Nous nous attendions a voir une resolution dont on
s'est tant occupè, faire l'objet d'une conversation au
sein du Conseii communal, [.'occasion de I'examen du
budget paraissait bien choisie pour aplanir un conflit
regrettable. Un silence glacial a seul répondu a notre
attente.
Avec le subside a la Bibliothèque pu-
blique1,500 00
Et les frais de composition et d'impres-
sion du catalogue de la Bibliothèque po
pulaire825 90
revient la question des catalogues, question qui se
maintient bravement, immobile, inébranlable, en dé-
pit de toutes les reclamations de la commission, du
Conseii, du Collége et du public, éternelle question
qui menace de durer aussi longtemps que M. le bi
bliothécaire lui-même.
Done, le catalogue de la Bibliothèque publique n'est
toujours pas fait. II est fort avancé, d'après M. le
bourgmestre. II y a un an, on nous disait la même
chose et on le promettait dans Vespace de peu de mois.
Nous ne croyons pas qu'il ait beaucoup avancé depuis
lors.
Quant a celui de la Bibliothèque populaire, Dieu
soit louél nous respirons enfin il est terminé 1
Gardons-nous bien pourtant de croire que ce cata
logue est a la disposition du public qui apparemment
a quelque intérêt de savoir ce que Ia bibliothèque
contient, afin de se guider dans le choix de ses lec
tures. Bah I il s'agit bien de cela 1 Quelques
centaines d'exemplaires en sont proprettement ran
gés sur les rayons, mais ce catalogue n'est ni a vendre,
ni a dislribuer, ni même a donner en communica
tion.
Et q u'en veut-on faire, bone Deus?
Vous ne le devinezpas1' Rien d'étonnant, car
ce n'est pas facile. II n'a fallu rien moins que Impli
cation du bourgmestre lui-même pour éclairer le
Conseii
lis sont a la disposition de M. le bibliothécaire?
Plusieurs centaines d'exemplaires d'un même ca
talogue la disposition d'un seul hom ne, cetbomme
füt-il même un bibliothécaire, cela nous parait en
core plus surprenant que le travail des Bollan-
distes I
Nous remarquons avec surprise qu'a la section 10,
Dette communale, rien n'est afivcté a I'amortissement
de la dette communale, ni a celui de 1'emprunt pour
la construction de I'Abattoir. Cependant éteindre
graduellement la dette au moyen d'un amortissement
régulier, est une mesure économique dont nous avons
entendu toujours vanter la sagesse. Dans la section
des dépenses diverses et rappelsune
sommede3,500 00
est allouée pour la Fête communale.
Ce chiffre nous dit assez que! genre de fête nous
est réservé.
Le deuxième rappel des frais d'appropriation des
bêliments de l'école de cavalerie, termine la série des
reflexions qu'avait fait nattre en nous I'examen ra-
pide du chapilre des dépenses ordinaires pour l'exer-
cice 1865.
Ce deuxième rappel se monte a la
somme de7,500 00
C'est un dernier crédit qui avec les 25,000 00
votés pour l'exercice précédent, porte a 32,500 00
le total des frais d'appropriation de ces bêtiments.
Abordons maintenant le chapitre des dépenses ex-
traordinairesnous y rencontrerons deux importants
objets, dignes des plus sérieuses méditations, pour
lesquels le Conseii a voté un premier crédit, mais sans
lessoumettre jusqu'a présent a une discussion appro-
fondie. Nous avons nommé l'étude de la question des
eaux alimentaires et la construction des bêtiments
nécessaires a l'érection d'une Ecole gratuite de filles.
Procédons par ordre.
Le premier crédit qui ouvre la porte aux conver
sations est celui affecté a la peinture murale de la
salie des magistrals. C'est d'abord M. le bourgmestre
qui apprend a son Conseii que les cartons présen-
tés par MM. Guff'ens et Sweerts sont magnifiques,
a ce qu'on assureCependant, deux d'entr'eux doi-
vent être modifies. Pour celui de M. De Groux, qu'on
a vu a la dernière exposition, il n'assure pas qu'il est
magnifiquepourtant, dit-il, ce n'éiait pas aussi
mauvais qu'on a voulu le prétendre. M. le bourg
mestre n'a pas vu le carton dont il parle et son avis
n'est pas partagé par M. Boedt qui a visité l'exposi-
tion. On sail que ce carton a été refusé. M. Beke
ajouteque M. De Groux est très-malade et son car
ton aussi, riposte aussitót M. Boedt qui, toujours
gai, conserve l'heureux et rare privilége de faire rire
son auditoire.
II est donné lecture d'une lettre de la fabrique de
1'églis.e S. Pierre, qui fait ressortir la beauté architec
turale de I'édifice, sa valeur archéologique. Ia néces-
sité de conserver ce monument de nos pères, ce spé-
citnen si rare de style roman, et finit en demandant
un subside de 7,000 francs pour l'érection d'une
flèche. Mais les archéologues les plus compétents sont
loin d'élre d'accord sur l'utilité decette flèche et M. le
doyen Vandeputte, qu'on n'accusera pas sans doute
d'être hostile a I'embellissement des églises, a notarn-
ment refusé, comrne membre de la commission des
monuments, de s'associer au projet. Ceux-la mêmas
qui en sont le plus affiles avouent que les tours ados-
sées aux églises de l'époque romane étaient dépour-
vues de flèches mais, ajoutent-ils, a partir du xm"
siècle, le gothique régnait sans partage. Par l'amal-
game bizarre de deux styles de caractère si oppose,
loin d'embellir les monuments, on les détériorait
plutót, on leur enlevait leur plus précieux cachet, le
cachet de leur origine. Appartient-il a notre époque,
qui peut a bon droit inscrire son amour respectueux
pour nos antiques monuments parmi ses plus beaux
titres de gloire, de marcher sur les traces du xm"
siècle dans la voie de ces prétendus embellissements?
Poser la question, c'est a nos yeux la résoudre. La
flèche n'en sera pas moins construite et le projet est
renvoyé a une commission.
Un membre rappelle qu'un crédit avait été promis
pour le dégagement de la ville vers la porte de Lille
M. l'échevin chargé des travaux publics a fait des
plans qu'il communique au Conseii en les aecompa-
gnant duplications verbales. II a fait aussi un devis
des travaux qui s'élève a 16,900 francs, somme qu'il
propose, par un exces de prudence, de porter a
20,000 francs. Ces dilferentes pièces sont envoyóes a
la commission des travaux publics. Le Collége espère
que la plus grande part, si pas la totalité de la dé-
pense, sera supportée par le gouvernement paree
qu'il s'agit d'un degagement de la grande voirie.
L'honorable óchevin promet que toutes les mesures
seront prises pour éviter une longue interruption des
communications par cette issue de la ville. Nous ver-
rons bien.
Après le vote d'un crédit de 4,000 frnous I'avons
déja dit, pour l'approprialion el l'agrandissement des
locaux de ('Académie de dessin, de peinture, etc., le
Conseii examine la question des eaux alimentaires.
Vivement préoceupé depuis longlemps de cette grave
question, M. le bourgmestre est allé explorer le Kem-
melberg en compagnie de son honorable collègue le
bourgmestre de Kemmel. II est convaincu que la sur-
gissent les sources qui doivent alimenter la ville
d'Ypres, c'est dans ce sens qu'il faul pousser les
études. 11 lit ensuite une lettre de M. le ministre de
l'intérieur, recommandant au choix du Conseii un
specialiste qui a exécoté déja des travaux hydrau-
liques dans plusieurs localités.
Succédant a M. Bi ke, M. Becuwe expose aussi son
système a I'appui duquel il lit un long Mémoire. II
commence par faire connaltre les résultals d'une ana
lyse chimique très-intéressante a laquelle il a soumis
l'eau des puits de source. D'après lui, la nature de
cette eau est bonne le mode de transport, Ie maté-
riel, par suite de la vétustó du système, sont seuls
vicieux. Recueillir dans un vaste reservoir les eaux
des hauteurs de Kemmel et de Neuve-Eglise, les con-
duire en ville au moyen de grands tuyaux en fer,
adapter a ces grands tuyaux d'autres plus petits
dont la destination serait de conduire l'eau dans les
maisons et qui pourraienl, aux frais du propriétaire
et sous la surveillance de ('administration, être pla-
cés a tous les étages, établir dans chaque rue, de dis
tance en distance, des écrous auxquels des boyaux
terminés par des lances viendraient s'adapter en cas
d'incendie, tel est, tracé a grands traits, le plan exposé
par M. Becuwe. Ce plan, autant qu'une simple audi
tion,nous a permis de le com prendre,ne difiere guère de
celui adopté a Bruxelles. L'honorable conseiller assure
cependant que c'est celui qui doit occasionner le
moins de frais; nous n'en regrettons que plus vive
ment que son Mémoire, si complet sous tous les
autres rapports, ait cru devoir négliger ie cóté finan
cier.
M. Becuwe fait ressortir encore la faible quantité
d'eau dont la ville dispose et qui est un des obstacles
les plus sérieuxa la creation des usines il conseille
énergiquement au Collége de ne faire aucune conces
sion, d'être intraitable, c'est son mot, lorsqu'il
s'agira d'adopter définilivement les plans du canal,
principalemcnt en ce qui concerne la construction
des syphons, si I'on ne veut pas courir risqns de voir
les eaux de la ville plus infectes encore.
Le Mémoire de M. Becuwe sera communiqué a ['in
génieur chargé des études préliminaires.
Qu'il nous soit permis d'ajouter un mot. Sans vou-
loir le moins du monde préjuger la question, nous
sommes tout disposé et chacun avec nous a ad-
mettre que toute idéé, d'oü qu'elle émane, peut être
bonne et ce n'est que justice de réclamer pour celles
qui se produisent un examen bienveillant et impar
tial.
Nous sommes également convaincu que l'ingénieur
auquel on aura recours est un homme capable, un
spécialiste distingué, ayant obtenu de nornbreux suc-
cès dans les différents travaux hydrauliques qu'il a
exécutés; mais précisément la conscience de ses ta
lents et les succes obtenus ne seront-ils pas cause,
qu'involontairement même, il donnera la préférence
a son propre projet sur celui d'un inconnu? Cela
paratt tout naturel. Et pourtant nul n'est infaillible et
le projet de eet inconnu peut présenter des avantages
sérieux qu'il serait déplorable de voir écarter. Voila
pourquoi la manière de procéder de notre Collége
échevinal nous parait vicieuse. Voila pourquoi, a dé-
faut du concours que nous avians réclamé comme
offrant Ie plus de garanties pour un examen appro-
fondi et consciencieux, nous voudrionsau moins voir
soumettre tous les projets a l'appréciation d'une com
mission composée d'horames compétents.
Pour nous, c'est chose si claire, si évidente que
nous craindrions de faire injure a nos lecteurs en
insistant davantage.
Après Ia question des eanx, celle de l'école gratuite
de filles. L'améüoration intellectuelle et morale après
le bienfait matériel et physique.
Le Collége a chargé un fonctionnaire de l'enseigne-
rnent de visiter les écoles de filles créées par l'auto-
rite communale a Bruxelles, Gand, Anvers, a
Lierre. II résulte du rapport présenté a ia suite de
cette mission et dont lecture est donnée, que l'appro-
priation des bêtiments d'école exigerait 40,000 00
Le traitement de la directrice 1,400 00
Celui d'une première institutrice. 1,200 00
d'une deuxième 1,100 00
d'une troisième1,000 00
d'une quatrième800 00
Conciergegot) 00
Mobilier de l'école300 00
Entrelient des bêtiments 400 00
Divers200 00
Par conséquent, une première et unique dépense
de 40,000 francs et une autre annuelle de 6,700 fr.
Le Conseii a voté un premier crédit de 25,000 fr.
Nous nous en réjouissons et nous souhaitons qu'au
bout de peu d'années, cette école, ne pouvant plus
sufïïre a la progression constante des élèves, néces-
site des travaux d'agrandissement,comme celledesgar-
cons cette année.Combien pareil résultat réchaufferait
lecoeur des amis de l'humanité dans une viile oü l'édu-
cation des filles est exclusivement aux mains des cor
porations religieuses qui étiolent le corps et l'intelli-
gence de ces futures mères de familie, destinées a
élevsr et a instruire un jour une nouvelle généra-
tion
II fa ut visiter l'institution des dames de Lamotte,
devenues si cé'èbres par leur résistance a la loi. Dans
eet établissement fondé pour ('instruction des filles
pauvres, point d'instruction. Un grand nombre d'eu-
fants entassée dans des salles mal aérées, mal éclai-
rées, point chauffees. Et ce n'est un mystère pour
personne que le deplorable système des chauffereltes
en usage dans cette maison produit les effets les plus
nuisibles; il ne se passe pas de jour que quatre ou
cinq enfants ne tombent en syncope.
Un autre fait, c'est que la caisse abondamment
fournie, parait-il, et qui renferme en definitive l'oboie
du pauvre, est abandonnée sans contróle aux mains
de personnes honorables, si l'on veut, mais sans
expérience des affaires.
En présence de tant d'abus, M. Vanheule, avec une
persistance qui l'honore, est revenu sur sa proposi
tion d'autrefois. 11 demande qu'on régularise la posi
tion de cetétablissement qui rendait jadis ses comptes
aux Hospices. II rappelle la note remise par lui au
Collége. C'est la troisième fois que M, Vanheule porte
cette affaire devant le Conseii sans être plus avancé
que le premier jour. II est vrai que chaque fois M. le
bourgmestre promettait une solution et qu'il promet