lorsque toutes vos mrsures sont
prises et pour enregistrer vos volonlés. Ce que vous
voulez, c'est un fantöme d'associalion; une association
véritable gênerait vos manoeuvres.
Si tout ce qui se raconte s'est réeilement passé
c'est une preuve de plus, ajoulée a lant d'aulres, dé
l'urgente nécessilé de réviser le Reglement de l'Asso-
ciation dans un sens plus large, plus véritablement
libéral et qui tienne plus franchement compte des
idees et des droits de chacun.
Et quant a ce qui nous occupe plus spécialement en
ce moment, quels que soient les changements opérés
dans les trucs, nous apercevons distinctement la main
qui lient es ficelles. En somme, le tout so resume en
une plus grande dextèrilé mécanique. Mais le danger
séricux naitra le jour oü les marionnettes refuseront
de danser.
Après avoir rapporté, d'après un journal de celte
ville, quo M. Elleboudt est proposé comme candi-
dat au Conseil provincial, par un grand nombre
d'électeurs des campagnes, le Progrèsdans son
numéro du 16, ajoule l'hypocrisie suivante
a Nous n'entendons soulever aucuno discussion au
sujet de celte candidaturenous avons pour habi-
tude d'attendre pour cela que ['Association libérale
ait prononcé.
Nous connaissons voire respect pour l'Association,
confrère.
Vous avez pour habitude d'attendre quo l'Asso-
ciation libérale ait prononcé 1 Amerveiile!
Mais vos patrons sont moins scrupuleux que vous
et ils ne se font pas faute eux, avant les decisions de
celte méme Association, de proner et de colporter
leur candidat 1
Vous diles encore que vous n'entendez soulever
a aucune discussion au sujet de la candidature de
M. Elleboudt, avant quo l'Association libérale ait
prononcé.
Vous ne discuterez pas plus après. Après comme
avant, votre mutisme sera le memo, car, si la discus
sion venait a soulever un coin seulcmenl du voile qui
masque vos intrigues, celles-ci disparaitraient pres-
tcmeut sous le souffle de l'indignation générale.
Cette pensée-la seule vous donne le frisson.
Deux poids et deux mesmrcs.
Deux nouvcaux membres se sont présentés pour
faire parliede l'association libérale; Ie comité avait it
statuer sur leur admission. L'un des deux n'est pas
électcur ou, pour parler plus exactement, il est ólec-
leur provincial dans un canton rural et n'appartonant
qu'en partie a notre arrondissement. Or, l'association
ne s'occupant pas des elections provincinlos pour les
cantons autres que ceux d'Ypres, aucuno discussion
ne l'intéresso directement et son vote, dans le sein
de l'association, no pourra rendre aucun service reel
au parti liberal. Mais ceci explique tout c'est
un ami a ces Messieurs d'Ypres. Et ces mêmos mes
sieurs qui, l'année dernière, no trouvaienl pas assez
d'objections a l'admission d'une personne infiuente do
notre ville, sous prétexte que l'ëlément non-électeur
est déja, trop nombreux a I'association, prétexte
bien spécieux dans la bouche de ceux qui ont peuplé
cello association des employés de toutes les adminis
trations possibles ces mèmes messieurs, disons-
nous, nous les avons vus voter, sans le moindre
scrupule et sans sourciller, l'admission du présenté.
Pourquoi done cette difference d'appréciation d'une
année a 1'aulre? Pourquoi ce qui élait nuisiblo ct
dangen ux il y a un an devienl-il subitement utile et
bon? Pourquoi, en un mot, deux poids et deux me-
sures? Ah 1 parce qu'il s'agit en ce moment de i'ac-
ceptation d'un ami, d'un fidéle et que les présentés do
l'année dernière étaient accuses et convaincus de
caractère indépendant. Et voila pourtant l'impartia-
lité et la justice de ceux qui accaparent la direction
du parli libéral 1 Quel édifiant spectacle pour tous I
Deux simples questions.
Décidément Ie Volksvriend a de l'esprit, beaucoup
plus d'esprit qu'il ne le soup£onne peut-être lui-
même ct nous craignons que sa modeslie naturelle
lui fassc tort et l'empêcho d'atfeindre a ses hautcs
destinées.
II vient de fournir une nouvelle preuve de son sa
voir-faire dans une oeuvrermphalique et boursoufflée,
vrai pot-pourri de sa fagon, oü il est question d'im-
politesseet de propos galants, de meneurs et de me-
nés, de raisonneraenls et d'insinuations, de libéra
lisme et de démocratie, du froid et du chaud, de la
pluie et du beau temps, de tout enfin.... excepté de
ce qui est réeilement en question. II parle aussi fré-
quemment de grands et de petits ambitieux, d'esclaves
et de polichinelles politiques. Imprudent confrère
comment ne craint-il pas, en prononeant ces mots,
de se brüler la langue 1
Naturellement, 1 'Opinion a sa part dans eelte Tour
de Babel. II est si bon, quand on vient d'essuycr un
échec, de trouver sur qui déverser sa colèrc. Cela
soulage el puis cela fait bien. En suspectanl les inten
tions d'un contradicleur, on espère faire prendre le
change etdetourner l'aitention des intrigues que l'on
met en jeu.
Done, pour ces motifs-lè et d'autres encore, VOpi
nion sera le bouc émissaire.
S'il faut en croire le Volksvriend, nous nous som
mes rendus coupables d'impolitesse a son égard. Nous
aurions vainement cherché dans tout notre article,
croyons-nous, un seul mot blessant, s'il n'avait pris
soin lui méme de nous éviter toute recherche. Notre
crime n'est pas dans les mots, mais dans quelques
points de suspension. Indé irce. Aveuglé par son dé-
sir de battre ['Opinion, notre inconsidèré confrère n'a-
l-il pas réfléchi qu'en interprêlanl notre penséo d'une
manicre si peu flatteuse pour lui-même, ils'expose 5
voir plus d'un railleur lui appliquer peut être le pro-
verbe fort connu
Qui se sentse mouche
Quoiqu'il en soit, nous sommes convaincus, de par
lo Volksvriend, de polémique inconvenante. Pour le
prouver, et sans doutc aussi afin de joindre l'exemple
au précepte, il qualifie notre article d'ancrie usée
et sans se'.
Mais ce n est pas lout. Celto polémique est encore
inspirée par une ame basse et un caractère aca-
riatre, style du Volksvriendnous procédons par
insinuations. Lui, au contraire, il s'est contenté do
faire a une remarque générale sur le rósultat des
elections de Rousbrugge.
Prenez garde, courageux confrère, vous battez déja
en retraite. Vous avez oublié, ou vous feignez d'avoir
oublié, ce que vous imprimiez a huit jours d'inter-
valle. Et lorsque vous écriviez a Si ceux qui ont
préparé la chute do M. Floor comprcnncnt les vrais
b intéréts du libéralisme, nous n'y entendons plus
rienmais nous sommes onclins croire qu'ura
moins noble but leur servait de guide, et plus loin
a ces hommes visent bien plus aux personnes qu'aux
principes, s que faisiez-vous, si cc n'est lancer une
odieuso insinuation a la tête des plus fermes soutiens
du libéralisme dans Ie canton de Rousbrugge Au-
jourd'hui votre intcrét vous commando de "soutenir
une autre thèse et vous no vous souvenez plus do ce
que vous avez ócrit, cl c'est nous quo vous accusez
de faire de laches ct stupides insinuations 1 (sic.)
Du rcsle, le Volksvriend no se pique guère d'etre
consequent. Bien souvent il lui est arrivé d'entendre
dire a des personnes élrangères <t ce pauvre arron-
dissement d'Ypres est livré aux mains d'une coterie
intrigante qui, sous le couvert du libéralisme, do-
b mine tout, accapare tous les profits et touies les
places. Evidemment, cc sont lè des fadaises
pour Ie Volksvriend et ce n'est pas cc que nous dis-
cutons cn ce moment.
Mais oü ces personnes avaient-elles pu puiser do
pareilles idéés? Le Volksvriend va nous l'apprendre
s Dans un journal d'Ypres, dans I 'Opinion. Ainsi
done, voila ['Opinion, de l'aveu méme du Volksvriend
connue et lue hors de ['arrondissement. Comment con'
cilier cela avec ['affirmation qu'il produit plus liaut
que les habitants ruraux apprendront aujounl'hui
t> seulemcnt, ct grace a lui sans douto, que I'Opinion
existe? Comprendra qui pourra Ie Volksvriend
ne s'embarrasse pas de si peu de chose.
Autre grief encore plus séricux. Nous faisons do la
politique en grande toilette et en ganls blancs
Nous avouons no pas saisir co que celte accusation
peut avoir do commun avec l'éleclion de M. Ie secré
taire de Crombeko. Est-ceque, par hasard, lo Volks
vriend ferail dc la politique en sabots? Fi done 1 ce
serait bien compromettant pour un journal qui pro-
fesse une sublime horreur de la démocratie 1
Nous n'en linirions pas si nous devions relever
toutes les originalités du pclii pamphlet doctrinaire.
Nous ne nous anauscrons méme plus exposcr nos
principes ct nos intentions. Lo public les connait et
les apprécie; le Volksvriend aussi les connaitrait, s'il
voulait être de bonne foi.
Nous lui poserons cepcndant deux questions. A la
vériló, il nous declare qu'il est fort occupé de l'edu-
cation politique des campagnards, s oufl
nous formulons néanmoins des voeux sincères pour
qu'il trouve quelque trêve a sos travaux et qu'il
daigne t se donner lo plaisir de satisfaire notre
curiosité.
Nos deux questions, les voici
1° Pourquoi le Volksvriendt dans les colonnes
b duquel trouve place lout ce qui peut faire progres-
d ser d'un pas ferme le triomphe des idees liberates,
a-t il défendu la candidature do M. Floor qui s'était
engage vis a-vis des clericaux?
2" Comment le succès de ce candidat neulre pou-
vait-il être utile, nous ne disons pas a quelques per-
sonnalitós, mais a ces principes purs et immaculés,
pour la victoire desquels Ie Volksvriend n est depuis
un grand nombre d'années sur la bróche
Öbtieiidrons-nous uneréponse catégorique? Co sera
bien difficile.
Nous n'en conlinucrons pas moins noire petit che-
min, sans nous laisser arrèler par les cris, les invec
tives et les calomnics de quelques esprits chagrins ou
bourrus qui, enivrés d'une prélendue infaillibilité et
orgueilleusement drapés dans une suffisanco que rien
ne justifie, supportent impatieinment la moindre con
tradiction. Pour eux, quiconque n'est pas mouton est
brouillonils créent a plaisir, dans leurs propres
rangs, des suppóts da sacristie, des jésuiles, des demo
crats ou des républicains, autant de moulins a vont
contre lesquels ils rompent les lances de leur fouguo
oratoire. Ces Don Quichotte-la, nous los connaissons
el nous connaissons aussi Sancho Panen, leur fidele
serviteur. Pas de doute quo le Volksvriend le con-
naisse encore tnieux que nous.
Nous avons remarqué cette semaine au moins six
rues do notre ville, sans compter celles qui vont