timents personnels! Que chacunde nous soit vraiment liberal et soulienne le drapeau en votant pour les trois candidats destinés a défendre nos principes. Ne voter que pour un ou pour deux noms, ce se- rait poser un acte absurde reposaot sur des considé- rations mesquines. Non, aucun èlecteur sérieux ne se décidera a jouer un röle aussi triste que peu avouable. A ceux qui, sans cherchër a approfondir les ques tions poütiques se bornent a apprécier les immènses services rendus par M. le ministre Vandenpeereboom, ses éminentes qualilés, et qui pour ces raisons sont décides a le soutenir contre ses obscurs compétiteurs, nous dirons vous voulez conserver M. Vandenpeere boom non-seulement comme representant, mais en core comme ministre, et le mettre a méme de conti- nuerè répandre sur l'arrondissement les bienfails de toute nature. Eh bienl il ne suffirait pas pour atteindre ce résui- tat de voter pour M. Vandenpeereboom seul; la lo- gique vous ordonne au contraire de voter en outre pour ses deux collègues, MM. Vanden Boogaerde et de Florisonne. Car si vous laissiez un ou deux noms en blanc, vous enlèveriez a voire propre vote toute son importance; facilitant ainsi l'entrée des adver- saires de M. Vandenpeereboom a la Chambre des re- prèsentants, vous l'exposeriez devoir déposer son portefeuille de ministre. Or, quels sont les électeurs bien pensants de l'arrondissement d'Ypres qui vou- draient contribuer a pareil résultat? Qu'on le sache bien, les trois candidats libéraux sont solidaires entr'eux du succes de la cause l'ap- pui enlevé a l'un affaiblit l'autre. Ne pas voter pour M. de Florisonne ou pour M. Vanden Boogaerde, c'est ne pas voter pour le ministre de l'intérieur. C'est, par voie de conséquence, enlever a notre arrondissement lui-même la haute place qü'il a conquise dans la Bel- gique. L'unité, l'enseinble dans le vote, voila ce que la logiquë réclame de chaque èlecteur. II y a; en ce moment, grand tapage dans la presse clèncale Le ministère s'est permis d'adresser aux gouverneurs des différentes provinces une circulaire pour justilier sa politique et rappeler les services qu'il a réndus au pays; c'est affreux, n'est-ce pas? Le ministère, attaqué avèc üne viblence inouïe, dans lesjournaux, dans la chaire, dans le confessiounal, le ministère calomnié, vilipendé, agonisé par toutes les harpies de l'épiscopatle ministère, dont les actes sont dénaturés, et les intentions odieusement traves ties, le ministère ose se défendre! Vraimëut, on n'a pas d'idèe d'une pareille audace el la presse cléricale 1 a mille fois raison de combattre des hommes qui ont recours a de semblables moyens pour se maintenir au pouvoir. OU alions-nous done, Seigneur Dieu, si les gens que l'épiscopat condamne ont le droit de se dé fendre. Vous croyez peut-être que c'est de la liberté, détrompez-vous, c'est de 1'imperialisme tout pur. Un gouvernement constitutioneel, le Journalde Iiruxelles nous l'enseigne tout au long, doit se laisser altaquer et vilipender sans souffler mot. Ainsi le veut la saine pratique de la liberté. Se défeöd-il? nous tombons en piein dans le despotisme, le militarisme, le doctrina- risme et l'impérialisme. II n'y a plus qu'a fermer les portes du Parlement et prier l'empereur des Francais de nous envoyer un préfet. Cela est tellemeut évident qu'il n'y a pas a insister la-dessus. Depuis dix sept ans, a part une courte interrup tion, l'opinion libérale n'a pas cessé d'occuper le pou voir. A l'heure oü le pays va être appelé a sanctionner ou a condamner ses actes et ses tendances, elle de- mande a être jugée non pas sur les promesses qu'elle offre pour l'avenir, mais par ce qu'elle a fait dans le passé. Le passe elle en est fiére et giorieuse et, loin de le dissimuler, elle le met au grand jour comme son litre le plus sérieux a la confianee du corps élecloral. Le parti clérical n'a garde de faire de mème Le passé lui pèse et c'est en nous étourdissant du bruit de toute espëce de promesses qu'il espère nous enlever le souvenir de ses détestables prétenlions d'autrefois. Le pays ne sera pas dupe de cette manoeuvre, il ne se laissera pas prendre a la glu du programme de M. Dechampsnon plus qu'au langage doré de M. Schollaert. Le pays veut la liberté vraie, la liberté pour tous, sans acception de croyances religieuses ou d'opinions poliliques et il sait bien que ce n'est pas des fik soumis d'une Eglise intolérante et despotique qu'il peut attendre la fermeté et l'indépendance né cessaires pour la défendre contre les attentats dont elle est sans cesse menacée. MM. Vilain XllII et De- decker, eux aussi, se proclamaient les amis, les dé- fenseurs de la liberté. En plus d'une circonstance, l'un et l'autre l'avaient défendue avec courage. Et, cependant, c'est sous le ministère de ces deux hom mes que nous avons vu se produire la loi des convents e'est-a-dire la tentative la plus léméraire, la plus insensée que le parti clérical ait osé diriger contre nos fibres institutions depuis plus de trente ans tant il est vrai que tout doit courber sous Ia volonté im- périeuse de l'Eglise, quand ceux qui se déclarent ses fils soumis sont au pouvoir. Arrière done les falla- cieuses promesses et les fastueux programmes La liberté sait aujourd'hui le cas qu'elle doit faire des déclarations d'amour que MM. Dechamps et con sorts ne cessent de lui adresser depuis six mois. La liberté, qui est bonne fille, pourrait oublier les nom- breuses infidéiités que ces messieurs lui ont faites autrefois et croire a la sincérité de leur repentir mais elle n'ignore pas qu'ils sont en état de perpé- tuelle minorité et que, malgré leur apparente bonne volonté, ses soupirants n'auraienl a lui olfrir qu'un mariage clandestin, que grand'mère l'Église feraitcas- ser au premier jour. L'Eglise a-t-elle renoncé a ses prétentions d'autre fois? 11 serait absurde de le penser quand nous voyons ses prétentions se produire, chaque jour, avec une force nouvelle. Dès tors quelle confianee pouvons- nous avoir dans les déclarations de M. Dechamps, et lorsque nous vivons sous un gouvernement qui nous donne la liberté réelle, ne serions-nous pas des insen- sés si nous l'abandonnions pour courir après la réa- lisation de vaines promesses dont tous les enseigne- ments du passé nous ordonnent de nous défier? Clironiqiie electorale. Les cléricaux de l'arrondissement d'Ypres sont aussi défiants qu'un clérical peut l'êlre. lis n'osent pas confier a la poste leurs appels aux électeurs, leurs professions de foi, etc. Un service de transport d'im- primés électoraux a été organise par i'association éta- blie au cabaret Saint-Laurent. Des membres de cette association se sont chargés des distributions de la villed'autres, de celles de la campagne. Les facteurs ruraux sont MM. Bruno Vanderstichelen (noble a trente-deux quarliers), Delmotte, marchand de cier- ges, Vanackere dit Belleghem, avocat, etVanderghote, boulanger. M. le vicaire Dehaene, taillé pour la course, leur a été adjoint comme suppléant. La semaine dernière, dans une école de filles d'une localitó de l'arrondissement d'Ypres, une religieuse fesait a sès jeunes élèves, dont la plus êgée n'a pas douze ans, un cours de politique électorale Mes chëres enfants, disait-elle, il y a de bonnes et de mau- vaises getis, des catholiques et des libéraux. Jetez- vous aux genoux de vos papas pour q*i'ils n'aillent pas Ypres èlire des libéraux. S'ils le fesaient, M. Ie curé serait chassó de son église et nous autres, on nous eH verrail dans de grands bois de l'Amérique oü nous serions mangées par de vilaines bètes sauvages, des lions ét des tigres. M. De Gerlache demandait avec raison des couvents, toujours des couvents. lis font l'atfaire des cléricaux. Les électeurs de l'arrondissement de Courtrai n'ont jamais euassez grande confianee en M. l'avocat Rey- naert pour lui confier leurs affaires litigieuses. Trou- veront-ils, par hasard, en ce Monsieur plus de capacité pour les représenter a la Cbambre? Nous en doutons fort, car nous comptons sur leur bon jugement qui n'est assez bon pour professer comme avocat, ne peut non plus l'êlre pour aller faire des lois. Le Boterkuipje, journal clérical de Dixmude, rédigé par des membres du clergé, n'ose pas présenter M. le chevalier Deconinck comme candidat clérical. II ina- prime en tête de son journal Candidats des indépendants, autant libéraux que catholiques, M. Deconinck. A-t-on jamais rienvudeplus enfariné que le Boter kuipje et son protégé le chevalier-jouvenceau Une ttnimbarde. On sait qu'a Courtrai le parti clérical a fait choix de M. l'avocat Reynaert pour remplacer M. H. Duraor- tier, démissionnaire. Mais ce que tout le monde ne sait pas, c'est le plaisant discours que ce jeune instru ment a prononcé lors de Ia réunion générale de I'as sociation conservatrice, a la date du 25 juillet. Quel pathos, bon Dieuet quelle sotte sufiisance il faut avoir pour oser tenir a des électeurs, même cléricaux, un langage pareil, oü le ridicule, a chaque pas, Ie dis pute a l'absurde. Ecoutons un peu. En politique, s'ecrie le nouvel instrument, je tiens pour devise liberté en tout et pour tous! Pour l'idée catholique comme pour la Libre-Pensée pour les Solidaires comme pour les Jésuites. (Un peu solidaires aussi, comme chacun sait). En religion, je formule ['affirmation la plus catègorique et la plus absolue des principes catholiques 1 En politique, le cathéchisme libéral et révolutionnaire (le mot y est) de MM. Dechamps et Coomansl En religion, le catéchisme rétrograde et observan- tiste de Malines I Soumission filiale au dogme ca- thofique et fidélité inébranlable aux préceptes et aux doctrines de l'Eglise. (Encyclique comprise, apparemment). Vous l'entendez? Soumission absolue, plal-venlrée aux doctrines de l'Eglise, c'est-a-dire a l'Encycfique, aux pastorales politiques de nos Seigneurs les évê- ques et aux circulaires électorales de messieurs les curés. Néanmoins, liberté pour tous et en toutdis sociation, de presse, d'enseignement, de charité, de commerce el de conscience, pour les capucins comme pour les francs-macons! N'est-ce pas que c'est un grand politique que ce nouveau candida t, et un Barn urn hors ligne? On ne s'en était peut-être pas doute jusque la, mais il a grand soin de le dire lui-même. Ecoutez plutöt cette tirade finale et risum teneatis. i Un autre motif encore m'a fait aspirer (aspirer v est d'une modestie charmantea l'honneur de vous représenter. Oserai-je vous le dire? (Allez toujours farceur 1) Oserai-je, moi, qui vous parle pour la première fois, (on Ventend bien) oserai-je ouiosera- t-ila ce point vous laissez pénétrer dans l'inli- mité de mes sentiments?.. (Ah pa 1est-ce qu'il va faire une declaration d'amour a sa candidature? d Ne vous génez pas.)... Eh bien, écoutez-moi(Enfin,cela viendra. Ecou- d tons-le.) Je voudrais qu'il naissk (.1/. Soenens eut dit au moins qu'il naissat. Espérons qu'une fois qu'il aura entendu ce muitre en subjonctifs imparfails, il osera les aborder a son tour.) qu'il naisse (done) entre nous autre chose qu'un simple contrat poli- lique, autre chose qu'un simple ma'ndat. Je vou- drais établir entre nous les liens d'une confianee réciproque et d'une amitió véritable I (Avocat! ceci n'est pas béte. Nous connaissons chez nous aussi quelqu'un qui voudrait précisément la méme chose qui voudrait établir, lui aussi, cette méme confianee, cette méme amitié entre lui et le parti catholique.) C'est pourquoi je ne vous cacherai rien de ce qui j> s'est passé dans le secret de moi-même (C'est pa. A quoi bon des feuilles de vigne Le secret de moi- d mémequelle expressionquel style apocalyptique. Voyons le secret de lui-méme.) non pas aujour- d'hui, non pas bier (allons done I) mais depuis long- temps, oh I (oh! oh I) j'ose (quelle audace) le dire, depuis des semaines (pa n'est pas longtemps), de- puis des mois (pas encore) depuis des années, (pa peut aller, mais quelle précoce ambition, abnegation voulons-nous dire I Et quel dommage qu'on l'ait d ignore si longtemps... Voila, bien des années, des mois el méme des semaines per dues, hélaset sans retour'. Jeune homme, charmant Eliacinvous avez été trop modeste, en vérité. Depuis longtemps vous n auriez dü trahir votre secret.) parfois, dans le calme de la reflexion, j'ai entendu résonner dans mon coeur je ne sais quelle parole instinctive, j'ai entendu je ne sais quelle voix intérieure et mys- n térieuse retentir dans tous les échos généreux de mon ame et me dire Jeune homme, vous vivez dans un temps oü il faut beaucoup de courage, beaucoup de dévouement et d'abnégalion regardez autour de vous la lutte est engagée sur toute la ligne elle est vive, acharnée, implacable. Hélas I ce n'est pas toujours le bien qui l'emporte; au mal qui triomphe et grandit chaque jour, (le bien ne triomphe jamais 1 soyons logique) il faut opposer une digue forte et inébranlable, la digue de la jeunesse et du dévouement. (C'est gabien gal Arrière les vieuxJeunes, sus aux siéges parlementair es... 1 s De l'abnégation, du renoncemenl, de la modestie, du dévouement etsurtoutdu courage, de l'au- dace..., méme un peu d'effronterie et de cynismeI Jeune homme 1 (Attendez donela voix mysté- rieuse n'a pas fini de parler, ni les généreux échos de retentir.) Jeune homme, jetez-vous dans la mê- lée, donnez la main (comme pour danser en rond) tous ces grands lutteurs dont vous admirez le cou-

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 2