ni la violence faite au ministère actuel dans la ques
tion de ('interpretation de ['article 84 de la loi com-
rnunale. Nousne sommes done nullement étonnés du
vote hostile que le Sénat vient d'émettre; nous y
étions, au contraire, parfaitement préparés, surtout
'depuis I'outrecuidante missive de M. le prince de
Ligne.
Reste a savoir ce que va faire Ie ministère. Accep-
tera-t-il I'humi'ia'tion que ce vote lui inflige? Cela ne
nous parait pas possible. Lacher le pied devant la
resistance du parti clerical, juste au moment ou le
pays vient de lui donner vine marque si éclatante de
sa confiance, serait plus qp'une lècheté, ce serait un
outrage a la souverninete nationale, un véritable
crime de forfaiturë. Or, quelle que soit la divergence
d'opinion qui nous sépare du ministère sur certains
points de politique intérieure, nous tenons en trop
haute estime Ie caractère honorable des hommes qui
composent le cabinet actuel pour mettre en doute
qu'ils hésitent un seul instant a donner a 1'opinion
libérale outragée la satisfaction qu'elle réclame. Nous
touchons done, et e'est notre conviction profonde, a
une dissolution du Sénat.
La seu'e question possible est celle-ci Convient il,
avant de prononcer la dissolution du Sénat, de ren-
voyer Ie projet de loi sur les bourses ainsi décapité a
la Ghambre des représentanls ou bien n'est-il pas
prêférable que le pays soit immédiatement appelé il
se prononcer, sans recours préalable a la Chnmbre?
Toute reflexion faite, nous préférerions la dissolution
immédiate. Soumettre la loi a une nouvelle discussion
parlementaire, demander a la Chambre qu'elle ratifie
une seconde fois le vote qu'elle a muremenl et lon-
guement délibéré, ne serait-ce pas. en quelquo sorte,
mettre en doute la termeté de ses convictions et sup-
poser que la resistance aveugle du Sénat est capable
de la faire fléchir? D'un autre cóté, provoquer un
nouveau débat, demander a la Chambre qu'elle re
pousse l'amendement voté par le Sénat, contraindre
celui-ci a se prononcer de rechef sur la question qu'il
vient de trencher, ne serait-ce pas aggraver encore
le fêcheux antagonisme qui divise nos deux Cham-
bres et préparer, pour l'avenir, une situation pleine
de périls
La dissolution immédiate, a quelque point de vue
que nous nous placions, nous parait done infiniment
préférable et nous serions heureux que le ministère
partageat, sur ce point, notre sentiment. Quant a la
dissolution elle-mème, nous le répétons, elle ne peut
faire l'objet d'un doute.
Nous recevons a l'instant les journaux de Bruxelles
qui nous annoncent qu'au second vote, Ie Sénat a
adopté par 28 voix contre 26, Particle 49 du projet
de loi sur les bourses d'études. MM Juostens, Michiels-
Loos et Labbeville, qui s'étaient abslenusau premier
vote, ont voté pour au second et déterminé ainsi la
majoritéen faveur de l'adoption. Nous sommes heu
reux de ce résultat,qui écarté une crise politique dont
les consequences auraient pu devenir extrêmement
graves.
■.es Kcrevisses.
Rien n'est plus fréquent que d'entendre révoquer
en doute Ie bien fondé des critiques qui se produisent.
Volontiers on suspecte le mobile des observations,
lorsque ces observations ne sont pas des flatteries ou
des coups d'encensoir. Quoi de plus facile et de plus
simple en même temps que de proclamer que les
critiques ne sont que des méchancetés gratuites, des
inventions pures, dues a quelque imagination inquiète
et dont le seul but est de dénigrer l'autorité. II est
vrai que ce sont les intéressés eux-mêmes qui trou-
vent toutes ces explications il est si doux de se
croire infaillible 1
Mais ces arguments et tant d'autres non moins
convaincants ne nous ont jamais empêché de signaler
les abus. La faute n'est pas a nous si nous devons
distribuer Ie blême plus largement que l'éloge. Tout
ce que l'on peut exiger, e'est que nous ne parlions
qu'a bon escient, et que nous prenions la peine de
contróler les faits que nous citons. Ce devoir, VOpi-
nion 1'a toujours rempliet, pour ne pas sortir au-
jourd'hui d'un cercle restreint, lorsque nous blamions
entre autres la lenteur des travaux commuuaux et
que nous nous élevions contre les dépenses inutiles
que nécessite incessamment notre système de distri
bution des eaux, nous prenions soin d'apporter cha-
que fois des preuves a I'appui de nos assertions.
Cette question s'est représentée naturellement sous
notre plume lors de 1'examen du budget de la ville
et nous en avons dit quelques mots. Malheureuse-
ment nous devons constater a regret que, malgré les
réflexions que nous avons faites fréquemment a ce
sujet et les plaisanteries quotidiennes auxquelles
beaucoup de nos travaux communaux sont en butte
dans le public, aucune modification sensible n'a été
introduce dans le mode de procéder.
Voici deux faits récents qui le prouvent surabon-
dnmment. Nous les livrons sans commentaires; I'in-
telligence du lecteur suppléera a notre réserve.
Le mardi, 16 aoüt de cette année, une tranchée fut
ouverte a 1'ex t ré mi té de la rue de Lille, en face de
l'entrée de la rue du Plat. Une solution de continuité
s'était déclarée dans les conduits d'eau, solution que
les recherches n'ont pu découvrir par suite des infil
trations d'eau et du déplacement des terres qui en
avait été la conséquence. Trois ouvriers terrassiers
furent emplovés néanmoins a cette besogne pendant
huit jours a peu prés, après quoi, n'apercevant au-
cun résultst sérieux, on résolut de placer un nouveau
tuyau en plomb, I mètre au-dessus de 1'ancien qui se
trouvait a une profondeur de 18 pieds environ. Le
nouveau tuyau s'étend du puits situé devant la mai
son n° 117 jusqu'a celui qui est en face de la maison
136, e'est-a-dire que, pourle placer, diflerentes tran-
chées furent ouvertes sur une longueur d'environ 48
mètres. Du 5 au 8 septembre, la circulation a été in-
terrompue depuis la rwe du Plat jusqu'a celle des
Sceurs-Noires.
Ces travaux n'ont été terminés que le mardi 27
septembre; ils ont occupé, par conséquent, trois ou
vriers terrassiers pendant six semainesl
Le même jour, 16 aoüt, une autre tranchée était
ouverte au milieu de la nouvelle rue du Progrès pour
la pose de tuyaux en fonle, sur une longueur d'envi
ron 64 mètres, a partir du puits situé devant 1'esta-
minet le Lion blanc jusqu'a celui qui est en face de la
porte de sortie de la maison de M1'8 BJusqu'au
27 septembre, trois ouvriers terrassiers,un nombre
fatidique! ici comme dans la rue de Lille, avaient
été attachés ces travaux restés stationnaires pnur
cause de pluies, d'éboulements et d'insuffisance de
bras. A dater du 28 septembre, les trois ouvriers de
Ia tranchée de Ia rue de Lille vinrent se joindre a
leurs camarades de Ia rue du Progrès; tant d'efforts
et de bras combinés ne permirent pourtant pas de
terminer ces travaux avant le S novembre. Depuis le
16 aoüt jusqu'au 5 novembre, pendant a peu prés
trois mois, la circulation a été interrompue dans Ia rue
du Progrès. Ailleurs, il ne faut pas plus longtemps
pour reconslruire tout un quarlier.et qu'on aille voir
anjourd'hui le pavage de la rue du Progrès qui sans
doute restera dans cel état pendant, tout l'hiverl II se
trouvera néanmoins des gens pour crier bien haut
que nous marchons dans la voie des améliorations
Qui, nous marchons.... comme des écrevisses.
On nous demande l'insertion de la leltre suivanle
Monsieur l'Editeur,
A différentes reprises vous avez parlé de la police
des routes, des obstacles et des dangers qu'on y ac-
cumule comme a plaisir et du peu de soins qu'on
prend pour assurer sous ce rapport Ia sécurité des
voyageurs.
Permettez-moi de recourir a votre estimable jour
nal pour dénoncer a l'opinion publique de nouveaux
et graves abus en cette malière ce sonl deux faits
qui méritent bien qu'on y réfléchisse.
D'abord, c'estun pont que l'on construit sur le ca
nal a Elsendamme et, sous ce prétexte, on interrompt
les Communications depuis plusieurs mois sur la
route de Furnes Ypres. Ce n'est qu'a grands frais
et par de pénibles travaux que les riverains ont pu
rentrer leurs récoltes et amender leurs terres dont
eau du canal les sépare. Les voyageurs doivent se
passer de voitures qui ne peuvent plus circuler les
moyens de locomotion deviennent inutiles et Ie com
merce souffre on ne peut plus de eet état dechoses.
Eh bien ce pont qui sera en fer, dit-on, n'est pas
encore placé et ne le sera pas peut-êlre de bien long-
temps N'y aurait-il pas moyen d'accélérer de pareils
travaux? Et sinon, pourquoi n'établit-on pas un pont
provisoire?
Le second fail se rapporte a une autre route de nos
environs, qu'on dépave et qu'on retourne le plus ir-
régulièrement que l'on peut, au point qu'elle devient
une curiosilé digne d'èlre visitée a l'égal de nos plus
célèbres ruines. Lts pierres gissent éparpillées sur
les accótements; les bordures, enlassées pêle-mèle
au milieu de la voie, semblent en ricanant porter un
défi aux jambes du voyageur. On croirait qu'une-
Ame, l'arae du désordre, s'est emparée de ces maté-
riaux et que dans un moment d'effervescence révolu-
tionnaire, après un soulèvement violent, leurs corps
bouleversés elmeurtris jonchent Ie thóAtre de la lutte.
Tristes conséquences des révolutions, Monsieur, aux
quelles n'échappent pas les pavés eux-mêmes et qui
font frémir d'horreur les citoyens honnêtes et modé-
rés I
Done, pour en revenir a notre point de départ, la
circulation est complètemenl interrompue sur la route
de Poperinghe a Reninghelst. Depuis bientöt trois
mois, ni chariots, ni voitures ne peuvent y passer.
Par une soirée obscure, un piéton même ne saurait
se hasarder sans danger sérieux. Et pourtant, malgré
les reclamations officielles et ofiicieuses, personne ne
travaille a modifier un état de choses si déplorable.
Après les énormes dépenses qu'occasionne ['éta
blissement de nos voies de communication, il ne de-
vrait pas être permis de les détruire de la sorte ou,
lout au moins, devrait-on se mettre en devoir de les
réparer immédiatement. Mais non! Pas être vivant
qui bouge et la mauvaise saison est la 1 Ce chaos
doit-il se perpétuer a travers les plus mauvais mois
de l'hiver.au grand détriment du commerce et del'a-
griculture, et Reninghelst sera-t-il aussi óloigné de
Poperinghe que les deux rives du canal d'Elsen-
damme
Je sais pourtant que tout le monde a fait son de
voir les ingénieurs ont dressé procés-verbal, le mi-
nistre y lient la main, les entrepreneurs sont tout
disposés a se mettre a l'oeuvre. Le retard provient
d'une simple question d'argent Savoir qui paiera V
Les tribunaux déciderontMais en attendant
cette décision qui n'intéresse nullement le public, le
gouvernement ne pourrait-il pas faire réparer d'oflice,
saufplus tard a exiger de qui de droit le rembourse-
ment de ses frais
Veuillez recevoir, Mon sieur l'Editeur, l'expression
de ma parfaite estime
Un VoviGEua.
Ville d'Vpres.
lloniBit Co»Hi'su. Suite de Ia Séance du
13 Novembre 1864.
Quand l'instruction des enfants du peuple est en
jeu, une bonne administration, une administration
qui se dit libérale, ne lésine pas. Elle ne lésine pas
d'avantage lorsqu'il s'agit de poser un acte de grati
tude et de reconnaltre les services rendus; voila
pourquoi nous formulons les mêmes voeux en faveur
de deux autres subsides demandés et dont le Consei!
a également remis 1'examen a sa prochaine réunion
nous voulons parler d'un ancien instituteur commu
nal qui a consacré A l'enseignement quarante-cinq
années de son existence et de l'homme de talent et de
dévouement auquel la ville doit la creation et la
prospérité de son excellente musique. Ehque
dites-vous done? Ne savez-vous pas que Ia musique
appartient au corps
Tel avait été toujours notre sentiment, lorsque
Ia séance de mardi est venue dessilIer nos yeux. Car,
nous ne lisons pas seulement a la page 14 du bud
get
Trailement du chef de la musique des
Pompiers900 00
Subside a la musique des Pompiers mu
sique de la ville)600 00
Mais nous avons entendu en outre I'auteur de Ia
proposition pour l'augmentation du trailement de ce
chef se baser principalement sur eet argument que
lous les employés de la ville avaient regu leur aug
mentation, hormis ce chef zélé.
Ainsi done, remarquons-le bien, musique de la
ville, employé de la ville, tels sont les termes dont
on se sert.
El qui parle de la sorte?
Est-ce le propos léger de quelque conseiller, in-
conscient du sens de ses paroles
Du tout.
Celui qui parle ainsi est Ie conseiller le plus en
situation de connaltre le véritable état des choses.
Ce n'est autre que Ie lieutenant des Po mpiers lui-
même, M. Auguste Brunfaut.
Mais alors n'avons-nous pas doublement raison de
regretter que cette excellente musique qui. avec un
empressement et un désintéressemrnt charmants,
met son talent a la disposition des particuliers mêmes,
ait cru indigne d'elle de figurer, dans une circons-
tance récente, la tête de notre milice citoyenne?