JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSE IfPRES, Dimanche Deuxième année. N° 11 Décembre 1864. FARAISSANT LE DIMANCHE DE CHAQUE SEMAINE. XL PBIX U'ABOIKEIIEXT POUR LA BELG1QUE g francs par an 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. P1UX WES AHIMMSCES ET DES RECLAMES 10 centimes la petite ligne. Corps du journal, SO centimes. Le toutpavablbd'avancb. laissez dire, Iaissez-vous blSmer, mais publier voire penfée. On s'abonne a Ypres, au bureau du journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites.Toutes lettres rue de Dixmude, 55. ou envois d'1 argent doivent étre adresses franco au bureau du journal. Revision du Reglement de 1'Association electorale d'lTpres. Nous touchons au terme de notre têche. CeuX de nos leeteurs qui ont consenti a nous suivredans les détails d'une discussion dont l'étendue dépasse peut- être cel le que l'usage autorise dans les colonnes d'un journal, voudront bien reoonnallre que nous l'avons poursuivie avec mesure el conveoance, en dehors de toute passion persounelle et sans autre preoccupation que eelle de développer l'essor de notre Association, comprimé par un Reglement abusif et suranné. Nous aurions pu, a l'appui de nos critiques, rèveiller bien des souvenirs, raviver bien des griefs maléteints au fond de bien des memoires; nous avons sacrifié, au besoin de l'union et de l'entente commune, ce que, par une precision plus complete et mieux nourrie de faits, noire demonstration aurait gagné en force et en valeur probante. 11 ne uous suffisait pas de montrer a tous les yeux les vices du Reglement actuel il nous fallait ainener tous nos amis politiques, quelles que fussent, d'ailleurs, nos divergences d'opinion sur d'au- tres points, a les hair avec nous et a s'unir a nous pour les detruire. Rappeler le passé, c etait nous les aliener pour longtemps, pour loujours peut-êtreet coinpromettre sans retour une cause qui ne peut triompher sans le concours de tous. Aurons-nous réussi dans notre tache? Nos amis politiques, et nous entendons par ces mots tous les hommes de notre arrondissement fermemenl attachés a la foi du liberalisme, sonl-ils enfin convaincus de Ia nécessite d'une révision profonde, radicale, du Règle- ment actuel de notre Association? Nous osons i'espé- rer disons mieux nous en sommes sürs. Que, dans le nombre, il s'en trouve quelques-uns dont l'esprit encrouté par la routine s'effraie a l'idée d'une sem- blable innovation, c'est possible: que quelques au- tres, habitués a l'obéissance passive, s'imaginent que tout sera perdu du jour oü la discipline électorale sera bannie du Règlement, c'est possible encoreque quel ques autres se résignent difficilement a abdiquer leur suprématie, nous admettons que la chose ne manque pas de vraisemblance mais ('immense majorilé a foi dans la liberté et nous aidera a briser, c'est notre conviction profonde, ces liens soi-disant tutélaires dans lesquels l'opinion libérale s'agite, impuissante, depuis dix-huit ans dans notre arrondissement. Au moment de déposer la plume, qu'il nous soit permis de résumer en quelques mots notre opinion sur la mission des associations politiques en gènéral et sur celle qui apparlient a la nötre en particulier. Les associations politiques sont surtout et avant tout des écoles d'éducation politique. Se réunir, s'en- tendre en commun pour envoyer aux Ghambres, dans les Conseils de la province et de la Commune, des hommes éclairés et dóvoucs au bien public, c'est, saus contredit, une bonne, une excellente chose; mais, pour que l'ólecteur soit a même de faire de bons choix, il faut que lui-même soit éclairé sur ses véri- tables intéréts. L'électeur aura beau être animé des meilleures intentions du monde, s'il ignore, son choix sera nécessairement aveugle. Or, c'est la précisément la mission des associations et, a vrai dire, elles n'en ont pas d'autres. Cette mission, la remplissent-elles aujourd'hui? Nullement. A part quelques gazettes que nous leur feaons distribuer deux ou trois jours avant les élec- tions, les électeurs, ceux des campagnes surtout, sont tenus dans une ignorance profonde de la lutte des partis, des idéés qui agitent le monde politique, de toutes les questions, en un mot, sur lesquelles ils seronl appelés a se prononcer le jour du vole. Les électeurs nous donnent raison parfois, auquel cas nous leur tressons des couronnesmais parfois aussi, ils nous donnent tort, et alors, nous les traitons de lourds paysans, d'ignorants, etc. Ignorants, soit; mais a qui lafaute? Eclairer les électeurs, jeter un peu de lumière dans ces esprits envahis par les' ténèbres et les supersti tions cléricales, est-Ce done une chose si difficile Point. L'essentiel est de le vouloir et de Ie vouloir ré- solument. Les libéraux out en mains une machine excellente pour faire de la lumière, c'est le journal. Un petit journal, bien fait, bien conduit, tuerait le cléricalisme en trois quatre ans dans notre arrondis sement, qui n'en est pas mal infecté. Pourquoi l'As- sociation d'Ypres n'aurait-elle pas un journal? Le journal suffira-t-il dans les campagnes? Peut- être, car ('influence cléricale y est énorme et le clergé nous fait passer, aux yeux des paysans, pour des gens sans foi ni loi, capables de tous les forfaits. Youlez-vous que les paysans se moquent de Ia fan tasmagorie de leur curé Instituez dans chaque can ton et, si c'est possible, dans cbaque commune, des comités formés de braves gens, connus pour tels a trois lieues a la ronde et qui ne craignent pas de faire ostensiblement partie d'une assemblee libérale. Vous n'en trouverez pas beaucoup? Possible, mais vous en trouverez quelques-uns et ceux-ci enhardiront les autres. Dans cinq ans, il n'y aura pas de commune un peu importante qui n'ait son comité libéral et vous aurez guéri les paysans de leur frayeur. Voila pour les campagnes. Arrivons aux villes. Ici, nous rencontrons un élément plus intelligent, plus instruit, plus éclairé. Pourquoi eet élément ne vient- il pas a nous? Pourquoi, tandis que la ville d'Ypres seule compte plusieurs centaines de libéraux, ('As sociation libérale de l'arrondissement tout entier n'en compte-t elle pas au -dela de cent cinquante? A cela, il y a une double raison. Aux yeux des uns, notre As sociation ne présente nul attrait qui les engage a en faire partie. Pour les autres, c'est une machine élec torale qui annihile toute indépendance, toute spon- tanéité personnelles. Que faire pour vaincre la répu- gnance des uns et des autres? Une chose bien simple lntroduire dans notre Association l'élément attractif qui lui manque, au moyen des conférences et des réu- nions publiques fréquenteset pour ceux qui redou- tent la confiscation de leur liberté individuelle, re former le Règlement de manière a calmer tous leurs scrupules. Moyennant quoi, nous pouvons être assu- rés que le nombre des membres de ['Association aura doublé, triplé en peu de temps. Or, le nombre, c'est la force. Telles sont nos idéés. II se peut que toutes ne soionl pas également bonnes et justes nous passons d'a- vance condamnation sur celles qui nous seraientdé- montrées fausses ou impraticablesmais on nous rendra cette justice, la seule qui nous tienne a cteur, qu'elles sont sincères et puisées a la source du libéra lisme, qui n'estqu'un vain mot s'il ne veut dire pro- grès et liberté. L'Association libérale de l'arrondissement de Ver- viers s'est réunie dans le but de s'entendre sur des modifications a apporter a ses statuts et de discuter le projet de loi relatif aux fraudes électorales. L'assemblée a décidé, en outre, qu'une proposition faite par plusieurs membres de 1'Association figurerait a l'ordre du jour de la prochaine réunion. Cette proposition demande qu'il soit adressé aux Chambres législatives une pétition dans le but d'obte- nir I* L'adoption du projet de loi contre les fraudes électorales, en y ajoutant le vote par ordre alphabé- tique, la défense d'organiser le voiturage gratuit des électeurs, et le principe du paiement d'une indemnité de déplaeement aux électeurs résidant un myria- mètre et plus du chef-lieu. 2° L'application de cette loi, aiusi modifiée, aux élections provinciales et communales. 3° La computation des centimes additionnels pour former le eens électoral pour les Chambres. 4° Une loi accordant le droit électoral pour Ia pro vince et la commune, a tous les citoyens qui savent lire et écrire et qui peuvent eux-mêmes faire leur bulletin. De son cólé, F Association libérale de Namur s'est également occupée de Ia discussion d'un projet de pé tition, au sujet de la réforme électorale, et qu'une commission spéciale nommóe par ('Association avait été chargêe de rédiger. Ce projet recommande f° Le vote par ordre alphabétique. 2° L'indemnité a tout électeur dont le domicile est en dehors du rayon de cinq kilometres du chef-lieu d'arrondissemenl. II y ajoufe 3° Le vote obligatoire. Avant de se séparer, l'assemblée a mis l'ordre du jour de sa prochaine réunion la question de savoir si l'Association appuiera le suffrage universe! sans con ditions, ou si elleexigera du citoyen beige qu'il sache lire et écrire pour conquérir le droit électoral. Elle a, en outre, décidé que la pétition circulera dans les cantons de l'arrondissement, et qu'un exemplaire en sera transmis aux associations übérales du pays. Quelle que soit l'opinion qu'on se forme de ces dif- férentes propositions, deux points sont hors de doute Ie mouvement qui s'opère dans les idéés el qui tend se généraliser de plus en plus, en faveur d'une ré forme large et sérieuse de notre système electoralles efforts louables que font la plupart des associations libérales du pays pour éclairer l'esprit des électeurs et, par l'examen des questions politiques a l'ordre du jour, faire pénétrer de plus en plus la vie intellec- tuelle au sein des masses.

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L’Opinion (1863-1873) | 1864 | | pagina 1