Or, nous savons ce que le frein religieux calholique
fait de la liberté Nous n'opposerons pas a M. de Ger-
lache les concordats récents ni le rapt des enfants
audacieusement pratiqué par ce gouvernement, a la
plus gènéreuse et la plus magnanime des royautés,
le naoins imparfait des gouvernements, selon le
président du Congrès, nous avons mieux, car on
-s'est donité la peine de nous dire ce qu'est cette
liberté, recue de Dieu comme le don le plus précieux
In necessariis nnitas, in dubiis libertas, in omnibus
charitas! proclama avec Sainl-Augustin le cardinal
archevéque, c'est-a-dire que les membres de cette
assemblèe doivent être unanitnes pour professer les
dogmes de'la foi -calholique et obéir a ses lotsque
t> pour les opinions tolérées par L'Eglise ils restent
libres de penser comme ils I'entendent.
Quelle magnifique liberté et comme on doit se sentir
fieri Voila un bien précieux 1 Comme la raison hu-
maine va être a 1'aise sous le frein religieux fortifiè
avant tout 1
'1 Clharité pour tous, dit-on.
Et aussitót, sans aucune passion, car, gardons-nous
d'en douter, M. de Gerlache est l'homme modéré par
•excellence, ce vieillari impartial accuse les libéraux
-dewlraver les libertés et de violer la Constitution! II
3es accuse d'avoir tout renversé et d'une voix lamen
table il s'écrie Jusqu'oü sommes-nous tombéso
Charitè pour tous... el l'on injurie tout le monde
les solidaires sont une secte bideuse, leurs funérailles
sont uu spectacle dégradant et l'on ose comparer des
citoyens usant de la liberté des cultes a ces ilótes ivres
que les Spartiates, sans respect pour la dignité hu-
maine, donnaient en spectacle a leurs enfants pour
les dégoüter de l'ivresse 1
II est vrai que l'on nous donne de la pensée de
Saint-Augustin une interprétation non moins heureuse
que la definition du Congrès
In omnibus charitas, ce qui veut dire qu'en toutes
s eboses lesmembresde l'Assemblée doiventobserver
b entr'eux la plus grande charité.
Enlr'eux est admirable 1 Sus aux mécréants 1 Aussi
comme on tombe sur les libéraux et sur les libres-
penseurs
Le Congrès ne s'occupe pas de politique. M. de Ger
lache se défend d'aborder ce terrain.... 11 n'y est
amené que par les nécessités de la défense.
Aussi n'est-il nullement question au Congrès de
l'échec politique des catholiques au 11 aoüt... A peine
undes vaincus apparait-ii, les travaux de l'Assemblée
sont suspendus, des ovations que le secrétaire-gènéral
n'avait pas inscrites, malheureusement pour lui, dans
l'ordre des cérémonies, interrompent a différenles
reprises la lecture de son rapport... Pauvre M. Duc-
pétiaux, on lui laisse la liberté de se taire 1
Les élections du 11 aofit, voila la grande préoccu-
pation de tous ces catboliques réunis pour ne pas
s'occuper de politique I M. Dupanloup n'est venu que
paree que le parti clérical a étè battuson éloquence
devait guérir les blessures I Défenseur de la liberté en
France, l'évêque d'Orléans met son talent au service
de nos adversaires pour attaquer ce grand parti li-
béral qui compte parmi ses membres Jules Favre et
Thiers, ces illustres champions de la liberté 1 11 trouve
de bon goüt de l'appeler le parti des libératres. Ah 1
Monseigneur I
Aussi quelle admirable récompense le Congrès a
décernée a ce prince de l'éloquence en lui faisant
partager les honneurs d'une ovation enthousiaste....
avec deux illustres génèraux qui ont brille dans l'art
de la parole; l'un en commandant les manoeuvres,
l'autre en insultant la garde civique. Ah 1 Monsei
gneur 1
Et pourquoi ces attaques, pourquoi ces ovations
•aux vaincus du 11 aoüt?
Paree que les libres-penseurs dont le ministère est
l'organe veulent altribuer a l'Etat le monopole de l'en-
seignement et, animés de l'esprit de Guillaume et de
Joseph II, étouffer l'enseignemenl libre, entraver les
libertés garanties par la Constitution, établir enfin le
despotisme, repond M. de Gerlache dans son discours
d'ouverture.
Eh bien, nous avons le droit de dire au Président
du Congrès .- Vous calomniez l'opiniou libérale et
vous la calomniez sciemment, car c'est vous-même
qui le dites C&rtesce n'est pas la liberté qui nous
manqueelle deborde de toute part I o
Après eet aveu nous abandonnons le parti clérical
-et le Congrès de Malines a l'appréciation du pays 11
Nous demandions ce qu'est ce Congrès.
lecteurs répondront.
Nos
Les trols Génèraux au Congrès de Mallnes.
Bien des gens se seront étonnés des app'audisse-
ments frénétiques qui ont accueilli au Congrès de
Malines les trois généraux malheureux aux dernières
élections. Jusqu'aujourd'hui, en effet, personne n'a
vait soupconné que leur presence dut soulever un
tel enthousiasme; l'an dernier on n'avait pas remar-
qué l'abstention de deux d'entre eux, tant il est vrai
qu'on ne brille même pas toujours par son absence
on y avait apercu le général Greindl, mais il s'était
renfermé dans le silence qui convient au soldat sous
les armes.
On s'était peut-être imaginé que, puisque le Con
grès ne devait s'occuper que de théories plus ou moins
spéculatives, la politique n'y pourrait trouver place.
Nos généraux eux-mêmes, quelque respect que I on
doive aux vaincus, ne pouvaient assurément s'at-
tendre a un triomphe aussi éclatantet, en effet,
les voir arriver a la file, on aurait dit vraiment qu'ils
ne s'y attendaient pointle succès du premier a attiré
le secondl'ovation du second a appelé le troisième
le général Greindl arrive, on le fait vice-président; le
général Capiaumont accourt le lendemain, on l'ap-
plaudit a outrance; le général Delannoy n'a que le
temps d'apprendre cette bonne fortune, il vole a Ma
lines, on l'accueille avec des trépignements et des
hourrahs.
Le Journal de Bruxelles a bien raison de dire que
c'était un spectacle touchant, et l'enthousiasme de
son correspondant nous gagne quand il nous dit que
le général Capiaumont retenait avec peine la larme
suspendue a sa paupière et que l'émotion empêchait
le général Delannoy de laisser stènographier son dis
cours. Pauvre larme, pauvre discours rentrés!
On voudrait être vaincu moins de pareils suc
cès n'attendaient peut-être pas ces messieurs a la
Chambre 1
Mais non ces démonstrations n'ont aucune signi
fication politique. Puisqu'on nous répète sans cesse
que le Congrès n'a rien de politique, il faut le croire.
C'est done alors que chacun de ces fiers hommes de
guerre est l'incarnation d'un principe catholique...
religieux le général Greindl symbolise la discipline
de l'Eglisele général Capiaumont, la suprématie do
l'Eglise sur l'Etat, comme il a représenté a Gand la
suprématie du militaire sur le civil; le général De
lannoy, l'immuabilité des principes.
Ueapoci done aux champions de l'Eglise et cessons
de bafouer les choses saintes l
La religion était menacée M. Capiaumont vient de
mettre son épée d'honneur a son service c'est digne
d'un grand courage. Mais que feront ses frères d'ar-
mes,°MM. Greindl et Delannoy, eux qui n'ont pas
d'épée d'honneur
Le pape leur en enverra une.
Li'expédition mexlcaine.
Le vote de la Chambre dans l'affaire de l'expédi-
tion mexicaine a rendu la position de M. le lieutenant-
génèral Chapeliè assez délicate et si l'on doit en croire
certains bruits qui circulent depuis quelques jours,
['honorable général ue serail paséloigné de se retirer
complétement de cette entreprise, a laquelle il a voué
tous ses soins depuis plus de six moi3. Aussi long-
temps que le gouvernement beige a couvert de sa
protection officielle la formation du corps mexicain,
M. Chapelié a pu se considérer, a bon droit, comme
un agent du gouvernement et accepter, sans offense
pour lui-même, les devoirs que cette position quasi
publique lui cróait. Mais le ministère affirmant devant
le pays qu'il est entièrement étranger a 1'entreprise
dirigèe par M. Chapeliè, la position de ce dernier
change du tout au tout. II cesse d'être un agent du
gouvernement, organisant un corps militaire en
quelque sorte officie!, pour devenir un agent recru-
teur ordinaire, enrólant pour compte d'un gouverne
ment étranger. Or, ceux qui connaissent Ie caractère
élevé et la noblesse d'ême de ['honorable général,
doutent fort qu'il accepte la position nouvelle que le
ministère tend a lui créer. De la, les bruits que nous
avons rapportés plus haut.
L'ordre du jour voté par la Chambre ne sera pas,
parail-il, le dernier mot de cette malheureuse ques
tion. On nous rapporte qu'a Bruxelles, oü un courant
de plus en plus énergique se manifeste contre l'expé-
dilion mexicaine, il est question d'organiser des mee
tings et de provoquer un petitionnement général dans
le but de réclamer le retrait des faveurs accordées
aux officiers et soldats beiges faisant partie du corps
expéditionnaire. Nous tiendrons nos lecteurs au
courant de cette affaire qui semble prendre des
proportions menacantes pour le ministère.
VEcho du Parlement rapporte, dans les termes sui-
vants, un incident curieux, relatif au dernier Congrès
de Malines et aux dernières élections. M. Vanderlin-
den, dont parle la lettre, habile Gand
On a remis a notre bureau une lettre de M. Neut,
rédacteur en chef de la Patrie, de Bruges, dont le
destinataire nous est inconnu. La voici
Monsieur,
Voici les quittances, carte, etc.
A la demande de M. Leger, j'ai ordonné, avant les
élections, un diner chez Aug. Vanderlinden, hótel du
Lion d'or, pour les étudiants de Louvain. Ceux-ci
ayant fait défaut, les jeunes gens du Cercle, qui
avaient le plus travaillé, ont mangé et bu en place
des étudiants. J'ai payé de ce chef a M. Vanderlinden
200 fr. Je vous remettrai la quittance a la première
occasion.
Votre dévoué,
(Signé) A. NEUT.
Nous regrettons d'autant plus de ne pas connaitre
le destinataire, que, sur la seconde page, nous lisons
ces lignes peu flatteuses pour M. Neut et qui semblent
adressées a une tierce personne
t Mod cher ami,
Qu'est-ce que la carotte ci-jointeun mot S. V. P.
E. S.
Cette Ieltre relative aux élections, et qui s'est éga-
rée, au point d'arriver par Ie congrès de Malines a
notre bureau, est caractóristique. Comment M. Neut
et M. S. peuvent-ils se regarder sans rire, quand ils
parient des graves intéréts de la religion, de la cor
ruption èlectorale, de la nécessité de moraliser le
monde?
M. Neut, voulant qu'on crée un journal satirique
pour propager les croyances religieuses, faisant man
ger aux uns le diner destinè aux autres, et se voyant
accusé, par un des siens, de tirer une carotte aux
gros bonnets du parti, c'est un tableau de genre bien
fait pour exercer la verve des peinlres de carica
tures.
Tribunal correctionnel d'Ypres.
,jAudience du 8 Seplembrc 1864.
Dehique tandem. L'affaire des curés et sacristains
distributeurs d'écrits ou libelles sans nom d'auteur
ni d'imprimeur, dont les dèbats ont eu lieu le 28
Juillet dernier, a étéjugée aujourd'hui, six semaines
après la comparution des prévenns.
Vu les art. 288 et 284 du code pénal, l'art. 3
de l'arrêté du 23 septembre 1814, la loi du 1*r
mai 1849 et l'art 41 de la loi du 21 mars 1859
Ont été condamnés
1° Les sieurs Joseph Opsomer, suisse de l'église
de Moorslede Demeulenaere, Charles et Demeule-
naere, Albert, tous deux propriétaires a Moorslede
Vanderghote, Guillaume, vicaire a Passchendaele
Vanneste, Charles, clerc a Westroozebeke Debeyer,
Louis, curé a Westroozebeke.
Chacun a une amende de 16 francs et a un empri-
sonnement subsidiaire de 8 jours.
2" Bruno Brunier, tisserand a Moorslede Vande
putte, Désiré, clerc a Oostnieuwkerke; Basyn, Bruno,
meunier a Oostnieuwkerke.
Chacun a une amende de 10 francs et a un empri-
sonnement subsidiaire de 7 jours.
Tous les condamnés ont étè déclarés solidairement
responsables du paiement des frais, auxquels le tri
bunal les a condamnés.
Nous recevons la complainte suivante qui nou&
arrive a point
En quel temps vivons-nous? On entend tous les jours
Chanter sur tous les tons Liberté, mes amours!!
Et cette Liberté, que si haut Ton exhale
N'est au fond qu'un vain mot qu'aux badauds on étale..
Quoil'on viendrait me dire, en des termes pompeUx,
Que nous sommes des gens parfaitemenl heureux,
Aussi libres que l'air, et que chacun se pique
D'être l'égal de tous dans la libre Belgique
II se peut, j'en conviens, que des hommes repus
Aient, pour bonnes raisons, tel avis tè-dessus
Mais tel n'est pas le mien, et je n'en veux pour preuve
Que ce qui s'est passéla question pas neuve
Défendant mon parti, le parti clérical,
J'ai déclaré la guerre tout faux libéral.P"
Sans merci, ni pitié, par esprit de vengeance,
Je veux exlerminer cette maudile engeance. j