JOURNAL D'YPRES ET DE ^ARRONDISSEMENT
YPRES, üimanche Deuxième année. I\° 5£8. 10 Juillet 1804.
Un Numéro 25 Centimes. NhS HHP H9 B H 1B BB BB 8 Le tout d'avance.
PARAISSANT LE DIMARCHE DE CHAQUE SEMAINE.
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POUR LA BELGIQUE W JjjP jÊf |M W gg T®T ET DES RECLAMES
8 francs par an4 fr. 50 par semestre. H P g ■HF M |1|| lil |«U 10 centimes la petite ligne.
Pour l'Elranger, le port en sus. g ||l |g fe M I Corps du journal, 30 centimes.
Laissez dire, laissrz-vous lilèiuer, inais publiez voire pensée.
On s'abonne ii Ypres, au bureau du journalcfu
rue de Dixmude55.
BEévision du BRèglement de ^Association elec
torale d'Ypres.
L'Association libérale de l'arrondissement d'Ypres
aura a s'occuper très-incessamment de la revision de
son reglement. L'importance des questions que l'as-
semblée sera appelée a examiner, l'inüuence que leur
solution doit. exercer sur les destinées politiques de
notre arrondissement, les circonstances au milieu
desquelles le débat va s'ouvrir, la veille d'une dis
solution qui décidera peut être de l'avenir du pays,
tout semble se réunir pour imprimer h la prochaine
réunion de Ï'Assoeiation un caractère de gravité tout
exceptioonel.
Nous sommes de ceux qui appellent de tous leurs
voeux une revision profonde du règlement de notre
Association. Nous croyons, avec beaucoup de libéraux
dont les convictions ne sauraient être suspectes a
personae, que ce règlement, tel qu'il exisle aujour-
d'hui, est un obstacle au développement, aux progrès
du libéralisme dans notre arrondissement et nous
considérons comme un devoir de dire, avec une en-
tière franchise, en quoi ce reglement nous parait dé-
fectueux et les modifications que nous désirons y voir
introdnire.
Nous n'ignorons pas les sou peons que l'on cherche
a faire peser sur nous. Ces soupcons, nous les avons
rencontrés plus d'une fois sur notre passage mais
on nous rendra cette justice qu'ils ne sont pas par
venus a ralentir notre marche. Forts de noire droit et
de ia puretéde nos intentions, nous avons poursuivi
et nous continuerons a poursuivre le but que nous
nous sommes assignés, sans nous laisser arrêter par
de vaines clameurs. Disons-le bien tot, d'ailleurs
notre intention, en appelant l'attention publique sur
les vices du règlement actuel, n'est pas de susciter
une polémique de personnes. Ce n'est pas au moment
oü le parti liberal a besoin de toutes ses forces pour
combattre l'ennemi commun, qu'on nousUrouvera
disposés a raviver des dissentiments qui pourraient
les aft'aiblir et compromeltre la victoire. Quand l'heure
du dauger sonne, bonte a qui recule devant le sa
crifice de ses ressentiments personnels et qui ne
sait pas mettre au-dessus des intéréts de son amour-
propre les intéréts de son parti. Nous avons l'intime
conviction de n'avoir jamais failli a ce devoir et nous
ne croyons pas y faillir aujourd'hui en exposant avec
modération les motifs qui nous font désirer la revision
de quelques-unes des dispositions du règlement ac
tuel de notre Association. Cela dit, nous entrons en
matière.
C'est une chose qui ne sera conlestée par personne,
pensons nous, que les associations politiques perma-
nentes n'ont pas répondu aux brillantes espérances
qu'elles avaient fait concevoir. Le Congres libéral,
qui comptait dans son sein tant d'hommes rompus
aux luttes électorales, avait cru que ces associations,
organisées dans tous les arrondissements du pays,
auraient promptement raison du parti catholique et
qu'elles assureraient, dans l'avenir, la prcdominence
permanente du libéralisme. La première expérience
fut, en effet, victorieuse et parut donner raison a ses
previsions en 1847, sous I'eflbrt d'es nombreuses
associations créées a son appel, le parti catholique,
Félix Lambin, imp.-lib., On traite a, forfait pour
i ou envois d'argent do\
qui avait gouverné pendant prés de dix années sar.s
interruption, le parti cathoiique fut écrasé et dut
céder la place a ses adversaires. Les hommes de ce
temps se rappelleront le délire de joie qui s'empara
alors de nos amis c'en était fait désormais des cléri-
caux, leur defaite était irreparable, jamais on ne les
reverrait plus au pouvoir, il n'y avait plus a s'en
occuper.
Ainsi disaient nos amis. Et pourtant, quelques
années plus tard, c'etait leur tour de battre en re
traite et le pouvoir, dont ils se croyaient assures
pour toujours, passait aux cléricaux qu'ils croyaient
avoir anéantis.
1857 arrive. Les libéraux remportent une nou
velle victoire. Les associations ont fait nier veille
une vingtaine de cléricaux tout au plus a échappé au
naufrage. Oh, pour cette fois, ils sont morts et bien
morts, les hommes de la main-morte et des couvents.
II faudrait avoir perdu le sens pour s'imaginer
qu'ils pussenl jamais ressusciter. Réjouissons-nous
dans le Seigneur on n'en entendra plus parler.
Très-bien, mais voila qu'en 1859, des élections ont
lieu et que les morts sortent de leurs tombeaux pour
nous combattre et nous enlever quelques voix a la
Chambre et au Sénat. En 1861, nouvelle lulte, nou-
vel échec et enfin, en 1863, MM. les cléricaux nous
arrangent si bien, nous et nos invincibles associa
tions que nous en sommes réduils a leur offrir le
pouvoir, qu'ils refusent d'accepter parce qu'ils
comptent nous battre plus complétement encore aux
élections générales de 1865.
Oh, nous sommes loin d'attribuer ces échecs suc-
cessifs de l'opinion libérale aux associations électo
rales seulesnous savons tenir compte et des cir
constances extérienres et de la question du coton a
Gand et de la question des fortifications a An vers;
mais en fesant une juste part aux difficultés de tout
eenre que l'opinion libérale a renconlrées sur sa
route, it n'en faut pas moins reconnaitre que les asso
ciations permanentes n'ont pas su les surrnonter et
que, sous ce rapport, elles sont restóes en dessous
des espérances qu'elles avaient données. N'oublions
pas, d'ailleurs, que, dans plus d'une circonstance,
elles ont succombé sur Ie terroin purement politique
et dans un temps oü ni les événements extérieurs ni
la question d'Anvers ou de Gand ne pouvaient exer
cer aucune espèce d'induence sur le scrutin.
Dans l'impossibilité de contester ces résultats dé-
cevants, bon nombre de libéraux, et des plus con-
vaincus, cherchent a les expliquer par nous ne sa
vons quel vice origine! que les associations politiques
porleraient dans leurs flancs. A les en croire, ces as
sociations, capables d'un grand effort a un moment
donné, seraient fatalement condamnées, suivanl les
lois inêmes de leur nature, a s'abandonner tour a
tour aux illusions de la victoire et aux décourage-
ments de la défaite il ne faudrait attendre d'elles ni
prevoyance ni persistance dans les desseins.
D'autres libéraux, et nous sommes de ceux ci,trou-
vent ailleurs la raison des mécomptes que les asso
ciations politiques leur ont fait éprouver. lis pensent
que si ces associations n'ont pas portó tous les fruits
qu'on était en droit d'en attendre, c'esi parce qu'on
les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
vent être adressés franco au bureau du journal.
leur a mesuré, avpc trop de parcimonie, Ie terrain
dans lequel elles devaient trouver les aliments d'une
vie puis'ante et féconde, et qu'a Limitation de certains
jardiniers gourmands, des habiles ont pris soin de
pincer les bourgeons qui promettaient une récolte
excédnnt leurs besoins personnels. Expliquons-nous.
Toutes ou presque toutes les associations politiques
actuellement existantes ont été créées dans un but
exclusivement électoral. Le Congrès libéral de 1846,
en provoquant sur tous les points du pays la forma
tion de ces associations, n'avait eu en vue qu'une
seule chose, le triomphe de l'opinion libérale au moyen
des élections. Réunir tous les citoyens assez intelli
gents, assez dévoués a la chose publique pour lui sa-
crifier leurs sentiments personnels de sympathie ou
d'éloignement pour les candidals; n'adopter que des
candidats dont le caractère el les antécédents offrent
une première garantie et qui, sans dénaturer leur
mandat, sans abdiquer leur dignité, sans enchainer
leur conscience, se déclarent fermement disposés a
faire triompher les maximes qui forment le code de
l'opinion libérale; assurer aux élus du plus grand
nombre les suffrages définitifs, l'appui efFicace de la
minorité qui, après une discussion franche et libre,
aura succombé dans l'épreuve préparatoire voila,
disait ('honorable M. De Facqz, dans le mémorable
discours par lequel il ouvrait cette grande assemblée,
voila le secret du moyen qui peut encore réparer tout
le mal.
Que si l'on veut se pénétrer plus profondément en
core de la pensée qui présida a la formation des as
sociations créées a cette époque et depuis, -on n'a
qu'a parcourir leurs règlements. A très-peu d'ex-
ceplions prés, tous se préoccupent exclusivement des
élections et des moyens immédials d'agir sur le
scrutin.
Sans doute l'éminent magisfcrat qui présidait le
Congrès libéral et les fondateurs des nombreuses
associations écloses a sa voix comprenaient fort bien
que la conquête de la majorité parlementaire, but de
leurs efforts, ne pouvait être assurée que par le déve
loppement continu, au sein des masses électorales,
des idéés de progrès et de liberté qui forment la base
de l'opinion libérale sans doute, ils savaient comme
nous mêmes, que le libéralisme ne peut compter sur
rien de stable et de certain si l'éducation publique
est en retard des réformes dont il poursuit la realisa
tion, mais il est permis de leur reprocher avec jus
tice, selon nous, de n'avoir pas eu une intelligence
compléte des devoirs qui incombaient, sous ce rap
port, aux associations libérales et d'avoir négligé les
puissanles ressources qu'elles offraient pour déve-
lopper l'éducation publique des citoyens. En un mot,
et pour exprimer toute notre pensée, nous dirons
que ces hommes, si éminents, si dignes de notre
respect d'ailleurs, se sont trop préoccupés du soin
de faire des élus et pas assez de celui de faire des
électeurs. {La suite au n" prochain.)
L'abondance des matières nous oblige a remettre
dimanche prochain Ia suite de nos articles sur le
Mexique ainsi que la fin de la séance du Conseil
communal d'Ypres du 2 juillet.