lie caractère des prochaiiles elections.
Le Progrès, dans son numéro de dimanche dernier
s'ingénue a prouver que les prochaines élections
auront lieu avant lout sur le terrain du programme
annoncé par Ie ministère avorté dont, dit-il. les
réformes ne sont liberates qu'en apparence. A ce
propos ce journal s'èlève contre la réforme électorale,
surtout contre l'abaissement du cens.
Le programme de la droite annoncait des réformes
assez libérales qui toütes ont élé inscrites dans les
discours de Ia couronne depuis' quelques années. Ce
programme nous monlre que nos adversaires ont fait
un pas, un assez grand pas vers nous. S'il est fait
sincèrement, nous les en félicitons.
Si les prochaines élections avaient lieu sur le ter
rain de ce programme, nous ne comprendrions plus
rien a la position que se ferait le libéralisme. 11 com-
battrait ce programme et ces idéés que ses adversaires
ont élé chercher dans son eamp en les modifiant dans
le sens de la restriction. Mais, en ce cas, après avoir
■combattu son idéé restreinte plus ou moins, le libé
ralisme pourrart-il plus tard venir proposer ses ré-
formes, surtout sa réforme électorale comprenant
non-seulement l'abaissement de suffrage, mais un
renversement complét de nos lois électorales. Ne le
'taxerait-ön pas, a juste litre, d'inconséquence quand
il viendrail plus tard demander l'abolition du cens et
('inscription sur les lisles de lout citoyeu sachant lire
♦etécrire? lnconséqaence il y aurait alors, car après
avoir critiqué le moins, il patronerait le plus.
Nous aimons a croire, malgré le Progrès, que les
élections n'auront pas lieu sur le terrain du pro-
gramme; car si cela était, il y aurait en quelque
sorte une abdication de principes et nous ne pour-
rions pas suivre les amis de notre confrère dans ce
chemin périlleux.
Non, les élections n'auront pas lieu sur le terrain
•du programme. Elles se feront sur les questions de
principes qui divisent les partis. Si aujourd'hui la
grande familie libérale demande l'union pour com-
battre, ce n'est pas pour condamner un programme
qui reflète plus ou moins les 'idéés de ses membres
c'est pour vaincre un adversaire qui fait miroiter aux
yeux de l'opinion publique des réformes qui ne se-
ront jamais siennes et avec la promesse desquelles il
■tache de leurrer la nation.
Le Progrès, par son article, condamne la réforme
communale, la réforme électorale, la décentralisation
administrative, la réforme des lois de milice, des ta-
rifs douaniers, etc., qui sont des idéés libérales. Pour
l'amour de Dieu, notre'•vieux confrère, quelle est
votre doctrine Oubliez-vous que vous êtes de ceux
qui prétendent marcher en avant? Allons, ne vous
faitestpas rétrogradece serait malséant!
Quanta l'abaissement du cens électoral, le Progrès
n'en veut pas entendre parler. Jamais, suivant lui,
eet abaissement n'a été réclamé.
Le Progrès doit avoir la mémoire bien infidèle ou
bien il n'est.pas au courant de la politique intérieure.
Ne se rappelle-t-il point les voeux formulés a ce sujet
par plnsieurs Conseils.provinciaux, entre autres celui
de Brabant (proposition Vleminckx) et les pélitions
adressées il n'y a pas bien longtemps au Conseil com
munal de Bruxelles
D'ailleurs, dit-il, cette mesure ne tend qu'a en-
lever a ceux qui sont actuellement électeurs une
par tie de leurs droits. Ce serait le cas de dire
de plus en plus fort, comme cbez Nieolet. Nous en-
gageons le Progrès a suivre un cours de droit public
il apprendra alors que l'extension de l'exercice du
droit électoral ne peut enlever une partie des droits
de ceux actuellement électeurs. Le droit d'électeur est
possèdé par tout citoyen beige; la loi n'en enlève ou
n'en suspend que l'exercice. Comment alors conce-
voir que eet exercice octroyé a un plus grand nombre
de ciloyens puisse enlever une partie des droits des
autres? Vraimenl, nous n'y comprenons rien. Que le
Progrès veuille s'expliquer a ce sujetil nous rendra
service et au public aussi.
Ne pourrait-on pas dire, avec plus de raison et de
bon sens que notre confrère, que l'exercice du droit
électoral par un petit nombre d'habitants, rend injus-
tement les autres incapables de participer a Ia vie
politique?
Qu'il ne dise pas non plus que cette mesure
(l'abaissement du cens) tend a introduire dans le
corps électoral une catégorie de personnes que le dé-
faut d'instruction et l'absence de ressources mettront
a la dévotion exclusive de leur curé.
D'abord le cens plus ou moins élevé ne sera jamais
une garantie d'instruction et d'indèpendance. Que l'on
soit docteur en toutes sciences, magistrat, fonction-
naire, membre de la Chambre des représentants,
conseiller communal, échevin; que vous soyez bourg-
mestre même; si vous ne payez pas vous-même une
certaine quantité d'impöts directs, vous êtes exclu de
la liste électorale, vous êtes déclaré indigne de parti
ciper au choix de vos mandataires. Mais, par contre,
si, complétement illettré, domestique a gages ou a
journée, dans une indépendance absolue, on paie
l'impót direct, alors les portes des cornices vous sont
largement ouvertes; et il sufïït pour cela d'une pa
tente de débitant de spiritueux.
Ensuite nos campagnards seront bien étonnés
d'apprendre quelle triste opinion le Progrès se fait
d'eux lis seront a la dévotion du cure. Voici
notre réponse a ce dire de notre confrère; elle est
extraite du Bulletin du Dimanche dont il ne pourra
pas coniester le libéralisme
S'il en était ainsi, si le curé, ce Croquemitaine
qu'on jette toujours a la tête des bonnes gens, comme
le Deus ex machina, avail la puissance qu'on lui prète
si bénévolement, ne parviendrait-il pas a faire élire
partout a la législature, des députés cléricaux, qui, a
leur tour, feraient Dommer un ministère catholique
pur sang, lequel proposerait au choix du roi des
bourgmestres de sa facon
C'est alors que la Belgique serait une vaste capu-
cinière et qu'il faudrait craindre les dangers dont on
nous fait si grand peur depuis si longtemps.
Mais, grace a Dieu, il n'en est rien. Quand, déja au
jourd'hui, le curé aspire a la prédominence, et essaie
d'entamer des lulles, il y perd toute son influence,
tout son prestige el il trouve partout, même dans
nos plus petites communes, des caractères indépen-
dants et fortement trempés qui savent lui résister
avec énergie.
L'influence du brasseur, du notaire, du proprié-
taire conlrebalance bien celle du curé. Chaque fois
que surgissent des luttes de ce genre, I'expérience le
prouve, elles lournent au profit de la liberlé, elles
aboutissent a l'érnancipation des populations.
L'admission sur les listes électorales, a la province
et a la commune, des petits tenanciers, des bouti-
quiers ne saurait avoir les sinistres résultats que
prédisent des esprits timides. Le champ de la lutte
s'élargirait ainsi avec le nombre des participants, et
l'esprit public en acquerrait un plus grand caractère
de vitalité qui contournerait au profit des idéés libé
rales.
Quel enseignement faut-il tirer de cette apprecia
tion si sage et si concluante? C'est qu'en élargissant
le cercle des appelés a prendre part a la vie politique,
on complétera en quelques années l'érnancipation des
populations et on rendra ainsi tous les citoyens aples
a jouir de leurs droits civiques.
Telle n'est pas l'opinion du Progrès. Le statu quo
lui plait. Rappelons lui cependant sa devise vires
acquirit eundo. Mais qu'il se consoleil n'est si bon
cheval qui ne bronche.
La situation dans notre arrondissement.
Nous sommes arrivés a un moment oü les mots
entente, union, conciliation, se trouveront sur beau-
coup de lèvres et, chose plaisante, il y a fort a parier
que ce seront précisèment ceux-la dont les actes sont
le moins concilianls qui chanteront sur tous les tons
les bienfaits de l'accord fraternel.
Tel qui, il y a peu de temps encore, proclamait que
la minorité est sans racines dans l'arrondissement et
que ses pensées a lui y trouvent seules de l'ócho, tel
autre qui, inspiré moins par la sagesse que par nous
ne savons quelle haine vertigineuse, s'écriaitpas de
concessionsI viendra prêcher maintenant la fusion de
toutes les divergences, 1'aplanissement de toutes les
diflicullés, la réunion en un seul faisceau compact et
serré de toutes les forces vives du parti libéral.
A coup sür nous pourrions montrer quelque éton-
nement de ce changement subit, de ces paroles si peu
en harmonie avec une conduite dont nous n'avons
pas perdu le souvenir, de ce présent qui vient donner
un démenti a un passé encore tout prés de nous.
Mieux vaut étendre un voile sur tout cela.
Nous tenons néanmoins a nous expliquer et, en
appréciant la position qui nous est faite, nousdirons
dans quelles mesures et a quelles conditions notre
concours est acquis aux combinaisons que l'on mettra
en avant. Cette explication sera d'autant plus facile
pour nous que toujours nous avons déploré comme
un grand malheur la résistanee outrée qui énivre
quelques hommes et compromet les plus brillantes
situations. Toujours nous avons appelé de nos vceux
l'entente cordiale, la conciliation sur le terrain d'une
politique honnêle et franchement progressive. Au
jourd'hui plus que jamais, nous formulons ces mêmes
voeux plus que jamais, nous comprenons les néces-
sités impérieuses que les circonstances imposent a
tous.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, l'entente, pourêtre
efficace et durable, pour être cordiale dans le vrai
sens du mot, doitêtre basée sur des concessions réci
proques et présenter des garanties sérieuses de sin-
cérité. Toute conciliation qui ne serait que dans les
motssans se traduire en faits, toute conciliation qui,
venant d'un seul cóté, ne serait pas franchement ac-
ceptée et scellée sans arrière-pensée de l'autre, ne
mérilerait pas ce nom. Elle s'appellerait exploitation
pour les uns, duperie pour les autres.
Nous n'avons aucun désir de faire des dupes, nous
ne voulons pas l'être non plus. Done, pas de phrases
banales, pas de vaines promesses qu'einporte le vent,
mais des actes que nous pouvons npprécier, des ga
ranties indubitables qui puissent calmer nos soup-
cons!
Nous savons que le comité libéral de Poperinghe a
choisi pour troisième candidat a la representation
nationale, M. le notaire Vandenboogaerde et qu'il se
propose de le présenter en cette qualitó au comité
central. Nous ignorons si l'Association aura été réu-
nie lorsque paraltra eet article et il n'enlre, ni dans
nos intentions, ni dans nos habitudes, de préjuger ses
résolutions. Cependant nous nous tromperions fort si
l'assemblèe, après son vote de l'année dernière et
l'insuccès électoral de M. Vandenboogaerde, in-
succès qui était presque une yictoire, après les
paroles prononcées par M. Alph. Vandenpeereboom
dans la journée du 9 juin il y va de l'honneur du
parli libéral de relever ses blessés, nous nous trompe
rions fort, disons-nous, si après tout cela l'assemblèe
se déjugeait. Nous ne croyons done pas être témó-
raires, ni surprendre personne en disant que, dans
notre opinion, l'Association joindra aux noms de
MM. Alph. Vandenpeereboom et Léon de Florisonne,
celui de notre ami, M. Désiré Vandenboogaerde, et
que cette candidature sera cette année, comme l'an
née précédente, ostensiblement acceptee par tous.
Mais cette acceptation n'est qu'une simple formule
légale, qu'un préliminaire et une sorte d'entrée en
matière. Le plus important reste a faire; nous vou
lons parier du travail électoral.
Nous ne dirons rien de la manière dont ce travail
s'est fait en 1863 et des degrés de predilection dont
on semble avoir marqué a plaisir les trois champions
d'une même cause. Nous nous sommes déja expliqués
catégoriquement eet égard et nous ne voulons pas
en ce moment fournir prétexte a l'irritation. II nous
sera cependant permis de rappeler que I'expérience
nous a éclairés et que, pour traduire littéralement un
proverbe fiamand, l'on est instruit qu'en venant de
l'école.
II nous sera permis d'ajouler encore que bien des
particularités a notre connaissance, mais que nous ne
voulons pas produire au grand jour, donnent un
corps a nos soupcons et accroissent a bon droit notre
méfiance. Voila pourquoi nous demandons des garan
ties.
Ceux qui, par position et par devoir, font des vi
sites électorales aux personnes infiuentes dans nos
communes, jugeront apparemment sage et de bonne
politique de présenter personnellement tous les candi-
dats sans exception, au lieu de trahir des préférences
et de faire un choix, aceompagnant l'un, écartant
l'autre.
Agir de la sorte serait pour Ie corps électoral,
comme pour nous, la preuve manifeste qu'il y a,
comme on dit, anguille sous roche; car, si l'on est
sincere et si l'on veut se soumetlre a la décision de
l'Association, nous ne voyons pas de quels prétextes
on pourrait colorer l'éloignement de l'un des inté
ressés. II n'en faudrait pas plus pour changer nos
doutes en certitude et nous forcer a une séparation
compléte, éclatante d'avec ceux qui auraient tenté
de nous tromper. On verra alors si nous sommes
aussi isolés qu'on le dit.
Naturellement nous n'avons pas a faire connaitre
ici les mesures que nous prendrions dans cette occu
rence. Leur énumération ressemblerait a une menace
et nous n'avons pas coulume d'en faire.
Nous espérons d'ailleurs encore qu'en s'inspirant
mieux des intéréts de notre parti, on nous évitera