JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEIRENT
Y1*11 ES, Dimanche
Deuxième année. J\° 34.
Ü1 Aoüt 1864
PARAISSANT LE DIMANCHE DE CHAQÜE SEMAINE.
PKIX n'ABOlüEUEIT
POUR LA BELG1QUE
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Ypres, lont.
La Chambre nouvelle est convoquée pour mardi
prochain, 23 aoüt. Selon loute apparence, la session
sera courte il n'est pas vraisetnblable, en effet, qu'a-
près Ia rude lécon qu'il vient de rec.evoir, Ie parti
clérica 1 songe de sitót a rentrer dans la lice et, d'un
autre cóté, Ia commisération que nous devons aux
vaincus nous fait une loi de ne pas les provoquer a
un grand debat politique, dans un moment oü ils en
sont encore a panser leurs blessures. II est done plus
que probable que la Chambre n'aura a s'occuper que
du budget des travaux publics et de la loi sur le
timbre, et que la proposition de Orts elle inême sera
ajournée par l'honorable membre jusqu'a la session
ordinaire du mois de novembre. Toutefois, ne nous
pressons pas de juger par les apparences la défaite
a tellement exaspéré le parti clérical qu'il en a vrai-
ment perdu le sens el qu'il ne faudrait pas trop s'é-
tonner s'il saisissait la première occasion venue
pour décharger le trop plein de sa cölère. De M. Soe-
nens, il aurait assez facilement pris son parti. Le
rapporteur manqué des pétilions sur les cimetièresa
fait, a la Chambre, un si terrible four, il s'est cou
vert, avec son historique imparfait du subjonctif, d'un
ridicule si irrémédiable, qu'on n'a peut-être pas été
föché, au fond, de se débarrasser d'un comparse aussi
compromettant. Mais avoir perdu M. Dechamps, voila
dequoi les cléricaux ne parviennent pas a se conso
ler et leur désespoir s'exhale en des cris de rage qui
pourraient bien se prolonger jusque dans l'enceinte
legislative. Hier, e'etait I'Union de Charleroi qui trai-
tait de goujats et de canailles les électeurs qui n'ont
pas voté pour M. Dechamps. Aujourd'hui c'est la Pa-
trie qui, en parlant de la mani testation qui se prépare
a Bruges pour recevoir les deputations des associa
tions libérales de Gand et de Liége, recommande a ses
lecteurs de veiller sur leurs poches. Ces plates injures
ne sauraient nous émouvoir et nous n'avons garde de
les relever; mais elles témoignent, chez les vaincus
du 11 aoüt, et c'est uniquement pourquoi nous les
rappelonsd'un état d'exaspération maladive qui
pourrait bien se traduire, dans le cours de la session
qui va s'ouvrir, en violences de langage empruntées
au vocabulaire de VUnion et de la Patrie.
Nous nous attendons a une session calme; qui sait
si bientót nous n'allons pas voir éolater l'orage. Peu
nous importe, au surplus, la modération ou la rage
du parti clérical. Sa rage est impuissante et sa modé
ration n'est qu'nffaire de tactique. Nous pouvons au
jourd'hui défier l'une et l'autre sans crainte de malen-
contre.
LES ELECTION'S du 11 AOÜT.
L'arrondissement d'Ypres continuera, comme par
le passé, a compter a la Chambre des représentants
deux représentants libéraux et un clérical. La luite
du 11 aoüt n'est venue apporter aucun changement
sous le rapport de Ia force numérique des partis dans
notre députation a la législature. Le statu quo est
notre position actuelle.
II nous importe cependant de profiler des lecons
que nous a fournies le dernier combat élecloral.
Quoique la position soit restée la même, les chiffres
du vote nous ont convaiucu que le parti libéral se
dessine de plus en plus dans notre arrondissement et
que les métis politiques y deviennent de jour en jour
plus rares Cela n'est pas un mal.
Le parti catholique s'est jeté dans la mêlée uni et
compact. 11 a faitemploi de tous ses movens eta use
de toutes ses forces pour assurer Ie succès de ses
candidats. Mais rien n'y a faitses deux instruments
de prédilection, les homines de la noblesse ont échoué.
Seul, M. Vanrenynghe, qu'a chaque élection on voit
prés de la mort politique, s'est, contre toute attente,
sauvé du naufrage. II n'a été élu qu'avec une majorité
de 18 voix. II est vrai que cette majorité est plus forte
de 11 voix que celle de l'année dernière; mais elle
ne vient ni de Poperinghe, ni des campagnes. Dans
le S™8 bureau, M. Vanrenynghe a obtenu 8 voix de
moins que l'année dernière; dans Ie 4m°, onze. Quoi-
qu'il en ait gagné douze dans le 3""', il est cependant
certain que si le 1" bureau (celui de la ville) avail
conservé son total de l'année dernière, I'élu clérical
n'eut pas eu la majorité absolue. En ville, la pression
ecclésiastique, les courses et les menées de quelques
oreilles dé votes, les menaces cléricales, la perfide
trahison de quelques soi-disant libéraux, ont amenó
a M. le bourgmestre de Poperinghe 35 voix de plus
que l'année dernière.
Nos candidats y ont perdu respectivement 25, 21 et
14 voix. Les cléricaux ont gagné M. Vanrenynghe
35 voix, M. Duparc 40 voix, M. Devinck. 38 voix.
Dans les bureaux des campagnes, sur 1,519 élec
teurs, M. Vandenpeej-eboom n'a perdu que 44 voix et
M. DeQorisonne 31 voix; Al. Vanden Boogaerde au
contraire a gagné 30 voix.
A la campagne M. Vanrenynghe a perdu sept voix,
quoique le nombre des électeurs fut supérieur de 25
a celui de l'an passé. M. Duparc a obtenu 41 votes
de plus; M. Devinck. 78 de plus que Al. Sartel.
Comme on le voit, c'est la ville d'Ypres qui, en ne
maintenant pas son vote du 9 juin, nous a enlevé la
chance d'un succès complet.
M. Vandenboogaerde a gagné 16 voix sur l'année
dernière. MM. Deflorisonne et Vandenpeereboom en
ont perdu. D'oü vient ce résultat? C'est que les partis
se dessinent de plus en plus l'électeur comprend
qu'il doit voter pour l'un ou pour l'autre; que voter
partie pour l'un, partie pour l'autre, c'est produire
un effet nul. Nous avons remarqué que le 11 aoüt
le nombre des billets purs, c'est-a-dire portant les
noms d'une liste homogène, étaient plus nombreux
que l'année dernière. Certes, nous ne verrons jamais
le temps oü tous les billets, sans exception, seront
purs, mais nous avons la ferme conviction que les
voles mixtes diminueront a chaque nouvelle élection.
L'électeur obéit trop souvent encore des considéra-
tions personnelles et oublie l'intérêt du parti. Cette
erreur disparaïtra a mesure que ('intelligence de la
situation pénétrera davantage dans l'esprit de tous.
Nous avons certes vu avec déplaisir que l'hono
rable Ministre de l'lntérieur ait subi une perte de 70
voix sur l'an passé. Pourtant nous considérons
comme de bon augure l'augmentation de 14 voix ob-
lenue par M. Vandenboogaerdecette augmentation
prouve que le libéralisme progresse chez nous.
Quelque soit l'espoir des cléricaux, nous ne déses-
pérons pas de voir aux premières élections les libé
raux triompher complètement dans notre arrondisse
ment. Mais pour en arriver la, il ne faut ni sommeil-
ler, ni s'endormir. Du travail, de Ia constance, sur-
tout de l'union basée sur une confiance et sur des
concessions réciproques, voila ce qui fait la force
d'un parti. Concordia res minimce crescunt, discor-
dia maxima dilabuntur.
Les élections de Louvain.
La vérification des pouvoirs des représentants de
Louvain donnera lieu a une discussion très-intéres-
sante et qui ne peut manquer de soulever, au plus
haut degré, les colères cléricales. Les faits sont très-
simples et nous ne comprendrions pas que la solution
püt paraitre douteuse. De quoi s'agit-il, en effet
300 bulletins cléricaux sont contestés ces bulletins
sont ils, oui ou non autographiés? S'üs sont autogra-
phiés, la loi est formelle ces bulletins doivent être
considérés comme nuls et dés lors, a moins que la
Chambre ne viole un texte de loi formel et impératif,
elle doit refuser de valider les pouvoirs de ceux qui
ont été indüment proclamés par le bureau électoral.
Ce premier point ne peut être sérieusement
contesté.
Mais ces 300 bulletins cléricaux étant annulés,
s'ensuit-il que la majorité doive être reconnue en
faveur des libéraux? Evidemment oui, si la Chambre
ne tient compte que de la majorité numérique. II n'y
a, en effet, entre le candidat clérical qui a obtenu le
plus de voix et le candidat libéral qui en a obtenu le
moins, qu'un écart de 232 voix, ce qui doune a ce
dernier, en tenant pour nuls les 300 bulletins cléri
caux autographiés, une majorité numérique de 68
voix. Mais .cette majorité numérique, d'ailleurs in
contestable, est-elle bien ['expression vraie et sincère
de la volonté du corps électoral ?Personne ne le croira
et nous connaissons assez les hommes honorables qui
ont accepté la lutte contre le parti clérical dans l'ar
rondissement de Louvain, pour être convaincus qu'ils
seraient les premiers a repousser un mandat qui leur
serail conféró dans de semblables circonstances. 11 n'y
a done nulle diffieulté sérieuse dans cette affaire
Les opérations électorales seront puremenl et simple-
ment annulées et les électeurs convoqués a nou
veau.
La discussion parlementaire établira, d'ailleurs,
que le parti libéral est complètement étranger a la
fabrication de ces billets autographiés et qu'ils sont
le fait d'un employé des cléricaux qui, pour abréger
sa besogne, a trouvè lout simple d'autographier les
bulletins au lieu de les écrire la main.
Le programme de l'opinion libérale.
Dans son bulletin politique de dimanche dernier.
Al. Hymans constate que les élections ont assuré
ti une majorité compacte a une politique progres-
sive.
Nous sommes parfaitemeut de eet avis, mais une
condition, c'est que la politique du ministère sera
désormais réellement progressive, et afiirmera haute-
ment et résolument les principes qui viennent de