JOURNAL C YPRES ET DE I/ARRONDISSEMENT
YPRES, Bimanche
Deuxième année. ft0 38.
18 Septembre 1864.
FARAISSANT LE DIMANCHE DE GHAQUE SEMAINE.
PKix
POUR LA BELGIQUE
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Un Numéro 25 Centimes.
PitIV DES AllOSCES
I Eï DES RECLAMES
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Oemandc «{'explications.
Dans la séance du 8 juin dernier, en réponse
M. Frère-Orban qui avail signaló coinme un danger
public la constitution actuelle du parti clerical en
Relgique, M. Decbamps fesait cette fiére et solennelle
declaration Dans l'ordre de la foi et des croyances,
b nous obéissons a une autorité que notre raison elle-
mêrae a reconnue et que librcment elle accepte.
Mais dans l'ordre politique, commo citoyens, nous
o ne relevons que de notre conscience, de notre in-
dépendance, de notre patriotisme. En politique,
nous n'obéissons qu'a nöus-tnêuiesnous ne de-
mandons a persoiine !a permission d'interprêter
nos devoirs de citoyens comme nous le voulons. a
M. de Gerlacbe a tenu Ie même langage dans son
discours d'ouverture du dernier Congres de Malines
On a osé dire que ies ealholiques sonl les ennemis
nés des institutions libórales, qui ne peuvent s'ac-
oorder avec leurs principes; que dans I'exercice de
lours droits politiques, its prennent le mot d'ordre
de leurs curës et de leurs évêques, qui dependent
b eux-mêmes d'un chef étranger. Ces raisonnenients,
b renouveles des protestants qui nous les ont souvent
n opposes sous Guillaume, avaientdu inoins quelque
b vraisemblance dans leur boucbe, a cause de leurs
prejugês religieux mais chez nous, tout Ie monde
sail qu'en matière politique, chacun ne releve que
de sa conscience, que nous n'acceptons de mandal
impératif de persoune, que cela n'apparlienl qu'a
b certaine secte fort peu catholique,. b
Nous ne demandons pas inieux, quant nous, que
de croire a la sincérile de ces déclarations, et bien
que des fails nombreux nous autorisent a les tenir en
suspicion, nous admettons que les cléricaux beiges,
fils soumis de l'Eglise dans l'ordre des croyances reli-
gieuses, jouissent d'une pleine et entière indépendance
on matière politique.
Reste a dèterminer, d'une manière precise, la ligne
de démarcation qui separe le domaine cjp la foi du do-
maiue politique. Ce point est d'une suprème impor
tance pour les clericaux, car si, d'une part, leur fierté
de citoyens s'oppose a ce qu'ils acceptent l'autorité
de l'Eglise dans les malières abandonnées a la liberie,
ii y va, d'autre part, du salut de leurs ames d'inter-
dire a la liberlé l'accès du domaine myslérieux oü la
foi doil régner seule et sans partage.
Or, il paralt que cette ligne de démarcation est
difficile a tracer, si difficile que les plus habiles du
parti clerical y perdent leur latin.
Ecoutons M. de Gerlache a Si je méle parfois des
reflexions politiques aux questions religieuses, dit
l'honorable président du Congrèsde Malines, je vous
prie de considérer que je me trouve entrainé sur
un terrain que je n'ai pas choisi, par les nécessités
de la defense. II n'y a pasjusqu'a la liberté de la
charite qui ne touche aux droits constitutioneels
b toutes ces questions se mêlent et se confondenl de-
b puis que la politique ne cesse d'empiéter sur la re-
a ligion. b
Nous n'avons pas a rechercher ici de quel cóté sont
venus les empiétements, mais a constater simplement
J'aveu de M. de Gerlache que les questions religieuses
et politiques se confondent de lelie facon qu'il n'est
plus possible de séparer les unes des autres.
On retrouve le même aveu, plus explicite encore,
dans l'allocution prononcée, dans la même assemblee,
par le R. P. Dechamps, frère de l'ancien représentant
de Charleroi.
Le R. P. Dechamps commence par établir que de
pths trente-trois ans, il n'y a eu en Belgique que
deux Congres vraiment politiques, a savoir, le Congrès
national de 1831 et le Congrès libéral de 1846. Mais,
b poursuit l'orateur, le Congrès catholique ne s'oc-
cupe-t-il pas de la question d'enseignement, de la
question de la presse, de la question des associa-
tionsetmême du temporel duculte.elces questions
brulantes n'ont-elles pas leur cóté politique Elles
l'ont, sans aucun doute, puisqu'elles ont toutes des
b rapports nécessaires avec les diverses constitutions
b des sociétés humaines. Cessent-elles pour cela d'etre
8 fondamentalement des questions morales, des ques-
b lions sociales, des questions religieuses? Et paree
b que la politique en parle, faut-il que nous n'en
parlions pas? b
Personne, que nóus sachions, ne songe empêcher
les cléricaux de s'occuper, dans leurs assemblées, de
lout ce que bon leur semble,mais quand M. Dechamps
est contraint d'avouer que les questions dont on s'est
occupé a Malines touchent de prés a la politique et
qu'elles participent la fois du domaine religieux et
du domaine de la discussion fibre, il nous parait sin-
gulièrement mal venu a contester que le Congrès de
Malines soit un congrès vraiment politique, lout
comme le Congrès libéral de 1846 et le Congrès
national de 1831. x
Peu importe, au surplus, la dénomination donner
au Congrès de Malines ces querelles de mots ne sont
pas faites pour intéresser beaucoup le pays. La seule
chose importante a constater, paree qu'elle touche a
la racine même de nos dissentiments politiques, c'est
que de l'aveu exprès des hommes les plus considera
bles du parti clérical, la question de l'enseignemenl,
la question de la charitè, la question de la séculari-
sation du temporel des cultes, Ia question des cime-
tières, c'esl-adire toutes les questions qui divisent la
Belgique en cléricaux et libéraux, sont a la fois des
questions politiques et religieuses oü les intéréts du
ciel et ceux de la terrese trouvent si ólroitement mêlés
et confondus, qu'il est a peu prés impossible de les
séparer sans porter atleinte aux uns ou aux autres.
Or, ceci est grave et mérite que le pays s'y arrête.
Les cléricaux se prétendent fibres en matière politique
et soumis a l'autorité de l'Eglise dans leschosesde
religion seulement. Soit, mais alors nous avons le
droit de leur demander, sur chacune des questions
qui nous divisent, la part qu'ils font a l'Eglise et celle
qu'ils réservent a Ia liberté. Des déclarations géné
rales, comme celles de M. Dechamps a la Chambre et
de M.de Gerlache au Congrès de Malines, ne sauraient
suffire au pays. II lui faut, il a le droit d'exiger une
réponse claire, précise, catégorique sur toutes et
sur chacune des questions qui nous séparenlen deux
camps opposeset pour éviter tout subterfuge, nous
prenons la liberté grande de poser nous-mêmes ces
questions brulantescomme disail M, Dechamps qui
craignait, sans doute, de s'y échauder.
En matière d'enseignement, libéraux el catholiques,
nous sommes en désaccord sur deux points princi-
paux
1° Le droit d'intervention de l'Etat dans ses rap
ports avec la liberté de l'enseigneraent.
2° L'admission du clergé dans les écoles organisées
et rétribuées par l'Etat.
Sur la question de la liberté des associations, nous
ne differons d'opinion que sur un seul point, celui de
savoir si le droit d'association garanti par la Consti
tution implique celui de constituer des personnes
civiles et si !e refus d'aequiescer aux pretentions
cléricales en cette matière constitue une atteinte la
liberté constitutionnelle d'association.
En matière d'inhumalions, les libéraux soutiennent
que Ia police des cimetières appartient l'autorité
civile et que, sous ce rapport pas plus que sous tout
autre, celle-ci ne peut être tenue d'obtempérer aux
injonelions du clergé. Les cléricaux prétendent, de
leur cóté, que le curé est seul mattre du cimetière
catholique et que nul n'y peut être iuhumé sans son
assentiment formel.
Nouspourrions pousser plus loin l'énumération des
questions brulantes que signalait le R. P. Dechamps
dans son allocution aux catholjques du Congrès; fibre
a nos adversaires de la compléter en y ajoutant la
question des fondations de bourses et celle de la
sécularisation du temporel des cultes. Le pays n'en
sera que mieux édifié sur leurs vèritables sentiments.
Mais, encore une fois, pas de subterfuges, pas de ces
déclarations vagues, insaisissables, qui ne disent rien
et qui ne répondent a rien. Cléricaux, vous dites que
ces questions sont mêlées de religion et de politique.
Soit, mais dites-nous franchement, loyalement, ce
que, dans chacune d'elles, vous considérez comme
étant du domaine religieux et du domaine politique.
Le pays, vous ne pouvez pas le nier, a le droit de
savoir si vous entendez être fibres ou soumis
l'Eglise et dans quelles limites vous vous proposez
de pratiquer la liberté et la soumission. Repondez-
donc, cléricaux; que nous sachions, une bonuefois,
qui vous êtes et ce que vous voulez.
Que si vous vous taisez, prenez garde; vous aurez
autorisé par voire silence tous les soupeons contre
lesquels vous proteslez par la voix de vos chefs laiques
et ecclésiasliques et le pays nous croira quand nous
dirons de vous que vous n'avez ni liberté ni indépen
dance, et qu'en matière politique comme en matière
religieuse, vous êtes lesesclaves soumis du clergé.
II faut du zcle, pas trop n'en faut.
La mitre d'évêque qui plane et plane toujours sur
la tête du révérendissime Monseigneur Faict, agite
le sommeil de M. Brunon Vanhove, son vénérable
successeur au Petit-Séminaire de Roulers. En homme
convaiocu que sa plume a les proportions d'un glaive
de feu, mis entre ses mains par Dieu lui-même pour
foudroyer a Roulers les ennemis de l'Eglise, M. Van
hove étale complaisamment sa prose dans les saintes
colonnes de la Gazette van Thielt. Avec quelle pieuse
ardeur, avec quelle onclion sacerdotale le fulur cha-