JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Dimanche PARAISSANT LE DIMANCHE DE CHAQUE SEMAINE. PItlX U'AUOXMEIIGiir POUR LA BELG1QUE 8 francs par an 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. P»I\ l)ES ANNOSEES ET DES RECLAMES 10 centimes la petite ligne. Corps du journal, 30 centimes. Le tout payari.e d'avanck. Laissez dire, laissez-vous blAmcr, mais puhliez voire pensée. On s'abonne a Ypresau bureau du journalchez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Dixmude, 55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Elections provineiales des cantons d'lpres, du 30 juin 4864. Condidat de I'Association libérale M. Edmond TITECA, notaire 0 Roesinghe. Les disciples de HI. dc Monlalembcrt et les disciples de HI. Veuillot. M. Schollaert, représentant de Louvain, a prononcé dans Ia dernière discussion parlementaire, un fort long discours que l'exiguité de noire formal ne nous perinet pas de reproduire. Nous le regrettons, car ce discours aurait ouvert les yeux a ceux de nos jeunes libéraux qui considèrent comme possible I'alliance du catholicisme politique avec la liberie. M. Schollaert a dit du Congrès de Malines qu'il a èté a l'assemblée la plus libérale que l'Europe eüt vu réunie dans le courant de ce siècle. Nous dirons, nous, el avec plus de vérité, que son discours est le plus audacieuse- ment réactionnaire que l'on ait debilé dans un Parle ment depuis trente ans. Le député de Louvain excelle dans le genre que l'on dèsigne au théalre sous le noin de tirades de fer blanc. Passons sur toute celte phraséologie ampoulèe et dó- clamaloire, qui u'a rien a nous apprendre. Laissons égalemenl de cótè les considerations théologico-nebu- leuses qu'il a développées avec une stérile abondance et allons tout droit aux questions poliliques du mo ment. C'est sur ce terrain en quelque sorte pratique qu'il convient de juger I'homme qui se pose en con- ciliateur des deux opinions. Tout le resle est fantaisie pure et ne mérite pas qu'on s'y arrête. Libéraux et calholiques, nous sommes en désaccord sur trois questions principales la question de l'en- sei°nement public, la question de la charité et celle des cimetières. En matière d'enseignement, les libéraux proclament que l'instruction est une dette sainte de l'Elat envers lescitoyens et que l'enseignemenl public doil subsis ter en face de l'enseignemenl privé comme garantie de la liberté de conscience. Les calholiques soutien- nent, au contraire, que l'enseignement de l'Etat doit se borner a parer a l'insuffisance de l'enseignement privé et qu'il doit disparaitre partout oü celui-ci est convenablement organisé. 11 va sans dire que par en- seignement privé, les catholiques entendent l'ensei gnement donné par le clergé. Que pensent, sur cette importante question, les jeunes catholiques, les disciples de l'ecole libérale de M. de Montalembert? M. Schollaert va nous I'ap- prendre. Le député de Louvain reconnait le droit de l'Etat. L'Etat qui enseigne fait plus que d'exercer un droit, il accomplit un devoir. Très-bien, mais.... (il y a un mais) ce droit, ce devoir n'existent qu'è deux con ditions la première, c'est que l'enseignement de l'Etat d reste conforme a l'esprit hautement religieux de la loi de 1842 C'est qu'ensuite l'on se contente de combler avec les fonds nouveaux de regrettables lacunes et que l'on ne s'en serve pas soit pour faire concurrence aux écoles libres, soit pour supplanter les écoles patroaées.En d'autres termes, M. Schol laert deniande que l'Etat ferme ses écoles partout oil le clergé a organisé les siennes el que la oü le clergé n'en a pas, on lui ouvre la porie des écoles organisèes par l'Etat. Voila pour la doctrine libérale de nos jeunes calho liques en matière d'enseignement. Passons a la question de la charité. En matière de charité, les libéraux admettent et sollicilent Ie concours de toutes les forces sociales et individuelles. A cóté des institutions publiques de bienfaisance, ils favorisent la création et le dévelop- pement des institutions dües a l'initiative de la cha rité individuelle. Nul obstacle n'est apporté par eux a l'application de l'esprit d'associalion aux oeuvres ayant pour but de soulager la misère; le droit d'as- sociation, ils le reconnaissent en cette matière comme en toute autre, absolu, enlier, sans restriction au- cune. Tel n'est pas, a beauccrap prés, le sentiment des catholiques. Les catholiques voient de mauvais ceil les institu tions publiques de bienfaisance. C'est, disent-ils, de la charité légale, c'est-a-dire une mauvaise charité, qui crée plus de misères qu'elle n'en soulage. La bonne charité, pour eux, c'est la charité privée, dont le clergé, cela va sans dire, serait le seul et unique dispensateur. Mais cette bonne charité n'a pas au- jourd'hui tout l'essor desirable, paree que la législa- tion actuelle lui conteste la faculté de perpétuer ses oeuvresen d'autres termes, la liberté de la charité comporte, d'après les catholiques, le droit de fonder c'est-a-dire de créer des établissements perpétuels, ayant une destination spécialement dèlerminée et vivant en dehors du contróle des pouvoirs publics. Ici encore, il est curieux de rechercher de quel cóté penchent les disciples de la liberté catholique. Ecoutons M. Schollaert c< Nos hospices et nos bu- reaux de bienfaisance, dil-il, tels qu'ils sont au- jourd'hui organisés, sont d'admirables institutions dont il faut désirer et alimenter la prospérilè. Bon, allez-vous dire, M. Schollaert. tient avec nous. Prenez garde, il y a un mais. i Mais, continue l'ora- teur, pourquoi ne créerions-nous pas a cóté d'elles les établissements de la liberté'? Et celte idéé, le représentant de l'école de M. de Montalembert la dé- veloppe longuement, avec force tirades de fer blanc a faire fondre en larmes le doctrinaire le plus endurci. Mettons done cette question de la charité avec celle de l'enseignement. Sur l'une comme sur l'autre, un abime nous sópare de M. Schollaert et de la jeune école de M. de Montalembert. Reste la question des cimetières. Les libéraux ont, sur cette matière, des principes parfaitement arrêtés. Pour eux, l'inhumalion est un acte essentiellemenl laïque. L'autorilé civile est seule maitresse du cime- tière a elle et a elle seule appartient le droit d'indi- quer la parlie du cimetièredans laquelleles dépouilles mortelles du citoyen seront inhumées. Pour les calho liques, notre doctrine est une véritable monstruosilè. lis soutieunenl que le prétre est seul maitre du cime- lière et que l'autorité civile a le devoir de faire res pecter les décisions du prétre. Jeunes libéraux-calholiques, a qui donnez-vous raison dans ce grave débat M. Schollaert reconnait que le bon droit est du cóté des libéraux. C'est comme cela, du reste, qu'il débule chaque fois qu'il veut nous donner tort. Je com- prends parfaitement bien, dit-il en s'adressant a nous, que Ie coin des réprouvés soit une chose qui vous indigne la dépouille humaine est loujours sacrée, toujours respectable. Suit une longue ti rade de fer blanc sur le respect de la tombe. Mais, poursuit le député de Louvain, (le mais ne manque jamais) la liberté vous oblige de ménager a l'Eglise la faculté d'avoir des cimetières exclusivement ré- servés aux personnes qui meurent dans sa com- munion, des cimetières oü les catholiques puissent recevoir ses bénédictions et reposer dans la lerre qu'elle bénit. Très-bien.Mais qui sera maitre dans ces cimetières Evidemment le curé, car quoi bon changer la loi si c'est pour maintenir ce qui existe En definitive c'est done nous, les libéraux, qui avons tort, aux yeux de M. Schollaert, dans cette question comme dans toutes les autres. Nous aurons a revenir sur les doctrines émises par le représentant de Louvain et nous montrerons alors ce que valenl toutes ces belles protestations en faveur de la liberté dont les jeunes catholiques nous acca- blent. II nous suflit, pour le moment, d'avoir constaté que, sur les trois questions fondamentoles qui di- visent los deux grandes opinions politiques du pays, les disciples de M. de Montalembert sont compléte- ment d'accord avec les disciples de M. Veuillot. Question des cimetières. Le ministère parait decide a maintenir la législa- tion qui régit les cimetières, telle qu'elle existe, d'a près l"e décret de Prairial an XII. On sait qu'aux termes d'une disposition de cé décret, la police des cimetières appartient aux administrations commu- nales, chargées de veiller a la decence des inhuma tions et de faire respecter les droits de la liberté de conscience. Si les termes de cette disposition élaient parfaitement clairs, s'ils ne laissaient place a aucune espèce de doute sur les devoirs qui incornbent aux administrations comrnunales en cette matière, il n'y aurait pas, sans doute, a réclamer la révision de la législation actuelle; mais il s'en faut de beaucoup que la disposition qui règle les pouvoirs de l'autorité ci vile soit exempte d'obscurité. Cette disposition doil étre combinée avec une autre qui exige la division du cimetière par compartiments et de cette combinai- son naissent des interprétations diverses qui se tra- duisent journellement en des scandales qui róvollent l'humanilé. Le gouvernement, il le reconnait lui- même, est impuissanl a empêcher les scandales; il est oblige de les tolérer et de s'en rapporter aux ad ministrations comrnunales, peu désireuses, en géné- ral, d'entrer en lutte avec le clergé et disposées le plus souvent a sacrifier leur autorité au désir de rester en bonnes relations avec Monsieur Ie curé. Des circulaires ministérielles ne serviraient a rien, puisqu'elles ne seraient pas obligatoires et que les administrations auxquelles elles seraient adressées pourraient les enfreindre impunément. II faut done se résigner a subir lous ces scandales, a la honte de la Belgique, ou bien décréler les droits et les devoirs

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 1