JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT YPÏIESj Dimanche Beuxième année. N° 43. 23 Octobre 1864 <!U PARAISSANT LE DIMANCHE DE CHAQÜE SEMAINE. PUIX D'ABOWWEIIIEJIIT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PKIX DES ANNONCES Eï DES RECLAMES 10 centimes la petite ligne. Corps du journal, 30 centimes. Le tout^payable d'avance. Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais publiez votrepensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., i On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites.Toutes lettres rue de Dixmude, 55. ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. ■Revision du Reglement de 1'Association electorale d'Ypres. III. Les campagnes, voila le terrain qu'il s'agit de con- quérir. Prises en masse, elles nous sont hostiles et donnent au parti clérical une majorité importante. La raisonde cette hostilité n'est pas difficile a décou- vrir Les campagnes sont sous la main du clergé et le clergé, c'est notre ennemi. Depuis vingt-cinq ans que dure, en Belgique, la lutte des clèricaux et des libéraux, le clergé n'a pas cessé de dire aux paysans Les libéraux sont des impies, des athées, des enuemis de voire sainte reli gion si vous votez pour eux, vous ètes damnés. Naturellement, les paysans attachés a leurs croyances et habitués de longue main a respecter la parole du prêtre comme parole d'Evangile, les paysans votent conlre nous. Que l'on s'étonne que des accusations aussi ridi cules trouvent encore des gens assez simples pour y croire, nous le voulons bien mais le fait est la, sous nos yeux, et force nous est bien d'en tenir compte. Au surplus, cette extréme crédulité s'explique aisément. Dans les campagnes, le prêtre parle seul et i! parle en maitrenulle voix ne s'elève pour Ie contredire; l'école est sous sa dependance; la chaire, l'unique tribune du village, lui appartientpas de journal, si ce n'est peul-être une bonne petite gazette patronée par l'èvêche; oppression des consciences rebelles par le confessionnal et l'administration des sacrements; faut-il s'elonner, après-cela, si beaucoup de carnpa- gnards nous tiennent pour des tisons d'enfer et des monstres d'impietè Ayons le courage de voir les choses telles que la réalitó nous les montre; ce n'est pas par des visites électorales entreprises au dernier moment, ce n'est pas en dépensant, pendant les 15 derniers jours qui précédent les élections, quelques milliers de francs en distribution de journaux, que nous ramènerons a nous les populations rurales. Les campagnes voient en nous des ennemis de leur religion nous aurons beau dire et beau faire, elles nous repousseront aussi longtemps que nous ne serons pas parvenus a arra- cher de leur esprit ce préjugé ridicule. A bien considérer les choses, ne sommes-nous pas tout aussi ridicules que ces paysans dont nous mau- dissons la crédulité, lorsque nous prétendons les en- lever, en un tour de mains, a l'influence de leur curé? Pendant trois ou quatre ans, nous ne nous occupons pas plus des électeurs des campagnes que si nous ne devions jamais avoir besoin d'euxnous les abandon- nons entiérement a la discrétion du curé qui met a profit notre indolence pour nous discréditer a leurs yeux. Puis, quand l'oeuvre du curé est achevée, nous arrivons, nous, quelques jours avant les élections et nous avons la prétention de nous faire croire et de n'avoir qu'a souffler sur la calomnie pour la dissi- per. En vérité, cela est parfaitement ridicule. Meltons-nous done bien ceci en lête La seule et unique raison pour laquelle les électeurs campaguards nous sont genéralement hostiles, c'est qu'en vo lant contre nous, ils croient sincèrement accomplir un devoir de leur conscience. Or, pour détruire ce préjugé, qu'avons-nous a faire? Une seule chose,nous occuper sérieusement, activement de l'éducatiou po litique des campagnes; opposer a la calomnie et au mensonge la pure lumière de la vérité leur montrer le libéralisme tel qu'il est, étranger a toute religion positive, proclamant la libertéde toutes les croyances, mais aussi défenseur énergique des droits de la so- ciété civileetcombattant résolument les empiétements d'un parti qui cherche a nous entrainer dans les voies du passé. Le passé, les campagnes ne l'aiment pas plus que noussi inféodées qu'elles soient au clergé, elles ont gardé, avec un vague souvenir de I'ancien régime, une secrète horreur du gouvernement des prètres a aucun prix, elles ne voudraient y revenir; mais ce qu'elles ne voient pas assez, dominéés qu'elles sont par un aveugle fanatisme, c'est que nous, les li béraux que l'on calomnie, nous ne sommes si mal traités par le clergé que précisément paree que nous fesons échec a ses vues réactionnaires. Apprenons a ces hommes égarés que nous ne sommes les ennemis ni de la religion ni du prétre catholiques; fesons jus tice de eelte vieille calomnie qui consiste a signaler notre résistance aux prètentions cléricales comme une atteinte a la liberté des croyances, et les campa gnes reviendront a nous et de ce jour, l'opinion libe rale n'aura plus rien a redouter de ses détrac- teurs. II s'agit d'instruire, c'est-a-dire de conquérir les campagnes. Mais comment, par quels moyens? Nous en avons indiqué deux la presse et l'organisation de comités libéraux dans les chefs-lieux de canton. IY. Nous sommes profondément convaincusd'une chose qui va paraitre peul-être bien paradoxale a beaucoup de lecteurs, c'est qu'avec un journal bien fait, le parti libéral doit infailliblemenl triompher aux élections prochaines. Nous affirmons de plus qu'uu semblable journal, distribué gratuilement a tous les électeurs ruraux de l'arrondissement n'entrainerait qu'une dépense minime et qu'il nous épargnerait, en temps d'élec- tions, des frais de publicité aujourd'hui considérables et qui, de plus, ont le tort de ne servir absolument a rien. C'est ce que nous nous proposons d'établir dans notre prochain numéro. Les moyens de transport dans l'arrondisse ment d'Ypres. Nous avons publié dans notre dernier numéro Ie texte d'une pétition adressée par un grand nombre de commercants et d'industriels de l'arrondissement d'Ypres aux membres de la Chambre des représen- tants, a l'effet de réclamer contre la majoration opérée par la Société de la Flandre-Occidentale dans le prix du transport des matières pondéreuses. Inutile de faire ressortir ce qu'il y a d'étrange et d'anormal a voir une société augmenter ses tarifs quand l'Etat abaisse les siens et exiger puur le par cours de Courtrai a Ypres, qui est de 35 kilometres, 2 fr. 63 par tonne, tandis que l'Etat ne compte que 4 fr. 30 de Charleroi a Courtrai, pour un parcours de 170 kilomètres, c'est-è-dire presque cinq fois aussi long. Les pétitionnaires rendent justement hommage aux idéés larges et généreuses qui ont inspiré le gouver nement et constatent que toutes les parties du pays ont acclamé avec enthousiasme les dispositions prises sur la réductioD des tarifs du chemin de fer, disposi tions aussi favorables au consommateur qu'a I'indus- triel et au commercant. En présence de eet état de choses, on ne saurait trop s'élever contre les prèten tions exorbitantes de Ia Société de la Flandre-Occi dentale qui, non-seulement n'abaisse pas ses tarifs malgré l'exemple de beaucoup d'autres sociélés, mais choisit précisément le moment oü Ie gouvernement entre dans une voie plus libérale pour les majorer de 68 c. par tonne. Cette société s'imagine-t-elle done que l'Etat n'a opéré des réductions de tarifs que pour qu'elie en profite? Tel ne sera pas sans doute l'avis du gouvernement, ni celui de l'opinion publique, tel n'est pas non plus l'avis des honorables commercants et industriels de l'arrondissement d'Ypres qui, en organisant le pétitionnement, défendent l'intérêt gé- nóral. Que ceux qui de prés ou de loin et ils sont nombreux sont lèsés par les récentes décisions de la Société de la Flandre se joignent a eux, qu'ils usent de tous les moyens de protestation en leur pouvoir et bientót l'agitation légale, organisée dans l'arrondisse ment et appuyée sur l'équité et la raison, mettra a néant des exigences inadmissibles, qui ont pour efFet de priver une partie du pays des avantages que le gouvernement a voulu octroyer a tous. Mais il y a plus encore. Le mauvais vouloir, la né- gligence, les circonstances les plus défavorables sem- blent se donner la main pour placer nos industriels dans des conditions de notable infériorité vis-è-vis de ceux d'autres arrondissements. U ne suffit pas que la Société de la Flandre-Occidentale renchérisse le prix de ses transports, il faut encore que la navigation sur notre canal soit interrompue depuis quatre mois. Sans doute des nécessités exceptionnelles ont contri- buó a ce résultat. La baisse naturelle des eaux rendit la navigation impraticable dés le mois de juin. Des réparations ur- gentes a faire au pont d'Elzendamme la firent inter- rompre de la fin de juillet au 22 septembre et le gou vernement provincial vient d'accorder une prolonga tion jusqu'au 28 octobre. Si nous jugeons de ce qui reste a faire par l'état actuel des travaux, nous croyons ne pas nous tromper en affirmant que la navigation sera difficilement reprise avant le 15 novembre. Voila done une interruption de cinq mois, a l'approche de l'hiver, quand industriels, négociants, consommateurs, font leurs provisions de charbons et que les gelées peuvent survenir chaque jour et con- trarier de nouveau le transport des matières pondé reuses. Nous ne traitons la question qu'au point de vue des intéressés dans l'arrondissement d'Ypres, mais com- bien d'autres intéréts verrions-nous encore lésés si nous voulions étendre le champ de nos investiga tions 1

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 1