comme Meaux encore, dois-je dire, hélasétranger,
fuis Poperinghe!....
Rien qu'a la figure effarée de mes compagnons,
quand l'un a fait siffler a voix basse Ie nom de ce
Poperinghe redoülé, j'ai tout compris tombés li),
nons n'avions qu'une chose a faire, une seule jeter
la tout, cordes, ancres, vivres, armes, instruments,
vêlements, bagages, tonneaux,lonneaux d'abordl
remonter et aller nous précipiter la tête la pre
mière dans rOcéan
A ce prix seul, on nous eut pardonnésll!
Peut-être 1111
Nous rccevons a titre de protestation conlre les
lignes ci-desSus, une lettre de Monsieur Van Capper-
nolle, que nous nous faisons un plaisir d'insérer.
Poperinghe, 12 oetobre 1864.
Monsieur Péditeur,
Je viens vous prier pour que vous voudriez bien
imprimer dans votre journal la réponse que j'ai en-
voyée a M. Nadar, sur son article oü il a mis Pope-
rynghe dans Vindépendance et dont il a dit beaucoup
de vilaines choses dans son Géant en Belgique.
Je suis votre dévoué serviteur.
Arthur Van Coppernolle.
Monsieur Nadar,
Je viens de lire dans la gazette, VIndépendance,
une histoire sur voire voyage dans i'air avec un
ballon. Je dóis vous dire que vous êles un grand
blagueur, savez-vous. Car vous avez mis beaucoup
de choses dedans qui ne sont pas véritables et vous
avez osè (lire du mal de Poperynghe. Je suis cepen-
dant bien sur que voüs ne 'connaissez pas mème
noire ville, car vous ne parleriez pas comme ca
vous avez saus doute écoutóaprès les mauvaises
langues qui disent que Poperynghe est en arrière sur
les aütres villes, mais si vous devrièz unc fois venir
chez nous, vous ne blagueriez plus, savcz-vous.
Nous'avons a Poperynghe trois helles églises, avec de
gratifies tours dessus, ousqu'on nous enseigne nos
devoirs politiques dans les confessmnnnls et sur les
chaires de vérité. Nous avons encore beaucoup de
petites chapelles et deux pensionnats de demoiselles,
avec des religieuzes oü on apprend lire et a écrire
et si bien Ie catéchisme et notre collége done I si vous
devriez savoir com bien qu'il en sort, tons les ans,
des cures "qui sont renommés après pour leur predi
cation et qui savent si bien causer en latin.
Nous avons aussi a Poperynghe beaucoup de ces
mécaniques qui sont sur les toits et qui tournent a
tous les vents, puis des gens qui sappellent des libé-
raux, mais que Monsieur le cure notnme des frama-
cons; savez-vous bien que ccsgaillardsont du toupet.
Monsieur le curé dit lout bas qu'ils finiront par Iriom-
pher malgré les excommunications mineures et ma
jeures qu'il jette après leur tête.
Quand vous allez encore a Bruxelles, allez une fois
a la Chambre et vous entendrez un cchantillon de
notre pays; vous pouvez être certain qu'il n'y a pas
un dans toüte la salie qui dit mieux oui ou non, et
on raconte alors qu'on ne sait pas causer francais a
Poperynghe. Si vous m'auriez vu sur le théêtre a
Bruxelles, vous auriez dit tout de suite Arthur, vous
avez fait toutes vos classes. Et si vous devriez voir
nos Pompiers doncl! qui sont si bien habillés avec
des schakos, vous diriez aussi qu'il y a de beaux
hommes a Poperynghe.
Moi, jo ne sais pas pourquoi qu'on rit toujours
avec nous; c'est comme quand on joue avec les do-
minos, on vous envoie a Poperynghe. II y en a alors
qui disent que c'est Ia Chibérie beige. Ëh bien 1 je
suis bien sur que si on dirait aux Polonais qui sont
la-bas, qu'ils peuvent choisir, qu'ils demanderaient
pour venir demeurer ici. Vous voyez bien que vous
avez men li sur votre journal et que, si quelqu'un est
ridicule, c'est vous 1 1
Je suis cependaht pas mauvais garcon et si vous
monlez encore une fois, je vous invite a descendre a
Poperynghe, dans votre ballon, avec lequel j'ai l'hon-
neur d'être
Salut en de kost.
Arthur Van Coppehnolee.
Courlrai, 11 oetobre 1864.
Chaquesigne de viequedonne l'association libérale,
provoque un redoublement de rage chez les insulteurs
a la solde du parti rélrograde. L'annonce seule de la
visite que les libéraux aliaient rendre a leurs amis de
Menin fut le signal d'un nouveau bombardement de
calomnies et d'invectives parti du camp de nos adver-
saires. Dans l'espoir d'effrayer ou de détourner oeux
qui n'aiinent pas a voir leur nom trainé sur la claie,
des pamphlets infames, dont les auteurs non moins
infames, sont ici montrés au doigt, des scandaleux
écrits anonymes autographiés, sans nom d'impri-
menrs, avaient été repandus a profusion dans la ville
et expédiés dans tout l'arrondissement. Mais rien n'y
a fait. L'excursion promise a eu lieu et c'a été une
marche triomphale. Les libéraux se sont montrés au
grand jour, visière levée, s'exposant gaiment aux
projectiles de leurs laches ennemis embusqués comme
des malfaiteurs dans les maquis de la presse ciéri-
cale.
Dimanche dernier, un cortége de trente-sept voi
tures presque toutes a deux chevaux, s'alignait en
face de la Concordeoü siége l'Association libérale.
Plus de deux cents membres de l'Association y prirent
place. Un grand nombre d'antres personnes partirent
par le chemin de fer. La file de voilures traversa
loute la ville pour se rendre a Menin. Elle fut recue
sur la limiledu lerritoire de celte ville par le College
des bourgrnestre et échevins. Tous les électeurs qui
font partie de l'Association libérale, les membres du
sous-Comité meninois, le corps des Pompiers en
grande tenue, les sociétés chorales et d'harmonio
avec leurs drapeaux, et une escorte a cheval s'y trou-
vaient également. Le cortége fit dans eet ordre son
entréedans la ville dont Ia population ètait décuplóe
par eelle accourue des environs. Les remparts, les
rues, les places, toutes les maisons regorgaient de
monde. II y en avail jusque sur les toits. Une salve
de 25 coups de canon, a chacune des portesde la ville,
salua l'arrivée des Courtraisiens qui furent conduits
par les principales rues de la ville, au Casino.
Introduits dans Ie grand salon de eet établissement,
le comité central fut invité a prendre place sur l'es-
irade, prés du sous-comité meninois. MM. Danneel,
président-d'honneur, lierman, président, Coucke,
père, et Charles Dujardin, secrétaire de '('Association,
s'assirent au bureau avec M. le bourgrnestre Rembry-
Delva, president, et M. Ie juge de paix V mVs'ande,
secrétaire du sous-comité de Menin. Les membres du
comité central et du sous-comité, parmi lesquels nous
remarquames MM. Louis Maes et Vandermeersch
échevins de Menin. Bovyn Quarró, Dufort, Delaroyère,
Leynaert-Bernimolin, Dujardin-Pollet, de Mouscron,
Ad. Poliet, échevin de Dottignics, Glorieux-Delema-
zure, de St-Genois, Ch. Vlieghe, Ch. Deooninck, Cat-
leaux-Gauquié, Ph. Janssens, J. Vandenberghe et
beaucoup d'autreS membres des sous-comités canton-
naux prirent place sur l'estrade prés du bureau. Le
salon si grand qu'il soit ne pouvait contenir tous les
membres de l'Association accourus pour assister a la
i éunion.
Après une allocution de M. Rembry-Delva, M. Ie
président Herman prononca un excellent discours,
fort applaudi, et procéda, en vertu des ponvoirs a lui
c aiferés au Congrès liberal de 1846, a l'installation
solennelle du sous-comité de Menin. D'autres discours,
erapreinls des meilleurs sentiments de patriotisme, et
exprimant loute une'foi inébranlable dans I'avenir de
la grande opinion progressive et libérale, furent pro-
noncés par M. Danneel, président d'honneur, MM. Cou
cke, père, membre du comité central, Charles Dujar
din, secrétaire de l'Association, Jules Coucke, fils,
avocat, et par M. le docteur Lagae, de Courlrai, vice-
président d'un sous-comité. Tous ces discours eurent
beaucoup de succès el furent énergiquement applau-
dis. Les membres de l'Association, venus de différents
points de l'arrondissement, heureux de se trouver
réunis et de fraterniser ensemble, échangèrent de
cordiales ét rei utes pendant que la musiqüe jouait des
airs patriotiques Des couplets composes pour Ia cir-
constance furent ehantès par M. PierreVanderghinste-
Stevens de Courlrai et par M, Vandael, géomètre a
Menin.
Après une séance de prés de trois heures, l'assem-
bléesesépara. De longtemps la paisibleet industrieuse
ville de Menin n'avait vu pa rei He animation dans ses
rues. Ghacun s'apprêta a regagner ses voitures, et
tous partirent empor-tant de cette fète une nouvelle
foi dans I'avenir du progrès, une nouvelle confiance
dans les principes de la politique libérale qui seule
peut nous conserver, en les améliorant, nos institu
tions nationales et les bienfaits do la liberie.
A dix heures et demie toutes les voitures étaient
rentrees a Courlrai. Organe
Le docteur E. J., qui se couvre du voile discret
des initiales, vient de publier une toute petite bro
chure, de seize toutes petites pages, intitulée comme
suit
L'accumatation au Mexique.
Code d'hygiène a l'usage du corps belqe-mexicain.
Cela se vend dix centimes. Parole d'honneur,
cela n'est pas payé et cela est répandu a profusion
par je ne sais quels philanthropes dans la plupart de
nos bourgs et de nos villes. Rien n'est plus récréa-
tifet plus consolant a la fois que la lecture de ce dé-
licieux petit ouvrage. S'il est fait en vue d'amadouer
de nouveaux héros destines a l'exportation, il faut
convenir qu'il s'y prend bien adroitemenl. Ecoulez
une simple phrase do l'avis de l'editeur
Puissent ces quelques pages contribuer a con
ti server la vie de quelques-uns de nos cornpa-
triotes...
Lesquels?... II serait bon de prévenir les aulres.
Mais laissons la l'avis de l'éditeur. Enlrons dans Ie
Code d'hygiène proprement dit. Vous verrez que cela
ne manque pas d'une certaine gaité.
M. E. J. a divisé son code en trente-sept prescrip
tions, disant ce qu'il faut faire et ne pas faire au
Mexique. Les soldats de Ia légion belge-mexicaine ne
peuvent manquer de recueillir les plus grands avan-
tages de I'étude de ces recommandations.
Ec.iutez d'abord ceci. C'est le n° 2.
Les abus de la force nerveuse, nuisibles parlout,
sont surtout a redouter sous le climat des tro-
piques.
3. Dans ces contrées, il faut éviter les combats
de l'amour physique, les efforts musculaires, la
contention d'esprit prolongée et les abus de la
voix.
Je me plais a croire que messieurs les militaires de
l'expédition éviteront l'amour physique. Cependant
la-bas.... hum!
Ils éviteront les efforts musculaires. Et s'ils
doivent soutenir des combats acharnés conire les
Juaristes? Pourront-ils tranquillement se retran-
cher derrière les prescriptions de M. E J.
Pour ce qui est de la contention d'esprit, je suis
très-rassuré...
Quant aux abus de la voix, je ne les redoute
que chez le commandant du corps, lequel pouraait
peut-être se laisser aller a des harangues multipliées.
Quelle chance pour M. Barthélemy Dumortier de
n'avoir pas été mis la tête de Pexpédition.
Le nö 4 donne aux soldats volontaires un conseil
tout-a-fail précieux
Le dolce far niente est un précepte hygiénique
v sous les tropiques.
Armé du n° 4 de M. E. J., tout militaire pourra re
fuser de monter sa garde ou de faire le moindre
service.
Les nos 5 a 21 sont consacrés par le bon docteur
E. J. régler l'hygiène de l'eslomac de nos soldats au
Mexique. Le bon docteur se préeccupe de leur
nourriture et de leur digestion. II leur recommande
de diviser leur sommeil en deux séances (n° 5) et de
faire la sieste, tous les après-midide preudre des
aliments nutritifs et très-faciles a digérer (n° 6)
ainsi du bosuf et du mouton rótis, des ceufs, etc.,
(n* 7); d'éviter les conserves et le poisson salé
d'assaisonner les aliments de substances excitantes,
vanille, gingembre, canelle, etc...; de boire de pré-
férence du vin de Rhin et de Bordeaux (n"" 8 a 12);
par exemple, il proscrit I'eau-de-vie et les li
queurs congénères (n° 13), auxquelles il conseille de
substituer les sirops de citron et de framboise...
Voioi, textuellemenl, le conseil n» 19
a Fait/es de bonnes digestions.
Je n'insiste pas sur le Conseil n° 21 qui traite des
purgalifs.
Je saute aussi très-Vofbntiers par dessus les nu-
méros relalifs a la propreté de la peau beige au
Mexique...
Mais je ne sauraïs résisler au désir bien naturel de
citer, de plus en plus textuellement, quelques-uns
des préceptes qui terminenl la brochure de M. E. J.
En consideration de la qualité des citations que je
vais faire, je m'abstiendrai de toute réflexion
N° 28. Le linge du corps, dont il faut changer plu-
sieurs fois par jour, ne doit pas être chaque fois
blanchi de lessive; celui qui a déja élé impréqné de
sueur est le plus convenable, pourvu qu'il soit bien
sec.
N° 30. II est indispensable de se garantir la tête
contre les rayons du soleil.
N° 32. Les souliers en cuir verni doivent être
proscrits. Ceux de laine valent mieux que ceux de
cuir.
N° 34. Les inspirations profondes et méthodiques