JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
IPRES, Dimanche Deuxième année. N° 48. 27 IXoyembre 1864.
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L'OPINIOIV
I'KIX DES ANNONCES
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■Revision du Reglement de Association
electorale d'Ypres.
IX.
Nous avons dit que le règlement actuel accorde au
Comité des pouvoirs exorbitants, inconciliables avec
les droits d'une association véritablement libre. II
suffira, pour démontrer Ie fondement decette asser-^
tion, de rappeler certaines dispositions de ce regle
ment suranné, qui semble avoir élé concu sur le plan
de la regie monacale de saint Benoit bien plutót qu'ins-
piré par une pensée libérale. Aux termes des articles
5 et 14, e'est au Comité et au Comité seul qu'ap-
partient le droit de convoquer et de présider les
assemblées générales; il y a bien une exception pour
le cas oü 25 membres réclameraient par écrit une
réunion extraordinaire, mais il n'est pas difficile de
comprendre que ce droit de convocation, soumis dans
la pratique a de pareilles entroves. n'offre a l'ini-
tiative individuelle aucune garantie sérieuse. C'est
encore le Comité, et le Comité seul, qui statue sur
['admission des membres c'est lui aussiqui prononce
leur exclusion, sauf appel de l'exclus a l'assemblée
générale, laquelle, comme nous venons de le voir, ne
peut être convoquée que sur la demande de 25 mem
bres. Enfin, comme couronnement du système, c'est
au Comité, et au Comité seul, qu'est dévolue la mis
sion de dresser la liste provisoire des candidats
pour les Chambres, pour le Sénat, et Ie Conseil pro
vincial, prérogative qui équivaut, dans la réalitédes
choses, au droit direct et absolu de les désigner défi-
nitivement. Nous pourrions rappeler bien d'autres
dispositions ernpreintes du même esprit d'absorption
et nous ne nous ferons pas faute, a l'occasion, de les
signaler a la vigilance de nos amis. Pour le mo
ment, ce serail nous écarter de notre sujet.
On nous dira Sans comité il n'y a pas dissocia
tion possible. Eh, non, sans doute; mais est-il bien
nécessaire qu'une association se dépouille, pour sub
sister, de ses droits les plus précieux et abdique son
initiative, son indépendance, son autonomie, au pro-
fit de quelques-uns de ses membres? La est la ques
tion, Quant a nous, nous n'envisageons pas Ie comité
d'une association autrement que comme une sorte de
pouvoir administratis chargé de veiller a ['execution
des décisions prises par la communauté el nous nous
refusons sans detour a lui reconnoitre d'autres attri
butions que celles qui lui sont rigoureusement indis-
pensables a cette fin. Qu'a l'époque oü les associations
ont vu le jour, alors qu'on ne pensait qu'a leur don-
ner une grande puissance électorale, on n'ait pas
cru pouvoir mieux faire, pour arriver au but, que
d'investir les comités d'une sorte de dictature et
d'augmenter leurs attributions naturelles de toutes
celles qu'on jugeait nécessaires au succes, c'est un
point d'histoire ancienne dont nous n'avons pas a
nous occuper icimais ce que nous affirmons et
ce que nous croyons avoir surabondamment dè-
montré dans Ie cours de ce travail, c'est que cette
dictature n'a réalisé aucun des résultats qu'on en
attendait, ni a Ypres ni ailleurs, et qu'elle a eloigné
des associations un grand nombre de nos amis dont
le concours aurait servi les intéréts véritables du
libéralisme d'une manière bien plus efficace que
l'omnipotence des comités,
On en est revenu, d'ailleurs, des illusions des
premiers temps. L'expérience n'a pas été perdue.
A Bruxelles, a Liége, a Namur, a Charleroi, dans une
foule d'autres villes encore, les associations ont réso-
lument revendiqué leur liberté et rogné jusqu'aux
plus Qxtrêmes limiles du nécessaire, les attributions
de leurs comités. Ainsi ferons-nous c'est, du moins,
notre ferme espérance, le jour oü nous serons apne-
lés, a notre tour, a refondre notre ancien Règlemeut.
Et d'abord, il est clair que si le Comité de notre
Association doit être ramené aux proportions d'une
commission purement administrative, il devient né
cessaire de réduire des deux tiers au moins le nom
bre de ses membres. Dans le système du Règlement
actuel, on compreud sans peine l'ulilité d'un comité
très-nombreux on voulait assurer la suprématie du
comité sur l'Association elle-même, réduire a l'im-
puissance l'opposition qu'il pourrait rencontrer dans
les assemblées générales; il était tout simple de lui
donner une force numérique telle qu'il n'eüt rien a
redouter de ce cöté. De fait, il est rare que nos reu
nions générales comptent au-dela de cinquante mem
bres présents et, comme sur ce nombre de cinquante
membres présents, vingt-sept apparbennent au Co
mité, il va sans dire que toute opposition est vaine et
qu'il ne reste a l'assemblée qu'a enregistrer les volon-
tés de ses maitres et seigneurs. Mais du moment oü le
Comité abdique sa dictature pour rentrer dans son
róle veritable, il n'y a plus que du danger a Ie main-
lenir sur Ie pied de sa force numérique actuelie. Cette
force numérique elle-même n'est plus qu'un principe
de faiblesse nuisible a Ia bonne exécution des resolu
tions de l'Assemblée générale. Dès lors que le Comité
n'a plus a s'occuper que de I'administralion des inté
réts de l'Association et de l'exécution de ses volontés,
plus il sera nombreux et moins bien sera faite la be
sogne. Tout le monde, nous semb!e-t-il,doit demeurer
d'accord avec nous sur ce point. Mais nous avons
parlé d'un danger et nous tenons a le signaler. Admet-
tons que l'Association, partageant nos vues, enlève
au Comité les priviléges dont il jouit aujourd'hui,
tout en maintenanl le nombre de ses membres tel
qu'il est fixé par le Règlement actuel. N'est-il pas a
craindre que, dans un avenir plus ou moins éloigné,
le Comité ne profile de sa force numérique pour res-
saisir en fait le pouvoir qu'il aura perdu en droit
Et, a supposer qu'il se renferme rigoureusement dans
ses attributions, n'est il pas vrai que, par la même
qu'il aura conservé la majorité dans les délibérations
de l'Association, son influence continuera, comme par
le passé, a peser lourdement, trop lourdement sur
les décisions des assemblées générales
Les nouveaux règlements adoptés par les associa
tions de Bruxelles, de St Josse-ten Noode, de Namur.
d'Ath, de Charleroi, etc., ontdiminué, dans des pro
portions considerables, le nombre des membres qui
composent les comités a Namur, le comité ne compte
plus que onze membres a Bruges, vingt, dont huit
étrangers au chef-lieua St-J isse-ten-Noode, a Ath,
a Charleroi, neufenfin, a Bruxelles, le comité de
l'association libérale se trouve réduit, depuis 1862,
a 15 membres, presque moitié moins que celui
d'Ypres, qui en compte acluellement ni plus ni
moins que vingt-sept, c'est a-dire trois fois autant
qu'a Charleroi et a St-Josse-ten-Noode, deux cen
tres électoraux bien autrement importants que notre
arrondissement. Si ces chiffres, dont nous garan-
tissons la parfaite exactitude, ne parlenl pas assez
haut d'eux-mêmes a nos amis, nous renoncons a
les convaincre.
Nous avons énuméré plus haut quelques-uns des
priviléges exorbitants que le règlement actuel attri-
bue au Comité. De tousces priviléges, il n'en est pas
de plus attentatoire aux droits de l'Association que
celui qui confère au Comité le droit de dresser la liste
provisoire des candidats pour les elections. II est bien
vrai que ce droit n'est pas exclusif et que le règle
ment accorde a chacun des membres de l'Association
la facultéde proposer de nouveaux candidats; mais
quel est l'homme de bonne foi qui osera soutenir que
cette faculté n'est pas une pure fantasmagorie imagi-
née pour couvrir l'odieux du privilege exercé par le
ComitéT Encore si celui-ci était tenu de faire con-
naltre a l'avance les noms qu'il porte sur sa liste
provisoireL'opposition trouverait la une certaine
garantie contre toute surprise. Mais non; c'est au
moment même oü l'Association va être appelée a
voter que cette liste apparalt pour la première fois,
si bien que toute discussion devient impossible et
qu'il n'y a plus qu'a souscrire bénévolement aux vo
lontés du Comité, si mieux on n'aime se renferraer
dans une vaine abstention. Est-la, nous le deman-
dons, est-ce la de la liberté et ne comprend-on qu'une
tyrannie aussi insupportable ne justifie que trop la
repugnance qu'éprouve une foule d'excellents libé-
raux a entrer dans notre Association? Comment,
sur l'heure, a la minute, sans avoir eu un moment
pour me recueillir, il faudra que je dise oui ou non
sur une liste de candidats qui m'est présentée; on
me refusera Ie temps de me concerter avec mes amis
sur des candidatures nouvelles la liste est la, ce
sera a prendre ou a laisser et on appellera cela uu
régime de liberté, de libre discussion! En vérité,
c'est pousser trop loin le mépris de la raison hu-
maine que de croire qu'elle se laissera prendre des
piéges aussi grossiers.
[La suite au prochain n
Le Sénat vient de rejeter, par parite de voix, l'ar-
ticle 49 du projet de loi sur les bourses d'étude, qui
soumet les fondations actuellement existantes au ré
gime de la loi nouvelle. Cet article 49, comme l'a fait
très-jusiement observer M. Malou, c'est toute la loi.
On comprend sans peine, en effet, que si la loi pro-
jetée ne doit régir que I'avenir, si les fondations an-
térieures a sa promulgation doivent échapper au ré
gime de garantie et de contróle qu'elle institue, elle
devient inutile et laissera subsister les abus qu'elle
avail préoisément pour but de réprimer.
L'opinion libérale salt, depuis longtemps, ce qu'elle
est en droit d'attendre d'un corps politique qui sem
ble avoir pris a têche de contrecarrer toutes les aspi
rations. Elle n'a oublié, ni l'adresse qui renversa le
ministère Lebeau-Rogier, ni la loi sur les successions,