JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Le tout payable d'avance. ÏPRKS, Dimanche Troisième année - J*° 3. 15 Janvier 1865. pkix M'iis(n.vi:in:\T POUR LA BELG1QUE 8 francs par an 41 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes. I'HIA MES tWOVdS ET DES RECLAMES 10 centimes la petite ligne. Corps du journal, 30 centimes. Paraissant le dimanche de ehaque semaine. Laissez dire, Iaissez-vous bl&mer, mais publier voire pensée. On s'abonne a Ypresau bureau du journal, chez Félix Lambin, imp.-lib., rue de Dixmude, 55. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Ea nouvelle École de filles a Ypres. L'école de Lamotte est une fondation. Qu'est-ce qu'une fondation C'est, répond Mgr le cardinal de Malines, un établissement public affecté a une desti nation spéciale. La destination spéciale de la fonda tion Lamotte, nous la connaissons tous cette fonda tion a pour but de procurer aux filles pauvres ('in struction gratuite. Elle institue a cet effet, un personnel de huil religieuses, lesquelles sontchargées de donner l'enseignement et doivent être entretenuea aux frais de l'établissement. Si nous fesons erreur, le 'Propagateur voudra bien nous rectifier. Sous le régime francais, la fondation fut soumise aux Hospices de la ville d'Ypres mais les comptes des bonnes soeurs se clóturant chaque année par un déficit que les Hospices ètaient obliges de combler, eeux-ci finirent par renoncer a un contróle aussi onéreux et abandonnërent aux bonnes sceurs la pleine et entière gestion des biens de la fondation. Ceci se passait, si nous avons bonne memoire, en 1811 ou 1812. Le régime bollandais el la Révolution de 1830 lais- sèrent les choses dans le même état et a l'heure oü nous sommes, les bonnes soeurs continuent jouir des revenus de la fondation Lamotte, sans rendre compte a qui que ce soit de leur emploi. II se peut que le Propagateur trouve cela parfaitement légal et régulier, mais il nous permeltra sans doute de n'être pas de son avis et de rèclamer contre un abus aussi criant, aussi scandaleux que celui que nous offre de- puis plus de cinquante ans la gestion de la fondation Lamotte. En qualifiant cet abus de scandaleux, incriminons- nous, suspectons-nous la probité de la soeur Direc trice? Nullement. Nous croyons volontiers, jusqu'a preuve du contraire, que, sous le rapport de l'inté- grité, de l'honnêtetè, son administration est inatta- quable. Mais, dans un pays comme le nótre, qui- conque détient des deniers publics doit être soumis a contróle, quelque soil, d'ailleurs, son honnêteté et sa loyauté personnelle et c'est précisément un des sigues caractéristiques du régime sous lequel nous vivons d'avoir substitué la garantie des choses a la garantie des personnes. M. le Receveur communal d'Ypresest, sans contredit, un fort honnête bomme, dont la pro bité n'est douteuse pour personne. Que dirait cepen- dant le Propagateursi notre Conseil communal, pre- nant en considération son honorabilité bien connue, le dispensait de rendre annuellement ses comptes? Sans doute, il qualifierait de scandaleuse une sem- blable décision. Ainsi fesons-nous a l'égard des sceurs de l'école Lamotte. Nous demandons, nous exigeons des comptes et aussi longtemps qu'ils ne nous seront pas fournis, nous dirons qu'il y a scandale a soustraire au eontróle public la gestion des deniers publics. Au surplus, ce qui nous importe le plus dans cette affaire, ce n'est pas la justification de l'emploi des fonds. Quand nous demandons que la fondation Lamotte soit replacée sous le contróle de nos Hospices, nous nous inquiétons bien moius du contróle matériel, qui a cependant son importance, que du contróle moral, et nous entendons par contróle moral celui qui a pour but d'assurer le fidéle accomplissement des volontés du testateur. Les Hospices, en tant qu'administra- teurs légaux de la fondation Lamotte, n'ont pas seu- lement a vérifier l'emploi matériel des deniers; tout n'est pas fini pour eux quand ils ont constatè le chiffre des dépenses et celui des recettes, fixé le boni ou le déficit. Non il leur reste a surveiller l'enseignement fourni au moyen des deniers provenanl de Ia fonda tion et a tenir la main a ce que cet enseignement soit sérieux et réel, ainsi que l'a voulu le fondateur, dont ils ne sont que les représentants. La est le cóté mo ral, élevé, vraiment humanitaire de leur mission et c'est a celui-ci que nous nous attachons surtout, sans dédaigner l'autre. N'en déplaise au Propagateurnous tenons que l'enseignement donné par les soeurs de Marie est dé- lestable, et lui-même,malgré lout l'enthousiasme qu'il affecte pour l'établissement qu'elles dirigent, parait assess de notre avis sur ce point, car sinon, le senti ment d'aigreur qui l'anime contre la future école communale de filles serait inexplicable. En effet, qu'importe aaPropagateur la concurrence dont l'école de ses bonnes sceurs est menacée, si leur enseigne ment est aussi parfait qu'il le proclame? Si cette per fection est réelle et non fantasmagorique, elle n'en ressortira que mieux par la comparaison et la gloire modeste des filles du Seigneur n'en apparailra que plus éclatante. Notre pieux confrère, pour échapper a ce raison- nement de simple bon sens, imagine que l'école com munale étant élablie, les petites filles seront con- traiutes d'abandonner l'établissement des Soeurs pour suivre les cours de l'école publique. o Tout le monde sait, en effet, dit-il, qu'a peine fut éta- blie en ville une ecole gratuite libre et catholique, le bureau de bienfaisance dèfendit, sous peine de radiation, aux families inscrites sur ses livres d'en- voyer leurs garcons a toute autre école que celle de la commune. Ainsi a-t-on fait pour les gar cons; ainsi fera-t-on pour les filles. Mauvaise cause que celle que Ton defend de la sorte. Nous mettons le Propagateur au défi de prou- ver le fait odieux qu'il impute a notre administration charitable. Jamais, a aucuue époque, le bureau de bienfaisance n'a usé d'une semblable violence pour contraindre les parents a envoyer leurs enfants a telle école plutót qu'a telle autre. Ce qui est vrai et nous Ie rappelons ici a 1'honneur de cette administration, c'est que, dans le but eminemment louable d'assurer les bienfaits de l'instruction primaire aux enfants pauvres, elle a menacé les parents qui negligeraient d'envoyer leurs enfants a l'école, de leur retirer les secours dont ils jouissent, en leur laissant toutefois la liberté la plus complete quant au choix de l'école elle-même. Jamais, nous le répétons, cette adminis tration n'a exige que les enfants frequentassent l'ecole communale de preference a celle de Saint-Joseph, et il est vraiment afiligeant que le Propagateur, qui de- vrait au moins s'enquèrirdes faitsdont ilparle,trans- forme ainsi, pour les besoins d'une cause qu'il sait désespéree, une mesure aussi intelligente et aussi vraiment libérale que celle-la en un acte de violence et d'oppression. Que les parents, ainsi menacés, aient préféré, pour leurs enfants, l'enseignement communal celui que l'on est censé donner l'école de St-Joseph, c'est une chose dont nous nous réjouissons fort et qui nous prouve, une fois de plus, l'excellent bon sens qui anime nos populations ouvrièresmais, parce que ce qui nous réjouit afflige notre pieux contradicteur, ce n'est pas une raison pour qu'il lui soit permis de dé- naturer la vérité et d'accuser le bureau de bienfai sance, qui n'en peut mais de ses mécomptes. Revenons nos bonnes soeurs. II nous est arrivé, un jour, parlant du système d'éducation qu'elles pra- tiquent avec plus d'avantages pour elles-mêmes que pour leurs élèves, il nous est arrivé de dire que ce système étiole a la fois le corps et l'intelligence de l'enfant. Quant a l'étiolement du corps, le Propaga teur en prend assez lestement son parti el convient, sans se faire trop prier, que la fabrication de la den- ielle n'y contribuepas pour pea de ehose. Mais qu'est- ce que le corps pour ces saintes femmes? Une gue- nille indigne de soins, un instrument de perdition, un agent du diable toujours en révolte contre l'ame et qu'on ne saurait mater de trop bonne heure. Aussi, comme on vous les mate, ces pauvres petites filles Sans feu, l'hiver; l'été, sans air; pèles, maigres,ché- tives, misérablement courbées, six a sept heures du jour, sur leur petit carreau,marmottant des prières, chantant des cantiques! Oh oui, qu'elles sont supé- rieurement matées 1 Mais, direz-vous, ces enfants seront un jour épou- ses et mères qu'attendre d'une race ainsi dégénérée, si ce n'est des crétins Des crétins vous répliquera le Propagateur, mais c'est tout juste notre affaire. Eibéral honnête on radical 11 n'y a pas que le Pape qui, se croyant infaillible et indiscutable, prétendant au monopole de la vérité, anathématise, condamne et damne tous ceux qui prennent la liberté grande de penser autrement que luidans le parti libéral aussi se trouvent des hom mes, peu nombreux il faut l'espérer, dont les idéés et les paroles affectent 1'importaDce d'articles de foi, dont les actes sont inspirés par la plus mesquine in tolerance. En face des tendances généreuses qui se généralisent de plus en plus vers un aveuir toujours meilleur pour toutes les classes de la société indistinc- tement, ces privilégiés, dont l'ambition n'a plus rien a souhaiter, ont pris pour symbole de leurs croyances politiques, une borne. Nous espérons bien voir un jour cette petite Eglise publier également son encyclique. En attendant, son organe habituel dans notre ville, soulève un coin du voile, assez pour faire voir aux moins clairvoyants sur quel patron nous tailleraienl l'avenir, ces politiques a courte vue, si jamais les destinées du pays leur étaient confiées. Heureusement, cela n'est pas a craindre La these developpée par notre confrère roule sur le suffrage universel et sur la revision de la Constitu tion. D'après lui, le libéralisme tel qu'il le com- prend el le pratique lui-même, cela va de soi est le seul parti qui accepte la Constitution de 1830

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1865 | | pagina 1