JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEJIEN YPRëS, üimanche Troisième aimée. ft0 1. ler Janvier. 1865. Le tout payable d'avance. 1 PARAISSANT LE DIMANOIE DE CHAQUE SEMAISE. PRIX IPABO.IKEIHEXT POUR LA BELG1QUE 8 francs par an 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. L'OPIIÏ PRIX MES IK.IOICES ET DES RECLAMES 10 centimes la petite ligne. Corps du journal, 30 centimes. Laissez dire, laissez-vous bldaier, msis puhliez voir* pensée. On s'abonne a Ypres, au bureau du journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Dixmude, 55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduces. Toutes lettres ou envois d'argent doivent ëtre adressés franco au bureau du journal. 1/Eneyclique. Rome a parlé. Du haut du Vatican, séjour de l'in- faillibilité humaine et surmontant la profonde dou- leur de son ame, le Procureur-General Antonelli entendu dans son avis conforme, Pie IX vient de si- gnifier a la societé moderne l'arrêt qui la condamne a faire amende honorable et a rentrer au plus tót dans le bercail de l'Eglise latine, qui tient de Dieu lui - inême,comme chacun sail, la mission de faire paitre o les agneaux et Ies brebis. 11 y a un siècle ou deux, la publication d'un sem- blable document eut été le signal d'un profond dechi- rement dans le tnonde. A la voix du Souverain Pon- life jetant l'anathême a ces doctrines perverses et impies b qui consacrenl la liberie de conscience et le droit, pour chacun, de servir le Dieu de sa croyance, vous eussiez vu, les peuples se précipiter les uns sur les autres, les royaumes soulevés, les bCichers dressés partout, une série épouvantable de massa cres, de combats fabuleux et d'embrasemenls. Oh, combien la Papauté a raison de détester le xix" siècle et les conquêtes de l'Esprit moderne! Oü sont les temps oü Rome tenait le monde entier courbé sous son sceptre? oü le Pape Hildebrandt pou- vait dire avec vérité II n'y a que le Pape qui ail le droit de se nommer ici-bas, quod unicum est nomen in mundo? oü Henri IV d'Allemagne, dépouillé de ses vêtements de Roi, couvert d'un silice, se prosternait, suppliant et les yeux en larmes, aux genoux d'un moine irritéQu'est devenue ceite toute puissance quasi-divine et qui, semblable a celle que la Fable prête a Jupiter olympien, fesait trembler l'univers au moindre froncement de sourcil du Chef de l'Eglise catholique romaine ITélas, le soufile empoisonnó d'une détestable philosophie a corrompu les esprits et les coears sous prétexte de liberie et de tolerance, l'humanité en est arrivée a ce délire de croire que la liberté de conscience et des cultes est le droit i) propre de chaque homrne, droit qui doit être pro- clamé etafiirmé par la loi dans tout état bien con- stitué, et qu'il existe pour les citoyens un droit de manifester et de déclarer, avec une liberté que ne b peuvent limiter ni l'autorité ecclésiastique ni l'au- b torité civile, leurs convictions, quelles qu'eiles soient, ou par la parole, ou par la presse ou par d'autres moyens. t Et voyez l'efïet de ces abomi- nables doctrines La nouvelle encyclique, cette im- périeuse et nouvelle sornmation adressèe au xix" siè cle fourvoyé, la nouvelle encyclique, qui menace les récalcitrants de damnation éternelle, n'a excité qu'un sentiment de surprise mêlée de joyeuse humeur. On se fót entretué, il y a deux siècles; on s'ébahit, on plaisante aujourd'hui. Faut-il s'étonner, après cela, si l'Eglise a voué une haine mortelle a :ette philosophie infame qui l'a livrée au ridicule et lont les scandaleux sophismes ont sapé sa puis sance L'Encyclique de Pie IX n'apprendra rien aux iibé- aux lis ont inesuré l'ablme qui sépare l'Eglise ro- -taine des invincibles aspirations de la societé mo derne et ils savent depuis longtemps que eet abime est infranchissable. Elle n'apprendra rien non plus a ces vieux cléricaux qui, sous le masque de la liberté, travaillent sourdementa la reconstruction du passé; mais il est, dans notre pays, toute une phalange de jeunes et nobles coeurs, sincèrement, profondément attachés a nos libres institutions et qui poursuivent encore, dans l'inexpérience de leur Sge, la décevante chimère d'une alliance possible entre l'Eglise et la Li berté. Sèduils,entrainés par les protestations des réac- tionnaires ultramontains.ils se sont associés jusqu'ici a lous leurs desseins,ils ont servi toutes l;urs entre- prises, si folies, si audacieuses qu'eiles fussent, con- vaincus qu'ils hataient par cette communauté de vues et d'efibrts, la réalisation de l'ideal promis a leurs chères illusions. L'Encyclique, il faut l'espérer, du moins, ouvrira les yeux de cette jeunesse active et intelligente, qui a sa place toute marquée parmi les amis de la vraie liberté et dont l'union avec les réac- tionuaires cléricaux n'a pas cessé d'être pour eux ua sujet d'étonnement et d'afiliction. Et comment, après le scandale d'un semblable document, pourrait-elle hèsiter, un seul instant, a rompre avec ses anciens amis Elle avait inscrit sur sa bannière la liberté de conscience et l'Encyclique réclame l'appui du bras séculier pour exterminer l'herésie. Elle avait proclamè la liberté absolue de la presse, et cette liberté, Pie IX l'appelle un délire, la liberté de la perdition. Elle s'était groupèe autour de la formule imaginèe par M. de Montalembert, l'Eglise libre dans l'Etat libre et voila qu'a cette formule, Rome en op- pose une autre L'Eglise souveraine el l'Etat esclave. Tout ce qu'elle rejette, l'Encyclique l'afiirme el ['im pose; tout ce qu'elle afiïrme, l'Encyclique le rejette et le condamne. L'illusion est desormais impossible et le divorce nécessaire ou ces jeunes catholiques, comme ils s'appellent eux-mêmes, rompront ouver- tement avec les vieux serviteurs du monde ancien et se joiudront aux defenseurs des libertes modernes ou, s'ils persévèrent dans leur alliance avec ceux-la, il n'y aura plus a voir en euxque des Tartufes de liberté ou des Orgons incurables et, dans l'un comme dans l'autre cas, le liberalisme aura de bonnes raisons pour ne pas les regretter. Qu'ils ne s'y trompent pas, d'ailleurs c'est moins contre les liberaux, les naturalistes, lespositivistes et les panthéisles que contre eux-mêmes que l'Ency clique fulmine ses plus terribles anathêmes. A quoi bon damner les libéraux? C'ótait peine perdue ils savent, depuis des siècles, depuis Luther, depuis Jean Huss, que tous ceux qui veulent user libre- ment de leur intelligence u'ont a attendre ni grace ni merci de ia Cour romaine. Mais ceux qu'il im- portait d'avertir et de menacer, ce sont ces catho- liques importuns et facheux qui, dans ces dernières annees, n'ont pas discontinuè de presser le Saint- Siége, a de se réconcilier et de transiger avec le pro- b grès, le libéralisme et la civilisation moderne; b ce sont des imprudeuts qui, a s'ecartant de la saine b doctrine, prétendent qu'oa peut sans péché, et b sans perdre sa qualité de catholiques, refuser as- b sentiment et obeissance aux jugements et decrêts b de l'Eglise, pourvu qu'ils ne touchent pas le dogme de la foi et des moeurs. b Ceux-la, et ceux-la seuls devaienl être avertis, menacés, réduits au silence. Oh, quant aux chefs, quant aux Montalembert, aux Dupanloup, aux Dechamps, nous ne doutons pas, qu'en fiIs soumis de l'Eglise, ils ne s'empressent de courber l'échine sous la verge du cardinal Antonelli; mais les jeunes, mais ceux eri qui palpite encore Ie sentiment de la dignilé humaine, ceux-la, il faut le croire pour leur honneur, saurorit se placer au-des- sus des intimidations forcénées d'une puissance aux abois et affirmeront avec nous le Dieu de la liberté en face du Dieu de l'inquisition. Les tarifs. La question de l'uniformité de tarifs des lignes con- cédées, en inatière de transport de marchandises, a été abordée de nouveau au Sénat, dans sa séance du 26. On se rappelle qu'au commencement de décembre une petition, signée d'un grand nombre de commer- cants et d'industriels des arrondissements d'Ypres et de Roulers, avait été soumise a la Chambre des re- présentanls. II n'est pas sans intérêt de mettre en regard les explications données dans cette double circonslance par M le ministre des travaux publics Celui-ci se bornait a faire connaltre qu'il avait demandé aux sociétés concessionnaires de chemins de fer, de se rallier au dernier tarif réduit de l'Etat, b l'insuc- cès de cette démarche auprès de la compagnie de la b Flandre Occidentale, comme, du resle, auprès de 8 toutes les autres compagnies el il constatait qu'en maintenant ses tarifs, la Compagnie de la b Flandre Occidentale usait d'un droit incontes- table, b Bref, le gouvernement ne pouvait rien faire et les pétitionnaires conservaient peu d'espoir de voir accueillir leurs justes réclamations. On aurait cependant pu répondre a M, ie ministre des (ravaux publics que la Compagnie de la Flandre Occidentale ne s'était pas contentée de maintenir ses tarifs, mais qu'elle avait profilé de la réduction des tarifs sur les chemins de fer de l'Etat pour augmenter les siens, ainsi que l'èlablissait d'ailleurs par chifi'res la pélition des industrials yprois. Nous prèférons mettre aujourd'hui sous les yeux de nos lecteurs les paroles prononcées par le ministre dans la séance de lundi dernier. Après avoir dit que Ie groupement des exploita tions, la fusion des lignes concèdées amènera les com pagnies a accepter finalement le tarif réduit, il ajoute Le gouvernement, en ce moment-ci, est en nègo- b ciation avec les compagnies pour arrêter un tarif b uniforme sur des bases réduites, avec une legére b modification quant aux plus longues distances par rapport au dernier tarif de l'Etat J'ai tout lieu de a croire que le tarif auquel je fais allusion sera ac- b ccpté par les compagnies et peut-être que, d'ici a b peu de temps, nous aurons, a eet égar I, une situa- 8 tion que je n'hésilerai pas a qualifier de salisfai- b santé, b Cette declaration, comparée h celle du 2 décembre, dénote un grand progres dans la marche des négocia- tions elle fait espérer que les réclamations des péti tionnaires ne seront pas sans résultat. Nous avons foi dans la soilicilude du gouvernement pour l'industriö

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L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 1